Publié par Guy Millière le 4 février 2017

Il existe en Europe un ensemble d’incompréhensions graves concernant Donald Trump et sa conception du monde.

Une bonne fois pour toutes : Donald Trump n’est pas économiquement protectionniste

C’est particulièrement le cas en France. Marine Le Pen ayant été la seule dirigeante politique à s’être réjouie de la victoire de Donald Trump, déduction a été faite aussitôt ici ou là que Marine Le Pen mène en France un combat similaire à celui de Donald Trump. Le fait que des antisémites néo-nazis tels qu’Alain Soral se soient réjouis de la victoire de Donald Trump n’a rien arrangé. Le fait que des intellectuels juifs de gauche façon Troisième République tels Alain Finkielkraut ou Saint-Germain des Près façon Bernard-Henri Lévy aient dit pis que pendre sur Donald Trump n’a rien arrangé non plus.

Disons pour clarifier les choses une bonne fois pour toutes que Donald Trump n’est pas économiquement protectionniste, contrairement a ce qu’écrivent des gens qui ont appris l’économie en lisant de vieux numéros de Pif le chien.

Trump applique ce qu’il a écrit dans son livre Trump : The Art of the Deal*.

Il pose des éléments de négociation, établit des rapports de force, menace de prendre certaines mesures aux fins d’obtenir le maximum de ce qu’il veut obtenir, et attend de voir ce qu’accepte celui avec qui il négocie. Parmi ses éléments de négociation, il n’y a pas que des paramètres économiques, mais aussi des paramètres géopolitiques.

  • Avec le Mexique, il entend obtenir le paiement du mur de séparation et une lutte contre les réseaux de trafiquants et les passeurs. Il ne prendra des mesures de taxation à l’importation de produits venus du Mexique que si le Mexique refuse totalement ce que veut Trump.
  • Avec la Chine, Trump entend obtenir des pressions sur la Corée du Nord, un retrait des prétentions chinoises à contrôler les eaux de la mer de Chine jusqu’en lisière des Philippines, une réévaluation du renminbi, une facilitation de l’implantation d’entreprises étrangères en Chine, et des mesures contre le pillage de la propriété intellectuelle américaine par des entreprises chinoises. Trump ne prendra des mesures de taxation à l’importation de produits venus de Chine que si la Chine refuse totalement ce que Trump exige d’elle.

Marine Le Pen est protectionniste

Le programme économique de Donald Trump, par ailleurs, est essentiellement libéral au sens français du terme : baisses d’impôts, déréglementation, facilitation de la création d’entreprises, fin de l’intervention du gouvernement fédéral dans les secteurs non régaliens (police, armée, diplomatie). La seule exception est la politique de grands travaux prévue par Trump, qui entend néanmoins financer celle-ci par des bons du Trésor et des crédits d’impôt accordés aux entreprises impliquées. Le programme économique de Marine Le Pen est socialiste et étatiste.

En termes de politique étrangère, Trump n’est isolationniste qu’aux yeux de ceux qui ont appris la géopolitique en lisant Asterix le Gaulois.

Trump entend renforcer l’armée et se fixe pour ligne directrice planétaire la lutte contre l’islam radical, sunnite et chiite. Il n’interviendra pas militairement sur la planète aux fins de procéder à des changements de régime, mais des actions ciblées et puissantes contre les nids de vipère de l’islamisme ne sont pas du tout à exclure.

Trump n’entend pas dissoudre l’OTAN ou les autres alliances militaires liant les Etats-Unis à d’autres pays du monde : il entend demander aux alliés des Etats-Unis de financer davantage leurs forces militaires, et il veut que l’OTAN soit tournée vers la lutte contre le terrorisme islamique. Il n’a parlé du caractère obsolète de l’OTAN que pour le cas ou les pays membres de l’OTAN ne feraient aucun effort financier et refuseraient une redéfinition claire du rôle de l’OTAN.

Les propos disant qu’il est proche de Poutine sont disséminés par des propagandistes intoxiqués et intoxicants. Trump envisage de coopérer avec la Russie seulement si celle-ci montre concrètement sa volonté de lutter contre l’islam radical. Il entend endiguer l’Iran et faire glisser le régime des mollahs vers l’asphyxie.

Il est favorable, pour ce qui concerne Israël, à la solution à un seul État, appelé Israël.

Marine Le Pen, elle, entend procéder à un repli sur les frontières nationales, faire sortir la France de l’OTAN, et elle est jusqu’à nouvel ordre favorable à un rapprochement plus large avec la Russie et à un rapprochement avec l’Iran des mollahs.

Ses positions sur Israël sont ambiguës. Le Front National a approuvé l’ignoble résolution 2334 des Nations Unies, que Trump a vivement dénoncée. Le plus grand scepticisme s’impose quant à la détermination de Marine Le Pen face à l’islam radical : la volonté de rapprochement avec l’Iran des mollahs n’est pas un bon signe, une visite à al Azhar au Caire n’est pas un bon signe non plus.

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Des néo-nazis antisémites tels qu’Alain Soral n’ont sans doute pas remarqué que Donald Trump est un adepte du capitalisme démocratique, aussi éloigné qu’il est possible de l’être de toute forme de socialisme.

Ils n’ont pas remarqué non plus l’amitié de Trump pour Israël et les Juifs.

Si Donald Trump est antisémite, Binyamin Netanyahu, David Friedman, Jared Kushner, pour ne citer qu’eux sont sans doute très antisémites. Il y a infiniment plus d’antisémitisme chez un Juif américain de gauche pratiquant la haine de soi que chez Donald Trump, qui est le premier Président des Etats-Unis à avoir une famille juive, ce qui a échappé à la myopie d’Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy qui, l’un et l’autre, chacun d’eux à sa manière, ont tant aimé le pire ennemi d’Israël et du peuple juif à avoir occupé la Maison-Blanche, Barack Hussein Obama, et qui, l’un et l’autre, chacun d’eux à sa manière, n’ont pas vu l’antisémitisme présent chez les Juifs américains de gauche pratiquant la haine de soi.

Cela fait d’eux de piètres penseurs et des boussoles inversées.

Mais il semble qu’en France il faut être un piètre penseur et une boussole inversée et, de préférence, dire n’importe quoi, pour être un spécialiste de la spécialité.

Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy ne sont pas seuls.

Je me souviens encore de ces désopilants spécialistes des Etats-Unis qui étaient certains, analyses profondes à l’appui, que Jeb Bush serait le candidat républicain à la présidence et que Donald Trump était un clown qui resterait quinze jours dans la campagne électorale avant de rentrer chez lui.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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