Publié par Manuel Gomez le 17 janvier 2017

Qui pouvait penser l’impensable ? Qui pouvait imaginer l’inimaginable ?

Fin 1941, à l’exception de quelques hauts dignitaires nazis, proches du Führer, personne ne pouvait émettre, ne serait-ce que l’idée, qu’une solution finale, pour la totalité des juifs d’Europe, avait été élaborée par Adolf Hitler.

Le premier rapport officiel concernant un camp de concentration, celui de Mauthausen, fut rédigé par le gendarme Maurice Godignon, le 5 novembre 1941, et il ne concernait qu’un camp de concentration réservé uniquement à 1500 républicains espagnols.

Un exemple : Monseigneur Roncalli, futur Pape Jean XXIII, à l’époque nonce apostolique à Istanbul (Turquie), prévenait la Vatican de la menace que faisait peser l’avance de l’armée allemande sur les quelques milliers de juifs installés en Salonique.

Ces juifs, expulsés d’Espagne en 1492, avaient gardé d’étroits contacts avec leurs parents, les Marranes, restés sur la péninsule ibérique et convertis au catholicisme.

Sollicité par le Saint-Siège, le général Franco répondait : «Pour moi ils sont toujours espagnols et je suis prêt à les accueillir mais je n’ai pas les moyens matériels d’aller les chercher».

La diaspora ne s’est pas mobilisée pour les sauver, les comités de juifs occidentaux et même ceux des États-Unis ont fait la sourde oreille et ces quelques milliers de juifs ont été «éliminés» dans les camps de la mort.

Cela est confirmé par le témoignage de Georges Albert Salvan, fils du général et agent de l’AFP auprès du Saint-Siège, qui a retrouvé les documents dans les archives du Vatican.

Trois années plus tôt, du 6 au 15 juillet 1938, s’était tenue à Évian-les-Bains, à la demande d’associations chrétiennes et juives, une conférence afin d’offrir une possibilité aux juifs de quitter l’enfer germanique, où ils étaient soumis à de très graves persécutions. 29 pays étaient représentés, dont la France, et tous avancèrent divers prétextes pour refuser de s’intéresser à leur sort.

Les conséquences de cette lâcheté collective : 6 millions de juifs exterminés dans des fours crématoires.

(La conférence de la honte. Evian, juillet 1938*, par Raphaël Delpard, aux éditions Michalon)

Ce n’est que le 20 janvier 1942, lors de la conférence de Wansee, qui se tenait à Berlin, présidée par Reinhard Heydrich, qu’officiellement était prise la décision de créer des chambres à gaz afin d’exterminer industriellement et systématiquement tous les juifs d’Europe.

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Et ce n’est qu’en 1944, lorsque les armées alliées et russes pénétrèrent en Allemagne et en Pologne, que fut découverte l’horreur des camps de la mort.

Il est facile de condamner après… quand on sait !

Il était impossible, alors, de s’opposer aux ordres de l’occupant nazi. On pouvait, il est vrai, refuser d’obéir, d’y participer, mais cela n’aurait pas empêché les rafles, les convois vers les camps, l’extermination et, peut-être même, cela aurait été le cas pour la France, y aurait-il eu davantage de victimes, si les nazis s’en étaient chargés directement.

C’est ce qu’a tenté d’expliquer l’historien André Kaspi**, lorsqu’il écrit : «Vichy a sacrifié les juifs étrangers pour mieux protéger les juifs français. Sans Pétain les juifs de France auraient subi le même sort que ceux de Belgique, des Pays-Bas ou de Pologne. Pendant deux ans ils ont, d’une certaine manière, bénéficié de l’existence de l’État français».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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** L’historien Alain Michel, dans le long et passionnant interview qu’il a accordé à Dreuz, rectifie les conclusions qu’il considère erronées d’André Kaspi.

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