Publié par Guy Millière le 2 novembre 2016

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Les grands médias occidentaux ces dernières semaines ont beaucoup parlé de la bataille d’Alep, et insisté sur les massacres de civils qui se produisaient dans cette ville, désormais largement en ruine.

Ils ont incriminé les armées russe et syrienne, à juste titre. Ils ont peu parlé des factions qui faisaient face aux armées russe et syrienne. Il aurait été difficile, hélas, de trouver des gens modérés au sein de ces factions. La réalité est que ces factions sont essentiellement des factions islamistes sunnites. Et la réalité est que l’armée syrienne défend un régime chiite, le régime Assad, avec le soutien de la Russie, qui entend sauver ce régime et l’a désormais sauvé. La réalité derrière tout cela est aussi que ce régime est non seulement l’allié de la Russie, mais aussi celui de l’Iran, qui contrôle le Liban par le biais du Hezbollah, et qui entend contrôler la Syrie.

Il est effroyable que des civils à Alep soient pris entre le marteau russo-syrien et l’enclume islamiste sunnite, mais c’est la réalité. La guerre en Syrie a désormais largement dépassé le nombre de trois cent mille morts. Des centaines de milliers de Syriens, essentiellement des Chrétiens et des Sunnites ont quitté le pays et n’y reviendront sans doute jamais. Ils sont dans des camps de réfugiés au Liban, en Jordanie, en Turquie. Ils sont réfugiés en Europe, et des islamistes sont infiltrés parmi eux.

La Syrie qui survivra sera un pays qui n’aura pas la superficie de la Syrie d’avant la guerre, et un pays qui aura perdu une large partie de sa population. Le péril islamiste issu de Syrie va perdurer et tuer encore, jusqu’en Europe.

C’est là, et les grands médias occidentaux devraient le dire, mais ne le disent pas, le résultat de la politique menée par Barack Obama. Celui-ci, au temps où on parlait encore de “printemps arabe”, a soutenu les soulèvements qui ont eu lieu dans plusieurs pays, soulèvements largement fomentés par des groupes islamistes. Les soulèvements ont abouti à l’arrivée des Frères Musulmans au pouvoir en Tunisie, puis en Egypte. Ils ont abouti au renversement de Kadhafi en Libye. Ils étaient censé déboucher sur le renversement d’Assad en Syrie. Les choses, assez vite, ne se sont pas passées comme prévu : les Frères Musulmans ont perdu le pouvoir en Tunisie et en Egypte, le chaos s’est installé en Libye, la guerre civile voulue par les islamistes s’est enclenchée en Syrie.

Barack Obama a contribué à fomenter le désordre. Il n’a pas assumé les conséquences. En Syrie, les conséquences sont effroyables, mais en Libye elles le sont aussi. Les conséquences sont effroyables pour le monde.

Les grands médias occidentaux ces derniers jours parlent moins d’Alep et s’intéressent à la bataille de Mossoul. Ils parlent moins, là, des massacres de civils, qui ont pourtant lieu. Ils n’incriminent pas l’armée qui donne l’assaut, officiellement l’armée irakienne. Ils incriminent ceux qui tiennent encore Mossoul et n’hésitent pas, là, à les définir comme des islamistes, puisque ce sont des membres de l’Etat Islamique qui a longtemps tenu une large part du territoire sunnite syrien et du territoire sunnite irakien. Ils parlent d’une action pour la libération de Mossoul. La réalité, là, est que l’armée irakienne, soutenue par des forces spéciales américaines et des milices chiites iraniennes est une force au service du régime de Bagdad, désormais inféodé à l’Iran, donc une force au service de l’Iran. La réalité est que les forces spéciales américaines regagnent du terrain pour l’Iran, et que les populations sunnites ont déjà commencé à fuir Mossoul. L’armée américaine est engagée dans une situation étrange, très étrange. La Russie, là, est en retrait et ne s’en mêle pas. Elle est néanmoins l’alliée de l’Iran, qui tout en ayant sauvé (grâce à la Russie) le régime Assad en Syrie, et tout en contrôlant le Liban par le biais du Hezbollah, tient solidement Bagdad et le Sud de l’Irak, et entend reconquérir aussi le Nord de l’Irak.

Les civils à Mossoul sont pris entre le marteau de l’armée irakienne au service de l’Iran et les forces spéciales américaines (au service de l’Iran), et l’enclume islamiste qu’est l’Etat Islamique. La guerre en Irak a largement dépassé le nombre de trois cent mille morts elle aussi. Des milliers d’Irakiens sunnites et de yazidi ont quitté l’Irak et n’y reviendront pas.

L’Irak qui résultera sera un pays qui n’aura vraisemblablement pas la superficie de l’Irak d’avant la guerre, et un pays qui aura perdu, lui aussi, une large partie de sa population. Le péril islamiste venu d’Irak va s’accentuer, jusqu’en Europe ; des membres de l’Etat Islamique munis de faux passeports européens rejoignent déjà l’Europe.

Derrière cela, et les grands médias occidentaux ne le disent pas, bien sûr, il y a la politique menée par Barack Obama, encore une fois. Celui-ci a retiré totalement les troupes américaines de combat d’Irak fin 2011 et avait libéré dès 2009 Abu Bakr al Baghdadi et ses acolytes : tous se sont empressés de reprendre le combat islamiste et ont formé ce qui est devenu l’Etat Islamique, à partir de Raqqa en Syrie. Le gouvernement de Bagdad dès la fin de 2011 s’est rapproché de l’Iran. Des purges anti-sunnites ont eu lieu dans l’armée irakienne. Le régime de Bagdad est devenu un régime chiite inféodé à Téhéran. Les régions sunnites d’Irak, jusqu’à Mossoul, sont tombées aux mains de l’Etat Islamique. Barack Obama a, là encore, contribué à fomenter le désordre et n’a pas assumé les conséquences.

En Irak, les conséquences sont aussi effroyables qu’en Syrie. Elles sont effroyables pour les populations sunnites, mais aussi pour les yazidi. Des massacres sans nom ont eu lieu. Mossoul ne serait jamais tombée aux mains de l’Etat Islamique si le retrait total des troupes américaines de combat d’Irak n’avait pas eu lieu. L’Etat Islamique n’aurait pas vu le jour sans la libération d’Abu Bakr al Baghdadi et de ses acolytes, sans la guerre civile enclenchée en Syrie, sans le retrait total des troupes américaines de combat d’Irak.

On doit ajouter à cet imbroglio sanglant le soulèvement des Kurdes, qui se sont dotés de territoires

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