Publié par Abbé Alain René Arbez le 20 août 2017

Max Arbez a reçu à titre posthume la distinction de « juste des nations » de la représentante de l’Etat d’Israël, pour avoir – à ses risques et périls – fait entrer chez lui et passer en Suisse plusieurs centaines de juifs fuyant la traque des nazis.

Très discret et désintéressé, Max Arbez a agi en fonction de ses valeurs de foi et de son sens humain face à l’immense détresse de juifs en fuite. Son hôtel était situé sur la frontière, dans le canton de Vaud sur une enclave touchant au département du Jura. Profitant de ce lieu stratégique, il savait repérer les gardes-frontières bienveillants et fiables, et lorsque ceux-ci étaient de faction, il s’arrangeait avec l’aide d’Angèle son épouse pour organiser l’accueil en Suisse des personnes et des familles juives fuyant la traque nazie ou vichyssoise.

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Controverse

Le rapport Bergier publié en Suisse il y a quelques années annonçait le chiffre de 25000 personnes refoulées à la frontière franco-suisse entre 1940 et 1945, et c’est souvent cette image déshonorante qui a été retenue dans les médias. L’historien Serge Klarsfeld, spécialiste de la chasse aux anciens nazis, a effectué une recherche approfondie et rigoureuse le conduisant à ramener le chiffre initial de 25000 à 2800 refoulés, avec un total de 15’000 juifs effectivement accueillis en Suisse.

L’historienne genevoise Ruth Fivaz-Silbermann a également étudié les documents et les sources disponibles sur les rejets de réfugiés juifs et sa conclusion est la même : même si certains gardes-frontières et militaires suisses refoulaient systématiquement les réfugiés juifs vers la France, l’accueil a été beaucoup plus généreux que les chiffres du rapport Bergier.

Celui-ci  globalisait les refoulements à partir de données ne donnant pas les détails d’appartenance des requérants. Cela dit, il est clair qu’un Pilet-Golaz, conseiller fédéral de sensibilité pro-nazie, a donné des consignes de refoulement systématique aux gardes-frontières. Heureusement, tous n’ont pas obéi à ces injonctions iniques et beaucoup d’entre eux ont tendu la main aux familles juives désemparées. Mon ami Henri Spira, auteur chaux-de-fonnier d’ouvrages historiques et spécialiste de cette période en ce qui concerne la situation des juifs arrivant en Suisse, confirme ces chiffres revus à la baisse sur la base de ses propres archives.

Ruth Fivaz-Silbermann estime en outre que le directeur de la division de police fédérale, Heinrich Rothmund, présenté comme incarnant la dureté des autorités suisses, n’était nullement antisémite, avec pour preuve des documents attestant de sa prise de responsabilité de faire appliquer une politique moins restrictive sur l’accueil. De nombreux gradés en charge de la frontière, tels Frédéric Rapp, Heinrich Hatt, Daniel Odier, Fernand Demierre ont refusé de respecter les critères restrictifs appelant à refouler tous les juifs. Bien entendu, ces réajustements n’exonèrent en rien les responsables politiques européens de leurs complaisances coupables.

Alerte

Il est clair que comme me le confirmait lui-même Gerhard Riegner, un télégramme envoyé dès 1942 par ses soins à toutes les autorités, chefs d’états, Congrès juif mondial, Vatican, etc, alertait sur le massacre mis en œuvre par le Reich sous le nom de « Endlösung » solution finale.  On sait que les réponses ont beaucoup tardé à venir, et que les alliés ont finalement refusé de bombarder les lignes de chemin de fer conduisant jour et nuit les malheureux déportés à Auschwitz.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez prêtre, pour Dreuz.info.

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