Publié par Magali Marc le 7 juillet 2017

Lise Ravary, dans sa chronique du 4 juillet dans le Journal de Montréal, s’est indignée à juste titre de l’entente survenue entre le gouvernement de Justin Trudeau et les avocats du djihadiste canadien Omar Khadr.

Ce dernier recevra dix millions $ en dédommagement du gouvernement canadien, ainsi que des excuses parce que ses droits ont été violés. Il faut croire que les contribuables canadiens s’en tirent à bon compte puisque les avocats de Khadr demandaient vingt millions.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Omar Khadr, membre d’une famille de djihadistes pakistanais proches de Ben Laden, avait 15 ans lorsqu’il a lancé une grenade sur un médecin de l’armée américaine qui venait à son aide, le tuant sur le coup, lors d’un combat en Afghanistan en 2002.

Lise Ravary mentionne qu’il n’a jamais complètement renié le djihad (« Ce n’est pas une chose à laquelle je crois en ce moment») ni condamné l’extrémisme de sa famille.

Certains tels que Peter Kent, député conservateur et critique en matière d’affaires étrangères, pensent que « Le fait qu’il vive maintenant au Canada, en liberté, devrait suffire comme compensation».

Mme Ravary trouve inacceptable que le Canada s’excuse et dédommage à coups de millions un individu emprisonné par un pays étranger pour avoir tué un homme. Elle n’est pas la seule.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit ce texte d’opinion de Lorrie Goldstein*, publié le 5 juillet dernier dans le Toronto Sun.

~∞~∞~∞~∞~∞~∞~

Les Libéraux ne savent pas sur quel pied danser concernant Khadr

Alors que la nouvelle de l’accord entre le gouvernement Trudeau et Omar Khadr, lui accordant plus de 10 millions de dollars et des excuses officielles du Canada a quelque chose de choquant, il n’y a pas lieu d’être surpris.

Les dés étaient déjà jetés en 2010, lorsque la Cour suprême du Canada a statué à l’unanimité que le gouvernement fédéral avait violé les droits constitutionnels de Khadr à « la vie, la liberté et la sécurité de la personne» (Khadr est né au Canada).

Lorsque le SCRS ( le Service canadien du renseignement de sécurité ) et les responsables des affaires étrangères ont interviewé Khadr dans la prison de Guantanamo Bay à Cuba en 2003-2004, ils ont transmis l’information aux Américains, sachant que Khadr avait été privé de sommeil par les autorités pénitentiaires.

Compte tenu de cela, il ne s’agissait que d’une question de temps avant que le gouvernement canadien ne soit traîné devant les tribunaux et doive se défendre lors d’un procès, ou accepte une entente hors cour.

Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau semble avoir opté pour le règlement hors cour.

Si Stephen Harper et les Conservateurs étaient encore au pouvoir, ils auraient probablement choisi le procès, même en sachant que les chances de Khadr de l’emporter étaient excellentes en raison de la décision du tribunal en 2010, et aussi en dépit du fait que la compensation accordée par le tribunal risquait d’être supérieure aux 10 millions de dollars que les Libéraux ont acceptés.

Quant aux excuses du Canada auprès de Khadr, il est possible que ses avocats l’exigent comme condition de règlement.

L’attitude des Libéraux dans cette histoire regorge d’ironie, de revirements et d’hypocrisie.

Par exemple, cette entente n’aurait jamais eu lieu si le Premier ministre libéral, Jean Chrétien, n’avait pas demandé à la Première ministre du Pakistan, Benazir Bhutto, en 1996, de garantir que le père d’Omar Khadr, Ahmed Saïd Khadr, serait traité équitablement.

Ahmed Saïd Khadr a été libéré de prison peu de temps après l’intervention de Chrétien.

À l’époque, le père Khadr, (éventuellement identifié comme étant le lieutenant-chef d’Osama ben Laden et mort en 2003, tué par des agents de sécurité pakistanais), était en état d’arrestation au Pakistan dans le cadre d’une enquête concernant le bombardement de l’ambassade égyptienne à Islamabad.

Après avoir été libéré, le père d’Omar Khadr est brièvement retourné au Canada, puis est reparti au Pakistan avec sa famille, où ses fils ont reçu une formation dans le maniement des armes avec les talibans et Ben Laden.

C’est ce qui a mis Omar Khadr sur la voie de sa confrontation en 2002 avec des soldats américains en Afghanistan. Il a été accusé d’avoir lancé la grenade qui a tué le médecin-sergent de l’armée américaine, Christopher James Speer, ce qui a mené à son arrestation et à sa détention subséquente à Guantanamo Bay.

Une ironie de plus dans cette affaire Khadr, vient du fait qu’en 2010, le gouvernement Harper, arrivé au pouvoir en 2006, défendait les mesures prises par le gouvernement libéral de Jean Chrétien (puis de son successeur Paul Martin), lequel était aux commandes lorsque le SCRS et les responsables des affaires étrangères ont interrogé Khadr à Guantanamo en 2003-2004.

On oublie souvent, ces jours-ci, le fait que dans le même jugement de 2010 qui a décidé que les droits constitutionnels de Khadr avaient été violés, la Cour suprême a renversé deux décisions d’une cour inférieure exigeant que le gouvernement Harper cherchât le rapatriement de Khadr de Guantanamo Bay, affirmant que ces décisions auraient entravé son droit (constitutionnel) de définir la politique étrangère.

En critiquant la nouvelle du règlement entre Khadr et le gouvernement Trudeau, les Conservateurs fédéraux demeurent fidèles à la position que le gouvernement Harper a prise dans cette affaire Khadr au cours de ses années au pouvoir.

Les Libéraux, par contre, sont passés d’une intervention en faveur du père de Khadr, à la mise au rancart de la famille Khadr en raison de l’embarras causé lorsqu’il a été révélé plus tard que le père était un terroriste; jusqu’à la critique du gouvernement Harper pour sa défense des actions du gouvernement libéral lors des interrogatoires en 2003-2004 d’Omar Khadr à Guantanamo!

La preuve est faite qu’en politique, les amis ne sont pas toujours ceux qu’on croit.

Mise à jour :

D’après un article du Globe and Mail (signalé par Jihad Watch) le paiement a déjà été fait et encaissé par Khadr.

Tout cela a été réglé en catimini par le gouvernement libéral et annoncé le 4 juillet alors que le Parlement n’est pas en session depuis le 16 juin et que le PM Trudeau est hors du pays.

Comme ça, le gouvernement libéral et le PM n’ont pas à répondre aux questions gênantes que les Conservateurs ne manquent pas de poser.

Quand le PM reviendra d’Europe, un nouveau cycle médiatique sera en place et les médias complaisants ne diront pas un mot sur cette histoire qui irrite les Canadiens.

Une pétition de la Canadian Taxpayers Federation (CTF) s’opposant au versement des 10 millions circule depuis 48 heures et a déjà collecté 52 000 signatures. C’est trop tard mais ça montre où en est l’opinion publique canadienne.

Radio Canada en anglais s’empresse aujourd’hui de passer en boucle une interview de Khadr où il apparaît tout miel tout sucre, heureux mais pas triomphant, afin de le rendre sympathique aux Canadiens. Il a été bien «coaché» par la CBC (ou par ses avocats).

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © et traduction, Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

* Lorrie Goldstein est éditeur de commentaires par intérim du Toronto Sun. Il s’est joint au Toronto Sun en 1978, travaillant comme journaliste avec affectation générale, écrivain, journaliste couvrant la ville de Toronto, reporter de Queen’s Park (le parlement provincial ontarien), chroniqueur et chef du bureau, et éditeur de la page éditoriale au Toronto Sun.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading