« Les Français n’ont pas le droit de porter des armes à feu ; cela ne les empêchera pas de s’entre-tuer, le jour venu. »
Maurice G. Dantec, Le théâtre des opérations 2002-2006 – American Black Box*
Nombre d’entre nous se diront: « Nous n’avons rien fait. »
Je me suis assis, rompu par les tâches du quotidien, regardant les flammes trépigner et consumer le bois dans l’âtre, et j’ai pensé : nous voyons, impuissants, notre monde se défaire, scrutant le flux des infamies post-modernes et des soubresauts dérisoires d’une France dolente et affaiblie, scandalisés de n’être pas plus nombreux à souffrir d’insomnies, étouffés par l’enflure d’une colère sourde à peine contenue par le travail acharné, le rire de nos enfants ou la prière.
Oscillant entre le partage compulsif, sur les réseaux sociaux, d’informations documentant la barbarie contemporaine, le dandysme esthète qui croit encore que la beauté sauvera le monde, ou alors la superbe d’un rire murayen dont on voudrait croire qu’il vaincra le ricanement de l’époque et son « esprit de sérieux », il nous faut parfois beaucoup de temps avant d’écarter une fois encore la possibilité d’aller décharger cette colère contre un de ces nouveaux barbares ou l’un de ceux, pitoyables, qui les nourrissent et les caressent dans un espoir pacifiste meurtrier.
Les prolégomènes d’une guerre civile que certains appellent de leurs vœux et se réjouissent de voir venir indéfiniment se succèdent chaque jour devant nos yeux fatigués : les mille preuves que l’islam a pris racine entre les fissures provoquées par la déconstruction à laquelle notre vieux pays est quotidiennement et patiemment soumis, les mille signes de désintégration identitaire voulue par des élites qui bradent peuple et histoire afin de financer leur train de vie, les mille accusations de racisme, de fascisme, qui pleuvent sur les têtes de ceux qui prétendent simplement voir ce qu’ils voient.
Noël passera bientôt, et, encore une fois, je me demanderai : « Qu’ai-je vraiment fait ? ».
Tandis qu’à l’étage les enfants dormaient, après avoir remis une bûche dans le foyer, je me suis mis, tout en tisonnant, à chercher un motif de consolation dans le fait que d’autres, en Europe, se trouvaient peut-être dans une situation plus avancée et que, le moment de l’explosion, pour eux, nous serait un choc salutaire… Peut-être. Mais l’onde de choc sera-t-elle assez puissante ? Ne sommes-nous pas déjà comme mithridatisés, acclimatés à l’atmosphère morbide et à l’ingestion de fruits gâtés ? Il est déjà bien tard. Sans doute ne sommes nous plus qu’à quelques encablures, la trajectoire est réglée : d’emblée, pris dans l’accident. Sans illusion, nous savons que nous ne serons pas tout à fait épargnés. Nos enfants et nos femmes sont déjà des cibles.
Les prochains attentats djihadistes ne cesseront de susciter l’incompréhension et les appels à l’unité… mais ces actes de terreur ne seront que peu de choses en regard de la partition du pays qu’ils contribueront à hâter.
« Vous allez continuer à vivrensemble. », nous répète avec componction le chœur des gestionnaires du parc humain. Peut-être n’avons-nous pas encore assez renié nos racines chrétiennes ?
Et alors que l’État Islamique continue sa guerre génocidaire au Moyen Orient et ses semailles de terreur dans nos vieux pays à l’âme contaminée, nous continuons, en Europe, à vivre comme si la troisième guerre mondiale pouvait être remise à une date ultérieure. Comme si, une fois l’État Islamique militairement vaincu, aucun autre bras de la conquête islamique ne repousserait. Comme si la machine à réislamiser les musulmans d’Europe n’était pas si efficace, si bien entretenue par l’OCI, si bien huilée par ces chers idiots utiles.
Certains rêvent d’une trêve. Leurs prières laïques-et-respectueuses-de-la-diversité demandent une suspension du réel, une parenthèse enchantée qui ne se refermerait jamais, un cessez-le-feu durable et équitable… Ils ont voulu cultiver l’insouciance mais ne trouvent, dans leurs moissons, que fleurs de fiel et âpres nourritures. Leurs bouches délicates grimacent désormais. Il va pourtant falloir s’y faire : allez, encore une cuiller.
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Enveloppé par la chaleur et comme anesthésié par elle, j’ai vu dans les flammes qui dansaient derrière la vitre des centaines de visages, des vivants et des morts. Je me suis alors dit : nos contemporains n’en peuvent plus d’être Charlie-Paris-Bruxelles-Berlin – qui ne veulent surtout pas être Israël. Nos hommes politiques poursuivent leurs dérisoires calculs politiciens. Nos journalistes persistent à ânonner la doxa remplaciste. Et nous, que faisons-nous ?
Plus d’une quinzaine d’attentats auraient été déjoués, en France, durant cette année 2016. Les services du renseignement et les forces de sécurité, de toute évidence, mènent les batailles qu’il faut afin de protéger les Français. Mais la guerre qui nous est déclarée s’actualise sur plusieurs fronts, aux temporalités distinctes : celui qui nous concerne, nous les Français ordinaires, est peut-être le plus important : c’est le front de l’identité. Il passe par la reconquête de notre souveraineté, il est celui où tout se jouera.
« Nous n’avons rien fait qu’écrire. »
J’étais resté longtemps, assis là, un peu de biais sur le vieux fauteuil. Le bel amas de braises rougeoyait vivement, sans plus de flammes maintenant. La chaleur restait intense, mais déjà, le métal du poêle craquait comme il devenait légèrement moins chaud. Il fallait recharger en bois, la réserve était vide. Je me levai lentement, enfilai mon gros gilet et mes chaussures avant de sortir sans bruit : le froid du dehors me fouetta le visage et m’extirpa de ma gangue dolente et, levant la tête vers un ciel clair d’étoiles, je songeai de manière fugace à mes enfants et à ma femme, tous quatre chaudement parés de leur couette et de leur édredon d’hiver.
Souriant, j’allai emplir le gros sac de toile épaisse avec quelques rondins fendus avant que les dernières braises ne faiblissent trop.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gédéon Pastoureau pour Dreuz.info.
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Beau texte.
Merci, Jam Butty.
Dans deux cours donnés ces jours et en construisant avec les commentaires des maîtres d’Israël sur l’actuelle section hebdomadaire de la Torah, le rav Dynovisz décrit brillamment certains des principaux traits de la civilisation occidentale qui pour la tradition juive est « fille idéologique » d’Esau.
En effet celui ci épouse d’abord une Cananéenne et l’appelle « lajuive » [Yehoudit] puis fusionne avec une seconde, fille d’Ismaël … Depuis des millénaires pour celui qui a les clefs de lecture, le parcours de la civilisation occidentale est tracée !
A voir ou écouter c’est tout bonnement passionnant et brûlant d’actualité !
http://www.ravdynovisz.tv/video.php?video_id=32506
http://www.ravdynovisz.tv/video.php?video_id=32517
Très beau texte, en effet! Il prend à la gorge.
Merci Gédéon_
Merci à vous, Rosaly !
Votre commentaire me fait me dire que je ne fais pas ça en vain.
Très beau texte effectivement, j’apprécie en sus que l’auteur n’ai pas affadi son Français : cela est devenu si rare de lire des textes à la syntaxe impeccable et au vocabulaire riche…
C’est un compliment très fort, que vous me faites là, Gally.
Je viens d’un milieu modeste, sur le plan social et culturel, et ce que l’Educazion Nazionale ne m’a pas appris, j’ai tenté de le construire moi-même, par mes lectures.
Je crois que la forme importe, dans ce que l’on dit, et le médium Internet génère une profusion d’articles pas toujours bien écrits. Je crois que c’est une manière d’hommage plein d’humilité à tous les grands auteurs qui ont façonné notre belle langue française que de fournir un effort dans l’usage que l’on en fait.
🙂
@Gédéon Pastoureau ,
Je suis devenu israélien depuis 56 ans mais cela ne m’empêche pas d’apprécier votre texte à sa juste mesure et c’est dans cette perspective que je me joins à Gally.
Je pense même que votre prose et le sujet brûlant traité sont dignes de figurer dans un livre et ainsi bénéficier d’un grand intérêt chez les français lucides qui se rappeleront peut-être des paroles de leur hymne national et s’en inspireront …….
תודה רבה, Ephraïm !
Votre commentaire me touche infiniment.
Très beau texte en effet, mais il est impératif de faire abstraction du pessimisme sous-jacent qui s’y dégage. En ces temps difficiles, nous avons surtout besoin de nous sentir très fort, courageux, unis et ne pas montrer l’ombre d’une faiblesse passagère.
Merci, Fallaci (un lien de parenté avec Oriana ?…).
Toutefois, je ne crois pas être pessimiste, ici. Je parle d’urgence, de reconquête, de flamme à entretenir…
L’heure est grave et les temps plutôt sombres, en effet, mais je sais que l’esprit de résistance est encore présent chez certains.
iL Y A PLUS DE 20 ANS QU IL NE SERT PLUS DE SEULEMENT ECRIRE.
J AI MOI MEME POUR PRINCIPE DE NE PLUS PARTICIPER A DES CONFERENCES S IL N Y A PAS UN PROJET CONCRET QUI SOIT ASSOCIE AUX ANALYSES PRESENTEES. ET DES PROJETS J EN PROPOSE AUSSI LE PROBLEME C EST QUE TOUT LE MONDE AUJOURD HUI RENVOIE AUX ELITES ALORS QUE C EST AU PEUPLE DE DESORMAIS FAIRE DES PROJETS EN FAISANT ABSTTRACTION DE CES ELITES POUR LESQUELLES LE PEUPLE NE COMPTE PLUS. LANCEZ VOS PROJETS
Tout à fait vrai. Au lieu des conversations de salon (sur la situation désespérante), je me suis lancé à organiser une marche paisible et sans discours pour protester contre l’existance d’un parti Islam belge qui existe depuis 2012 et qui prône la charia et qui par esprit démocratique va soumettre, au moment opportun, aux belges un référendum pour remplacer nos lois par la charia!!! Je voulais m’inspirer des Ghandis, ML King… pour répéter d’autres marches dans d’autres lieux. Mais il fallait l’accord du bourgmestre de cette petite commune ardennaise. Eh bien, même là, alors que le bourgmestre semblait enthousiaste au départ, ce n’était pas possible pour la sécurité… Après j’ai essayé d’alarmer un peu les médias locaux, aucun article ne pouvait apparaître, après à la RTBF, rien à faire, tout est noyauté. J’ai lancé une pétition sur ce sujet, Avaaz a simplement refusé de la distribuer… Bref pour dire que même les plus courageux abdiquent, on va simplement nous passer sur le ventre et nous serons écrasés même à brève échéance.Notre belle civilisation européenne s’arrête avec nous, et il n’y aura même pas d’historien pour raconer cela, lisez 2084 (auteur algérien)et vous comprendrez..
Soyons clair
La guerre, la vraie c’est la mise en œuvre par des moyens appropriés de la défense de la nation lorsque les moyens classiques (justice, police) utilisés par l’état ne sont plus capables d’assurer cette défense.
Donc les pouvoirs, pour circonscrire l’ennemi sont donnés à l’entité compétente pour assurer cette tâche, c’est à dire l’armée.
Concrètement, quand l’ennemi n’est pas constitué en bataillons identifiables facilement, il s’agirait d’une forme de ce que l’on appelle « guerre civile »
Alors les services secrets de l’armée identifieraient l’ennemi, et les services action se chargeraient de l’élimination. C’est ça la guerre. C’est le sauve qui peut. Le juge n’a plus rien à y voir. L’armée ne rend des comptes qu’au gouvernement.
Donc parler de guerre actuellement, c’est juste de l’inflation verbale.
pauvre France
Ramuz, suite …
En fait nous sommes dans autre chose que la guerre
Une chose que l’histoire n’a peut-être jamais connu : une élite qui trahit son propre peuple, car cette élite n’est plus « nationale » mais raisonne « mondial »
Cette élite (la ploutocratie mondiale, ticket d’entrée le milliard de dollar), a ses serviteurs grassement rémunérés (médiatiques, politiques, associatifs …) et se sert des idiots utiles habituels, des gauchistes internationalistes aux gentils chrétiens naïfs (j’en suis un, mais peu naîf quand même).
Comment luter pour le peuple qui veut garder son mode de vie ?
Attendre des politiques serviteurs qu’ils fassent la guerre à ceux qui détruisent l’environnement du peuple, c’est évidemment illusoire, ils servent la destruction.
Un des seuls moyens d’action que l’on cherche si possible à lui limiter: le vote.
Les nouveaux moyens de communication comme les réseaux sociaux (pour l’instant relativement libres, ( pourvu que ça dure !) en sont un autre (merci Dreuz)
Ces moyens suffiront-t-ils ?
Il n’est pas nécessaire d’espérer … vous connaissez la suite
Ramuz, suite de la suite
Il y a quand même peut-être un espoir.
Que l’élite (la vraie, les milliardaires +) commence à se dire qu’ils sont peut-être entrain de scier la branche sur laquelle ils sont assis en créant ce monde désarticulé.
L’élection de Trump est peut-être un signe (objectivement il appartient à l’élite !! , à moins qu’il ne soit un philanthrope amoureux du peuple ??)
A suivre …
« L’élection de Trump est peut-être un signe » …..oui, c’est peut-être un signe, mais les américains sont opportunistes alors qu’en Europe nous sommes un peu mou du genou !
J’espère que nous nous réveillerons avant qu’il ne soit trop tard, surtout pour nos enfants et petits-enfants !