Publié par Joëlle de Paris le 20 avril 2017

Sarah Halimi, directrice de crèche, 66 ans, juive orthodoxe habitant Belleville, quartier populaire de l’est parisien, a été battue et défenestrée par Kada Traore, un voisin musulman de 27 ans d’origine malienne, délinquant, drogué, déséquilibré et qui n’était apparemment même pas radicalisé.

C’est là peut-être le plus grave : ce n’était qu’un jeune antisémite comme ceux venus hurler lors de la Marche blanche du 9 avril 2017 (1200 personnes, pas vu de média nationaux) : “Sales Juifs”, “Nous avons nos Kalach”, “la police est avec les juifs”.

Quelques mots à la mémoire de Sarah Halimi

Voici ce qu’a dit la fille de Mme Halimi à une de mes amies (et oui, on est un tout petit peuple) après l’enterrement à Jérusalem :

“Sa mère [Sarah Halimi] était une femme extrêmement modeste occupant un minuscule bureau à la crèche. Elle avait comme qualité d’aller jusqu’au bout des mitsvot (bonne action ou commandement) qu’elle accomplissait. La réaction de sa mère aurait été de dire : ce qui s’est passé s’est passé, maintenant il faut agir. Elle était très discrète, mais maintenant D.ieu lui a donné le micro.”

Revenons à l’antisémitisme de l’assassin

Le frère de Sarah Halimi a indiqué à Meyer Habib, député français, que Traore et sa famille avaient souvent traité Sarah Halimi et sa fille de «sales juives» et qu’elles avaient très peur de lui.

Mme Véronique Zyge, amie de Sarah Halimi, a déclaré :

« Depuis 20 ans, la famille du 2ème persécutait Madame Halimi et ses enfants. Ils étaient régulièrement insultés et traités de sales juifs. Les filles de la famille également. Ainsi, Elisheva Halimi a été poussée un jour dans l’escalier par une des sœurs de l’assassin.
D’ailleurs, il y a toujours eu un contexte de racisme et d’antisémitisme dans cet immeuble.»
(Source : jforum.fr)

C’est ça le “vivre ensemble” pour les juifs.

J’ai lu un article de Claude Askolovitch

“Cette vieille dame assassinée qui panique la communauté juive et dont on parle peu” (slate.fr)

Askolovitch reproche à la “judéosphère” (c’est qui ça, j’en suis ?)

  • de “paniquer” sur les réseaux sociaux,
  • de s’enfermer dans un “ghetto” à cause de “la peur qu’ils font naître en vous, qui devient vous
  • de colporter une “rumeur” qui fera le jeu de “l’extrême droite
  • de se croire isolée parce que ce “drame” n’est que “un fait divers de plus que l’opinion publique ignore largement.”
  • et évidemment d’oser “l’amalgame“: jeune musulman + tuer un juif + crier Allah Houakbar = peut-être djihadiste ?

Qui est Claude Askolovitch ?

D’après Wikipedia, “Il se décrit comme un juif laïc non pratiquant vivant dans une famille ayant différentes religiosités.

C’est un de ces intellectuels juifs de gauche qui doit croître sur un terreau hostile : il se démarque du “communautarisme juif” et de la politique israélienne, tous deux peu appréciés par ses pairs, et il aime des gens qui ne l’aiment pas.

Parfois ça coince un peu, comme quand il a écrit cet article :

Moi, juif de gauche, admirateur de Ken Loach, je renonce à son film.
Claude Askolovitch — 31.10.2016. (slate.fr)

Le cinéaste aime le genre humain à une exception près, celle d’Israël, et je ne ne m’y résous pas.

L’Israélien ne mérite pas Loach. Me voilà donc, désolé, forcé de me dire Israélien. Je ne le mérite pas non plus.

Ce qui m’arrive, moi, cinéphile, qui doit dire au revoir à Loach, résume la condition du juif de gauche, dans notre époque tordue. Nous sommes, sauf à fermer les yeux sur nos tourments, forcés de choisir entre nos vérités.

C’est justement parce qu’aucune injustice ne le laisse indifférent, que son son appel militant à exclure du possible chaque habitant de pays où vit une part de ma famille est horrible.

Ce refus absolu me renvoie à d’autres refus.

Israël est le juif des nations, c’est un vieux débat. Je ne crois pas que Loach soit antisémite. Sinon, je n’y prendrais pas garde. Au contraire : il est un des humanistes les plus intransigeants ce cette planète.

Il ne va pas en Israël, refuse que ces films soient célébrés là-bas, encourage ici le rejet de ces Israéliens qui pourtant, sur la question palestinienne, pensent comme lui, et je précise comme moi.

C’est dur de se dire que même la critique de la politique israélienne ne vous sauve pas, car un juif reste un juif, qu’il soit de gauche ou de droite, capitaliste ou communiste, cosmopolite ou sioniste, ultra-orthodoxe ou libéral, communautariste ou discret.

Claude Askolovitch n’a pas peur des immigrés mais il n’habite probablement pas Belleville comme Sarah Halimi.

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Sarah Halimi allonge la liste des juifs tués par des immigrés ou enfants d’immigrés musulmans :

  • 03-10-1980 : 1er attentat contre les juifs en France depuis la Seconde Guerre mondiale: Hassan Diab fait exploser une bombe devant la synagogue Copernic à Paris 16è mais tue “4 Français innocents” (Raymond Barre).
  • 09-08-1982 : un attentat perpétré rue des Rosiers dans le restaurant Goldenberg, une figure de la communauté juive. 6 morts et 22 blessés. Les auteurs, trois Palestiniens s’appellent Mouhamad Souhair Al-Abassi, Mahmoud Khader Abed Adra et Walid Abdulrahman Abou Zayed. Ils appartiennent au Fatah.
  • 20-11-2003: Adel Amastaibou poignarde à mort à Paris 10e son ami et voisin Sébastien Selam, un DJ juif et dit : “J’ai tué un Juif. J’irai au paradis. Allah m’a guidé”
  • 21-01-2006 : Youssouf Fofana, avec l’aide de Sorour Arbabzadeh, torture à mort à Bagneux un jeune juif car “les juifs c’est riche”.
  • 19-03-2012: Mohammed Merah massacre à Toulouse un professeur et 3 enfants juifs dans une école juive pour “venger les enfants palestiniens”.
  • 01-12-2014 : Ladji Haidara, Yacine ? et Omar ? cambriolent et violent une jeune femme juive à Créteil en déclarant “Vous êtes juifs, vous avez forcément de l’argent”.
  • 07-01-2015 : 2 des 8 membres de l’équipe de rédaction de Charlie Hebdo assassinés par les frères Kouachi étaient juifs.
  • 09-01-2015 : Amedy Coulibaly abat 4 otages juifs dans l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes à Paris 20e.
  • 04-04-2017 : Kada Traore frappe et défenestre sa voisine juive à Belleville (Paris) qu’il traitait de “sale juive” depuis des années.

Il semble que personne n’ait envie d’évoquer la question de l’antisémitisme musulman juste avant les élections présidentielles, pour ne pas faire le jeu de Le Pen ni indisposer les électeurs musulmans, c’est pourquoi le meurtre de Sarah Halimi n’a été brièvement évoqué dans les média nationaux que comme un fait divers, parfois sans évocation de la religion des personnes. (Liberation.fr)

Conclusion :

Je ne peux m’empêcher de penser à cette phrase de responsables nationaux d’une autre époque :

Dans les années 30, lorsqu’une délégation de Juifs polonais s’est rendue chez le directeur du département des nationalités du ministère de l’Intérieur polonais pour lui demander de faire cesser les appels aux violences contre les Juifs, il lui est répondu :

« Tout le monde est aujourd’hui antisémite en Pologne. Nous ne pouvons assigner un policier à chaque Juif et nous n’avons pas l’intention de pendre nos jeunes parce qu’ils sont antisémites. »

(Jean-Charles Szurek: Juifs et Polonais (1918-1939) in Les cahiers de la Shoah n° 1, 1994. ISSN 1262-0386 © Les Éditions Liana Levi, 1994 (anti-rev.org)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Joëlle de Paris pour Dreuz.info.

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