Après La guerre de six jours
* (2011) et La Politique, la politique considérée comme souci
* (2014), les éditions Les provinciales publient à nouveau un texte du fondateur de La Nation Française, Pierre Boutang.
Cette réédition de Reprendre le pouvoir, paru une première fois en 1978 aux éditions Le Sagittaire, est précédée d’une remarquable introduction d’Olivier Véron, révélant le texte de Boutang à la lumière, notamment, du sens politique du mariage.
Il apparaît en effet que les dernières attaques portées contre la famille traditionnelle – mariage homosexuel-pour-tous – confirment certain pressentiment de Boutang, son attachement à la filiation et à l’origine comme conditions de l’accomplissement politique de l’homme. Contre la soumission à un libéralisme des mœurs mortifère, la souveraineté passe par la famille, la différence des sexes, la parenté échappant à tout constructivisme.
Déconstruction, déracinement, déculturation : la molle Europe, l’Occident techno-débile, sont aujourd’hui encore les jouets des Modernes lesquels n’ont de cesse de préparer le terrain aux nouveaux totalitarismes, réduisant toujours plus en nous « la part de l’origine, sa puissance politique, sa souveraineté obsédante. »
Philosophe, théoricien politique, traducteur, poète et romancier, engagé aux côtés du Général Giraud pendant la guerre avec lequel il préparera le débarquement américain en Algérie, Pierre Boutang est un homme de la trempe d’un Jünger et un penseur dont l’œuvre est à découvrir impérativement en ces temps obscurs de « panmuflerie sans limites »1.
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Avertissons tout de même le lecteur pressé, « l’énorme médiocratie alphabète », le réac post-moderne nourri aux réseaux sociaux et aux livres jetables, Reprendre le pouvoir est une lecture exigeante, un livre qui nous lie, et nous oblige : Boutang, philosophe chrétien, philosophe de combat, être rayonnant, y élabore et développe une théorie du pouvoir salvateur.
« Celui qui peut, celui qui détient, ou réinvente, un pouvoir, sauve, est né pour sauver : sauve qui peut. »
Mais, cher lecteur profane qui, de philosophie, ne sait plus, tout comme nous, que les vieux rudiments ânonnés en classe de lycée : ne passe pas ton chemin, car lire Boutang aiguise l’esprit et affûte l’âme ! Si les pages ne se tournent pas si vite, qu’elle se froissent entre nos doigts maladroits et devant nos cervelles mal dégrossies, en donnant l’impression d’être si denses qu’elles en seraient parfois impénétrables, ne boudons pas le plaisir de saisir, par fulgurances ou persévérance, de précieuses, jubilatoires, coruscantes et lumineuses pensées. Car cet or spirituel purifie et éclaire infiniment tout l’antre où gisent nos maigres savoirs amassés.
Et puisque nous ne prétendons pas être de taille à proposer une juste recension de cet immense texte, laissons parler Boutang et soyons les témoins de la force de cette parole vivante, à travers un extrait de la postface :
« Et nous qui essayons d’être chrétien, sans renoncer à une foi politique, qu’oserons-nous proposer, indiquer à l’horizon du désir, qui ne soit objet premier du mirage ? La réflexion sur Foucault nous a, bizarrement, conduit à l’idée, ou au mythe d’une légitimité révolutionnaire, d’une révolution pour instaurer l’ordre légitime et profond. Ce n’est pas que nous n’éprouvions du dégoût pour le mot de révolution. Nous savons d’expérience comment elles se terminent toutes, et nous n’envions, pour nous ni pour nos fils, les prestiges de leur commencement. Il y aurait pire que l’usage – indirect ou adjectif – de ce mot : ce serait l’illusion que la société par nous héritée, puis empirée, est compatible avec une légitimité quelconque, qu’un État légitime peut être greffé ou plaqué sur cette désolante pourriture. Mais, si corrompue qu’elle soit par le mal universel de l’usure (plus encore que par la pornocratie et l’alphabétisme idiot), chaque enfant d’une race et d’une langue, chaque nouveau-né recommence l’énorme aventure, retrouve la chance de tous les saluts ; le tissu premier de la politique, la source et l’objet du pouvoir sauveur, c’est la naissance. Chaque naissance dans une famille est le modèle idéal et réel des renaissances nationale ; l’apparition effective d’une telle renaissance exige la conjonction (…) d’un état de la corruption ploutocratique avec une décision de rétablissement de la nature politique et du droit naturel. Que cette conjonction doive être héroïque, cela résulte de l’extrême contrainte exercée, à l’âge moderne, par l’extrême artifice, et par les techniques d’avilissement. Le noyau naturel de notre présence terrestre est attaqué de telle sorte que la nature même ne peut plus être que l’objet d’une reconquête. Que cette reconquête puisse demeurer pacifique est probablement une illusion dont les écologistes sérieux ne soutiennent pas la vraisemblance.
Lorsque “l’âge de l’homme” décrit (…) par Vico, tombe, à l’occasion de l’un des ricorsi, bien au-dessous des Lumières, et produit la société d’usurpation et de mensonge que nous connaissons, il n’y a plus qu’à attendre et préparer activement le nouvel âge héroïque. (…) Une théorie du pouvoir associée à une foi politique doit prévoir quelle entropie elle peut supporter et risquer, et quelle “néguentropie” elle apporte avec elle, comme toute décision vivante. Il doit – on est tenté de dire il va – y avoir un moment où survivre dans cet état de pourriture apparaîtra, dans un éclair, comme indigne et impossible. Cette prévision ne diffère de celle des marxistes que par les sujets de l’impossibilité vécue : là où les marxistes les délimitaient comme prolétariat victime du salariat, nous reconnaissons en eux les Français (et les diverses nations d’Europe selon une modalité particulière), en tant qu’hommes empêchés de vivre naturellement, soumis à des objectifs étatiques tantôt fous, tantôt criminels. Quelques-uns parmi eux sont capables de guetter la conjonction libératrice, mais, à l’instant élu la communauté tout-entière, par l’effet de l’universelle agression qu’elle a subie, peut être capable de consentir à la décision d’initier un nouvel âge héroïque. (…)
Un “nouveau Moyen Âge” comme l’ont entrevu Berdiaeff et Chesterton ? Les ricorsi ne sont pas de pures répétitions ni même de simples renouvellements. Sûrement : une manière de rendre vaine l’opposition de l’individualisme et du collectivisme, telle qu’en usent, pour leurs courtes ambitions, les barbares et les freluquets. L’âge des héros rebâtira un pouvoir ; il n’est pas de grand siècle du passé qui ne se soit donné cette tâche : même aux âges simplement humains, où les familles, lassées de grandeur, confiaient à quelque César leur destin, à charge de maintenir le droit commun, le pouvoir reconstruit gardait quelque saveur du monde précédent. Notre société n’a que des banques pour cathédrales ; elle n’a rien à transmettre qui justifie un nouvel “appel aux conservateurs” ; il n’y a , d’elle proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera la Prince chrétien. »
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gédéon Pastoureau pour Dreuz.info.
Pierre Boutang, Reprendre le pouvoir (présenté par Olivier Véron), Les provinciales, 224 p., 2016 (1977 pour la première édition)
Acheter le livre sur le site de l’éditeur : Les provinciales.
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“Notre société n’a que des banques pour cathédrales”.
Hélas, M. Boutang, près de quarante ans après votre constat, elle a, en plus, des mosquées AU LIEU de cathédrales.
J’essaie d’être de ceux qui, non pas ” guettent la conjonction libératrice”, mais y contribuent.
“Il apparaît en effet que les dernières attaques portées contre la famille traditionnelle – mariage homosexuel-pour-tous – confirment certain pressentiment de Boutang, son attachement à la filiation et à l’origine comme conditions de l’accomplissement politique de l’homme. Contre la soumission à un libéralisme des mœurs mortifère, la souveraineté passe par la famille, la différence des sexes, la parenté échappant à tout constructivisme.”
A cela, il convient d’ajouter le drame indicible de l’assassinat ou l’infanticide intra-utérin ou avortement à une échelle industrielle, pratiqué par les pays occidentaux en général. C’est tout le problème de l’Occident décadent : Nous sommes progressivement, graduellement, entrain d’enlever tous les points de repère qui nous ont permis de faire face à et de vaincre les ennemis de l’humanité, l’islam arabo-suprémaciste, génocidaire et impérialiste. La rédemption de l’Occident suicidaire passera par la redécouverte et la réappropriation de ses racines et valeurs judéo-chrétiennes.
Aspect intéressant de cette guerre civilisationnelle et sémantique, les médias gauchistes fascisants, profitant de la confusion grandissante qu’ils ont sciemment, volontairement, créée et entretenue chez les Français qui veulent encore les regarder et/ou les écouter, en profitent pour faire une inversion de causalité.
Le faux raisonnement manipulateur que ces médias tiennent est le suivant : Si les Européens en général et les Français en particulier choisissent de voter pour “l’extrême-droite”, c’est parce qu’ils sont en manque de repères; repères dont tout être humain a besoin car nous en avons besoin pour structurer notre vie.
La vérité factuelle, historique : La gauche subversive, relativiste, permissive, liberticide, haineuse et profondément, viscéralement, radicalement anti-chrétienne, anti-famille traditionnelle et antisémite, a tout mis en oeuvre depuis en demi-siècle afin de priver les Français et les Européens de leurs points de repères afin de mieux déraciner, déconstruire et déculturer l’Homme (latu sensu) européen; afin de substituer cet Homme européen, à la culture judéo-chrétienne, par l’Homme nouveau, refaçonné, reconditionné; sans attaches, sans racines, sans patrie, sans foi judéo-chrétienne, sans jugement et dépourvu de sens critique et donc incapable de contextualiser les évènements qui se déroulent sous ses yeux. Bref, faire de l’Homme nouveau un adepte docile et servile, corvéable et malléable, de la nouvelle secte mondialiste et de ses maîtres occultes.
Donc, l’absence de repères n’est pas la raison (la cause) pour laquelle de plus en plus de Français et d’Européens choisissent de voter pour des partis patriotiques mais elle est la conséquence (l’effet) du travail de sape, de dénigrement, de mépris, de falsification, entrepris par cette gauche fascisante et liberticide sur l’esprit de l’Homme occidental.
Un texte majeur pour notre époque.