Publié par Jean-Patrick Grumberg le 27 janvier 2017

Je pense que Donald Trump a compris que déplacer l’ambassade à Jérusalem revient à perdre une carte majeure dans son jeu.

La semaine dernière, un communiqué du porte-parole du gouvernement israélien rapportait la conversation téléphonique entre Benjamin Netanyahu et Donald Trump.

Un détail retint mon attention.

«Les deux dirigeants ont parlé des accords sur le nucléaire iranien, du processus de paix avec les Palestiniens, et d’autres sujets».

«D’autres sujets» ? Pas un mot sur le déplacement de l’ambassade US à Jérusalem ? Etrange…

  • Le monde arabe est en ébullition depuis l’annonce de déplacement de l’ambassade.
  • Certains, comme Muqtada al-Sadr, parlent de déclaration de guerre contre l’islam (rien que ça !).
  • L’OLP menace de révoquer sa reconnaissance d’Israël.
  • Un haut responsable musulman est même allé jusqu’à défier Trump (la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf) : «Méfiez-vous, si vous déplacez l’ambassade à Jérusalem»,
  • Mahmoud Abbas a averti que «le déplacement de l’ambassade entraverait le processus de paix.»
  • Et l’Union européenne a dénoncé la décision.

Hier, pressé sur la question par le très pro-israélien journaliste Sean Hannity, Donald Trump, lors d’une interview à la Maison-Blanche lui a répondu :

«Je ne veux pas en parler pour l’instant…»

N’oublions pas que des architectes américains ont été envoyés à Jérusalem, et qu’ils sont en ce moment en train de visiter des bâtiments, d’étudier des emplacements possibles, et que Trump a dit et redit qu’il est homme à tenir ses promesses.

Que se passe-t-il donc ?

Trois hypothèses.

La première et la plus évidente est que les services de renseignement israélien ont informé Netanyahu que les risques d’embrasement de la région nécessitent un déploiement sécuritaire musclé qui demande préparation, et que déplacer maintenant l’ambassade limiterait fortement la marge de manœuvre de l’armée et des différents services.

La seconde tout aussi vraisemblable et en partie confirmée, est que similairement côté américain, les services de sécurité ont informé que les risques pour les ambassades et possessions américaines à l’étranger et spécialement dans les pays arabes demandent à voir leur sécurité renforcée avant toute action.

Mais il existe une troisième hypothèse à laquelle je m’en veux de ne pas avoir pensé plus tôt, et c’est la déclaration de Trump qui m’a rappelé à la rigueur de ma logique.

Benjamin Netanyahu a montré son grand talent de stratège politique en neutralisant pendant 8 ans la plupart des pernicieuses attaques d’O. et Kerry. Mais Donald Trump ne boxe pas sur le même ring. Il est– sa campagne électorale et sa victoire l’ont montré– trois coudées au-dessus. Un de ses immenses talents, The Art of the Deal* (comme le titre de son livre), c’est l’art de négocier.

Je pense que Donald Trump a compris que déplacer l’ambassade revient à se priver d’un moyen de pression fantastique.

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Voyant le monde arabe déchaîné, il a compris– en tous cas c’est le raisonnement que je tiens et je le crois plus intelligent que moi– que l’ambassade représente une monnaie d’échange inestimable pour exiger et obtenir de la Ligue arabe (les Palestiniens ne décident rien, les décisions sont prises par leurs maîtres), des compromis essentiels à Israël.

Je crois Trump largement sensible à la bêtise des Arabes, qui par leurs hurlements contre cette ambassade, ont fait monter les enchères sur sa valeur symbolique, pour exiger en échange de l’annulation temporaire de son déplacement, un donnant-donnant majeur pour Israël.

Et je sais Trump assez persuasif pour faire comprendre aux Arabes qu’au moindre geste de trahison des engagements qu’il les contraindra à prendre en échange du maintien de l’ambassade à Tel-Aviv, elle sera déplacée dans les 24 heures.

Trump peut par exemple exiger du Fatah qu’il cesse de donner aux rues les noms des terroristes, qu’il assure le désarmement et le démantèlement des cellules jihadistes de Ramallah et des environs, qu’il renonce aux campagnes de boycott contre Israël et démantèle BDS, qu’il révise les livres d’école et les programmes antisémites destinés aux enfants palestiniens, qu’il renonce à exiger le droit au retour de millions de ces réfugiés fabriqués par l’UNRWA, les pistes ne manquent pas.

Contre une seule promesse, celle de … ne rien faire !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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