Publié par Eduardo Mackenzie le 2 août 2017
Délégation de paix des communistes FARC : Marco León Calarcá, Erika Montero, Ricardo Téllez

Les impopulaires et abhorrées FARC viennent d’achever une opération de communication à Bogota qui leur a donné quelques miettes positives en termes d’image.

Soixante et onze de leurs cadres dirigeants sont venus de diverses régions du pays pour présenter, dans la capitale et à huis clos, des rapports sur la situation militaire et politique de l’organisation armée. Prise par surprise, et empêchée d’assister aux délibérations, la presse a fini par répéter ce que les responsables de ce mouvement ont dit qu’il s’agissait d’un « plénum » ayant pour objet la préparation du congrès où les FARC, fin août 2017, et deviendront un parti politique qui se donneront un nouveau nom.

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Très peu curieuse sur les informations qui ont dû y être soulevées, la presse a parlé de cette réunion de façon minimaliste. Il est légitime de se demander si ce « plénum » était en fait une réunion clandestine habilement préparée, auquel les journalistes ont été contraints de se contenter des déclarations bien calculées des porte-parole des FARC.

Le peu d’articles que la presse a dédié à ce que les FARC ont appelé «Convergence nationale pour la réconciliation et la paix », disent, tous, la même chose: que les FARC « deviendront une collectivité politique légale, suite à l’accord qui met fin au conflit signé avec le gouvernement colombien ».

Pour forger une image idyllique du nouveau « parti», une agence de presse européenne a raconté que les FARC feront cela avant la visite du pape François, le 7 septembre prochain, pour célébrer avec lui « la paix et la réconciliation » et a rappelé que les FARC, selon une ex-guérillera nommée Erika Montero, avaient « ouvert le dialogue avec toutes les forces et mouvements politiques du pays » avant de se transformer en parti politique.

Comme ce prétendu « dialogue » avec les forces politiques est un mensonge, puisque ce « dialogue » n’a jamais été proposé ni a eu lieu, il convient de souligner certains points omis par les agences de presse et les médias.

un concentré de négativité contre ce que les Colombiens ont voté le 2 octobre dernier lors du référendum

  1. Annoncé comme quelque chose de « nouveau » et de « différent », le parti des FARC ne sera rien d’autre qu’un vieux parti léniniste, un organisme centralisé, militarisé et fanatisé qui aura deux faces : l’une légale et visible et une autre illégale et invisible. Ce type d’organisation est bien connu : un parti et deux appareils, un légal et un autre illégal, avec des tâches différentes mais sous les ordres d’une direction centrale. Le parti des FARC sera donc néo stalinien. Cela explique pourquoi les chefs de cette formation n’ont pas dit un seul mot sur la nature de leur «parti». Ce point a probablement été discuté au cours du « plénum » de Bogotá mais la presse n’a pas réussi à en savoir plus.
  2. Le nouveau parti émerge avec un objectif précis: lancer un défi à la Constitution colombienne. Il ne sera pas un parti qui acceptera la légalité institutionnelle colombienne.
  3. Il sera un parti pour diriger une révolution communiste. Les porte-parole des FARC ont lancé des phrases pour annoncer cela à leurs militants de façon subliminale: alias Carlos Lozada a dit qu’ils veulent ériger, à court terme, un « gouvernement provisionnel » qui aura pour objectif de construire « un modèle économique différent du modèle traditionnel qu’on a » et qui sera « anti-impérialiste ». En d’autres termes, le parti voudra ériger un régime socialiste comme celui qui existe à Cuba, au Venezuela, en Corée du Nord, etc. Si c’est cela un parti «nouveau » et si c’est cela la « réconciliation » promise…
  4. Ce parti ne sera jamais populaire. Son programme est un concentré de négativité contre ce que les Colombiens ont voté le 2 octobre dernier lors du référendum. Ils ont dit qu’ils n’acceptent pas l’accord de paix, sans justice, convenu entre Santos et les FARC à Cuba. Aujourd’hui, les partis et les mouvements qui ont appelé à voter NON lors du référendum veulent modifier substantiellement ce pacte ou l’abolir complètement, compte tenu de sa nature létale contre la démocratie colombienne. Certains secteurs qui ont accompagné Santos dans son aventure se tournent maintenant vers une position de rejet partiel de l’accord car ils mesurent les dangers qu’il comporte pour leurs propres intérêts.
  5. Alias Ivan Márquez cherche à briser la volonté du peuple quand il gesticule devant la presse et dit : « La renégociation des accords n’est pas une option ». « On n’a jamais convenu que nous allions renégocier, il ne doit pas y avoir de renégociation ». Cette ligne sera un obstacle pour ceux qui espèrent que les FARC recueillent un minimum d’acceptation sociale. Les FARC vont apparaître comme un parti dirigé par les auteurs d’atrocités gravissimes qui ont échappé à la justice grâce aux accords rédigés à La Havane, que tout le monde, à juste titre, veut changer ou révoquer.
  6. Le parti des FARC devra se confronter aux secteurs qui rejettent en quelque sorte le faux « accord de paix ». La première tâche du parti FARC sera de saboter l’unité colombienne contre ce pacte malfaisant et d’empêcher que l’opposition choisisse un candidat à la présidence qui puisse gagner l’élection présidentielle en mai 2018. Cette action destructrice est ce que Jaime Caicedo, chef du Parti communiste colombien, désigne par la sinistre expression de « lutte intégrale » contre le «paramilitarisme » et contre le « fascisme ».
  7. Il n’y a pas eu de véritable désarmement des FARC. Personne n’a été dupé par la livraison, sans témoins, d’une poignée de fusils rouillés à des officiers de l’ONU. Les blocs et les fronts les plus aguerris des FARC sont en armes, sur le sol vénézuélien et font semblant, en Colombie, d’être des « dissidences ». S’il y avait de vraies dissidences, elles seraient en conflit brutal avec la direction centrale. Les FARC ne tolèrent aucune dissidence en leur sein et l’ont toujours éradiquée de façon sanglante.
  8. Le « parti » qui sortira du repli tactique actuel des FARC –lequel pourrait se terminer après l’élection de 2018–, sera financé non seulement avec l’argent que Santos promet de donner grâce au pacte cubain mais, et plus important encore, grâce à l’énorme butin que les FARC ont accumulé pendant leurs décennies d’activités criminelles. Les narco dollars des FARC vont engraisser la machine du « nouveau » parti, à moins que les objections présentées par le procureur général de la Colombie, Néstor Humberto Martinez, sur le sort de ces capitaux illégaux, lesquels devraient être versés, selon lui, aux associations de victimes, prospèrent. Mais alias Carlos Lozada s’y oppose. Il a fait croire aux agences de presse européennes que le parti des FARC « aura un financement égal à celui des autres partis ».
  9. On ne sait pas si le nouveau parti sera le résultat de la fusion des factions communistes déjà existantes (le PCC, l’Union patriotique, la Marche patriotique, le parti Progressiste, le Pôle démocratique alternatif et Présents pour le socialisme) ou s’il sera une structure supplémentaire. Dans tous les cas, leur orientation politique à tous est identique: la défense obstinée des plans du Castro-communisme et du projet hégémonique continental connu sous le nom de la « Grande Cuba».

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