L’aventure humaine et spirituelle de St Vincent de Paul au 17ème siècle mérite réflexion.
Comment un saint homme, connu pour sa compassion et son esprit pacifique, en est-il venu à souhaiter et préparer une intervention armée en Méditerranée pour secourir les dizaines de milliers de chrétiens déportés comme esclaves ou maltraités dans les geôles islamiques du Maghreb ?
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Auparavant, après la prise de Constantinople en 1453, durant laquelle les Ottomans allèrent jusqu’à violer les religieuses sur les autels des basiliques chrétiennes pour savourer leur victoire, la géopolitique de l’Europe s’est transformée. Les Ottomans étendent peu à peu leur zone d’influence, ils conquièrent l’Egypte des mamelouks, la Mecque et l’Arabie, Bagdad et la Mésopotamie, ils occupent les Balkans où ils brutalisent les populations.
C’est alors que les pirates barbaresques établis au Maghreb apportent une puissante contribution au Sultan de la Sublime Porte qui déploie sa domination sur toute l’Afrique du Nord, à l’exception du Maroc. Leur intense activité de razzia et de rançonnement va faire vivre les populations maghrébines et enrichir Istanbul de manière fulgurante. Comme les Barbaresques vouent une haine féroce envers les chrétiens, ils attaquent systématiquement les villes côtières en Méditerranée, pour les piller et massacrer les habitants. Ils brûlent les églises, capturent les jeunes femmes et les jeunes garçons qu’ils expédient à Istambul pour les harems et les loisirs sexuels des dignitaires musulmans.
Année après année, la méditerranée est le théâtre de tragédies : les Barbaresques interceptent les navires européens chargés de marchandises et de richesses. Ils récupèrent le butin et font prisonniers les passagers, hommes, femmes et enfants destinés à être vendus comme esclaves. Des personnalités de la noblesse française, italienne, espagnole sont prises en otages et libérées contre forte rançon. C’est ainsi que leurs forfaits vont contribuer à consolider l’Empire turc et à développer leurs implantations au Maghreb.
Alger et Tunis deviennent les places fortes et les bases arrières de la piraterie musulmane. Les Turcs et les pirates maghrébins organisent ensemble les trafics humains et les prises de butin, rendant de plus en plus difficile la situation des états chrétiens dans les échanges commerciaux.
Le pape Pie V cherche à mettre en place une stratégie qui puisse desserrer l’étau des Turcs sur l’Europe et la méditerranée. Cela aboutit à la bataille de Lépante en 1571, qui – contre toute attente – met en échec une des tentatives turques de conquérir l’Europe chrétienne et de faire flotter la bannière islamique dans toutes ses capitales.
Mais le brigandage massif se poursuit grâce aux réseaux des pirates barbaresques qui interceptent tout ce qui effectue la traversée : matériaux, épices, objets précieux, êtres humains. Les états chrétiens comme la France, l’Angleterre, l’Espagne, ne réagissent pas, ils acceptent de payer des tributs considérables, des rançons énormes, tandis que d’autres comme les Républiques italiennes, les Etats pontificaux, Malte, l’Autriche et la Russie refusent catégoriquement de négocier avec les pirates de Barbarie.
Les captifs de toutes origines s’entassent néanmoins au cours du 16ème siècle dans les bagnes de Tunis et d’Alger. Les esclavagistes musulmans se constituent un cheptel chrétien dont ils s’enrichissent. Vincent de Paul lui-même fait l’expérience de ce traitement réservé aux butins de razzias, puisqu’il est fait prisonnier avec beaucoup d’autres passagers lors d’un voyage en 1605.
Vincent Depaul est né en 1576 près de Dax. Brillant dans les études, il s’oriente vers l’Ordre des Cordeliers (Franciscains) et il est ordonné prêtre en septembre 1600. Lors d’un voyage vers Marseille, il prend le chemin du retour pour Narbonne en prenant le bateau. Mais les pirates sachant que le navire est chargé de marchandises l’arraisonnent sabre à la main. Ils l’escortent jusqu’à Tunis, où l’entrée du port est noire de monde criant « Allah ou Akbar » et exultant d’avance à la vue du navire marchand capturé.
Après l’accostage, les notables sont mis à part pour être restitués contre fortes rançons, et les autres passagers triés et acheminés vers le lieu de vente des esclaves. Alger compte alors environ trente mille esclaves chrétiens, Tunis autour de six mille. Vincent est vendu à un vieux fondeur alchimiste chez lequel il doit tenir douze fourneaux.
Ayant constaté l’intelligence et la culture du prêtre, son maître cherche par tous les moyens à le convertir à l’islam, sans succès. Puis il le revend à un propriétaire terrien. Vincent est conscient de la condition insupportable des milliers d’esclaves chrétiens en terre d’islam. Il apprend que la Sublime Porte ne respecte pas le traité signé en 1604 avec la France pour libérer les esclaves. Il se demande comment alléger les souffrances des prisonniers.
Mais les circonstances favorables de ses allées et venues dans la propriété où il travaille lui permettent un jour de s’enfuir, après deux ans de captivité et de travail forcé. Accompagné d’un autre candidat au retour, c’est dans une barque qu’ils traversent périlleusement la mer pour aboutir finalement à Aigues-Mortes.
De là, Vincent de Paul se rend à Rome où il partage son souci du sort des esclaves avec l’ambassadeur de France. De retour à Paris, il fait la rencontre du cardinal de Bérulle, et met au point – grâce à des mécènes – son projet de fonder une société au service des pauvres, la société des dames de Charité. Nommé aumônier des galères du roi, il va au-devant des condamnés pour les assister. Egalement sensible au sort tragique des enfants abandonnés dans les rues de Paris, il parvient à en sauver des milliers en quelques décennies. Sa rencontre prolongée avec François de Sales, évêque de Genève, l’enracine dans sa volonté d’apporter des secours spirituels à ceux qui en ont le plus besoin.
En mai 1627, il crée les Prêtres de la Mission, avec l’appui du roi Louis XIII. Cette congrégation prendra le nom de « lazaristes ». Le désir d’organiser le soulagement des souffrances, c’est aussi pour Vincent le projet de venir en aide aux esclaves prisonniers des bagnes de Barbarie, au Maghreb. Il fonde une œuvre en 1645, qui lui permet de faire délivrer plusieurs milliers de captifs chrétiens par paiement de rançon, mais il met en place une sorte d’aumônerie qui se soucie d’offrir un soutien spirituel et une amélioration des conditions de vie. Les missionnaires envoyés par Vincent vont se heurter à l’hostilité des chefs musulmans qui répugnent à voir des prêtres sur le sol de l’islam et qui ont déjà à plusieurs reprises refusé catégoriquement la construction de chapelles. La conversion surprise au catholicisme du fils du bey de Tunis parti avec sa suite se faire baptiser en Espagne envenime la situation.
Avançant en âge, et actif au service des pauvres et des souffrants de son temps, Vincent se rend compte que les accords et traités passés avec les autorités islamiques ne sont jamais respectés. Les navires des Barbaresques mandatés par le Sultan et sous l’autorité des deys de Tunis et d’Alger continuent d’aborder les bateaux marchands des états chrétiens, les pillent et capturent les passagers. Les captifs sont traités comme du bétail, et vendus à leur arrivée. Les jeunes femmes, y compris les religieuses, sont expédiées dans les harems des dignitaires et du sultan. Les souverains européens protestent continuellement contre ces exactions, et rien ne change. Le roi de France montre des réactions assez molles, et il ne semble pas décidé à faire la guerre aux pirates musulmans. Le dey d’Alger a beau jeu de souligner ironiquement cette attitude velléitaire : « Ces Européens ont des cœurs de femmes ! Ils ne tourmentent point leurs ennemis ! »
De son côté, le grand Bossuet, dans son éloge de Pierre de Nolasque, écrit :
« S’il y a au monde quelque servitude capable de représenter la misère extrême de la captivité horrible de l’homme sous la tyrannie du démon, c’est l’état d’un captif chrétien sous les mahométans, car le corps et l’esprit y souffrent une égale violence… »
Un prêtre genevois de la Mission, le père Noueli, raconte que circulant en soutane dans les rues d’Alger pour visiter les esclaves chrétiens mourants, appartenant à des musulmans, il est pris par les autochtones pour un juif, et les enfants lui crachent au visage, en l’appelant « papa des hébreux » et en l’insultant copieusement. Tout chrétien ou tout juif, en tant qu’infidèle, peut être poignardé dans le dos à tout moment.
Face à cette redoutable dégradation générale, ayant essayé tous les moyens pacifiques, diplomatiques, mis en échec par la stratégie musulmane, Vincent de Paul en arrive à ne plus se satisfaire de son Œuvre des Esclaves, et il envisage donc à partir de 1658 la manière forte pour résoudre le problème lancinant des captifs chrétiens en Barbarie. Pour cela il s’appuie sur son réseau de consuls présents dans les villes maritimes du Maghreb.
N’obtenant aucun résultat concret de la part du roi de France, Vincent de Paul constate que les succès défensifs déjà réalisés en Afrique du Nord par les Vénitiens, les Génois et les Maltais sont utiles mais insuffisants, et il prend la décision de financer lui-même une expédition armée pour aller au secours des esclaves et des captifs, et pour stopper les persécutions et les exactions permanentes des Barbaresques. Des notables contribuent aux frais de cette entreprise de nettoyage des côtes de l’Algérie. Mais Vincent de Paul meurt en 1660, avant d’en voir les premiers résultats. La même année, Louis XIV envoie enfin une quinzaine de navires au-devant des Barbaresques. Cela aboutit à un traité, signé par le dey d’Alger en 1666, garantissant la sûreté de la navigation chrétienne en Méditerranée. En 1668, le successeur de Vincent de Paul prend en charge la supervision des esclaves chrétiens en Barbarie. Mais la piraterie islamique reprend de plus belle, et la situation continue de s’aggraver. Toutefois, le sultan du Maroc accepte de négocier avec la France et ouvre Fès aux Européens, ce qui n’empêche nullement les Algériens de continuer de nuire.
Lors des funérailles de Marie Thérèse d’Autriche, Bossuet s’exclame :
« Alger ! Riche des dépouilles de la chrétienté, tu disais en ton cœur avare : je tiens la mer sous mes lois et les nations sont ma proie. Mais nous verrons la fin de tes brigandages ! »
Un nouveau traité signé en 1684 est de nouveau violé par les forbans islamiques. La France bombarde Alger et Cherchell. En représailles les Algérois exécutent de nombreux captifs. Nouveau bombardement.
Atermoiements du roi de France. Un peu plus tard, un nouveau projet de libération des territoires maghrébins est proposé à son successeur le roi Louis XV. Dans ses annales, le prêtre et savant italien Ludovico Muratori écrit :
« Ce sera toujours une honte pour les Puissances de la chrétienté, aussi bien catholiques que protestantes, que de voir qu’au lieu d’unir leurs forces pour écraser, comme elles le pourraient, ces nids de scélérats, elles vont de temps à autre mendier par tant de sollicitations et de dons ou par des tributs, leur amitié, laquelle se trouve encline à la perfidie ».
Ce sont les Espagnols qui maintiennent la pression et qui reprennent Oran en 1732. Mais ils ne parviennent pas à briser les chaînes des milliers de prisonniers.
Nouveau traité signé par le Premier Consul avec Alger en 1801, aussitôt transgressé, comme d’habitude, mais le trafic s’atténue quelque temps. Lors du Congrès de Vienne, les Anglais et les Français semblent d’accord pour une intervention contre les pirates d’Alger. L’amiral Smith adresse un message à tous les gouvernements européens. En 1824, les esclaves chrétiens sont toujours au nombre d’arrivages de dix mille par an.
C’est en 1830 que le corps expéditionnaire français fort de trente sept mille hommes débarque à Alger. Deux cent ans après son initiative, le projet de Vincent de Paul aboutit sur le terrain. Les esclaves sont libérés.
La presse internationale salue avec enthousiasme la réussite de l’expédition. La Suisse déclare que la prise d’Alger est une victoire de la civilisation.
« Un succès vient de couronner une glorieuse entreprise tentée contre le plus puissant des états d’Afrique asile du brigandage ! Elle promet la sécurité de la Méditerranée, elle brisera les fers des esclaves chrétiens ».
Jules Ferry lui-même y voit un « acte de haute police méditerranéenne ».
Les Lazaristes de Vincent de Paul maintiennent leur Œuvre en Algérie, en Tunisie et au Maroc, au service des plus pauvres.
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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, pour Dreuz.info.
Il avait déjà compris que si vous leur donnez un ongle, ils veulent tout le bras, épaule comprise.
Ils ne s’empressent pas trop de reconnaître les raisons de l’expédition de 1830, ils préfèrent la nier et pleurnicher qu’ils sont les victimes;
Merci Alain ARBEZ.
Voici un commentaire intéressant lu sur le web.
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Complément de Sandrine
… En ce qui concerne la Provence …. /….:
Ce n’est pas 250 ans que durèrent les exactions arabes en Provence sur mer et sur terre comme le dit ce mail mais bien plus !
Au sujet de Toulon par exemple : la ville a été pillée, et brulée, en 1178 et 1197 certes, et toute sa population emmenée en esclavage, mais aussi en 1119, 1148, 1176 etc etc etc
La ville pour se garantir des Sarrazins s’est fortifiée en 1321, en 1366, et à la fin du XVIème siècle : donc bien plus que 250 ans après Fraxinet : six siècles après.
Au XVIII ème ces fortifications furent encore renforcées.
Et le chevalier Paul en 1662 (donc là encore bien plus de 250 ans après Fraxinet) se vit chargé de faire la guerre aux corsaires « de Barbarie » (sic) et d’escorter nos navires. Il détruisit la flotte Barbaresque et écrivit à Louis XIV en disant que la seule solution serait de débarquer à Alger.
Notons qu’en 1543 François I er (honte à lui) s’étant allié avec les Turcs, leur ouvrit les portes de Toulon, ils s’y installèrent pendant six mois, les Toulonnais ayant été obligés de quitter la ville sous peine d’être pendus (!!!) la cathédrale de Toulon ayant été transformée en mosquée, les Turcs rendirent aux toulonnais leur ville complètement pillée et ruinée.
Et pourquoi les villages de Provence étaient fortifiés jusqu’au XVIII ème, pourquoi la côte était quasiment déserte, n’y restaient que les pêcheurs (Saint Raphaël jusque dans les années 1860 était un tout petit hameau de rien du tout, comme sur toute la côte on n’y laissait que les rares personnes dont le métier était la pêche).
Cannes également a été fortifié très tard.
Jusqu’en 1830 il n’y a eu donc que Toulon et Marseille qui ayant des fortifications ont connu une paix toute relative. Tout le reste de la côte vivait dans la hantise des razzias, et cela jusqu’en 1830, effectivement.
Quand j’étais petite et que je jouais en vacances dans le midi, un des jeux favoris était de crier tout à coup : « maure à la côte », on devait courir se cacher à toutes jambes et rester longtemps cachés. Ce jeu était un reste dans l’inconscient collectif, d’années d’entraînement pour les Provençaux de toute condition, pour échapper aux razzias.
…./…
Il en fut de même sur les côtes de la Côte d’Azur, italiennes et corses, où sont érigées des tours appelées Tours genoises. Pourvues de guetteurs 24 heures sur 24, elles étaient destinées à avertir les populations locales des incursions catastrophiques des pirates sarazins. Toutes ces côtes n’étaient plus habitées que par quelques pêcheurs, tous s’étaient réfugiés dans des villages fortifiés de l’arrière pays érigés sur des pitons rocheux. Tous ces villages typiques étaient construits avec des rues très étroites et sinueuses pour rendre difficile la progression éventuelle de ces sauvages. Les maisons sont hautes avec parfois jusqu’à 8 étages avec seulement une pièce par niveau, une porte d’entrée quasi fortifiée en chêne, pour rendre leur pillage encore plus périlleux aux barbares.
Aujourd’hui quasiment tous nos dirigeants politiques voudraient nous faire oublier la terreur qu’ont provoqués durant des siècles les arabes sur les côtes chrétiennes et les attentats, tous d’auteurs musulmans, ne sont que la continuité de leur stratégie de conquête.
Comme il est bien noté dans cet article, les musulmans ne respectent jamais un traité de paix avec des mécréants. Dans le coran il est enseigné la façon de tromper son ennemi non musulman en utilisant la taqiya. Dans l’Histoire contemporaine les exemples sont nombreux de l’impossibilité d’une paix pérenne avec les islamistes. Je vous rappelle les accords d’Evian devant mettre fin à la guerre d’Algérie, et les divers essais de paix entre israéliens et palestiniens.
Oui Gédéon, je jouais aussi à Maure à la côte (enfant je croyais dire ‘mort à la cote’) ; et les vieilles*, pour faire peur aux enfants et réclamer de l’obéissance, évoquaient le “Monsieur Noir”, qui venait enlever les petits qui n’étaient pas sages et s’éloignaient des adultes.
Combien de tours dites génoises, en réalité des tours sarazines, érigées sur les collines dominant le littoral ? Elles sont innombrables. Nos ancêtres devaient être morts de trouille
Je rappelle que Fraxinet est l’ancien nom de la Garde-Freinet, village fortifié au dessus du golfe de Saint Tropez, qui servit de base arrière pour les pirates arabes jusqu’à sa reconquête par Guillaume de Provence au Xème siècle. A cette époque le foncier était moins cher dans le golfe.
* “vieille” n’est pas une insulte.
“Le roi de France montre des réactions assez molles, et il ne semble pas décidé à faire la guerre aux pirates musulmans.”
…
“N’obtenant aucun résultat concret de la part du roi de France,…”
Oui…
Et pour cause !
Vincent de Paul et Mazarin sont morts presque en même temps, à seulement quelques mois d’écart. Vincent de Paul est mort le 27 septembre 1660, Mazarin est mort le 16 mars 1661.
Le Cardinal Mazarin, né en Sicile et qui avait passé toute sa carrière (depuis 1642, à la mort de Richelieu) de Premier Ministre auprès de Louis XIV à s’enrichir personnellement au détriment du Royaume de France (Mazarin avait au fil des années accumulé une fortune personnelle supérieure à celle du Roi lui-même!) laissait à sa mort en mars 1661 une marine de guerre en état de délabrement total… Il ne restait plus à la marine de guerre française qu’une dizaine de navires. Pendant toute la carrière (20 ans!) de Mazarin auprès de Louis XIV, le commerce extérieur jusqu’alors prestigieux de la France était littéralement tombé en ruine, et par ailleurs la présence militaire méditerranéenne avait été totalement délaissée pour concentrer les ressources militaires uniquement sur les campagnes terrestres. Il faut savoir que Mazarin était dans les faits le vrai monarque absolu de la France, et Louis XIV qui se désintéressait de la vie politique et ne menait qu’une vie de salon était paralysé par la puissance de Mazarin. C’est l’arrestation du Prince de Condé (pendant la Fronde) en 1650 qui commença a faire ouvrir les yeux à Louis XIV sur l’interminable trahison qui se déroulait depuis 8 ans de la part de Mazarin. Mais ce n’est qu’à la mort de Mazarin (encore onze ans plus tard!) que Louis XIV lui-même a commencé a vraiment redresser la marine française. Mais ce fut long, très long… Par ailleurs on manquait de bras (au sens propre comme au sens figuré) et c’est pour cette raison que dès l’année qui a suivi la mort de Mazarin, Louis XIV a créé le Corps des Galères, une marine à la fois militaire et marchande utilisant nombre de prisonniers, de bagnards, mais aussi de pauvres (volontaires). Et c’est après quelques années de remise en état d’une flotte minimale qu’il a créé en 1669 un poste ministériel pour la Marine (un secrétaire d’état plus précisément) et dont le poste sera confié à… Colbert. Ce sera alors le vrai début d’une réelle marine de guerre française. Et ce sera aussi (enfin!) le vrai début d’une marine marchande française. Et ce sera aussi le début des grandes explorations maritimes françaises en Afrique, en Asie, et dans l’Océan Pacifique. C’est grâce à Colbert que la France put enfin retourner la situation en Méditerranée sur le plan militaire et commercial. Vincent de Paul a effectué un travail considérable que vous expliquez for bien, mais en effet le dialogue et la diplomatie sont choses impossibles avec les musulmans. Ce n’est, comme vous l’expliquez bien, que par la voie militaire qu’on a pu forcer la signature d’un traité de libération des prisonniers et des esclaves français… 180 ans après l’oeuvre de Vincent de Paul. Et 1830 c’est le début de l’Algérie Française, qui durera jusqu’en 1962.
Aucune relation diplomatique n’a jamais été possible et ne sera jamais possible avec le monde musulman. Par ailleurs il faut savoir que pendant très longtemps les navires arabes utilisaient des marins (même parmi les officiers)… européens! C’étaient des français, des italiens, des siciliens, et des espagnols. Tout simplement parce que le monde arabe est une civilisation continentale et les arabes, hormis les turcs, ont peur de la mer. Seuls Suleimān-i evvel (surnommé “Soliman le Magnifique”) et Khayr ad-Din (surnommé “Barberousse”) firent vraiment exception.
Même dans le cadre du marché pétrolier aujourd’hui, ce n’est pas la diplomatie qui est à l’oeuvre… mais un chantage politique mis en place en 1973 (et qui fut une cause essentielle de la première crise pétrolière dans la Communauté Economique Européenne): vente du pétrole contre autorisation de multiplier la population musulmane en Europe. Sur le plan stratégique et financier le chantage est mené par l’OCI qui détient 80% des pays de l’OPEP. Et sur le plan tactique du contrôle des deux voies migratoires c’est encore, comme autrefois, la Turquie et l’Algérie qui tiennent les rênes.
Je précise pour les lecteurs que Mazarin avait une tenue pourpre qui était purement honorifique valorisant son statut de notable: il n’était pas prêtre et n’a pas eu d’activités proprement ecclésiastiques.
Tandis que Vincent de Paul dans la simplicité de son habit était prêtre et considérait son sacerdoce comme un service aux plus démunis et aux prisonniers.
Tout à fait.
Barberousse est un héros toujours adulé en Algerie et en Turquie au point de baptiser des bateaux de guerre et des monuments a son nom.
Il etait né de parents chrétiens albanais (l’Albanie conquise par les ottomants et ses habitants islamises de force). Lui et son frère, pirates célèbres pour leur cruauté, se convertirent à l’islam.
Autant vous dire que les héros musulmans sont le reflet de leurs idées pacifiques.
-Les “Barberousses” (il s’agit de 2 frères originaires d’une ile grecque proche de la côte turque), étaient à l’origine des chrétiens qui se convertirent à l’islam et se mirent au service de la “Sublime Porte”.
-Entre le début du 17éme et le début du 19éme siècle, en 2 siècles donc, la France signa 80 Traités de paix avec l’une ou l’autre des 3 Régences (Alger, Tunis, Tripoli) qui tous restèrent sans effets.
-Nombre des capitaines des navires des régences étaient des renégats, d’anciens pirates, contrebandiers européens qui rallièrent ces Régences se mirent à leur service après s’être convertis à l’islam !
Monsieur l’Abbé Arbez , votre texte ne nous apprend rien de nouveau que nous ne sachions déjà .
Un film sur St Vincent de Paul interprèté par Pierre Fresnay ne date pas d’aujourd’hui , je vous rappelle que mon livre d’Histoire de terminale édité chez Hachette par A Bonifacio en 1962 précise bien que la Traite des noirs par les musulmans en Afrique fit des ravages «incalculables»( page 355 )! Plusieurs historiens savent les pillages des côtes méditerranéennes et ont écrit des textes . Tout le monde sait sauf Macron que la conquête de ce qui deviendra l’Algérie a mis fin à la piraterie barbaresque et à l’esclavage ! Tout le monde sait , sauf Macron et Juppé que le Coran est une déclaration de guerre éternelle aux juifs , chrétiens et athées , mais mais mais mais mais mais mais mais , il n’y a pas moyen d’amener nos salopards de gouvernants collaborateurs après-moi-le-délugiens à la table de la vérité !
Alors que fait-on avec des fous furieux qui s’entêtent dans leur délire ?
Ils savent que nous savons qu’ils savent , mais ils continuent de s’enfoncer !
Que pouvons-nous faire ?
“Monsieur l’Abbé Arbez , votre texte ne nous apprend rien de nouveau que nous ne sachions déjà .”
Vous parlez pour vous… mais vous vient-il à l’esprit que ce texte apprend peut-être à d’autres des choses qu’elles ne savaient pas correctement… voire pas du tout.
Ne parlons JAMAIS au nom des autres quand nous ne sommes pas délégué officiellement par les autres.
Chaque être humain a une vie différente, et une connaissance différente des choses. Et quand bien même plusieurs personnes sont parfois sur le même chemin, elles ne sont pas nécessairement au même point sur le chemin. D’ailleurs on ne sait jamais où on se trouve soi-même sur le chemin de la connaissance… alors on sait encore moins où se trouvent les autres sur ce même chemin.
Très bien dit. Moi je découvre ce que relate l’Abbé Arbez, que je remercie au passage.
“Tout le monde sait…”
“Tout le monde sait…”
Non. VOUS, vous savez. Ne parlez pas au nom des autres. Vous ne savez pas si ils savent.
“mais mais mais mais mais mais mais mais , il n’y a pas moyen d’amener nos salopards de gouvernants collaborateurs après-moi-le-délugiens à la table de la vérité !”
Et là ce sont encore vos émotions qui s’expriment à votre place.
Les émotions ne règlent jamais et n’ont jamais réglé les problèmes.
Ne laissez pas les émotions s’exprimer à votre place. L’expression des émotions est souvent l’expression de la facilité, de l’express, du raccourci simpliste. Les émotions sont comme un cheval auquel on a lâché la bride et qui s’est emballé et dont on n’a plus la maîtrise. Reprenez donc le contrôle de vos émotions pour laisser s’exprimer plutôt le raisonnement, même si c’est plus difficile et plus long.
C’est un travail plus difficile et plus long, mais c’est aussi le plus efficace, tant pour sa vie personnelle que pour sa vie sociale… alors quand il s’agit de remettre sur le bon chemin toute une civilisation en perdition, vous comprenez bien que ce ne sont pas les émotions et la facilité qui doivent s’exprimer, mais le raisonnement et le pragmatisme, c’est à dire le vision claire et objective des obstacles pour les abattre un à un.
Rome ne s’est pas fait en un jour.
Et s’il a fallu six jours à Dieu pour créer le monde, c’est que même lui avait besoin de temps.
Il faudra du temps pour que tous les européens finissent par admettre leur erreur. Et une fois que les yeux seront enfin ouverts pour tout le monde, il faudra encore du temps pour réparer cette erreur. Et cela ne pourra pas se faire en mettant les “salopards de gouvernants collaborateurs après-moi-le-délugiens” à la table de la vérité… mais en nous mettant nous-mêmes (ou des gens que nous élisons de façon réellement démocratique) à la table de la vérité.
Mais pour que cette élection ait lieu un jour… il faut d’abord que nous travaillions à ouvrir les yeux de nos congénères européens qui ont encore les yeux fermés. Car ce n’est qu’à ce moment-là qu’il voteront comme nous le souhaitons et que nous ferons nous aussi preuve de démocratie. Remplacer la violence actuelle par une autre violence (même simplement dans nos propos) ne fait et ne fera jamais avancer les choses. L’orgueil (dont l’impression de tout savoir fait partie, tout comme le désir de s’exprimer au nom des autres), l’envie (dont l’impatience fait partie) et la colère sont trois des sept péchés capitaux de Thomas d’Aquin. Ne cédons pas nous-mêmes à ces péchés capitaux, il ne peuvent que nous guider sur une fausse route.
vous avez mal compris le sens de mon article qui détaille les étapes de la vie de Vincent de Paul qui, de pacifiste spirituel, devient interventionniste armé, après tant d’expériences cuisantes de la réalité.
Connaissiez-vous la vie de Vincent de Paul sous cet angle?
Non, Abbe ARBEZ, je ne savais pas que Saint Vincent de Paul avait ajouté l’Epée à son chapelet.
Ainsi que je le pense depuis quelque temps, nous aurions bien besoin d’un St Vincent de Paul ou d’un Josué pour nous sortir du mauvais pas dans lequel nous nous sommes laissés entraîner. Il est déjà très tard mais rien n’est jamais définitif.
Merci Abbé Arbez pour ce travail ardu. Je me demande ou vous trouvez le temps de vous plonger ainsi dans les méandres de l’Histoire. En tout cas celle-ci nous ramène directement à notre actualité funeste. L’Histoire est un perpétuel recommencement.
Merci M.L’Abbé pour ces précisions sur la vie de St Vincent de PAul dont je ne connaissais que les grandes lignes.
PAr ailleurs, les algériens actuels ne cessent de se plaindre et de réclamer repentance à la France pour sa colonisation. Ne pourrions nous faire de même: réclamer repentance auprès de l’Algérie pour toutes les exactions menées par elle, avant que nous ne venions la créer ?
Après tout, à plaigneur, plaigneur et demi….
Ce serait bien amusant de voir enfin la traite arabo-musulmane sur le devant de la scène.
Grand merci Monsieur l’Abbé pour donner à connaître la vérité historique que beaucoup semble méconnaître.
J’ai eu la chance d’avoir des grands-parents qui connaissaient l’histoire des barbaresques, parce que leurs parents la leur avait conté ! Et, ils me l’ont transmise…
Pour ceux qui douteraient des faits historiques, les listes d’esclaves chrétiens sont consultables sur le site ci-dessous.
https://maitrederville.wordpress.com/2010/07/22/listes-desclaves-francais-des-barbaresques/
Encore merci Monsieur l’Abbé !
La “Sublime Porte” (avec des majuscules, s’il vous-plaît!) c’est quoi cette sonnerie? C’est une invention des Français, en admiration dégoulinante devant les turcs (ils ont quand même nié les droits de tous les peuples asservis pour faire du commerce avec leur usurpateur car dans le vaste empire ottoman, les étrangers c’étaient les Turcs) et jamais en retard d’un révérence obséquieuse: nos bons amis les Turcs…
En fait les Turcs n’ont jamais nommé leur porte, la sublime porte mais al baba al’ali… devenue sous la plume des Français la Sublime Porte de même que Soliman l’usurpateur est devenu soliman le magnifique des Français.
Magnifique texte clair et bien documenté !
Je ne connaissais pas Saint Vincent de Paul sous l’angle de l’esclavage pratiqué par les musulmans. Je savais bien que dans sa jeunesse, il s’était fait capturer par eux lors d’un voyage en mer, mais je croyais qu’on ne savait pratiquement rien de ses deux ou trois ans de captivité.
En revanche, merci Mr l’Abbé, vous nous rappelez nettement le brigandage des turcs et des maghrébins, leur attaque systématique des chrétiens et leur mépris pour la faiblesse des chefs d’Etat chrétien. On voit bien qu’une religion politique comme l’Islam, même barbare, a toutes les chances de l’emporter sur des États plus civilisés et plus puissants, mais qui ne font pas de la religion le nerf de la guerre – ou alors qui n’en font que le nerf d’une guerre civile.
Remarquables citations de Bossuet et de L. Muratori!
l’Histoire, pourtant tant de fois contée et racontée n’intéresse que peu de nos concitoyens et pourtant chacun devrait au moins connaitre ce proverbe africain: si tu as perdu ton chemin retournes toi et regardes d’ou tu viens…. Et puis le bourrage de crâne continu de plus belle avec les médias, complices des élites pourris qui nous gouvernent.Un cousin , par alliance, cégétiste de surcroit, m’a affirmé recemmemt que Jeanne d’Arc n’avait pas existé!. Le temps long, les musulmans le connaisse : aller demander en micro trottoirs en France ce qui c’est passé en 1099?…. Les musulmans eux, beaucoup le savent. Je l’ai déjà écrit les ottomans sont les plus cruels, les plus barbares des musulmans. Si le Pape Urbain 2 a décrété la 1er Croisade , c’est bien a cause d’eux ( bien qu’en politique il y a toujours des raisons secondaires qui influent et confortent la décision principale.) Les barbaresques ont toujours écumés les côtes occidentales de Méditerranée ;nos amis Corse, avec leurs villages fortifiés, en savent quelque chose , et tous les non bornés de ce pays savent q’on a voulu les réduire à Alger en 1830 ( bien q’en politique…etc…..)
Tout les commentaires précédents sont passionnants car signe d’érudition et merci à Mr l’abbé dont j’apprécie les articles passionnants et documentés.
à albertGame , je voudrai dire: pour sauver notre Civilisation, notre patrie, très mal
parti, nous devrons nous battre, je pense nous battre physiquement et il faut beaucoup de courage .Nous même ,et notre peuple, en sommes nous capable?
Notre Histoire, au pires moments , a connu des êtres providentiels.Que Dieu nous aide!