Publié par Magali Marc le 10 mai 2017

Ayant été prise à partie pour avoir osé écrire que Marine Le Pen pouvait gagner la présidentielle contre toute attente, j’aimerais faire mon mea culpa et justifier mon analyse.

Le 6 mai dernier, j’ai publié un texte sur Dreuz titrant :

« Pourquoi je pense que Marine Le Pen peut gagner ».

D’entrée de jeu, je montrais que je connaissais les chiffres avancés par plusieurs firmes de sondage qui donnaient Macron largement gagnant.

Puis j’ai donné mes sept raisons pour lesquelles je croyais que ces chiffres ne reflétaient pas selon moi la réalité sur le terrain.

  1. En premier lieu, je citais le nombre d’indécis parmi les répondants qui m’apparaissait considérable.
  2. Ensuite, je remarquais que seulement 68% des répondants étaient sûrs d’aller voter. J’en déduisais que les tièdes allaient rester à la maison et que ce serait Macron qui en ferait les frais.
  3. Troisièmement, je notais la mobilisation des militants d’En Marche qui craignaient (avec raison) les abstentionnistes.
  4. Quatrièmement, je remarquais que la plupart des intellectuels tels que BHL, Finkielkraut etc, figuraient parmi les «castors» et j’estimais que les Français ne les écouteraient pas.
  5. Je notais que les représentants de partis traditionnels, les «has been» de la politique française appelaient à voter Macron et je doutais que leur consigne soit suivie.
  6. Je remarquais également que ni Éric Zemmour, ni Ivan Rioufol, ni Gilles-William Goldnadel, ni André Bercoff n’avaient appuyé ouvertement Marine Le Pen et j’estimais (de par mon expérience dans diverses boîtes de sondage) que les milliers de répondants avaient préféré mentir aux sondeurs plutôt que d’admettre qu’ils penchaient pour Le Pen.
    En conclusion, je citais Christian Rioux, le correspondant du quotidien québécois Le Devoir à Paris, qui lui citait Christophe Guilluy, selon lequel le camp de Macron avait contre lui les zones périurbaines abandonnées, les anciennes friches industrielles en déclin et les perdants de la mondialisation.
    Guilluy notait que les populations pouvaient déserter «complètement le jeu démocratique» et «se réfugier dans l’abstention».
  7. Finalement, j’estimais que les laissés pour compte de la mondialisation, ceux que l’immigration dérange et que l’islamisation de la France inquiète allaient se mobiliser en faveur de Marine Le Pen.

Je me suis trompée particulièrement sur les points 4, 6 et 7.

J’ai sous-estimé le respect que les Français conservent envers les intellectuels et j’ai sur-estimé leur non-confiance de la classe politique et des médias.

J’ai pensé que, comme pour le Brexit en Grande Bretagne et l’élection de Trump aux USA, les électeurs allaient profiter du vote des présidentielles pour exprimer leur ras-le-bol envers la folle politique d’immigration et d’accueil des réfugiés en France ; envers l’UE et le couple Junker/Merkel ; envers la mondialisation.

Je me suis trompée parce qu’au Canada comme aux États-Unis, nous n’avons pas d’intellectuels/philosophes qui nous font la morale ou pensent influencer notre façon de voter.

Il y avait bien le «columnist» du New York Times, David Brooks qui a littéralement fait campagne contre Trump et ne prend même pas la peine de cacher son mépris pour le Président.

Mais les Américains ont quand même élu Trump !

(Au Canada, la télévision d’État, Radio Canada, a carrément fait campagne en faveur de Justin Trudeau, mais c’était tellement évident que personne ne peut dire que Trudeau a été élu grâce à Radio Canada.

C’est la puissante machine libérale derrière un candidat jeune et sympathique (avec un nom connu) qui a fait élire Trudeau.

C’est aussi le fait que Stephen Harper était au pouvoir depuis dix ans et qu’il n’a pas fait une campagne très convaincante, ajouté à l’entêtement de Thomas Mulcair qui partait avec une belle avance dans les sondages mais s’est tiré dans le pied avec l’affaire de la burqa en prenant une position contraire à plus de 80% de l’opinion publique canadienne!

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Je me suis trompée parce que j’ai oublié que quand les Français choisissent un président, ils choisissent l’hôte de l’Élysée, celui qui va représenter la France et exercer des fonctions «régaliennes».

Ils veulent quelqu’un qui fait «présidentiel». Ce qu’ils détestent le plus chez Hollande c’est justement son air bon-enfant, ses escapades en scooter, son manque de colonne vertébrale, son manque de hauteur et d’autorité, son côté gestionnaire/magouilleur.

Les politiques, les programmes passent au second plan.

Marine Le Pen savait très bien cela et c’est la raison pour laquelle elle n’a pas tellement défendu son programme durant le débat contre Macron, ni cherché à briller sur les questions économiques.

Il y a fort à parier que c’est aux législatives que les Français vont exprimer leurs préoccupations réelles et leur appui au programme qui les intéresse.

Ce genre de division n’existe pas au Canada où l’on vote à la fois pour un premier ministre, son parti et son programme tout en un.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

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