Publié par Oksana Zvirynska le 14 septembre 2017

Le centre Hillel de l’Université Tufts est décrit dans un guide étudiant de la vie universitaire comme «une organisation qui soutient un État à suprématie blanche» (nom de code pour désigner les néo-nazis et les racistes).

Le “Guide de désorientation” de l’Université Tufts offre des informations sur les ressources sociales, spirituelles, sanitaires et académiques de l’université de la région de Boston, mais il jette l’opprobre sur Hillel pour son soutien à Israël, l’appelant «espace sioniste» et l’accusant de «l’exploitation des voix noires dans leur propre programme pro-israélien». Le guide a été largement lu et partagé sur les réseaux sociaux.

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Le directeur exécutif du centre Hillel de Tufts, le Rabbin Jeffrey Summit, a dénoncé cette présentation honteuse flirtant avec l’antisémitisme, du centre Hillel, d’Israël et de la vie du campus juif.

“Nous avons travaillé tellement dur pour créer une atmosphère positive sur le campus, et nous avons une participation d’Israël si positive”, a déclaré Summit, en ajoutant que plus de 100 étudiants de Tufts visitent Israël chaque année.

L’accusation selon laquelle le centre Hillel de Tufts exploite les “voix noires” provient du fait qu’’il y a trois ans, il a amené au campus les parents de Trayvon Martin, l’adolescent noir qui a été abattu en 2012 en Floride, pour parler de la violence armée.

Selon le guide, «les étudiants ont été indignés par le fait que Hillel, une organisation qui défend l’idée d’un Etat de la “suprématie blanche”, amenait les parents de Trayvon à exploiter des voix noires pour leur propre programme pro-israélien» (sic).

Сomme tant d’autres campus de Hillel, le centre de Tufts offre de nombreux événements sociaux, culturels, éducatifs et religieux et souvent sans lien avec l’activité pro-israélienne.

Le “guide de désorientation” a été créé par et pour les groupes d’étudiants de gauche sur le campus et suggère des ressources pour les étudiants de couleur, les étudiants à faible revenu, la communauté LGBT et les femmes.

Les seules mentions des activités du centre Hillel apparaissent dans une section pour la «Semaine contre l’apartheid israélien», un événement dit “pro-palestinien” mais en réalité contre l’existence d’Israël, et dans la description de la manifestation de l’Alliance panafricaine de 2015, l’événement à la mémoire de Trayvon Martin.

De tels guides ont été créés sur d’autres campus comme alternative aux guides d’étudiants officiels distribués par l’administration de l’université.

Le “guide de désorientation” le plus récent de l’Université Columbia a critiqué son administration pour «le soutien de l’oppression des Palestiniens à la fois par ses investissements et par la suppression des expressions d’opinions anti-israéliennes des étudiants et des facultés». La version du guide de 2016 de l’Université de New York affirme que les étudiants qui visitent Israël d’après le programme Taglit sont «complices de l’occupation, de la destruction et de la colonisation de la Palestine».

Selon le directeur exécutif des relations publiques de Tufts, Patrick Collins, la version du guide de Tufts ne reçoit pas de financement universitaire ni ne fait pas partie du programme officiel d’orientation de l’université.

Le guide de désorientation “a été affiché sans autorisation par des étudiants sur deux pages Facebook officielles de la classe et a suscité plusieurs plaintes d’étudiants”, a déclaré Collins à JTA dans un email. “Bien que nous respectons les droits des étudiants à la liberté d’expression, nous nous réservons le droit de déterminer ce qui peut ou ne peut pas être approprié à partager via les plates-formes officielles de communication de l’université. L’université a retiré le guide peu de temps après avoir été informée de son affichage, parce qu’il n’était pas autorisé et parce que plusieurs parties du guide allaient à l’encontre des valeurs et des normes partagées de notre communauté et de la mission d’Orientation”.

Un petit groupe d’amis a créé le guide Tufts après l’édition de 2016 qui n’a pas eu de succès. Ils ont utilisé l’édition 2015 comme modèle.

Emmett Pinsky, l’étudiante de première année en études américaines faisait partie de ceux qui travaillaient sur le guide. Pinsky, qui est une juive d’extrême gauche, a déclaré que si les gens se sentent choqués par le langage du guide, ça veut dire qu’il a fait son travail.

“L’utilisation d’un langage rigoureux est censée être gênante”, a déclaré Pinsky (qui dans sa conversation évite les pronoms spécifiques au genre de la personne à qui elle s’adresse). “Le guide de désorientation est censé être gênant, et est destiné à vous faire arrêter et penser”.

Comme l’étudiante l’a déclaré elle-même, ses connaissances sur le centre Hillel sont limitées, voire inexistantes, mais la réalité et les faits ne sont pas des obstacles à exprimer sa propre réalité, et ses déclarations résulteraient de quelques participations aux réunions du centre pendant sa première année universitaire. Pinsky n’a pas non plus visité Israël pour vérifier si les propos choquants qu’elle imprime sont vrais, cela ne l’empêche pas de les qualifier de “rigoureux”. Elle et les autres auteurs se sont contentés de suivre le modèle du guide de l’année passée, a déclaré Pinsky, notant que le centre Hillel de Tufts est, dans son ensemble, très pro-israélien.

“Israël est probablement impliqué dans la suprématie blanche”, a déclaré Pinsky. “Le fait que de nombreux juifs blancs se sentent favorables à l’Etat juif et l’occupation de la Palestine provient d’un désir de préserver la blancheur de la même manière que cela se déroule en Israël et en Palestine”. Pinsky ignore totalement qu’une importante communauté juive éthiopienne, yéménite et orientale peuple Israël. 

«Si les gens se sentent alarmés par le fait que le centre Hillel de Tufts est impliqué dans la suprématie blanche» ajoute Pinsky, «je pense que le sentiment vaut la peine d’être exploré pour voir si cela a des racines plus profondes [c’est à dire pour voir si c’est vrai]

L’accusation que le sionisme est équivalent à la suprématie blanche est devenu de plus en plus populaire parmi l’extrême gauche antisioniste.

Naomi Dann du groupe Voix Juive pour la Paix [une organisation d’extrême gauche qui milite avec un faux nez pour la destruction d’Israël] favorable à la campagne antisémite de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS) a prétendu récemment dans le journal «the Forward» que les sionistes et les suprématistes blancs partagent «l’anxiété à l’égard de la démographie et la peur raciste et islamophobe des Arabes».

L’Anti-Defamation League (ADL, «Ligue anti-diffamation») a répondu à l’article de Dann en affirmant que le sionisme “repose sur l’égalité des chances pour le peuple juif, comme pour les autres, d’exercer la souveraineté dans leur pays tout en protégeant pleinement les droits des minorités qui vivent en Israël. À sa base, le sionisme est un mouvement positif et n’est pas destiné à être contre qui que ce soit».

Pour certains étudiants, le Guide de désorientation de l’Université Tufts a transformé leur campus en un lieu plus plus hostile.

Sabrina Miller, une étudiante juive en deuxième année spécialisée en génie informatique, a déclaré que le guide «a beaucoup aidé les autres groupes» et qu’il a créé une impression négative du centre Hillel et c’est très pénible.

«Pour les étudiants de première année qui sont juifs, qui soutiennent Israël, je pense que cela les fera se sentir mal accueillis ou mal à l’aise à Tufts», a-t-elle dit. “Je sais que cela m’a vraiment donné des sensations  désagréables” sur le campus.

Sophie Saunders, également une étudiante juive en deuxième année spécialisée en génie informatique, dit que le guide lui a rappelé des souvenirs d’un pénible conflit qui avait lieu il y a cinq mois lorsque le sénat étudiant de Tufts a voté pour se détourner d’Israël. Saunders, qui se décrit comme sioniste, a assisté au débat et cela l’a faite pleurer.

Les étudiants juifs et pro-israéliens ont été éprouvés du fait que le vote a été initié de façon inattendue devant le Sénat par le groupe Étudiants pour la justice en Palestine quelques jours avant Pâque.

Selon le dernier guide du collège de Forward, les juifs représentent près de 25 pour cent de 5 290 étudiants du premier cycle universitaire. En plus du centre Hillel, parmi les groupes juifs et pro-israéliens, on peut nommer l’Alliance américaine juive de Tufts, Les amis d’Israël à Tufts, J Street U, TAMID, IAC Mishelanu, et Voix Juive pour la Paix, qui est anti-israélien.

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Notant qu’après le guide de désorientation, elle se sent “moins bienvenue” à Tufts, Saunders a dit qu’elle avait un plan: “Je voudrais dire que j’aimerais m’impliquer davantage dans les activités pro-israéliennes à l’université pour répliquer.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : un texte de Yvette Alt Miller, traduction © Oksana Zvirynska pour Dreuz.info.

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