Voici un résumé de la conférence donnée par l’Abbé Alain René Arbez le 27 avril dernier à la synagogue MaCom de Genève, autour d’un thème demandé par les participants juifs du groupe de dialogue.
Alain René Arbez tente de faire tomber – preuves à l’appui – des préjugés anciens de part et d’autre et qui n’ont plus lieu d’être.
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Que révèle le sermon sur la Montagne ?
Contrairement à ce qu’on a souvent enseigné, le Sermon sur la montagne chez St Matthieu n’est pas un manifeste anti-pharisien ayant pour but de rendre obsolète la tradition antérieure. C’est au contraire une belle expression de ce mouvement spirituel, où Jésus apparaît comme un maître parmi d’autres, avec sa propre originalité et son école de pensée.
Une phrase de Ben Chorin illustre parfaitement la rencontre judéo-chrétienne impliquée dans cette exploration biblique du Sermon sur la montagne : « la foi de Jésus nous unit, la foi en Jésus nous sépare ! ».
Il est en effet difficile – pour des chrétiens – de comprendre ce qu’implique la foi en Jésus si l’on ne sait rien de ce qu’était la foi DE Jésus !…Il y a ainsi deux impasses à éviter : celle des chrétiens qui imagineraient que la foi en Jésus annule et remplace tout ce qui l’a précédé (tentation marcionite) et celle des juifs qui verraient le christianisme comme des idées hébraïques déformées par le paganisme.
On présente le sermon sur la montagne comme une bonne nouvelle (sens du mot évangile, bassora tova), mais c’est sans doute d’abord un récit catéchétique, une haggada, à partir de traditions qu’il vaut la peine d’analyser pour en saisir la portée.
Si l’on examine le contexte du Sermon sur la montagne, on découvre que son logiciel de pensée respecte point par point l’herméneutique et la rhétorique pharisiennes, car il se présente comme un commentaire des 10 paroles destiné à un public de culture juive au 1er siècle.
Jésus a mené son action en Israël de 28 à 30 de l’ère courante, environ. Entouré de témoins pour lesquels les textes sacrés de référence étaient la seule Bible hébraïque, qui s’appellera beaucoup plus tard ancien (ou 1er) testament. Les années 30 à 60 voient se mettre en route des assemblées de disciples qui se transmettent oralement des traditions sur Jésus, sous forme de catéchèses bien ciblées. Des paroles et des faits autour du message de Jésus mémorisés et peu à peu rédigés pour faciliter la mission de la nouvelle assemblée (Qehila), auprès des milieux juifs et des milieux païens sympathisants.
L’évangile de Matthieu, paradoxalement ressenti comme le manifeste le plus judaïque mais aussi le plus polémique des évangélistes mérite de discerner s’il recèle réellement de l’antijudaïsme – ce qui serait surprenant par rapport à la conviction initiale exprimée par Jésus – ou simplement de la formulation provocatrice, dans un contexte exacerbé de controverses intercommunautaires. Les amplifications rédactionnelles des divergences sont en réalité postérieures à la posture adoptée par Jésus lui-même au début du 1er siècle.
L’environnement religieux du temps de Jésus est diversifié et les relations entre groupes sadducéens, hérodiens, pharisiens, esséniens sont en constante évolution. Le changement sera radical après l’an 70 qui voit la destruction du temple, le saccage de Jérusalem et la déstabilisation générale de la société juive.
Mais le fil conducteur dominant qui émerge de ces bouleversements religieux et politiques, c’est la Torah et le mouvement pharisien avec sa tradition vivante. Les allusions critiques envers les pharisiens dans l’évangile de Matthieu ne visent pas nécessairement les contemporains de Jésus mais surtout ceux des années 80-90 aux prises avec l’occupant romain et les tensions que cela engendre entre communautés.
L’Eglise de Matthieu est composée de disciples de culture juive. Le texte lui-même, selon l’avis de Claude Tresmontant, a sans doute été écrit en hébreu dans sa version première, et a été ensuite enrichi et investi des problématiques de l’après désastre de 70. Avec l’arrivée de croyants venus du paganisme, le Sermon sur la montagne a pour but de marquer l’origine du mouvement de Jésus comme étant ancrée dans la Loi de Moïse et la tradition pharisienne primitive. Il comporte donc un rappel très net de l’identité hébraïque qui est son fondement, même s’il y a tension avec l’ouverture universelle (annoncée par les prophètes) qui se dessine avec l’adjonction progressive d’arrivants issus de la culture grecque. Mais dans son expression des années 80, le texte matthéen laisse déjà pressentir l’opposition grandissante des autorités rabbiniques qui se réuniront à Yavné vers 89-90 et qui excommunieront les minîm (divers groupements juifs dissidents) parmi lesquels figure le mouvement de Jésus. La Birkat ha minim en est un marqueur, puisque c’est une oraison spécialement rajoutée à la prière du Shemone Esre contre les dissidents.
En lisant le texte matthéen, on peut se demander : mais qui est Matthieu ? On constate que c’est un professionnel des Saintes Ecritures, sans doute un scribe. Mais sous la signature d’un seul homme, il s’agit certainement d’une équipe de rédacteurs, avec signature collective. L’état d’esprit de cette composition serait assez bien décrit par la phrase de Mt 13,52 : « Le scribe devenu disciple du Royaume des cieux (mouvement de Jésus) comparable au maître de maison (animateur d’une communauté) qui tire de son trésor (traditions sur Jésus) du neuf (leur actualité) et de l’ancien » (fidélité au message hébraïque).
Il se trouve que l’évangile de Matthieu rapporte l’appel par Jésus d’un collecteur d’impôt nommé Lévi, que le texte nomme « Matthieu le publicain ». Les responsables chrétiens des premiers siècles ont imaginé que cet homme serait lui-même l’auteur du 1er évangile. Que ce soit le même homme est peu probable, car un publicain n’aurait jamais eu les connaissances bibliques qui apparaissent dans la rédaction de cet évangile signé Matthieu.
Le Sermon est le 1er des 5 discours que Mt attribue à Jésus. Il recèle une intention pédagogique assez nette avec la volonté d’éclairer et de guider une situation communautaire. On peut le voir comme une charte d’orientation collective de la première génération de disciples, écrite dans un style essentiellement marqué d’hébraïsmes.
La Torah est au coeur de la réflexion, et les piliers de la piété juive y sont bien présents : l’aumône, la prière et le jeûne. Face aux tendances exogènes qui imagineraient que la foi au Christ va annuler la Loi de Moïse, l’évangile de Matthieu présente l’Eglise comme la gardienne des pratiques issues de la Torah. Le texte matthéen plaide pour une authentique fidélité au premier testament. Pas un petit ioud de la loi, le moindre trait de la Loi ne doit être abrogé, insiste Jésus. Mais pour Matthieu, c’est l’interprétation qu’en donne Jésus qui doit être accueillie comme l’approfondissement le plus holistique du Premier Testament.
Le Sermon est divisé en trois chapitres, en commentaire des 10 paroles. Un midrash qui ouvre des perspectives à partir de l’appel initial de Jésus lancé aux hommes et aux femmes de son temps : « faites teshuva vers Dieu, car le Royaume des cieux est tout proche ». Le Jésus de Matthieu est un prédicateur qui proclame une nouvelle convocation d’Israël, en vue d’un renouveau spirituel. Jésus est volontairement présenté comme un nouveau Moïse qui vient réactiver les valeurs de la torah au moment où la population juive peine spirituellement, sous le joug de l’occupation romaine, et où des sympathisants d’origine païenne rejoignent les groupes de prière.
Matthieu commence ainsi son récit : « Jésus gravit la montagne, il s’assit et ses disciples s’approchèrent. Ouvrant la bouche il se mit à les instruire »… A la manière des rabbins assis sur la chaire de Moïse et enseignant le peuple.
Le pape Benoît XVI a particulièrement développé cet aspect dans son ouvrage « Jésus de Nazareth » publié en 2007, où il insiste sur le Sermon sur la Montagne comme un renforcement du décalogue. Benoit XVI est très attaché à la relation judéo-chrétienne, et on constate que dans son livre, le seul nom propre qui apparaît à plusieurs reprises est celui du rabbin Jacob Neussner, qu’il cite comme une référence significative.
Benoît XVI développe le sens des béatitudes (séquence essentielle du texte) à la lumière de la tradition biblique et il souligne la parenté entre chaque béatitude et la spiritualité traditionnelle des psaumes, c’est-à-dire la piété vécue comme célébration de l’alliance.
Le pape s’attarde sur la béatitude « Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu ! » Il montre qu’elle récapitule à elle seule la démarche d’ensemble et qu’il s’agit en fait du prolongement d’une liturgie au temple de Jérusalem, comme l’exprimait le psaume 24 : « Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans son lieu saint ? L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles et ne fait pas de fausses promesses ».
Le pape cite le propos du rabbin Neussner qui écrit « Dans le Sermon sur la montagne, Jésus n’avait vraiment rien d’un rabbin réformateur voulant faciliter la vie aux hommes. Il était nullement question pour lui d’alléger un fardeau… » Jacob Neussner estime donc que les exigences formulées par Jésus aux disciples s’inscrivent intégralement dans la logique des maîtres spirituels en Israël : il rappelle le fait que les observants de la torah étaient appelés par leurs maîtres à quitter maison et famille, et même amenés à délaisser leur femme et leurs enfants pour un temps indéterminé, en vue de se consacrer pleinement à l’étude de la Torah.
Le cardinal Lustiger a lui aussi analysé le Sermon sur la montagne sous l’angle d’un midrash en parfaite continuité avec la torah. Il montre que lorsque Jésus unifie les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain, il met en lumière le bien-fondé de la loi, comme le faisait d’ailleurs des rabbins contemporains de Jésus, tels Hillel, ou Rabbi Aqiba qui disait : « aime ton prochain comme toi-même, c’est là le grand principe de la torah ».
Lorsque Jésus dit : « Vous serez parfaits comme est parfait votre père des cieux » (Mt 5.48) il ne fait que reprendre la phrase du Lévitique : »Vous serez saints parce que je suis saint » (Lv 11.44). Le cardinal Lustiger estime qu’il ne s’agit pas chez Matthieu de substituer une loi à une autre ; car quand il est question de « loi nouvelle » avec Jésus, on n’évoque aucune substitution, mais un renouvellement des pratiques annoncé par les prophètes (« Je mettrai en vous un cœur nouveau, un esprit nouveau »).
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Ainsi, lorsque Jésus commente le commandement « tu ne tueras pas » en incluant dans l’agressivité mortifère les attitudes de colère ou d’insulte, il rappelle que Dieu est l’auteur de la vie, et qu’il existe beaucoup de formes de mort, à tel point que le pardon donné par Dieu ou le pardon accordé par le disciple à Yom Kippour peuvent être considérés comme une véritable résurrection des morts à l’action au cœur du vécu.
Ce que nous pouvons constater, c’est que le discours matthéen de Jésus est celui d’un juif observant qui interprète la Loi de Moïse. Il s’est lui-même consacré à l’observance de cette loi qu’il enseigne aux disciples, et il précise « N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes, je ne suis pas venu abroger mais accomplir » (Mt5.17) . Jésus ne prétend pas inventer une nouvelle loi qui remplacerait celle promulguée par Dieu, mais il propose une mise en œuvre de la torah qui incite à une intériorisation personnelle et à une intensification. Au-delà de son originalité, Jésus ne veut rien en annuler, il la renforce ! Car il n’en restreint pas la portée, il élargit au contraire le champ d’action des mitsvot à la manière des maîtres de sagesse.
Pour Matthieu, l’enseignement de Jésus s’inscrit pleinement dans la tradition pharisienne. Comme d’autres responsables d’école avec leurs talmidim, il pratique la torah she be-al-peh. La torah est au centre du judaïsme : la Mishnah le souligne dans les pirke avot : « Le monde tient sur trois réalités : sur la torah, le culte du temple et le partage ». Jésus s’exprime en accord avec les diverses écoles de pensée de son époque qui partagent cette vision récapitulatrice, (Sadducéens, pharisiens, samaritains, esséniens). Ce qui distingue la posture pharisienne d’autres groupements tels que les sadducéens, c’est l’interprétation active de l’Ecriture, avec un enseignement donné de maître à disciple.
Après la destruction du Temple par Nabukodonozor en 586 av. JC et l’exil à Babylone, le prêtre Esdras a pris en mains le retour des Juifs et la reconstruction du Temple en 458. Il réunit l’assemblée du peuple (cf Néhémie) pour la lecture publique de la torah, durant laquelle petits et grands, attentifs au message qu’ils découvrent, pleurent et concluent par « amen ! » C’est sur ce modèle de proclamation de la Parole que se développe dès lors la grande assemblée (knesset ha-gedola) qui fera autorité durant plus de 3 siècles. C’est la qehal hassidim, l’assemblée des fervents, qui lui succède, inspirée par la spiritualité des psaumes, avec son interdépendance entre la méditation de la torah et la liturgie. Grâce à Esdras et Néhémie, ce courant donne naissance à ces hassidim dont parle plus tard Daniel, lesquels annoncent le jugement dernier et la résurrection des morts, des convictions typiquement pharisiennes mises en relief par l’épisode des maccabim.
Dans ce climat spécifique d’étude des Ecritures et de ferveur dans la prière, avec sa tonalité de type apocalyptique, Jésus commente les dix paroles dans le Sermon sur la montagne. Il est significatif de constater qu’il utilise les mêmes règles herméneutiques que celles attribuées à rabbi Hillel (cf Tosephta sanhedrin 7), ainsi que les méthodes d’exégèse propres aux pharisiens.
On peut constater que les règles de Hillel sont reprises telles quelles par Jésus dans son enseignement :
1/conclure par un argument a fortiori (qal va‘homer) ex : « si vous qui êtes mauvais savez donner de bonnes choses à vos enfants, à plus forte raison le Père donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ».
2/ analogie des sujets (gezera shava) ex : « de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’H sera trois jours dans le sein de la terre ».
3/examen d’un principe contenu dans un seul texte (binyan av mi-katouv e’had) « au commencement il n’en était pas ainsi, que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mt 19.6).
4/comparaison de textes contenant des principes semblables (binyan av mishnei ketouvim) « commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua ce qui le concernait »
5/rapport entre cas généraux et cas particulier (prat oukhlal) « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »
6/citation d’exemples similaires (ka-yotze bo mi-maqom a’her) « les renards ont des terriers, le Fils de l’H n’a pas où reposer la tête » (Mt 8.20)
7/sens donné par un contexte (davar ha-lamed me’inyano) dépassement du sens littéral en s’appuyant sur la signification générale : « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades »
Puisqu’il utilise lui-même ces modes d’expression, ce n’est donc pas un hasard si Jésus est présenté dans les témoignages d’évangile comme un maître avisé de la torah orale. Il donne son enseignement à partir de la tradition, pour en souligner l’actualité et les multiples champs d’application. Nicodème, grand spécialiste des Ecritures, reconnaît que Jésus est un maître confirmé : « Rabbi, nous savons que tu es un maître qui vient de la part de Dieu, car personne ne pourrait opérer les signes que tu donnes si Dieu n’est pas avec lui ».
Dans les Béatitudes apparaissent en filigrane les références bibliques de Jésus. Pourquoi exprime-t-il des « béatitudes », c’est-à-dire des perspectives de bonheur formulées au peuple? C’est toute la révélation biblique du Dieu ami des hommes, créateur et sauveur, qui s’y résume. On lit dans le Deutéronome : « Maintenant, Israël, que demande de toi l’Eternel ton Dieu, si ce n’est que tu craignes l’Eternel, afin de marcher dans toutes ses voies, d’aimer et de servir l’Eternel ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, si ce n’est que tu observes les commandements de l’Eternel et ses lois que je te prescris aujourd’hui AFIN QUE TU SOIS HEUREUX ? »
C’est exactement ce que veut démontrer le Sermon chez Matthieu. Les destinataires de ces proclamations de bonheur font partie du Royaume qui est déjà là. « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux EST à eux ! » Tension créatrice d’espérance, entre le « olam ha zè » et le « olam haba ».
Notons que le mot « heureux » est repris 45 fois dans la Bible hébraïque. Cette mise en valeur du bonheur authentique n’est pas le seul fait de Jésus, elle existe déjà chez les hassidim et Hillel insiste particulièrement sur cet objectif. Le bonheur des purs de cœur dans les Béatitudes est celui des fervents de la Torah dont la purification exprimée par le rite doit précisément gagner jusqu’au cœur, la fine pointe de l’être (bekol lev avera). Cela concerne ceux et celles qui veulent aimer Dieu de tout leur cœur, de toute leur force (Shema Israel).
Ce mot « heureux » (ashrei) qui précède chacune des huit béatitudes de Matthieu renvoie au
Exposé magistral!
Merci Père Arbez
@ Abbé Arbez. Merci beaucoup pour cette analyse fouillée et documentée de ce fameux sermon sur la montagne. Merci aussi pour tout le travail de recherche et le résumé copieux qui nous est transmis ici.
J’aimerais relever quelques aspects qui me paraissent importants.
1) D’une façon générale les églises chrétiennes (l’Eglise catholique et la plupart des églises protestantes) considèrent que le christianisme se substitue et a remplacé le judaïsme. Ce qui est faux, si l’on examine attentivement les chapitres 9, 10 et 11 de l’Épître aux Romains par exemple. A leur lecture, on y constate que l’appel de Dieu s’adresse toujours en priorité à son peuple Israël. Jésus (juif) est venu, entre autres, pour rétablir la réconciliation entre Juifs et païens (non juifs), cf.Ephésiens 2: 11-18.
En conséquence, de mon point de vue, nous, chrétiens, ne sommes finalement que la continuation du judaïsme. Nous avons en quelque sorte été associés, antes au peuple Juif. Il est le tronc et nous sommes les branches. Il y aurait évidemment encore une multitude de choses à dire et nous sommes loin d’avoir fait le tour du sujet mais je ne voudrais pas fatiguer le lecteur. Par contre je ne peux que vivement encourager chacun de prendre le temps d’étudier la Bible (ce qui suppose un effort!) et d’y découvrir ce que des milliers d’hommes y ont entrevu et que Blaise Pascal a merveilleusement résumé en une formule sensationnelle: “Sans l’Ecriture qui n’a que Jésus-Christ pour objet, nous ne connaissons rien”. Bien cordialement,
Je ne suis pas en désaccord sur l’analyse.
Jésus ne voulait sans doute pas changer la Loi, mais l’accomplir, comme il est dit selon Saint Mathieu.
Cependant, je vais me permettre de faire une petite remarque sur quelques faits, (selon les différents Évangiles), où Jésus me paraît parfois éloigné de la perfection qu’il prêche – Quelquefois même, je trouve son attitude orgueilleuse, puisqu’après tout s’il était le fils de Dieu, sur terre il « homme ».
Exemple :
Dans la Loi Mosaïque et particulièrement dans les 10 commandements, le quatrième recommande « tu honoreras ton père et ta mère »,
Et pourtant Jésus à plusieurs reprises a semblé montrer peu de respect aux membres de sa propre famille – et même Saint Mathieu a relaté ce fait :
« « Quelqu’un lui dit : Votre mère est là dehors, ainsi que vos frères : ils désirent vous parler. Mais Jésus répondit : Qui est ma mère, qui sont mes frères ?…Quiconque fait la volonté de mon père qui est dans les cieux est pour moi un frère, une sœur et une mère. » (Mt 12,47-50) » »
Il y a aussi cette phrase à l’occasion des « noces de Cana »
« « Le vin manqua. La mère de Jésus lui dit : ils n’ont plus de vin. Jésus lui répondit : Mère, en quoi cela nous concerne-t-il ? Mon heure n’est pas encore arrivée. (Jn 2,3-4) » »
Par ailleurs, Jésus à dit à Marie-Madeleine (je ne sais plus à quelle occasion)
« « Jésus lui dit: Ne me touche pas; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » »
Cela me fait poser une question, hors sujet j’en conviens, mais cette phrase m’interpelle :
Voila : Comment peut-il dire la deuxième partie de la phrase si Jésus est Dieu lui-même ?
Cela m’a amenée à une autre réflexion…Oui, pardon, mais une réflexion en entraine d’autres souvent en chaîne….
Alors Si Jésus est tout autant Dieu que le Créateur lui-même – que penser de l’expression que l’on appelle La Trinité, qui est « « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » ?
Ici Jésus redevient le Fils de Dieu, et pour ne pas mourir idiote, pourriez-vous aussi me dire que représente, alors dans cette Trinité : Le Saint Esprit ?
Merci d’avance.
vous abordez un sujet délicat:
jamais Jésus n’a dit regardez-moi, je suis Dieu! l’évangile de Jean insiste pour dire que Jésus s’efface devant le Père, il n’est que l’envoyé (“ce que je fais et dis, je ne le fais pas de moi-même, mais de la part du Père qui m’a envoyé”). Dieu est présent
pleinement en Jésus, mais Jésus n’est pas pour autant un dieu grec, héros
surhumain. Il est aussi pleinement homme.
N’oubliez pas que les récits évangéliques sont des constructions à but catéchétique
on ne peut pas les lire littéralement. L’évangile ne parle jamais de la trinité
(tri-unité), mais la réflexion sur le Père, le Fils et l’Esprit élaborée au 1er siècle est trinitaire, c’est le lien vital entre le Père et Jésus, et l’actualisation de cette relation chez les disciples, l’Esprit agissant.
Pourquoi une Sainte Trinite si machiste….Est-ce-que peut-etre on pourrez ajouter
aussi la Mere ? au nom du Pere, la Mere, le Fils et le Sainte Esprit ?
Quelle serai votre reponse ?
vous faites comme les musulmans qui mettent la Vierge Marie dans la sainte Trinité!
et qui ne comprennent pas que Dieu-Père n’est pas une affaire de sexe mais d’engendrement spirituel à la vraie vie. Dieu est source, bien en amont des différences sexuées des êtres humains.
Je vous rappelle que pour évoquer l’alliance, le prophète Osée compare Dieu à une mère qui prend son enfant contre sa joue avec tendresse.
@ Aline 1. Je ne voudrais pas que vous vous inquiétiez de mourir idiote! Vous vous posez d’excellentes questions et il est juste et normal de réfléchir. Dieu nous a donné un cerveau pour l’utiliser et aussi un cœur pour le trouver. Voici une clé essentielle à la compréhension de Sa Parole, la Bible: “Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre cœur”. Jérémie 29:13.
Chercher Dieu, cela suppose un effort, sous entendu dans ce verset. Si l’on veut approfondir les mathématiques, il faut les étudier, il faut faire un effort. Si l’on veut approfondir l’Histoire, on doit se plonger dans l’Histoire etc… Si l’on veut chercher Dieu, il faut lire et étudier Sa Parole. Sauf que, dans ce cas ci il faut en plus y mettre tout son cœur. Mais le résultat est aussi garanti si toutes ces conditions sont réunies.
Je pense aussi qu’il est essentiel de comprendre l’Amour que Dieu a en réserve pour chacun d’entre nous. Pour ma part, j’ai été touché à la lecture de l’histoire horrible dans laquelle Dieu demande à Abraham de sacrifier son fils Isaac en Genèse, chapitre 22. Cette histoire préfigure le sacrifice de Christ bien plus tard à cause de l’amour de Dieu pour nous. Lorsque j’ai compris cela (il y a 40 ans), j’ai pleuré, j’étais à la fois bouleversé et heureux comme jamais. C’est la meilleure expérience et la plus fondamentale que puisse vivre un être humain. Je vous souhaite le meilleur.
@gigobleu,
Merci de votre réponse que je lis avec attention pour ingérer toutes vos informations.
Pardon pour ma réponse tardive, je ne pouvais avant.
Bonjour Aline,
Vous faites bien de vous posez des questions sûr à trinité, comme je m’en suis posé dans le passé. Je vous encourage à aller sur le site JW.ORG où vous trouverez des réponses simples à vos questions. Celui qui cherche réellement Dieu le trouve . Bonne lecture
Stéphane
@Stéphane,
Merci de l’attention que vous avez porté à mes message. En effet je m’intéresse à la théologie, et je vous remercie de la référence que vous me transmettez.
J’irai y faire un petit tour
Pardon du retard de ma réponse, qui est involontaire.
Je suis d’accord avec vous, ce n’est pas Jésus qui s’est proclamé Dieu –
Mais par exemple dans le Livre de L’Apocalypse de Jean, se trouve cependant cette citation
dite par Isaï comme étant « Je suis le premier et le dernier »,
Ce qui laisse le champ ouvert à l’interprétation,
Cependant dans la tradition Chrétienne, c’est repris ainsi : « Je suis l’Alpha et l’Oméga »
Et puis ce sont deux lettres grecques qui n’ont pas un sens réellement définis dans la liturgie juive où auraient été utilisées les lettres équivalentes « Aleph et Tau »
Et même dans les traductions originelles grecques de la bible, On ne retrouve pas ce principe avec Alpha et Oméga.
Selon Wikipédia il y a ces citations qui sont suivies de plusieurs iconographies strictement chrétiennes :
« «Apocalypse 1:8
Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout Puissant.
Ego sum Alpha et Omega, principium et finis, dicit Dominus Deus, qui est et qui erat et qui venturus est Omnipotens.
Εγώ ειμι το Αλφα και το Ωμεγα, λέγει κύριος ο θεός, ο ων και ο ην και ο ερχόμενος, ο παντοκράτωρ.
Nouveau Testament Apocalypse 21:6
Tout est réalisé désormais. Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. Moi; je donnerai gratuitement à celui qui a soif l’eau de la source de vie (…).
Apocalypse 22:13
Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin.
De plus il m’est arrivé souvent, et j’espère encore à l’avenir d’assister à des messes diverses (dimanche matin, chez une amie chrétienne) ou alors des cérémonies…
Et participant j’ai pu remarqué que les prières souvent écrites et déposées sur les bancs, adressées à Dieu en fait étaient adressées le plus souvent au Christ.
Alors mentalement alors que je lisais avec les autres, je me répétais : Adonai ehad, adonaï ehah…
Voilà, juste pour l’échange.
Chez St Jean “je suis” a une fonction particulière: rappeler la présence de Dieu en l’être humain grâce à l’alliance.
Je suis l’alpha et l’omega, évidemment Jésus n’a jamais dit cela. En hébreu c’est en effet l’aleph et le tav. Mais la formule signifie que l’enseignement et la personne de Jésus répondent à l’intégralité de l’humain, du début à la fin. La vérité se dit EMET. Si on élimine le commencement (aleph) il reste MET qui signifie la mort.
Oublier le commencement qui est en Dieu, c’est aller à la mort. Or Jésus a vaincu la mort, il offre donc son appui du commencement à la fin de toutes choses.
Merci M. Arbez pour ce “résumé” détaillé .
Sinon Jésus dit
“56Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour: il l’a vu, et il s’est réjoui. 57Les Juifs lui dirent: Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham! 58Jésus leur dit: En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. ”
Il se nomme lui-même “JE SUIS” qui est en fait le Nom sous lequel D.ieu se fait connaître à Moïse. Que faut-il en conclure ?
Bien entendu il existe des correspondances entre l’enseignement de Jésus et nombre de passages de l’Ancien Testament, après tout Jésus était juif et s’adressait à des juifs et il aurait été étonnant qu’il en fut autrement. Mais cela ne change rien à la nouveauté de son message, lequel ne se limite pas à des commentaires ou des réinterprétations de l’Ancien Testament mais à l’édification d’une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes. Tout considéré, ce qui n’était qu’en gestation dans la bible hébraïque, Jésus l’a amené à terme et l’a mis au monde.
Par six fois dans le Sermon sur la Montagne Jésus a répété: “Vous avez entendu qu’il a été dit… mais moi je vous déclare… ” invitant ses auditeurs à aller beaucoup plus loin et même à se libérer de la lettre de la loi mosaïque. Cela peut sembler contradictoire au vu de ce qu’il avait dit concernant la pérennité de la loi, mais la contradiction n’est qu’apparente parce que pour lui “toute la loi et les prophètes” se résument dans ce commandement: “tu aimeras Dieu de tout ton cœur… et ton prochain comme toi-même” (Matt. ch.22 v.37-40)
Jésus n’était pas un simple rabbin ou un rabbin surdoué, IL EST infiniment plus que cela.
Hélios d’Alexandrie
je rappelle que j’ai développé ici la foi DE Jésus pour aider à comprendre la foi EN Jésus…
il faut éviter d’opposer ce qui n’a pas à l’être,
la notion d’alliance nouvelle ne démarre avec Jésus qui l’a accomplie, mais déjà de Jérémie; il faudrait traduire : l’alliance renouvelée.
En la personne de Jésus, l’alliance est réalisée, présence de Dieu en l’humanité, témoignage d’amour.
Merci, Monsieur l’Abbé, pour l’envoi de ce cours tout à fait intéressant.
Il va me falloir le relire; et le confronter à des cours que j’avais reçus
à Vincennes, dans les années 70, qui portaient sur ce sujet que vous abordez.
Ce qui m’apparaît, pour l’instant, ,c’est la pleine cohérence des
propos de Jésus avec les Juifs de son temps; et aussi, l’incompréhensible
rupture qui a pu se faire, dans les décennies qui ont suivi sa mort.
L’un de nos cours portait aussi sur l’origine possible de Jésus comme
Essénien; cela, d’après l’étude d’extraits des rouleaux de Qumran.
Je continue à trouver bien troublante , cette notion de ” olam hazè”,
et surtout de ” olam ha ba”, surtout quand je vois ce qu’en ont fait les
mahométans rédigeant le coran, qqs siècles plus tard, y faisant
figurer un étrange paradis, avec des commodités que n’y incluaient
pas le texte biblique, ni les Evangiles, dans leur partie ” Béatitudes”.
je serais surpris que vous retrouviez cette approche dans des cours des années 70…
Excellente analyse, père ARBEZ ! Mais que reste-t-il de tout cela aujourd’hui ? Il semblerait que beaucoup de jeunes chrétiens ne savent même plus que Jésus était juif ! Que c’était le rabbi de Nazareth !? Et nous avons vu où le ” Nouvel Israël “, l’Eglise nous a menés ! A des crimes contre la nation juive, qui ont fait chez elle, depuis l’origine des millions et des millions de morts, brûlés, pendus, égorgés, et j’en passe ! Il serait grand temps que l’Eglise fasse mea-culpa, et qu’elle annonce OFFICIELLEMENT qu’elle s’est trompée ! Intention qu’aurait eue le pape Benoit XVI, raison pour laquelle, semble-t-il, il aurait été écarté précipitamment de son pontificat ???
non, en réalité le mea culpa officiel a été fait par le pape Jean Paul II en l’an 2000, lors du jubilé.
tout a été remis à jour, la lenteur du changement de mentalité s’explique par l’effondrement du spirituel en général en Europe.
mais on travaille auprès des jeunes générations à modifier la logique de pensée, ça va prendre du temps.
j’ai beaucoup aimé votre analyse Monsieur l’Abbé; j’aurais aimé voir la traduction des phrases en hébreu phonétique pour que l’on comprenne bien leur herméneutique car la langue hébraïque reste très concrète même pour exprimer des idées abstraites; exemple pour dire “néanmoins” on dit “Af lo”= “pas le nez”
rien ne vaut cependant le ‘tiyoul” sur la Montagne: je l’ai fait l’an dernier et de cette Montagne, on comprend combien l’on est proche du Divin; le panorama est sublime et donne sur “Kfar Nahum” ‘Capharnaüm’ si mes souvenirs sont bons; l’Eglise construite depuis le Pape Jean Paul II, est vraiment belle et les jardins sont là pour inviter à méditer les phrases écrites qui jalonnent les pas des pélerins et visiteurs.
Cette Montagne, la route en voiture la contourne pendant longtemps si bien qu’elle demeure comme un Fort, un point en quelque sorte inamovible, un référent pour chacun. J’invite tous ceux qui le peuvent à s’y rendre. Je ne sais pas pourquoi Jésus a choisi ce lieu pour ses Sermons mais c’est un lieu de choix.
rien ne prouve que le Mont Thabor soit le Mont des Béatitudes. Des spécialistes estiment que ce serait plutôt le Mont Arbel, mieux situé sur les itinéraires habituels de Jésus en Galilée.
Je n’ai pas souvenir d’avoir visité le Mont Thabor et j’ai regretté ; il ne se situait pas sur ma route à ce moment-là, mais j’en ai aperçu l’indication; J’ai par contre visité le Mont Arbel qui comporte des vestiges d’une ancienne synagogue, ainsi que des itinéraires de promenades assez risqués avec divers vestiges.
Le Mont des Béatitudes est tout à fait spécifié autour de Tibériade, facile d’accès, et différent des deux autres. On y trouve la Magnifique Eglise construite en l’honneur de Jean Paul II, comme je l’ai dit ci-dessus; et il existe aussi un lieu d’accueil des pèlerins sur le site, en face de l’Eglise.
Beaucoup de mots et d’intellectualité…. mais où est l'”accomplissement” ?
l’accomplissement est en cours…pour autant qu’on y prenne part.
mais la voie est ouverte.