Publié par Jean-Patrick Grumberg le 26 juillet 2017

Dans une tribune sur la moralisation de la vie politique française, le président de la Licra a déclaré que les racistes, les antisémites, les négationnistes et les homophobes n’ont rien à faire sur un bulletin de vote.

On peut en discuter (sur Dreuz, pas en France, où il est interdit de discuter de certains sujets). On peut se dire que la France asphyxie un peu plus la liberté d’expression, ce qui débouche toujours sur encore plus de répression, encore plus de régression du débat public, et encore plus de racisme.

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Songez donc :

  • Est qualifié d’homophobe ces temps-ci toute personne opposée à l’adoption d’enfants par un couple homosexuel.
  • Au Canada, est depuis quelques jours passible de poursuites pénales pour incitation à la haine homophobique, toute personne qui emploie le mauvais pronom pour désigner un transsexuel.
  • Est homophobe, selon l’extrême gauche américaine, le parent qui donne à la naissance (ou l’adoption) d’un bébé un “genre” conforme à sa constitution physique, car c’est le priver du droit de choisir son “genre” quand il sera en âge de décider.
  • Est considérée comme homophobe la Caroline du Nord qui a voté contre l’installation de toilettes spéciales pour les transsexuels dans les établissements scolaires, au point que des entreprises ont annulé des projets d’implantation dans cet État.
  • Des parents de jeunes adolescentes ont osé protester quand une université très à gauche a décidé que les personnes qui se considèrent comme transsexuels — même pleinement équipées de leurs ornements sexuels masculins — pouvaient prendre leur douche chez les filles. Les parents responsables ne voulaient pas que leurs filles soient exposées à ce spectacle, qui était en contradiction avec l’éducation religieuse qu’ils leurs ont donné — ils ont été étiquetés homophobes.

Je pourrais continuer avec des exemples encore plus dramatiques et stupides pour pointer du doigt que le politiquement correct est sans limites et, soutenu par la loi pénale, il emportera la société occidentale si on ne l’arrête pas – mais je suis optimiste et pense qu’il s’arrêtera.

Sinon demain, celui qui se marie avec une femme sera poursuivi en justice s’il a un jour repoussé les avances d’un homme, et la Licra sera partie civile. Elle accusera le jeune marié de discrimination et d’homophobie.

Une société saine n’aurait pas eu besoin d’interdire les spectacles de Dieudonné : les salles seraient restées vides. Une société dont les spectacles de Dieudonné sont pleins alors que l’attirail législatif pour censurer la liberté d’expression est aussi riche, a un problème si elle ne regarde pas en face cette anomalie structurelle : c’est la France.

Car une société saine ne confie pas la régulation de l’opinion à une justice de plus en plus politisée, militante et partisane, mais à la société elle-même — à condition qu’elle ne soit pas muselée et culpabilisée.

Le bilan de la justice française est moins que brillant en la matière.

Elle est terriblement magnanime voire aveugle, envers l’antisémitisme, l’homophobie, le racisme, le négationnisme d’origine musulmane (le meurtrier musulman de Sarah Halimi qui l’insultait de sale juive et l’a torturée en criant Allahou akbar n’est pas considéré par la justice comme antisémitisme), et terriblement sévère lorsqu’elle regarde à droite.

  • Notre ami, le policier Sébastien Jallamion, a dû fuir la France pour échapper à une condamnation à 6 mois de prison ferme, après avoir été limogé de la police. Son crime ? Il a —sous pseudo- et sur Facebook, laissé parler sa colère contre les terroristes islamistes après la décapitation d’Hervé Gourdel par ISIS en 2014 en Algérie.
  • Boris Le Lay, l’abject raciste et antisémite d’un blog internet breton, a été condamné à 6 ans de prison ferme pour ses propos racistes — je suis tombé un jour sur un passage où il insulte un élu noir — ce Le Lay m’a inspiré un dégoût profond et instantané. Mais 6 ans de prison !? 6 ANS alors qu’un procureur a caché qu’un viol était doublé de racisme anti-blanc (suavelos.eu) pour qu’il ne soit pas “politiquement récupéré” ? La condamnation de Le Lay ne semble pas gêner sa récupération politique, il suffit d’être du bon bord.

6 ans donc pour un raciste dégueulasse non repenti, c’est probablement parce qu’il est blanc, identitaire et considéré d’extrême-droite. Des violeurs aux propos racistes ont bénéficié de la mansuétude des tribunaux, (tapez “viol condamné avec sursis” dans Google, une journée ne suffit pas à consulter tous les cas), et des rappeurs anti-blancs qui insultent les Français passent à la radio.

Alain Jakubowicz n’a réagi aux tweets antisémites de Mehdi Meklat du Bondy Blog que lorsque les pressions de la “fichue sphère” qui les ont révélés étaient devenues intenables. Pendant des années, il avait regardé ailleurs – et cherché les fauteurs à droite. Ce n’est certainement pas les Inrocks ou Le Monde qui l’auraient interpellé.

D’ailleurs la plainte de la Licra contre Houda Benyamina, qui a partagé sur Facebook ce dessin antisémite en 2015 tarde sérieusement à venir… ah si elle était Front national, son sort serait déjà réglé ! Mais je ne suis pas dans les pensées de Jakubowicz, et je ne sais pas comment il s’accommode mentalement avec sa hiérarchie de valeurs. Je me contente de constater cette différence apparente de traitement.

Stérilisez le débat public, vous stérilisez une nation, car la source de l’intelligence collective est dans le public, dans le débat public — pas chez les élites, pas au gouvernement ni dans sa bureaucratie — chaque jour nous apporte son lot de preuves.

La France a donc choisi la voie de la pénalisation du discours raciste — à l’exception de celui d’origine musulmane pour ne pas donner d’armes à l’extrême droite. Lorsque la justice et la politique s’entendent ainsi, cela porte un nom tragique : procès politique.

Puisque le débat est en France verrouillé par la justice, je livre à Jakubowicz les propos négationnistes de cette conseillère municipale à la Mairie de Sillingy : Laurence Clair.

Ici, elle ne serait pas poursuivie en justice, car elle bénéficie de la protection du 1er amendement, le droit sacré d’exprimer son opinion.

Mais chez nous, les spectacles de Dieudonné seraient presque entièrement vides et il y aurait de milliers de manifestants dehors, car l’Amérique est judéo-chrétienne, fière de l’être, qu’elle aime et respecte les juifs et qu’elle défend (encore) ses racines. Pas sûr qu’il en soit ainsi en France.

Chez nous, Laurence Clair serait dénoncée par la plupart des médias (en France ils seront très discrets si elle est encartée avec la France insoumise de Mélenchon et feront les gros titres si elle est au Front national). Elle serait immédiatement limogée de la mairie, et elle perdrait son emploi civil. En France, je ne sais même pas : la loi la protège-t-elle d’un licenciement ?

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Laurence Clair ne semble pas être musulmane (elle n’a pas la tête voilée). Avec un peu de chance – si elle n’est pas mélenchoniste – peut-être que la Licra sera plus rapide pour déposer plainte contre elle qu’avec Houda Benyamina ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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