Publié par Jean-Patrick Grumberg le 13 juillet 2017

Si le charisme est le parfum de l’âme, Macron a l’âme d’un bureau métallique.

Tout en sachant que rien de fracassant ne sortirait de la conférence de presse conjointe entre le Président Trump, invité à Paris, et son homologue français, j’ai suivi avec attention cette cérémonie diplomatique. Sans surprise donc, peu de choses en sont sorties, si ce n’est quelques points que voici.

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  • Emmanuel Macron a lu son texte avec le charisme d’une huître pendant un mois sans r, quand les huîtres ne sont pas bonnes à la consommation. Il a égrené ses points presse comme un technicien, c’était froid et creux. De ses phrases convenues– dans mes livres on appelle cela la langue de bois– je n’ai retenu qu’un sujet nouveau : le changement de politique de la France vis-à-vis de la Syrie.

La destitution de Bashar al Assad n’est plus une priorité pour la France

Le Président Macron a affirmé, et je lui donne raison, que la destitution de Bashar al Assad n’est plus la priorité de la France, ni une précondition à la paix. Il n’a donné qu’une seule explication à cette décision, alors qu’il existe de nombreux motifs solides à ce revirement, et curieusement, celle qu’il a donnée est idiote. Il a expliqué que la rupture des relations diplomatiques officielles, matérialisée par la fermeture de l’ambassade de France à Damas il y a 7 ans n’a apporté aucun résultat, et qu’il convient de changer d’approche. Comme si la fermeture d’une ambassade représentait un moyen de pression contre le dictateur et boucher Assad !

Macron s’en serait sorti de façon bien plus intelligente s’il s’était contenté de dire que les conditions sur le terrain ont changé, et qu’il est logique de s’adapter à des conditions changeantes. Tous disent qu’il est très intelligent, doutons d’eux … Avant Macron Chirac gratifiait Juppé d’un “il est le plus intelligent d’entre nous” alors qu’internet nous a fait découvrir un Juppé plutôt médiocre penseur et très mauvais politicien.

Macron ne pouvait pas dire que le président Trump ne réclame pas la destitution du président Assad, et que la France n’a ni les moyens géopolitiques, ni les alliés, ni la force militaire, de s’opposer aux choix des Etats-Unis ou des Russes dans la région, ni ailleurs dans le monde. Cela aurait fait désordre auprès des médias français, qui ont une analyse plutôt raz des pâquerettes. Le leader et le suiveur.

J’ai noté que des deux présidents, c’est le président Trump qui a évoqué l’attentat islamiste de Nice du 14 juillet 2016, et que c’est le président Trump, et non le président français, qui a évoqué la mort et la souffrance subie par les victimes et leur a rendu hommage. L’humaniste et le technicien.

C’est encore le président Trump qui a rappelé que l’Amérique est venue au secours de la France durant la Première Guerre mondiale, et c’est lui encore qui a salué et évoqué la mémoire des courageux soldats français qui ont lutté et perdu la vie lors de la bataille de la Marne. Pas un mot du président français. Macron aurait pu dire merci. L’humaniste et le technicien.

Les désaccords de Paris

A propos des Accords de Paris sur le climat dont le président Trump s’est retiré, Macron a eu la bonne approche non partisane, en expliquant que les différences de vues sur le sujet n’empêchent pas de s’entendre et s’allier sur d’autres dossiers. Le président français a répété deux fois, pour justifier le refus du président américain de s’embarquer dans ce délirant accord, que ce dernier a fait des promesses de campagne, et qu’il comprenait qu’il les respectât.

Il y a donc au moins deux personnalités officielles en France (je parle de celui qui a rédigé le discours de Macron et Macron lui-même) qui ont remarqué que le président Trump tient ses promesses de campagne. Macron s’est engagé à faire comme Trump et à respecter ses propres promesses de campagne. Mais il l’a dit en riant, comme si tenir ce genre de promesses était une stupidité à laquelle les présidents français ne s’abaissent pas. Ca en dit long et ça ne présage rien de bon. L’honnête homme et le fourbe.

Donald Trump a été grand seigneur en ne contredisant pas cette explication superficielle. Superficielle parce que si Trump s’est retiré des accords, c’est certes parce qu’il l’a promis, mais s’il l’a promis, c’est parce qu’ils sont fous, qu’ils posent des entraves au développement des entreprises américaines qui ont déjà des normes anti-pollution supérieures aux exigences des Accords de Paris, que les Etats-Unis ont un air et une eau moins pollués que les autres pays cosignataires, et qu’ils pompent l’argent des contribuables américains pour les offrir à des pays à qui il n’est demandé aucun effort en matière de pollution pendant 10 ans.

Pour terminer, il m’a semblé, mais ce n’est que mon impression, que le courant passait plutôt bien entre le technicien Macron et l’humaniste Trump, mais sans plus. Et les journalistes américains sont de nouveau obsédés par la façon dont Donald Trump tient les mains de Brigitte Macron lors de leur première rencontre. Ils n’ont rien de mieux à évoquer que les poignées de main de Trump ? Et vous verrez demain quelques poireaux, dans les journaux français reprendre en boucle.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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