Publié par Guy Millière le 3 mars 2017

Je comprends ceux qui veulent à toute force défendre François Fillon.

Sur un plan économique, il reste un étatiste, mais il est néanmoins le plus libéral de tous les candidats en présence, et le seul qui n’incarne pas la continuation du déclin du pays. Sur un plan géopolitique, il tient un discours ambigu, et a tenu des propos troubles sur l’Iran et le Hezbollah, mais il est le seul à avoir pointé du doigt le danger constitué par l’islam radical.

Je comprends que ceux qui veulent défendre à toute force François Fillon soient déçus que sa candidature soit en train de sombrer, et incriminent la campagne de presse lancée contre lui et l’acharnement des juges.

Il y a incontestablement une campagne de presse destinée à abattre François Fillon, et un acharnement de juges de gauche et d’extrême gauche qui se prennent pour Antoine Fouquier-Tinville, se croient en 1793, et sont instrumentalisés par les socialistes, qui sont des totalitaires perfides et hypocrites.

Cela dit, il est très difficile de considérer François Fillon comme impeccable.

Il n’est sans doute pas le seul à avoir fait rémunérer ou à avoir rémunéré son épouse et ses enfants, mais que d’autres que lui agissent de cette façon fait de lui un homme qui a utilisé un système vicié, comme d’autres avant lui l’ont utilisé. S’il avait tout exposé d’emblée et déclaré qu’il voulait en finir avec le système vicié qu’il a lui-même utilisé au lieu de se présenter comme un chevalier blanc, avant de se perdre dans des explications brumeuses qui ont été remplacées par d’autres explications brumeuses quand cela s’est avéré indispensable, il ne serait pas dans la situation actuelle. Il a menti par omission, voire menti tout court. Ce n’est pas une erreur, c’est une faute politique majeure.

Il est très difficile de ne pas considérer que si François Fillon avait été un stratège dans sa campagne électorale, il aurait anticipé les coups qu’on pouvait lui porter et se serait donné les moyens d’y répondre avant qu’ils soient portés ou d’y apporter une réponse efficace sitôt ils ont été portés. S’il l’avait fait, il ne serait pas non plus dans la situation actuelle. Il s’est révélé être un mauvais stratège. C’est là davantage qu’une faute politique majeure, c’est un défaut éliminatoire, et l’élimination est en cours.

François Fillon aura été un très piètre candidat. Il aura subi des attaques biaisées et manipulées. Il se sera aussi sabordé lui-même et aura saboté les chances des Républicains. S’il s’était retiré plus tôt, constatant son propre échec, un autre candidat aurait pu être envisageable. Il est sans doute désormais trop tard, et la droite modérée sortira de cette lamentable affaire très endommagée, et pour longtemps sans doute.

Des dossiers sur Emmanuel Macron pourraient sortir dans les médias et ne sortiront sans doute pas, car Emmanuel Macron bénéficie de l’appui de grands groupes de presse, de radio et de télévision et, bien sûr, de l’appui de Hollande.

Il a désormais de grandes chances d’être élu, hélas. Il a été programmé pour cela.

S’il est élu, il incarnera une continuation du déclin français et un glissement de la France vers une déliquescence multiculturaliste. Il sera un équivalent de Barack Obama, en plus petit et en plus médiocre.

Marine Le Pen ne sera sans doute pas élue, et je le regrette, car l’hypothèse Macron me répugne et me semble lourde de très graves conséquences. Mais même si Marine Le Pen était élue, elle ne pourrait très vraisemblablement pas donner à la France le sursaut qui serait nécessaire pour un redressement. Son programme économique, s’il était mis en œuvre, serait désastreux. Ses positions en politique étrangère sont proches de celles de François Fillon, en pire puisqu’elle veut la sortie de la France de l’OTAN, qui est la structure de défense du monde occidental.

Le seul avantage d’une élection de Marine Le Pen serait le chaos qui résulterait.

Et encore faudrait-il pour que le cas soit salubre, qu’il y ait une issue au chaos, or je crains qu’il n’y en ait pas dans le contexte actuel.

La France arrive au bout de plusieurs décennies de stérilisation intellectuelle, culturelle, médiatique et politique. Elle a un système politique épuisé qui peut prendre des allures de cloaque, et une justice totalement viciée.

Elle est une société sans repères stables, striée de clivages si profonds qu’on peut se demander comment elle ne s’effondre pas dans un grand fracas. Y coexistent des populations qui se croisent à peine et qui ne semblent pas appartenir à la même société.

  • Les banlieues de l’islam et les gens du grand remplacement musulman vivent dans une société.
  • Les Français non musulmans pauvres vivent dans une autre société, marquée par l’amertume, le désespoir et la colère impuissante.
  • Les Français non musulmans riches vivent dans une troisième société pour laquelle la France n’a aucune importance, car dans cette troisième société, on mène une existence qu’on peut rapprocher de celle de la nomenklatura soviétique d’il y a trente ans. Les gens de télévision et de cinéma font partie de cette troisième société, la plupart des journalistes et des hommes politiques aussi. Emmanuel Macron vient de cette troisième société.

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Pour les gens de cette troisième société, tout peut s’acheter : le calme des banlieues de l’islam et des gens du grand remplacement musulman grâce à des subventions et des mesures d’apaisement, l’amertume et le désespoir des Français non musulmans pauvres grâce à des allocations sociales, la colère impuissante par l’injection quotidienne de doses de pensée unique.

Il est inutile de leur parler de liberté de parole, de souveraineté, de civilisation occidentale : la seule parole qu’ils admettent est celle qui leur sert à justifier subventions, mesures d’apaisement, allocations, pensée unique. La souveraineté est un mot qui leur paraît archaïque. La civilisation occidentale pour eux est une vieillerie.

Existe chez les Républicains des gens dont le discours est acceptable pour la troisième société : Alain Juppé et Nathalie Kosciusko-Morizet en sont les archétypes. François Fillon était inacceptable pour la troisième société. Il avait un combat difficile à mener. Ses positions étaient imparfaites, car il est dans un pays où la stérilisation intellectuelle, culturelle, médiatique et politique règne. Il a commis une faute majeure. Il avait un défaut éliminatoire. La troisième société a lâché ses chiens contre lui. Logique. Hélas.

Marine Le Pen s’appuie surtout sur les Français non musulmans pauvres, des gens pour qui la troisième société n’a que mépris, et dont elle attend qu’ils se taisent et avalent leur pitance, résignés. Marine Le Pen a le programme qui est le sien parce qu’elle dit ce qu’elle doit dire pour coller à l’amertume, au désespoir, à la colère impuissante de ses électeurs, et parce qu’elle est, elle aussi, dans un pays ou la stérilisation intellectuelle, culturelle, médiatique et politique règne.

Je ne sais si je devrais préférer le chaos qui secouerait la stérilisation et le cloaque. Il m’arrive de penser que je devrais.

Je pense que le chaos n’aura pas lieu et que la France aura son Barack Obama, plus petit, plus médiocre, mais tout aussi nuisible.

Je n’ai aucune joie à l’écrire, je tiens à le préciser. Je ne pense pas qu’il y aura une guerre civile. Je crains plutôt une euthanasie graduelle.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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