Publié par Magali Marc le 27 novembre 2016

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Les médias s’agitent sur le recomptage des votes demandé par la candidate du Green Party, Jill Stein, pour le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie comme s’il y avait des chances que cela change l’issue de l’élection présidentielle.

Non seulement cela ne changera rien, mais ce recomptage, qui crée de faux espoirs chez les démocrates déçus, masque mal la défaite brutale non seulement d’Hillary Clinton et de son clan, mais des démocrates qui ont perdu beaucoup de terrain au cours des dernières années notamment au niveau des États.

The Observer, Michael Goodwin dans le New York Post et Matthew Yglesias de Vox.Com n’y vont pas par quatre chemins: la carrière d’Hillary est finie (accusations ou pas) et la survie du Parti démocrate est en péril.

Les médias ont fait des gorges chaudes des difficultés du Parti républicain qui en pleine campagne présidentielle ne digérait pas que son candidat soit un «outsider» grande gueule comme Donald Trump.

Leur stratégie consistait à mettre en évidence les faiblesses des républicains pour mieux dissimuler celles, beaucoup plus grave, du Parti démocrate.

L’heure des comptes est arrivée et maintenant, certains réalisent que le GOP est beaucoup plus solide et que les démocrates, qui viennent de perdre la Maison-Blanche, étaient déjà fragilisés.

Pour expliquer cela, j’ai traduit et résumé les analyses de plusieurs auteurs.

Les problèmes d’Hillary Clinton

En gros les problèmes qui ont causé la défaite d’Hillary Clinton sont les suivants :

  1. Elle personnifie l’establishment politique et pour des millions d’électeurs, elle était le miroir brisé de la politique américaine. Son expérience et ses compétences— en supposant qu’elle ait été compétente— l’ont donc desservie.
  2. La question des e-mails et son problème d’authenticité joints au fait qu’elle est vénérée par l’élite de la côte est des États-Unis lui ont nui auprès des électeurs de la classe ouvrière surtout dans les États du Midwest.
  3. Alors que certains pensaient que les femmes allaient voter massivement pour elle, en fait beaucoup de femmes se sont souvenues des remarques désobligeantes qu’elle a faites lorsqu’elle était Première Dame, disant qu’elle n’entendait pas rester à la maison pour faire des biscuits.
  4. Elle n’a pas de charisme et ses discours sont plats, un peu robotiques. Elle est ennuyeuse à écouter.
  5. Bill Clinton voulait cibler la classe ouvrière et a été ignoré par l’appareil de campagne d’Hillary Clinton.
  6. Bill Clinton aurait dit que le fait d’attaquer Trump constamment pour ses défauts faisait plaisir à l’équipe d’Hillary et aux médias, mais que ce message ne rejoignait pas les électeurs, particulièrement dans la Rust Belt.
  7. J’ajouterais son passage désastreux au Secrétariat d’État surtout avec l’affaire Benghazi et son attitude arrogante et le fameux : «What difference does it make?» lorsqu’elle était interrogée sur les causes de l’attentat (au sujet desquelles Obama avait menti autant qu’elle).

Certains estiment aussi qu’il y avait un mécontentement envers Obama, alors que les sondages lui donnaient constamment un taux d’approbation élevé.

Ce qui me fait dire qu’Hillary a perdu toute seule comme une grande, en dépit de l’aide des Obama, surtout parce qu’elle représentait le statu quo. S’il y avait une certaine frustration dans la communauté noire, c’est Hillary qui en a fait les frais.

La carrière politique d’Hillary Clinton est terminée.

Ce qui compte maintenant c’est ce qu’il va advenir du Parti démocrate sans les Clinton.

Les faiblesses du parti démocrate

Les démocrates sont dans le déni. Leur parti a en fait de graves problèmes.

(Dans ce texte quasi prophétique paru sur le site de Vox.com, le 19 octobre 2015, Matthew Yglesias démontait les faiblesses des démocrates.)

  • Le Parti démocrate fait face à un danger beaucoup plus grand que ses dirigeants ou ses partisans ne sont prêts à le reconnaître, et ils n’ont pas de stratégie de sauvetage.
  • D’accord, Barack Obama fait sa tournée victorieuse en cette septième année de mandat.
  • D’accord, les républicains ont du mal à trouver un candidat crédible pour la course à la présidence de la Chambre des Représentants.
  • D’accord, le camp présidentiel du GOP est dirigé par une vedette mégalomane venue de la télé-réalité.
  • Tout cela est vrai— mais plutôt que de jeter les bases d’une éventuelle réussite durable du parti, le camp démocrate s’entête à entretenir une atmosphère de fausse complaisance.
  • Bien sûr, la présidence est extrêmement importante.
  • Mais il y a aussi des milliers de postes de gestion d’importance cruciale sur les bulletins de vote. Et la grande majorité de ces postes— 70 pour cent des législatures d’État, plus de 60 pour cent des gouverneurs, 55 pour cent des procureurs généraux et secrétaires d’État— sont entre les mains des républicains.

Et, bien sûr, les républicains contrôlent les deux chambres du Congrès. En fait, même les luttes intestines de la Chambre reflètent, à certains égards, la santé de la coalition du GOP. Les républicains sont confiants de ne pas perdre le pouvoir à la Chambre et ils ont envie de se munir d’un argument solide sur la meilleure façon de l’utiliser.

Non seulement les républicains ont remporté la plupart des élections, mais ils ont un plan parfaitement raisonnable pour essayer de reprendre la Maison-Blanche. Tandis que les démocrates n’ont rien préparé du tout pour pallier à leur faiblesse paralysante sur les bulletins de vote.

Les démocrates ne parlent pas de la façon d’améliorer leurs points faibles, car dans l’ensemble, ils n’admettent même pas qu’ils existent.

Au lieu de cela, le Parti se concentre sur une compétition entre Bernie Sanders et Hillary Clinton, se demandant s’il devrait se situer un peu à la gauche d’Obama ou beaucoup à sa gauche.

Des options qui sont peu susceptibles d’aider les démocrates sur les bulletins de vote face à une Chambre des Représentants peu favorable et un électorat à mi-chemin devenant plus conservateur.

Le GOP est peut-être dans le chaos, mais les démocrates sont dans la torpeur.

Les démocrates ont été oblitérés au niveau des États.

La pire partie du problème pour le Parti démocrate est dans les courses qui sont, collectivement, les plus importantes : les gouvernements des États.

Les élections pour les législatures d’État font rarement les manchettes au niveau national, mais elles constituent les composantes fondamentales de la politique américaine.

Depuis qu’ils dirigent le processus de redécoupage pour la Chambre des représentants des États-Unis et pour eux-mêmes, les États sont le plus grand niveau de retranchement électoral.

Et dans la foulée des élections de mi-mandat de 2014, les républicains ont obtenu une domination écrasante des législatures d’État de l’Amérique.

Les démocrates devraient prendre comme un autre mauvais signe le fait que dans quatre des onze États où ils contrôlent les deux chambres de la législature— le Maryland, le New Jersey, le Massachusetts et l’Illinois— les gouverneurs sont des républicains. Cela laisse seulement sept États sous le contrôle unifié du Parti démocratique.

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Les républicains ont un contrôle unifié de 25 Etats. Outre l’ensemble habituel de réductions d’impôt pour les particuliers à revenu élevé et la réglementation favorable aux entreprises, le résultat a été :

  • Une vague sans précédent de restrictions sur les droits à l’avortement;
  • La dissémination dans les États des Grands Lacs des lois du «droit au travail» hostiles aux syndicats;
  • De nouvelles contraintes sur le droit de vote, pour incliner davantage l’électorat vers les plus riches, les plus blancs, les plus «de souche».
  • Des licenciements à grande échelle d’enseignants et d’autres travailleurs du secteur public susceptibles de soutenir les démocrates.

Certes, l’un des sept États démocrates est la Californie, qui possède plus de 10 pour cent de la population totale de la nation. Mais le Texas et la Floride ensemble ont plus de gens que le Golden State, et le GOP domine également l’Ohio, la Géorgie et la Caroline du Nord— qui sont tous parmi les 10 plus grands États en termes de population.

Le plus grand bastion non californien de contrôle unifié des démocrates est l’Oregon, abritant seulement environ un pour cent de la population américaine.

En 2012, les démocrates pensaient qu’ils avaient une solution à cela.

Les gouverneurs républicains de la droite dure dans des endroits comme le Wisconsin et la Floride étaient devenus impopulaires et avaient clairement dépassé les bornes— à cause d’une mauvaise lecture d’une vague causée par les difficultés économiques en 2010, qu’ils avaient pris comme un signal d’opérer un changement radical vers des politiques conservatrices.

Et cela avait fonctionné lors de l’élection du gouvernement de la Pennsylvanie en 2014 -Tom Wolf avait profité d’une réaction contre les politiques de droite dure du gouverneur d’alors, Tom Corbett pour remporter la victoire.

Seulement, Scott Walker, Rick Scott, Rick Snyder et même Paul LePage du Maine ont tous été réélus. Et tandis que l’ancien plan ne levait pas, aucun nouveau plan n’a été mis en place pour prendre la relève.

Le GOP sait se montrer flexible

Les Libéraux habitués à se gausser de la rigueur idéologique du caucus du GOP de la Chambre des Représentants ne voudront pas entendre cela, mais un des fondements du vaste succès national du GOP est un degré raisonnable de flexibilité idéologique.

Essentiellement, il y a dans chaque État des cercles se chevauchant de personnes riches qui ne veulent pas payer d’impôts et de propriétaires d’entreprise qui ne veulent pas se conformer aux lois sur la main-d’œuvre, la santé publique et aux règlements environnementaux.

Dans des États comme le Texas ou la Caroline du Sud, où ce programme complète joliment un conservatisme social robuste, le GOP l’emporte facilement.

Par contre, dans le Maryland ou le New Jersey, les gens d’affaires parviennent à faire éjecter les candidats qui manquent soit de points de vue socialement conservateurs ou minimisent ce conservatisme comme étant non pertinent dans le contexte de gouvernance d’un État bleu (démocrate).

Les démocrates, bien sûr, sont conscients conceptuellement de la possibilité de nommer des candidats anormalement conservateurs pour tenter de se faire élire dans des États anormalement conservateurs.

Mais il ya un décalage fondamental.

Aucun État des États-Unis ne se porte suffisamment à gauche pour créer un environnement dans lequel les intérêts des entreprises sont jugés économiquement ou politiquement non pertinents.

Autrement dit, le Vermont n’est pas la Corée du Nord.

Il existe, cependant, de nombreux États dans lesquels les syndicats ne sont ni grands ni puissants et les réseaux nationaux de donateurs progressistes non liés au travail sont habituellement peuplés de personnes relativement aisées qui ont tendance à être motivées par des engagements progressistes sur des questions sociales ou environnementales.

C’est pourquoi une défense passionnée de la légalité des avortements tardifs a pu faire de Wendy Davis une sensation virale sur Internet, une vedette nationale des médias et quelqu’un capable d’activer le type de réseaux de donateurs et de bénévoles nécessaires pour lancer une campagne à l’échelle de l’État.

Malheureusement pour les démocrates, c’est précisément le mauvais profil pour tenter de gagner des élections à l’échelle de l’État dans les États conservateurs.

Les républicains ont un plan

Tout article sérieux sur les perspectives du Parti démocratique en 2017 commence avec la prémisse que les républicains continueront à détenir une majorité à la Chambre des Représentants des États-Unis. Cette présomption est construite sur quatre prémisses :

  1. La répartition naturelle de la population aux États-Unis tend à amener le district moyen de la Chambre à être plus favorable au GOP que la population globale.
  2. Le GOP contrôle la plupart des législatures d’État, ce qui permet aux républicains de tracer les frontières d’une manière qui est encore plus favorable au GOP que ne le suggère la distribution de la population.
  3. Les titulaires ont de grands avantages lors des élections à la Chambre, et la plupart des titulaires sont des républicains.
  4. Les élections dites en «vague», lors desquelles des tonnes de titulaires perdent leur siège, sont généralement motivées par une réaction contre le président sortant. Depuis que le président en exercice est un démocrate, les démocrates n’ont aucun moyen de mettre en place une telle vague.Un fait frappant à ce sujet est que la présomption de contrôle du GOP est tellement solide qu’il n’y a même pas une poussée de la part des leaders démocrates de la Chambre.En privé, certains démocrates d’arrière-banc expriment leur frustration à l’effet que le leadership n’a aucune stratégie pour tenter de reprendre la majorité. Pour leur défense, ceux qui sont situés en dehors de la direction n’ont pas de stratégie non plus.

    Mais il ne s’agit pas seulement d’une question négligée par le caucus démocratique de la Chambre.

    Cela signifie que le programme législatif du parti est déjà mort à son arrivée au niveau fédéral.

    Et il est particulièrement frappant de voir que ce bastion du conservatisme est issu de la même institution qui génère si souvent des manchettes embarrassantes pour le GOP.

    Les républicains de la Chambre agissent de façon extrême en partie parce qu’ils savent qu’ils n’en paieront pas le prix.

    En revanche, le GOP a essentiellement deux projets parfaitement plausibles pour faire avancer son programme.

    L’un d’entre eux consiste à essentiellement ne rien changer et espérer juste un peu plus de chance du côté des fondamentaux économiques ou en termes de scandales au Parti démocratique.

    L’autre consiste à se déplacer vers la gauche sur l’immigration et de gagner des votes latinos tout en préservant le noyau des engagements du parti.

    Aucun de ces plans n’est génial, innovateur ou infaillible. Mais ils ne sont pas fous.

    Même si vous croyez que les démocrates ont obtenu un avantage structurel lors des élections présidentielles, ce n’est évidemment pas énorme.

    Les 51 % du vote obtenu par Barack Obama en 2012 n’ont pas été un tsunami. Les premiers sondages en face à face pour 2016 indiquent une course serrée, et il y a toujours une chance que de mauvaises nouvelles inattendues atteindront l’économie américaine ou nuiront à notre sécurité nationale.

Gagner une élection présidentielle donnerait aux républicains la prépondérance écrasante du pouvoir politique aux États-Unis— un niveau de domination jamais atteint depuis les démocrates pendant la Grande Dépression, mais avec une coalition beaucoup plus idéologiquement cohérente.

Rien ne dure éternellement en politique américaine, mais un mouvement conservateur hyper-puissant aurait une capacité significative d’affermir sa position en adoptant une loi nationale sur le droit au travail et en modifiant davantage les règles de financement de campagne au-delà du statu quo des Citizens United.

La première étape pour les démocrates est d’admettre qu’ils ont un problème

À certains égards, le plus grand désavantage des démocrates est simplement leur

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