Publié par Nancy Verdier le 25 novembre 2016

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François Fillon, un homme serein en pôle position.

Au soir du 1er tour de la Primaire de la Droite et du Centre, dimanche 20 novembre 2016 et toute la journée de lundi, les médias avaient perdu leur boussole. Etait-ce possible ? L’ancien président Sarkozy évincé en 3e position apportait son soutien à François Fillon qui avec plus de 44 % des voix et un report confortable attendu, émergeait comme favori du 2e tour, tandis que le champion des sondages, Alain Juppé, floué d’une victoire qu’il croyait acquise, relevait le défi avec son score de 28 % et repartait au combat avec hargne.

Avec des «on ne l’avait pas vu venir», il aura fallu aux commentateurs quelques heures pour s’extraire du format habituel et remettre en marche leur moteur à propagande, au point que sur BFMTV, Nathalie Levy en bafouillait et que l’ensemble des journalistes faisaient profil bas.

Mais rapidement, des analystes politiques reprenaient la main, affirmant que la percée de l’outsider était dans la logique des choses : la «stratégie» de discrétion naturelle de François Fillon, longtemps considéré comme le lieutenant en second des divers gouvernements auxquels il avait participé, avait fini par payer.

Au cours des débats de la campagne du 1er tour des primaires, à l’abri des commentaires et des coups que s’assénaient mutuellement Nicolas Sarkozy et Alain Juppé dans leur lutte frontale, François Fillon, resté à l’écart des critiques, passait entre les gouttes et méticuleusement traçait son sillon, évitant de reproduire les erreurs de communication de l’ancien président «attrape-tout».

Si Nicolas Sarkozy de nouveau prônait une «alternance forte» par opposition à l’«alternance molle» incarnée par Alain Juppé, le rival qu’il ne nommait jamais, François Fillon, restait effacé, auréolé d’une sorte de virginité, n’ayant pas à son palmarès d’échecs cuisants dont on pût encore se souvenir. Il avait parlé «vrai» en 2011 aux Français, alors qu’il était Premier ministre de Sarkozy, en déclarant que le pays était au bord de la faillite, et pour les présidentielles de 2017, avait peaufiné un programme économique plus osé que celui de Juppé : moins d’Etat, moins de fonctionnaires, moins d’impôts et des ruptures qualifiées par d’aucuns d’«ultralibérales», mais incontournables si on veut remettre en marche une industrie française qui produit à peu près ce qu’elle produisait en 1994.

Depuis le début de sa campagne, François Fillon n’avait jamais varié ni dans le ton ni dans le fond de son discours.

Il émanait de sa personne une sorte de confiance tranquille, relégué par les sondages pendant des semaines à un poussif 10 %, mais propre à séduire un vaste électorat traditionnel, provincial et catholique. Au fil des jours, émergeant avec une stature présidentielle, le Sarthois, féru de courses automobiles et de Formules 1 rappelait sobrement que culturellement, la France est de droite, tient à ses racines et ses traditions. Ceux qui, toutes couches sociales confondues, étaient las et inquiets des avanies, des revirements et des échecs à la fois de Sarkozy et de Hollande allaient se rallier progressivement à lui…

Il avait répondu avec calme et autorité aux questions sociétales que se posent les électeurs, notamment sur la famille, l’éducation, l’islamisation, le terrorisme, la guerre au Proche-Orient.

Comme le souligne notre ami et auteur Salem Ben Ammar dans son dernier éditorial, sans faire «du positionnement vis-à-vis de l’islam la seule motivation du vote (…) aujourd’hui aucun candidat n’a pris une position claire et courageuse pour appeler l’ennemi par son nom en dehors de Fillon.»

Vidéo «Le totalitarisme islamique est comparable au Nazisme» : François Fillon à Lyon le 22 novembre 2016 pour la primaire Les Républicains et sur LCI, le lendemain à 20 h 40 :

 

 

Alain Juppé : La Hargne du perdant

Pour le 2e tour des primaires, Alain Juppé est reparti au combat avec hargne et même inélégance :

Au point que sur sa page Facebook, le professeur Bernard Debré, ancien ministre, député de Paris et membre du Comité consultatif national d’éthique s’est fendu d’une lettre ouverte, vilipendant son comportement indigne :

«Si tu avais été digne, tu aurais abandonné la compétition, l’écart entre ton score (28,5 %) et celui de François Fillon (44,1 %) étant sans appel. Cette décision aurait sans aucun doute réuni notre famille politique, et j’avais pensé que tu y étais favorable, toi qui, depuis si longtemps, a prôné l’unité. Tu as voulu continuer…. Nous nous attendions à un débat éthique, passionné, mais digne. Or, ton attitude est devenue inacceptable. Tu es agressif, utilisant des arguments falsifiés, mensongers, attaquant l’homme plus que son programme. Certains de nos amis qui te regardent et t’écoutent sont abasourdis.

….Tu voudrais faire passer François Fillon pour un extrémiste, à la limite fasciste, alors qu’il est tout le contraire et tu le sais. Il est démocrate, libéral et de droite, mais de cette droite moderne et modérée, luttant contre l’extrême-droite et tous les extrêmes avec toute sa force et son âme.

Comment oser affirmer que François Fillon soit contre l’avortement et veuille en abolir la loi ? Dis-toi bien que s’il en avait été ainsi, je ne l’aurais pas soutenu, moi qui suis chirurgien et qui ai vu les ravages mortels de l’avortement clandestin. J’ai vu mourir des jeunes filles aux urgences de l’hôpital qui s’étaient fait avorter dans des arrière-boutiques de faiseuses d’anges. Ton affirmation est non seulement fausse, mais aussi et surtout nauséabonde.

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Tout le monde s’accordera à dire que je n’étais pas sarkozyste, mais lui, au moins, a fait preuve d’élégance et d’un vrai sens éthique en annonçant son retrait et en demandant à ses amis de se réunir avec ceux de François Fillon.

Je me suis donc trompé sur toi. Tu es devenu méchant et menteur. Quel est ton but : être Président ? Tu sais au fond de toi que cela n’est plus possible. Salir ton camp par des mensonges éhontés n’est pas acceptable. As-tu donc oublié tes fonctions antérieures ? Je suis triste et révolté, je voulais te le dire avec force.»

[https://www.facebook.com/bernard.debre/posts/1178000742]

Un Juppé hargneux et inélégant

Dans une tribune publiée par Le Figaro, 215 députés et sénateurs de la droite et du centre, déplorent les critiques déplacées d’Alain Juppé à l’encontre de François Fillon et appellent à «un débat franc, mais respectueux des uns et des autres».

«Car est-ce «ultralibéral» que de vouloir faire passer la dépense publique de 57 à 50 % du PIB comme le propose François Fillon ? Est-ce «brutal» que de vouloir augmenter le temps de travail dans la fonction publique en échange d’une négociation salariale et de meilleures perspectives de carrière ? Est-ce «réactionnaire» que de rappeler qu’un enfant a le droit de connaître son père et sa mère comme l’affirme la convention des Nations unies sur les droits de l’enfant ?

«Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde» jugeait Albert Camus. En se glissant dans les habits sémantiques de la gauche, ceux qui caricaturent François Fillon ne prennent pas seulement le risque de se renier aux yeux des Français, ils aggravent le malheur de la France. Ils renforcent cette incapacité à mettre les mots justes sur les maux dont souffre notre pays, tout en collant des mots injustes sur ceux qui les dénoncent.»

L’ultime débat de jeudi 24 novembre 2016

Alain Juppé, dans son orgueil blessé après son échec au 1er tour, se retrouve stigmatisé et vilipendé par son propre camp. Il se présente aux yeux des électeurs comme l’homme indigne de ses fonctions, indigne du pouvoir suprême qu’il convoite depuis tant d’années. Voilà le décor planté pour l’ultime débat du jeudi 24 novembre au soir.

Et d’ailleurs Juppé est-il encore dans le camp LR ? Lui qui espère que toute la gauche ira voter pour lui dimanche prochain ne s’adresse plus à l’électorat LR, de Droite ou du Centre, mais à l’électorat socialiste. Il a été rejoint trois semaines avant le démarrage de sa campagne par la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse surnommée par les fillonistes «Valérie traîtresse» et accessoirement par NKM.

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Thierry Solère satisfait, se félicite que ce ne fut pas un pugilat

Ce n’était pas gagné, mais le débat s’est terminé en apothéose. Thierry Solère satisfait, se félicite que ce ne fut pas un pugilat. Les échanges furent vifs, parfois tendus, mais d’une grande tenue. Tel qu’il était organisé, encadré par trois journalistes qui interrogeaient les candidats à tour de rôle sur des thèmes précis, le débat ne pouvait a priori pas déraper. Ce fut un débat riche et serein.

Les candidats eurent loisir de préciser leur programme sur l’emploi, les contrats de travail, le nombre d’heures de travail hebdomadaire, les départs à la retraite, l’offre médicale, les maisons médicales, les honoraires des médecins, le nombre de fonctionnaires, l’absentéisme dans la fonction publique, la réorganisation de l’administration, la police, la délinquance, la justice des mineurs et les grandes questions de sécurité et de politique étrangère. Fillon a insisté sur la prévention, l’armement de la police, la responsabilisation des familles avec la suppression des allocations familiales en cas de délinquance, une mesure qui avait été défaite par le gouvernement socialiste. La construction d’établissements pénitentiaires, et pour les quartiers difficiles, où 40 milliards ont été engloutis par le plan Borloo, la formation professionnelle et le plein emploi.

Le point de départ de la réflexion de Fillon est que dans une France endettée comme elle l’est à hauteur de deux mille milliards d’euros, notre capacité à payer des fonctionnaires n’est pas extensible, d’autant que les taux d’emprunt vont augmenter et que la situation va devenir ingérable. 500 000 suppressions d’emplois sont possibles si le temps de travail augmente comme l’ont fait tous les pays, et si l’on tient compte des départs à la retraite non remplacés. En 25 ans les collectivités locales ont recruté 1 million de fonctionnaires, a-t-il souligné. Il ne manque donc pas de fonctionnaires en France….. !!

Outre la suppression de l’ISF, d’autant que la fiscalité de l’épargne est confiscatoire, Fillon veut revoir la fiscalité du capital beaucoup trop élevée, baisser les charges des entreprises, du RSI pour les travailleurs indépendants, augmenter la TVA des ménages et faire en sorte que les capitaux reviennent en France.

Au plan sociétal, Fillon est contre une société multiculturelle, pour l’assimilation, car notre société existe.

Comment entrer dans ce monde en conservant notre langue, nos références, il nous faut des académiciens, pas des idéologues, pour écrire les livres d’histoire scolaires.

François Fillon est revenu sur la mauvaise interprétation qui a été faite du droit à l’avortement : «C’est un droit, car il a été voté et je ne reviendrai pas dessus, mais ce n’est pas un droit fondamental, car il ne figure pas dans la constitution». Voilà qui est dit.

Pour Juppé, l’identité de la France est d’abord sa diversité de populations et de religions, des idées politiques différentes, à condition que cela conduise à une unité renforcée de la nation, à l’amour de la patrie.

Il revient à plusieurs reprises sur le sobriquet qui lui a été donné : Ali Juppé. Politiquement, c’est suicidaire. Il se défend d’avoir voulu construire une méga mosquée à Bordeaux sur fonds publics et critique ouvertement Riposte laïque (la fachosphère) pour avoir lancé cette «fausse information» (sic).

Or la presse locale s’était fait l’écho de ce projet en 2013, et d’autres preuves de son implication dans ce projet existent bien.

Juppé pense qu’un certain nombre de réformes de Fillon ne sont pas crédibles.

Juppé s’auto-proclame «seul capable de gouverner le pays». Nous sommes dans un monde difficile. Il faut un président solide pour faire des réformes. Rassembler. Ouvrir les voies de l’avenir pour une France «réconciliée et apaisée dans

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