Publié par Jean-Patrick Grumberg le 9 avril 2017

Mardi 4 avril, environ 80 civils syriens, dont des enfants et des bébés, sont morts atteints par une attaque au gaz sarin.

L’attaque est partie d’une base aérienne syrienne– elle apparaît sur les radars de l’armée, et le ministre syrien des Affaires étrangères syrien a reconnu jeudi qu’un avion syrien a bombardé Khan Sheikhoun, mais il parle d’un bombardement 5 heures après l’attaque chimique. La base aérienne d’où est partie l’attaque a été bombardée par 59 missiles Tomahawks, autorisée par Trump pour donner un avertissement à Assad.

«A qui profite le crime» est la bonne question à se poser pour tenter de comprendre ce qui se serait vraiment passé en Syrie, entre le bombardement américain et l’attaque syrienne à l’arme chimique, si l’on réfute la réalité.

A qui profite le crime, c’est vouloir comprendre qui a intérêt à faire quoi et pourquoi. Mais pour cela, encore faut-il connaître les intérêts de chaque partie concernée et ses objectifs.

A qui profite le crime, cela suppose aussi qu’on sait lire dans les pensées de Poutine, Trump et Assad.

Bref, on ne peut que faire des hypothèses, des déductions, pour chercher à savoir «à qui profite le crime».

Ces hypothèses seront peu élaborées et peu pertinentes, car celui qui les avance a forcément une très faible compréhension de la géopolitique.

Dans le cas contraire, avant de se demander «à qui profite le crime» d’autres questions se posent :

  1. y-a-t-il eu crime
  2. quel crime a été commis
  3. quelle est sa gravité
  4. de quoi est punit ce crime et que risque son auteur
  5. qui est ou qui sont les auteurs
  6. peut-on démasquer, en l’état des informations, le coupable
  7. qui est ou qui sont les victimes
  8. quels sont les motifs ou les objectifs
  9. quel est le gain, immédiat ou futur
  10. ce gain est-il certain ou probable…

Un âne ne fera pas les mêmes déductions qu’un conspirationniste ou qu’un anti-américain primaire ou qu’un professeur au Centre de recherche sur la prolifération des armes chimiques de l’université d’Oklahoma.

L’âne trouvera un coupable différent que le conspirationniste, que l’anti-américain primaire, et que le professeur de géopolitique.

Et l’âne ne comprendra pas que le conspirationniste et l’anti-américain ne voient pas ce que lui a vu. Idem pour le conspirationniste et l’anti-américain, qui ne comprendront pas pourquoi l’âne est aussi bête de ne pas voir ce qu’eux voient…

Il y a plus stupide encore…

De leurs hypothèses reposant sur une compréhension très limitée des forces en présence, des intérêts en cause et des objectifs à court et moyen terme pour dire «à qui profite le crime», les esprits échauffés déduisent des certitudes, et c’est là que tout flanche et qu’ils perdent la minuscule crédibilité dont ils disposaient.

⇒ Remarque : les certitudes des ânes sont toujours confirmées par les autres ânes, celles des conspirationnistes sont en général confirmées par les autres conspirationnistes parce que les conspirationnistes désignent généralement l’Occident, l’Amérique et les juifs comme conspirateurs, jamais ou rarement les Russes et les Chinois et encore moins le monde arabe.

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Des esprits très très simples ne cherchent qu’une seule hypothèse «à qui profite le crime»– encore hier, un très très simple écrivait que les Etats-Unis étant des gros producteurs de pétrole et ayant un gros stock d’or, et que leur valeur ayant progressé après les frappes américaines, il est évident que là est la raison de cette frappe : voilà pour lui, «à qui profite le crime» !

Heureusement, Dreuz a essentiellement des lecteurs sérieux qui cherchent à s’informer et comprendre sans partir dans ces délires. D’ailleurs ces lecteurs sérieux se retrouvent aussi parmi ceux qui se sont laissés entraînés par leur enthousiasme vers des théories tarabiscotées.

Il y a ce qu’on sait avec un degré de certitude élevé, et il y a ce qu’on ne sait pas.

Ce sont deux mondes différents, et par dessus tout, deux mondes qui ne sont pas à mettre sur le même niveau d’égalité, et les esprits simples dont je parle ci-dessus les mélangent allègrement, mettent l’hypothèse au même degré de vérité que les faits avérés, et se retrouvent avec une bouillie inintelligente et totalement indigeste.

Ce qu’on sait, on peut le croire ou le réfuter, bien entendu.

Après tout, le premier homme qui à posé le pied sur la lune, ça a été filmé à Hollywood ; les Tours jumelles ont été détruites par un promoteur juif pour éviter la faillite ou par la CIA ; et Elvis Presley tape le carton avec ses potes quelque part sous une fausse identité– puisqu’il n’est pas mort.

Et vous voulez savoir qui a vraiment commandité l’assassinat de Kennedy ? Venez par ici je vais vous le dire dans le creux de l’oreille. Je vous dirais en même temps que Trump est un illuminati.

Je suis très amusé que sous les articles que nous publions, quelques zozos réfutent les faits parce qu’ils veulent un coupable qu’ils ont désigné à l’avance.

J’ai constaté que les modérateurs de Dreuz ont décidé, et ils ont eu raison à mon sens, de ne pas censurer ces zozos, de les laisser exprimer leurs délires, car après tout, ils ne font de mal à personne, et Dreuz étant un média américain, moi-même étant de culture juive et américaine, nous croyons que les gens deviennent plus intelligents lorsque les idées sont exposées et débattues que lorsqu’elles sont censurées par la justice comme chez vous en France.

Ce qu’on sait de l’affaire syrienne est raisonnablement étayé par des preuves solides :

  • 80 civils syriens dont des enfants et des bébés sont morts atteints par une attaque au gaz sarin,
  • l’attaque est partie d’une base aérienne syrienne car elle apparaît sur les radars de l’armée et le ministre syrien des Affaires étrangères a reconnu qu’un avion a bombardé la zone.
  • La base aérienne a été bombardée par Trump pour donner un avertissement à Assad.

Il est important ici de dire que l’avertissement a été relativement léger car très ciblé, militairement et surtout verbalement dans les déclarations de Trump, pour ne pas déclencher de «guerre mondiale» (!), d’autant que, je vous le rappelle, les Russes ont été prévenus et ont pu évacuer leurs militaires restés sur place.

Dreuz n’a ni le temps ni le goût pour les théories conspirationnistes et je m’en réjouis car elles me fatiguent. Si ce n’était pas le cas, il y a bien longtemps que je n’écrirais plus chez Dreuz. Les élucubrations tirées par les cheveux ne sont pas bienvenues chez Dreuz info, nous nous en tiendrons à cette version des faits, la plus réaliste et probante.

Si des éléments nouveaux venaient à modifier ces faits, nous serons bien entendu les premiers à vous les présenter sans état d’âme ni arrière-pensée : Dreuz n’est pas un site d’idéologues mais de personnes intéressées par les faits, et par l’analyse des faits et du monde qui nous entoure selon notre grille de lecture, que nous avons l’honnêteté d’exposer en toute transparence.

Remarque : avoir une ligne éditoriale, avoir des convictions ne signifie pas qu’on est malhonnête ou qu’on n’est pas capable d’être objectif. Ne pas afficher ses convictions– comme le font les médias, comme le fait Le Monde par exemple– en se prétendant neutre, voilà qui est malhonnête.

Conclusion

Des faits se sont produits. Certains tentent de trouver un coupable «à qui profite le crime» afin de remplacer la réalité et les faits avérés par une nouvelle réalité, à qui ils accordent une plus grande valeur faciale que les faits eux-mêmes.

J’ai une hypothèse pour eux car je sais qu’ils ne l’ont pas envisagée :

Poutine est derrière l’attaque chimique.

Il a compris que Trump est l’homme fort de la première puissance du monde, qu’il réagirait à l’attaque chimique, et il a voulu par cette attaque chimique se débarrasser d’Assad et de l’Iran pour négocier de nouveaux accords avec les Etats-Unis.

Poutine a besoin de protéger son économique malade, et sa seule ressource économique, le gaz, est menacée par la décision de Trump– qui a commencé à être mise en place– de développer les ressources énergétiques du sous-sol américain et atteindre rapidement l’autonomie totale.

Poutine veut se débarrasser de son gros problème islamique et il sait qu’il a Trump pour allié dans ce projet– contrairement à Obama. Il sait quel danger représente l’Iran.

Avec un accord donnant-donnant sur la Crimée et l’Ukraine, une base navale en Méditerranée et une remodèlement du chaos moyen-oriental qui déstabilise le monde, Poutine n’est pas l’ami de l’Amérique, mais il ne veut pas non plus être son ennemi, pas avec Trump à sa tête, et il a déjà compris que l’ère Obama lui a permis des actions que la présidence Trump lui rend impossibles.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

PS Je souris déjà en pensant à ceux qui vont se jeter sur moi parce que j’accuse Poutine, et qui n’auront pas lu le mot “hypothèse” au début du paragraphe.

 

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