Publié par Rosaly le 11 février 2017

L’imam Hocine Drouiche s’est exprimé sur le terrorisme et la nécessité d’entreprendre une réforme vers un islam de France lors d’une interview accordée au quotidien italien en ligne Tempi.it.

Si je salue son courage et sa bonne volonté, certaines de ses déclarations jettent une ombre sur sa totale sincérité.

Ci-après la traduction de l’entrevue :

«Je suis un imam et mon devoir est de lancer un signal d’alarme : il existe un islam politique, qui représente un danger, avant tout pour nous les musulmans. Nous ne pouvons plus nous voiler la face et continuer à clamer que le terrorisme n’a rien à voir avec notre religion.

Si les Sociétés européennes ouvrent la porte à l’extrémisme, il sera très difficile de la refermer

Et c’est pour avoir fait une telle déclaration que l’imam Hocine Drouiche est attaqué, insulté et même menacé par de nombreux coreligionnaires.

Le jeune imam, né en Algérie, dirige une petite communauté musulmane à Nîmes, qui se réunit au «Centre islamique de la Fraternité.»

Ses prises de position contre le terrorisme, qu’il définit toujours «d’islamique» et en faveur d’une réforme de l’islam, ont fait de lui l’un des personnages les plus controversés de France.

Son nom est apparu sur tous les journaux, mais non seulement en France, quand au lendemain du massacre de Nice, il avait annoncé sa démission de Vice-président de la Conférence des imams, «par rejet de ces institutions musulmanes incompétentes, qui ne font rien pour la paix sociale et n’arrêtent pas de clamer que l’extrémisme islamique n’existe pas, qu’il est le fantasme des «mass medias».

Drouiche, par la suite, était revenu sur sa décision, mais à la condition que la Conférence des imams coupe les ponts avec le Conseil du culte musulman de France, accusé de ne pas avoir commémoré l’attentat de Nice, à l’exception d’un communiqué laconique.

Formé à l’Université des Frères Mentouri à Constantine en Algérie, au cours de la guerre civile, qui endeuilla le pays dans les années nonante, puis en Syrie et en Arabie saoudite, Drouiche décrocha un doctorat en «théologie islamique et dialogue entre les cultures et les religions» à Marseille.

En dépit de cela, de nombreuses autorités musulmanes en France l’accusent d’être un imposteur, un «faux imam» qui ne connaît rien à la religion.

Accusations démenties plusieurs fois par l’intéressé, diplômes et attestations, à l’appui, dont une signée par le Conseil régional du culte musulman de France.

«Le CRCM atteste, qu’Hocine Drouiche exerce la fonction d’imam au sein de la communauté musulmane, qu’il est une personne compétente et positive surtout dans le domaine du dialogue interreligieux

«Ils m’attaquent, car je dis la vérité, cette vérité que de nombreuses personnes refusent de voir et parce que j’ai des amis chrétiens. Mais pour moi, c’est un honneur d’être insulté pour ce motif», a déclaré Drouiche au journal Tempi.

. Ils ne sont pas nombreux les imams, qui suite aux attentats de l’EI en Europe, osent parler de terrorisme islamique.

«Moi j’ose, car c’est la vérité et parce que je suis un imam. J’enseigne la religion et j’ai une grande responsabilité éducative : je ne peux pas faire l’impasse sur ce qui se passe réellement, car je trahirai ainsi mon histoire.»

. C’est à dire ?

«Je vivais encore en Algérie pendant de la guerre civile des années nonante. J’ai vu de mes yeux comment l’extrémisme transformait des jeunes normaux en terroristes, qui égorgeaient et massacraient au nom d’Allah et de l’islam. Aujourd’hui, les attentats de Nice, du Bataclan, de l’Hyper Cacher, de Toulouse ne me surprennent pas. Voilà pourquoi je continue à lancer le signal d’alarme.»

. Lequel ?

«Si ces jeunes, qui sont manipulés, devaient remporter la victoire, il n’y aura plus de liberté, ni des droits de l’Homme en Europe. Et même la cohabitation entre les religions sera un mirage. Un peu, comme dans le monde arabe, où l’on justifie la persécution des chrétiens et le meurtre des Juifs

. Qui manipule les jeunes ?

«L’islam politique, qui est très dangereux pour les pays arabes, pour les musulmans eux-mêmes et pour le monde entier. Cet islam politique ne doit pas conquérir l’Europe, car cette religion, qui s’oppose à la liberté, la mortifie, y est est inconcevable. La religion exalte la liberté de l’homme et confère la dignité à tous. Cela ne peut pas être le contraire.»

. La très grande majorité des attentats en Europe a été perpétrée par de vrais musulmans, ou supposés tels. Est-ce une coïncidence ?

«Hélas non ! En France, les imams aiment répéter que l’islam n’a rien à voir avec ces actes meurtriers. Mais c’est faux. Il faut dire la vérité pour construire la paix et je suis heureux de courir quelques risques pour la dire.»

. Pourquoi pensez-vous que votre religion offre un terrain fertile aux extrémistes ?

«Le problème commence à l’intérieur de l’islam, dans ses textes religieux, quand ils sont enseignés littéralement et sans contextualisation historique. Il y a des versets dans le coran, qui invitent à combattre les mécréants, mais ils ne doivent pas être compris dans le sens absolu, car ils se référent à une période historique, quand les musulmans étaient en guerre et menacés. Le coran demandait aux musulmans de se défendre : ce qui est logique et normal.

Mais aujourd’hui…»

. Aujourd’hui ?

«Nous devons expliquer aux musulmans d’Europe, à Rome, à Paris, à Londres, à Bruxelles, que l’on ne peut pas demander de combattre sur base de ces versets coraniques, car la situation historique a changé. Voilà pourquoi il faut apporter une éducation coranique plus en rapport avec la chronologie de la révélation islamique et l’histoire de l’islam..»

. Ce discours vaut-il seulement pour le coran ?.

«Non ! Il est aussi valable pour la charia et les hadiths, récits rapportant les faits et les paroles du prophète. Ils relatent également nombre de chroniques des compagnons de Mahomet.

Certains messages violents ont été ajoutés par la suite dans des buts politiques, d’autres ont été annulés par des hadiths ultérieurs et ne valent plus rien. Il y a des paroles de haine, qui ne peuvent pas avoir été prononcées par Allah et le prophète, “homme de tolérance et de paix”, et ne doivent pas être enseignées comme authentiques.»

(Mahomet : homme de tolérance et de paix ? Il doit y avoir eu des lacunes dans ses études sur la vie du prophète. Sincérité, naïveté ou taqiya ?)

. L’islam doit-il être réformé ?

«Oui, aujourd’hui, le coran doit être enseigné dans son véritable contexte, mais pour le faire, il est nécessaire, du moins en Europe, qu’il y ait des imams courageux, qui disent la vérité. Nous ne pouvons continuer à répéter les discours relatifs au “racisme et à l’islamophobie de l’Occident”, auxquels il faut réagir par le djihad. Il n’est pas vrai que le monde est contre les musulmans. Ces discours doivent être condamnés, car ils servent seulement à radicaliser les jeunes.»

. Pourquoi cette réforme est-elle si difficile à accomplir et si contestée ?

«Il existe un problème historique : il y a toujours eu des luttes intestines au sein de l’islam, dès les premiers califes. Au cours des siècles, on a privilégié une lecture très rigide du coran, qui ne laisse aucune place ni à la raison ni au rationalisme. Aujourd’hui, il est difficile de changer de cap, mais si nous ne le faisons pas, l’islam en sortira endommagé et déstabilisé.»

. Pourquoi, il y a-t-il eu autant d’attentats en France ?

«Nous avons en France la plus grande communauté musulmane d’Europe, qui compte environ 6 millions de personnes (?) communauté, blessée par des problèmes historiques, liés au colonialisme et par des problèmes sociaux. De nombreux musulmans vivent marginalisés dans les ghettos des banlieues. L’islam politique profite de ce mal-être social, attisant la haine chez les jeunes, en leur faisant croire que l’Occident est leur ennemi.»

. En dix ans, 40 000 Juifs ont décidé de quitter Paris pour Tel-Aviv. Ce phénomène vous préoccupe-t-il ?

«Oui et c’est aussi l’islam politique, qui en est partiellement responsable, car il méprise les Juifs et nie la Shoah. Je ne sais pas comment cela est possible, c’est inacceptable.»

. Le parcours que vous proposeé, comment est-il perçu en France ?

«Malheureusement, nous avons des imams, qui demandent aux musulmans de ne pas souhaiter “Joyeux Noël” et “Bonne année” aux chrétiens. Et de ces comportements, qui semblent inoffensifs, naissent la haine, cette haine, qui aboutit au terrorisme. C’est une attitude, non seulement anti-islamique, mais inhumaine. Comment une religion peut-elle interdire de souhaiter de la joie à quelqu’un ? Mais l’islam, ce n’est pas cela et la majeure partie des imams s’oppose à ces pratiques

. Et pourtant, vous critiquez souvent les responsables musulmans, car ils ne condamnent pas assez le terrorisme.

«Un an après l’attentat à l’Hyper Cacher, je fus le seul imam présent à commémorer les victimes. C et immobilisme n’aide pas à construire une opinion positive de l’islam. La communauté doit réagir avec force et descendre dans la rue après les attentats. La riposte doit être vigoureuse, autrement, notre image en ressort abîmée, ternie

. Un sondage réalisé en avril par l’IFOP a révélé que les Français sont très suspicieux envers l’islam et pensent que les musulmans ne sont pas capables de s’intégrer. Comment peut-on vaincre cette défiance ?

«Les gens ont peur, car après les attentats, ils ne voient aucune réponse claire et explicite de la part des musulmans. Ils craignent que l’objectif de ces derniers soit de conquérir l’Europe, pour y imposer la charia. Certains imams le souhaitent ardemment, mais non la majorité. Mais ils doivent l’affirment publiquement. Et cela nous amène au second problème.»

. Lequel ?

«Les Français s’aperçoivent que dans le monde musulman règne l’anarchie. Il n’y a pas de porte-parole, tout le monde peut s’exprimer au nom de l’islam. Nous avons besoin d’une structure nationale, qui réforme l’islam et si nous ne le faisons pas, l’Etat pensera à le faire tôt ou tard. Et cela représente un risque pour notre religion

Comment jugez-vous le travail du gouvernement à ce sujet ?

«En France, ce n’est pas facile, car il existe de nombreuses communautés différentes : algériennes, marocaines, tunisiennes, turques, africaines. Chacune d’elle est soutenue par son pays d’origine et le gouvernement français ne doit pas s’imaginer pouvoir créer un islam de France avec l’aide de personnes payées par des gouvernements étrangers. Le Conseil français du culte musulman instrumentalise l’islam et n’est pas un partenaire fiable

. Que proposez-vous alors ?

«Nous n’avons pas besoin d’un islam en France, mais d’un islam de France. Si tel n’est pas le cas, il sera saoudien ou qatari. L’Etat ne peut intervenir dans les textes religieux, mais doit aider les musulmans à trouver un islam local, indépendant de l’étranger et cohérent avec les valeurs européennes. Assez avec les imams en provenance de l’étranger ! Assez avec les mosquées construites grâce aux financements étrangers.»

. Qu’en pensent vos fidèles ?

«Je cherche à les éduquer et à leur transmettre le message, que la cohabitation est possible. Certains se fâchent, se sentent offensés, mais d’autres m’approuvent. Et ces discussions sont les bienvenues, car il est nécessaire d’ouvrir un débat au sein de la communauté.»

Vous savez ce que disent certains blogs musulmans français à votre sujet ?

«Oui !»

. Ils disent que vous êtes un imposteur, un faux imam.

«Je le sais. Et c’est normal. Ils m’accusent car je suis un ami des Juifs, des chrétiens, et même des athées. Ils ne veulent pas entendre, ce que je dis. Mais pour moi, c’est un honneur que d’être calomnié pour cette raison. Je veux diffuser une mentalité de paix et de changement.»

. Pensez-vous réussir ?

«Il y a de nombreux musulmans qui me suivent. Les extrémistes et les fanatiques ne représentent qu’une minorité, mais ils parlent au nom de tous. Nous avons besoin de responsables, qui s’expriment vraiment au nom de tous les musulmans et à voix haute.»

. Vous ne craignez pas les menaces ?

«J’ai la foi. C’est mon devoir de dire ces choses et je crois sincèrement que la rencontre entre l’islam et les valeurs européennes peut être féconde. C’est ainsi, je pense, que se développeront les anticorps, qui s’opposeront à la haine et à la violence, que nous voyons dans le monde arabe. Et qui sait, cela pourrait peut-être aussi le changer ?»

. Merci !

L’imam Drouiche parle toujours d’islam politique, le seul responsable, selon lui, du terrorisme islamique. Or, l’islam est avant tout une idéologie politique suprématiste, raciste, sectaire, obscurantiste, belliqueuse, conquérante, liberticide, misogyne. L’islam est politique. Si cette idéologie se revêt d’une fine couche de «religieux», c’est pour lui octroyer une certaine légitimité.

J’aimerais ensuite revenir sur deux déclarations :

1) «Certains messages violents ont été ajoutés par la suite dans des buts politiques, d’autres ont été annulés par des hadiths ultérieurs et ne valent plus rien. Il y a des paroles de haine, qui ne peuvent pas avoir été prononcées par Allah et le prophète, “homme de tolérance

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