Publié par Jean-Patrick Grumberg le 15 août 2017

Une amie qui a longtemps habité dans le haut du boulevard de Strasbourg à Paris me raconte s’y être rendue il y a quelques années, et avoir été stupéfaite de ne voir que des noirs.

Mon amie explique que la plupart des magasins sont devenus des coiffeurs pour femmes noires, avec des offres pour faire des tresses, des couleurs et des coiffures pour les cheveux crépus de la plupart des femmes noires.

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Mon amie m’explique que le quartier était plutôt bourgeois, avec un cinéma où sa mère l’emmenait de temps en temps le soir quand elle était jeune.

Elle ajoute : “je ne suis pas raciste, ça ne me dérange pas particulièrement, d’autant que je ne vis plus là-bas, mais de voir qu’il n’y a plus un seul blanc, ça m’a fait un choc.”

Je la regarde avec des yeux ronds pour tenter de comprendre quel rapport il peut bien y avoir entre ce qu’elle me dit et le racisme.

Elle me répond : “je ne suis pas du tout raciste, je n’ai aucun problème avec les noirs, avec les Arabes, avec personne, mais les gens vont penser qu’en disant ça je suis raciste”.

“Pour moi, lui dis-je, être raciste se réduit à deux traits : le plus abjecte, le pire, ceux qui pensent que les noirs sont une race inférieure aux blancs. A peine moins répugnant, ceux qui n’aiment pas les noirs. N’aiment pas être en leur présence, n’aiment pas leur fréquentation.”

Et je poursuis en lui disant que je n’ai détecté dans ce qu’elle a dit ni de haine des noirs, ni l’idée qu’ils sont inférieurs aux blancs, et partant, je ne vois pas de racisme dans ses propos.

Dire qu’un quartier de Paris est devenu complètement noir s’il est devenu complètement noir relève à mon sens de la description de ce qu’on observe, de ce qu’on a sous les yeux, et n’est chargé d’aucun jugement. Je suis sûr que des tas de gens qui ont le mot raciste au bord des lèvres près à sortir n’ont aucune gêne à dire que dans le quartier de la rue de Choisy dans le 13e, il n’y a que des asiatiques. Même si strictement parlant il n’y a pas que des asiatiques dans le 13e, tout comme il n’y a pas que des noirs dans le haut du bd de Strasbourg, dire qu’il n’y a que des [mettez la race de votre choix], illustre une idée générale qui ne demande pas à être prise au pied de la lettre pour être comprise dans son sens large.

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Peut-être que pour moi qui ne suis pas raciste, qui n’ait jamais été raciste (et je sais qu’au moins une de mes lectrices aura un joli sourire aux lèvres en me lisant écrire ça), pour moi que le racisme inspire dégoût, qui a un mal fou à comprendre les ressorts profonds de l’âme raciste, la distinction entre la description et le jugement de valeur négatif est évidente et claire. Peut-être que cette distinction serait claire pour tout le monde si le politiquement correct n’avait pas brouillé les cartes, comme pour mon amie qui craint d’être étiquetée raciste.

Rebecca Heckard

Rebecca Heckard est une jeune New-yorkaise noire qui a des taches de naissance blanches. Et à cause de ces taches blanches, elle a été victime du racisme des noirs de son quartier, aux quolibets et aux moqueries. Ils l’appelaient “le putois” en référence aux taches blanches de l’animal et de son odeur repoussante.

Rebecca vient d’avoir sa revanche. Elle est maintenant top modèle et travaille pour une grande agence.

Vous ne saviez pas qu’il existe un racisme noir ? Posez la question aux Antilles, où les différentes nuances de noir font l’objet d’un rejet radical, violent.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

 

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