Publié par Magali Marc le 5 janvier 2017

 

Certains croient que le président Donald Trump, novice en politique, ne saura jamais par quel bout prendre la situation désastreuse du Moyen Orient.

Les gauchistes pensent qu’avec son tempérament belliqueux et imprévisible, il se mettra tout le monde à dos et provoquera la Troisième Guerre mondiale. D’autres comme Michael Makovsky, un ancien adjoint spécial au Bureau du Secrétaire de la Défense des États-Unis, voient les choses différemment.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit ce texte de Michael Makovsky* paru dans le Wall Street Journal du 3 janvier 2017.

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Comment Trump peut reprendre le contrôle de la relation américaine avec Téhéran

Il est possible pour la nouvelle administration de renégocier l’accord nucléaire iranien à partir d’une position de force.

Tandis que les opposants à l’accord nucléaire iranien du président Obama, autant dans le camp démocrate que dans le camp républicain, se préparent à remédier à ses nombreuses lacunes, ils devraient se garder de répéter involontairement certaines de ses erreurs.

Plutôt que de compter sur une augmentation des sanctions pour forcer un démantèlement ou une renégociation de l’accord, il convient en priorité de rétablir la crédibilité des États-Unis et de s’opposer fermement à l’agression iranienne et à son remodelage du Moyen-Orient.

Deux erreurs de jugement fondamentales ont mené à cet accord nucléaire désastreux.

  1. M. Obama a évité de brandir des menaces crédibles de confrontation militaire et il comptait sur des sanctions économiques adoptées par le Congrès afin de faire pression sur l’Iran et l’amener à négocier.
  2. Obama s’est concentré uniquement sur le programme nucléaire iranien, faisant la sourde oreille devant le rôle que l’Iran cherche à jouer sur le plan régional (NdT: en Syrie, au Yémen, au Liban avec le Hezbollah).

Libre de toute pression et de tout contrôle, Téhéran s’est employé à façonner les termes de l’accord et à élargir son influence au Moyen Orient.

Le débat politique actuel ne tient pas compte de ces erreurs.

Au lieu de cela, il se concentre sur l’utilisation de sanctions pour appliquer et améliorer le “Joint Comprehensive Plan of Action with Iran” (Plan d’action global avec l’Iran).

Cette approche limitée est contre-productive.

L’accord a porté sur les avantages économiques que l’Iran allait retirer, mais il n’a fait que mettre en veilleuse les éléments de son programme nucléaire. Il ne l’a pas éradiqué.

Les États-Unis auront besoin de plusieurs années pour remettre sur pied un régime de sanctions international énergique.

L’Iran n’aura besoin que de quelques semaines pour reconstruire son programme nucléaire.

Même si l’Iran demeurait dans le cadre de l’accord, il pourrait répliquer aux sanctions en augmentant ses attaques dans la région, les utilisant comme un levier plus direct et plus dangereux.

Un ingrédient qui a fait ses preuves dans la façon de traiter avec l’Iran, reste une menace militaire crédible.

Deux exemples : Téhéran a suspendu les éléments de son programme nucléaire en 2003-2004 après le renversement par les États-Unis du dictateur irakien Saddam Hussein et il n’a jamais franchi la ligne rouge tracée par Israël en 2012 sur son arsenal nucléaire.

Tandis que l’Administration Trump réfléchit à la politique qu’elle veut adopter avec l’Iran, y compris comment elle devrait s’y prendre pour faire appliquer, renégocier ou annuler l’accord nucléaire avec Téhéran, voici cinq politiques qu’elle pourrait mettre en œuvre pour placer les Iraniens en position de faiblesse et retrouver l’avantage stratégique :

  • Premièrement, charger le Pentagone de mettre à jour ses plans d’intervention militaire contre l’Iran, y compris contre ses installations nucléaires, en particulier en cas de violation importante de l’accord nucléaire ou de retrait de celui-ci. Cela permettrait d’indiquer clairement que les États-Unis sont en position de force et prêts à intervenir militairement si cela s’avérait nécessaire.
  • Deuxièmement, modifier les règles d’engagement des navires américains dans le golfe Persique.

    Les provocations iraniennes ne devraient plus être tolérées, mais plutôt, comme M. Trump l’a déclaré dans son premier débat avec Hillary Clinton, les Américains devraient être résolus à tirer sur les navires iraniens si nécessaire.

    Les États-Unis ne devront pas hésiter à agir de la sorte quand la situation l’exigera, ce qui ne manquera pas de se produire. Cela servira à démontrer la détermination des Américains de façon à les rendre crédibles face à l’Iran et aux autres puissances mondiales, et cela devrait contribuer à améliorer le comportement iranien régionalement ainsi que vis à vis de l’accord.

  • Troisièmement, il faut renforcer la coalition régionale anti-iranienne. Au lieu d’aliéner les alliés régionaux traditionnels comme M. Obama l’a fait, nous (les Américains) devons collaborer étroitement avec eux.

    Cela inclut le soutien (sans s’en excuser) à la coalition saoudienne menée contre l’insurrection Houthi soutenue par les Iraniens au Yémen ; un accroissement de l’aide à la Jordanie ; un soutien au président égyptien Abdel Fattah Al Sisi ; et l’amélioration des relations avec l’Azerbaïdjan.

    Cela inclut un soutien accru pour Israël en augmentant l’aide militaire au-delà du récent accord, en appuyant fortement les Israéliens contre le Hamas et le Hezbollah soutenus par l’Iran, et en atténuant les conséquences négatives de la récente résolution du Conseil de sécurité de M. Obama, y compris en déménageant l’Ambassade américaine à Jérusalem.

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  • Quatrièmement, il faut annoncer des plans visant à mettre en place un système régional de défense antimissile – en incluant à la fois Israël et les alliés des États-Unis dans le golfe Persique et l’Europe de l’Est, et en s’appuyant sur l’ample infrastructure déjà présente.

    Afin de neutraliser la menace de missiles balistiques iraniens, que l’accord nucléaire a effectivement légalisée, M. Trump devrait ordonner que ce bouclier antimissile abatte tous les missiles iraniens, ceux qui sont simplement testés autant que les autres.

  • Cinquièmement, et plus difficile, il faut empêcher que se forme plus avant le croissant iranien de Téhéran à Beyrouth. L’Iran domine déjà les capitales de l’Irak et de la Syrie, deux États artificiels et multiethniques ratés, créés à partir de l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale.

    Les États-Unis doivent redoubler d’attention sur les questions d’autodétermination soulevées après la Première guerre mondiale et soutenir les nouvelles entités politiques qui en ont émergé.

    En Irak, cela commence par un État kurde indépendant dans lequel serait installée une base militaire américaine.

    En Syrie, il faudrait œuvrer à la création d’entités sunnites, alaouites et kurdes qui pourraient se faire contrepoids, peut-être dans le cadre d’une confédération.

En résumé, des sanctions qui ne seront pas appuyées sur une force d’intervention militaire crédible, auront peu de poids.

Elles ne pourront pas empêcher à elles seules que l’Iran bafoue l’accord nucléaire ou enflamme la région.

Mais des sanctions associées à une stratégie ciblée pourraient modifier les calculs de Téhéran.

Elles pourraient mener à une éventuelle renégociation de l’accord désastreux ou, advenant un échec de la diplomatie, permettre un meilleur positionnement des États-Unis et de leurs alliés pour empêcher l’Iran de se doter d’armes nucléaires par d’autres moyens.

Voilà qui pourrait transformer la région en faveur de l’Amérique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

*M. Makovsky, un ex-fonctionnaire du Pentagone sous l’administration de George W. Bush, est actuellement président et directeur exécutif du Jewish Institute for National Security of America (Jinsa) (l’Institut juif pour la sécurité nationale en Amérique)

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