Publié par Bernard Martoia le 8 juillet 2017

Emmanuel Macron, un énarque de la promotion Senghor de 2003, a été élu président de la République française avec son slogan de la république en marche, mais sans préciser vers où il voulait conduire les électeurs amourachés qui ont voté pour lui.

Le masque est tombé avec le discours de politique générale à l’Assemblée nationale du Premier ministre Édouard Philippe, un énarque de la promotion Marc-Bloch de 1996. Il n’y aura ni baisse d’impôts ou de taxes ni baisse des dépenses publiques.

La falsification des comptes publics par l’ancien ministre du Budget Michel Sapin, un énarque de la promotion Voltaire de 1980, a été dévoilée, fin juin, par la Cour des comptes.

Première observation, ce n’est pas une nouveauté à la veille d’une élection importante. Chaque gouvernement fait la même chose pour gagner le vote des fonctionnaires ou d’autres catégories sociaux-professionnelles. Le clientélisme est une coutume bien ancrée dans les pays méditerranéens. La Grèce et non pas l’Allemagne est le modèle de la France.

Deuxième observation, le déficit budgétaire est toujours présenté en début d’année en dessous de la limite de 3% pour faire croire aux partenaires de la zone euro que la France respectera ce critère de convergence du traité de Maastricht. Le deuxième critère de convergence — ratio de la dette sur Produit National Brut inférieur à 60% — est hors de portée de la France comme l’atteste le graphique ci-dessous.

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Troisième observation, le haut conseil des finances publiques, une autorité administrative indépendante créée en 2012, n’a pas fait son travail qui est d’apprécier le réalisme des prévisions macro-économiques associées à la loi de finances et la cohérence de la trajectoire des finances publiques avec les engagements européens de la France. Encore une autorité administrative indépendante qui allonge la liste des parasites qu’il faudrait supprimer dans cette république fromagère.

La règle d’or des finances publiques a été édictée par le pacte budgétaire européen (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance). Ce traité a été ratifié, en catimini, par la France le 22 octobre 2012. Mais les journalistes et les politiques français ignorent son existence qui engage la France vis-à-vis de ses partenaires européens. Henri Queuille, un radical-socialiste de la Troisième et de la Quatrième République, disait que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. Autrement dit, les traités ratifiés par la France n’engagent que nos partenaires européens…

Quatrième observation, le Conseil Constitutionnel, présidé par Laurent Fabius, un énarque de la promotion Rabelais de 1973, aurait dû invalider la loi de finances de 2017. Ce qu’il n’a pas fait non plus.

Cinquième observation, la Cour des comptes a rendu son audit annuel des finances publiques. Mais comme il s’agit d’un exercice ex post, il est trop tard pour corriger le dérapage budgétaire quand la moitié de l’année budgétaire s’est écoulée.

Que faire pour amadouer la chancelière allemande, la gardienne de l’orthodoxie budgétaire, la Commission européenne ou les pays européens vertueux qui respectent le pacte de stabilité financière ?

Le dérapage budgétaire est de 8 milliards d’euros. C’est la différence entre les recettes escomptées et les dépenses incompressibles de la masse salariale des fonctionnaires en raison du statut de la fonction publique.

En 2007, le ratio de la dette sur le PNB était de 64%, dépassant ainsi le second critère de convergence de 60% fixé par le traité de Maastricht en 1992. Le président élu Nicolas Sarkozy décida de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, mais sans redéfinir, au préalable, les missions et le périmètre d’action de l’État. Erreur fatale ! Le Premier ministre François Fillon appliqua la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui avait été mise en place au Canada en 1994. Cette politique aveugle de suppression des postes dans les fonctions régaliennes s’avéra catastrophique pour la sécurité des Français qui s’en aperçurent, un peu trop tard, lorsque le sang coula abondamment avec la vague d’attentats islamistes.

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En 2012, le ratio de la dette sur PNB avait atteint 89%, mais le président élu François Hollande, un énarque de la promotion Voltaire en 1980, laissa tomber cette politique de rigueur des finances publiques. Il s’empressa de créer 60.000 postes d’enseignants afin de plaire à cette clientèle électorale qui vote bien à gauche, et il supprima, comme son prédécesseur, beaucoup de postes dans les fonctions régaliennes (police, armée, diplomatie) qui votent mal à droite ou très mal à l’extrême-droite. Ainsi la France retomba allègrement dans le clientélisme électoral qui ruina la Grèce en 2009.

En 2017, le ratio de la dette sur PNB est de 97%, et le président élu Emmanuel Macron a encore moins de marge de manœuvre que ses prédécesseurs. Que pensiez-vous qu’il fît pour desserrer la contrainte financière ? Réduire drastiquement le poids de l’État qui asphyxie l’économie française? Non, il a choisi la fuite en avant. Il s’apprête à faire un emprunt de 50 milliards d’euros sur le marché obligataire pour satisfaire sa lubie de créer des sociétés de haute technologie qui tiendraient la dragée haute à la Silicon Valley. Cela confirme le diagnostic du psychiatre italien Adriano Segatori qui le considère comme un dangereux psychopathe.

Concernant son langage, je n’emploie pas le mot de start-up qui est un anglicisme alors que dans le jargon de Wall Street il s’agit d’IPO : initial public offering of shares from a private company, which are sold to institutional investors, that in turn are sold to the public. Macron peut frimer avec les journalistes français, mais pas avec les journalistes américains, car son anglais est médiocre.

Les rares économistes libéraux n’ont pas la possibilité d’exprimer leurs craintes sur les plateaux de télévision. Ils s’alarment, car le projet d’emprunt de Macron va faire exploser la dette publique. C’est l’épargne qui crée l’investissement et non pas l’emprunt. La France est malheureusement sous la coupe de l’énarchie depuis l’élection en 1974 du président Giscard d’Estaing, un énarque de la promotion Europe en 1951.

Pour accélérer la croissance atone depuis vingt ans, il faudrait baisser simultanément les impôts et les dépenses publiques de 20%.

Il faudrait aussi supprimer des impôts comme ceux sur les successions et sur la fortune, les taxes comme la CSG et la CRDS avec la disparition du monopole de la sécurité sociale reconnu par l’arrêt BKK Mobil Oil Körperschaft des öffentliches Rechts de la cour de justice de l’Union européenne du 3 octobre 2013 (1), mais que la Cour de cassation a rejeté dans sa décision du 18 juin 2015. (2)

La France ne respecte pas le droit européen

La justice française ne permet pas à un plaignant de se pourvoir devant la CJUE s’il conteste le monopole de la sécurité sociale. Pourquoi ? Parce que la question préjudicielle posée à la CJUE permettrait à celle-ci de confirmer que la sécurité sociale française est un régime légal d’assurance maladie soumis à la concurrence comme tous les autres pays européens. Mais nos cuistres affirment que le monopole de la sécurité sociale est conforme au droit européen et que ceux qui contestent ledit monopole désinforment les Français et sont passibles d’une lourde amende ou d’une peine de six mois de prison. C’est ça le paradis socialiste. Par contre, la justice française admet qu’un justiciable puisse poser la question préjudicielle à la C.J.U.E s’il conteste la concurrence étrangère. C’est toujours le deux poids deux mesures quand cela arrange les autorités françaises.

La concurrence européenne n’est pas vraiment une nouveauté. Elle était déjà reconnue par le marché commun du traité de Rome de 1957, et ensuite par l’Acte unique européen de 1986 qui ouvrit la voie à un marché unique. Mais il est bien connu que les traités ratifiés par la France n’engagent que les partenaires européens selon la doxa d’Henri Queuille.

Dans un autre domaine comme celui de la directive relative à la libéralisation des services, qui est connue en France sous le nom du méchant commissaire hollandais Frits Bolkestein porteur dudit projet, la C.J.C.E condamna, en 2005, la France dans son arrêt Commission contre République française, C304/02, à payer une astreinte de 57 millions d’euros pour chaque période de six mois où elle ne respecterait pas la taille des prises de merlus, et à une amende de 20 millions d’euros qui est la plus forte jamais infligée à un État membre.

Parmi les États qui font l’objet d’un recours en manquement à leurs obligations découlant des traités, des directives ou de la jurisprudence européenne, la France est le deuxième cancre après l’Italie avec 245 procédures judiciaires de redressement sur la période 1950-2000. Mais Macron s’est permis de clamer lors de son allocution devant le congrès réuni à Versailles : “Nous avons besoin d’une Europe plus forte et refondée.” Le ridicule ne tue pas en France.

Constat

Depuis que les Français élisent des énarques, les finances publiques se détériorent, le chômage augmente, les impôts et les lois prolifèrent, mais le pouvoir d’achat diminue.

En 1960 sous la présidence du général de Gaulle, les prélèvements obligatoires représentaient 30% du PNB, en 2016 c’est 45% du PNB. En 1960, la libération fiscale des ménages tombait le 31 mars, en 2016 c’est le 29 juillet. C’est-à-dire qu’après cette date, les Français travaillent pour eux et non plus pour l’État. Mais il ne s’agit que d’une moyenne en raison de la progressivité de l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Pour les ménages les plus aisés, la libération fiscale n’intervient pas avant le 30 septembre, voire le 30 octobre.

La fuite des cerveaux et des fortunes à l’étranger s’est accélérée sous le quinquennat de Hollande.

L’économiste américain Arthur Laffer avait expliqué, en 1974, à Donald Rumsfeld et à Dick Cheney, avec une courbe dessinée sur un coin de table que le rendement de l’impôt baissait nettement au-delà d’un seuil confiscatoire. Emmanuel Macron était en 2012 le conseiller économique de Hollande lorsqu’il décida d’imposer à 75% les revenus des ménages supérieurs à un million d’euros. Les Français l’ont pourtant élu président alors que son incompétence économique est avérée. Comprenne qui pourra.

Le remède de cheval pour éviter la banqueroute de l’État

Il faut copier la Suisse qui a supprimé le statut de la fonction publique par un référendum en 2001. En fait, il ne s’agissait que d’un référendum circonscrit aux cantons francophones de Vaud et de Genève qui avaient copié le modèle français. Les autres cantons suisses de langue allemande ou italienne n’étaient pas tombés dans ce piège.

Avec la disparition du statut de la fonction publique, l’École nationale d’Administration (ENA = ANE) n’aurait plus de raison d’exister. Pour vous donner une idée des dégâts provoqués par cette nomenklatura, je vous invite à lire le cahier noir de l’ENA, un hors-série de l’IFRAP écrit par l’économiste libéral Nicolas Lecaussin à la veille de l’élection présidentielle de 2007 qui n’a malheureusement pas pris une ride. (3) Ce qui est le plus consternant n’est pas tant l’incompétence des énarques bombardés à la tête des banques ou des entreprises françaises que la confidentialité de tous ces essais écrits sur cette nomenklatura. Ce qui prouve que les Français aiment finalement cette élite qui les ruine sinon ils n’auraient pas élu Chirac, Hollande et Macron après l’expérience de Giscard d’Estaing.

La France connut son dernier budget en équilibre en 1973. Mais c’était sous la présidence de Georges Pompidou (1969-1974) qui n’était pas passé par les bancs de l’ENA, mais par ceux de l’école normale supérieure où il obtint l’agrégation de lettres. Le lettré lucide s’avéra un bon gestionnaire des finances publiques. Le ratio de la dette sur le PNB était inférieur à 10% quand il décéda d’un cancer le 2 avril 1974.

Le grand physicien allemand Albert Einstein est l’auteur de cet axiome que les Français ne veulent toujours pas admettre en élisant Macron.

  • On ne résout pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.
  • La folie consiste à répéter une expérience en espérant trouver un résultat différent.

C’est pourtant ce que s’apprête à faire Macron, un énarque de la promotion Senghor qui se prend pour Jupiter. Il voudrait lancer un grand emprunt alors que toutes les expériences passées se sont soldées par un très faible rebond provisoire de la croissance, mais par un creusement significatif de la dette publique. Les énarques ne renonceront jamais à la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de John Maynard Keynes qu’il publia en 1936 lors de la grande dépression.

Les énarques font penser aux Shadoks de Jacques Rouxel qui n’arrêtaient pas de pomper. Mais dans leur cas, ils ne pompent pas, mais creusent inlassablement des trous budgétaires un peu partout dans l’espoir de relancer, un jour, la croissance du pays. Ils sont toujours à la recherche d’une martingale alors que la solution évidente réside dans le libéralisme suivi par la majorité des pays émergents. D’où leur credo d’harmonisation fiscale pour entraîner dans leur chute les partenaires européens. Sous ce terme pudique d’harmonisation fiscale se cache le désir ardent que nos partenaires adoptent notre fiscalité suicidaire. Mais l’enfer fiscal de la France fait le bonheur de Londres et d’autres villes qui déroulent le tapis rouge à nos expatriés fortunés.

C’est une descente aux enfers pour la génération à laquelle j’appartiens qui a connu l’époque glorieuse du général de Gaulle et celle heureuse de Pompidou. Mais pour la jeune génération de Mitterrand qui n’a connu que le mensonge, c’est mieux qu’avant.

Pauvre France !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Bernard Martoia pour Dreuz.info.

Sources

(1) https://curia.europa.eu/jcms/upload/docs/application/pdf/2013-10/cp130126fr.pdf

(2) https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000030759961&fastPos=2

(3) le livre noir de l’ENA est téléchargeable sur le site

http://pratclif.com/economy/LIVRE_NOIR_ENA.pdf

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