Publié par Jean-Patrick Grumberg le 15 octobre 2017

Mediapart rapporte que la sénatrice Les Républicains Garriaud-Maylam a déclaré, à propos de la candidature de la Française Audrey Azoulay au post de directrice de l’UNESCO : « une telle candidature est une insulte aux pays arabes ».

Pour cette déclaration, Joëlle Garriaud-Maylam est, maintenant que la candidate française a été élue, accusée d’antisémitisme. Elle s’est fendue d’une explication sur sa page Facebook, que je vous soumets ci-dessous.

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Je ne connais pas personnellement cette dame et je ne suis pas amateur de spéculations. Je ne sais pas non plus lire dans les pensées des gens. Donc j’ai fait ce que tout journaliste honnête doit faire : je  me suis donné la peine de remonter à la source de l’information, qui vient de l’AFP et date du mois de mars 2017.

Ce que je constate immédiatement est que la phrase de la sénatrice rapportée par Mediapart a été tronquée, ce qui lui fait dire une tout autre chose que ce qu’elle a dit. De la part des médias, aucune bassesse, aucun mensonge ne surprend. Voici la dépêche et ce que la sénatrice a déclaré :

“Une telle candidature est une insulte aux pays arabes, qui n’ont jamais obtenu un tel poste à l’UNESCO et envers lesquels des engagements moraux avaient été pris pour que ce poste revienne à un des leurs”, écrit dans un communiqué Mme Garriaud-Maylam, représentante du Sénat à la commission nationale française de l’UNESCO.

“Cette candidature, déposée quelques instants seulement avant la clôture officielle du processus, est une faute morale et diplomatique du président Hollande”, ajoute cette sénatrice des Français de l’étranger en appelant à son retrait.

Selon elle, “il est en effet de tradition que le pays qui a le privilège d’héberger le site d’une institution internationale, n’en brigue pas pour lui-même le poste de président ou de directeur général”.

De toute évidence, en tous cas c’est ma compréhension, ce n’est pas à la judéité de la candidate française que la sénatrice s’en prend, mais à sa nationalité. Ce qu’elle dit est que :

  • les pays arabes n’ont jamais obtenu de poste à l’UNESCO,
  • la France a pris l’engagement moral de voter pour qu’un candidat arabe remporte le poste,
  • la France s’est traditionnellement engagée à ne jamais présenter de candidat du fait que l’UNESCO a son siège en France, et,
  • pour toutes ces raisons, “une telle candidature est une insulte [de la France] aux pays arabes”.

Voici la réponse de la sénatrice à la polémique qui a été lancée contre elle :

“Ah les bassesses ordinaires de la vie politique…

Parce que je m’étais étonnée qu’en mars dernier, cinq minutes avant la clôture des candidatures au poste de DG de l’UNESCO, on dépose celle d’une ministre (alors que la France s’était engagée à ne pas avoir de candidat) on m’accuse, moi qui suis une amie d’Israël, d’être une anti-sémite, prouve l’ignominie de certains !!!

Rappelons les faits :

1. Représentant le Sénat à la commission nationale de l’UNESCO, j’ai toujours entendu que la France s’était engagée à ne pas avoir de candidat au poste de Directeur-général (dans la mesure où l’élégance voulait, m’avait-on toujours dit, que le pays qui a la chance d’héberger une institution internationale ne postule pas à en exercer la direction).

2. Le candidat égyptien ayant été écarté il y a 4 ans, et aucun pays arabe n’ayant jamais exercé la direction de l’UNESCO, on m’avait également toujours dit que la France soutiendrait un(e) candidat(e) arabe.

3. Ayant auditionné au Sénat la candidate égyptienne, j’avais effectivement trouvé que sa candidature était pertinente au regard des efforts considérables que nous devons mener en matière d’éducation (surtout celle des filles) dans cette région du globe et que la France avait raison de soutenir une telle candidature.

4. Alors oui, j’ai été assez choquée que malgré ces engagements, la France dépose en dernière minute une candidature perçue alors par beaucoup comme un “recasage” voulu par François Hollande et j’ai exprimé ma crainte que ce reniement de la France soit perçu comme une insulte par les pays arabes.

5. Comme j’ai eu l’occasion de l’écrire et de le dire à Audrey Azoulay, je n’avais rien– bien au contraire– contre sa candidature et j’ai toujours eu beaucoup d’estime pour elle. Par contre je me suis toujours battue pour des questions de principe et j’estime que quand mon pays prend un engagement, il a le devoir moral de le tenir !

Que certains petits esprits veuillent aujourd’hui lancer une polémique minable m’accusant d’être une anti-sémite (j’ajoute que j’ignorais totalement jusqu’à ces derniers jours qu’Audrey Azoulay était juive– je n’ai jamais jugé utile de me renseigner sur la religion des gens lorsqu’ils candidatent à un poste! ) en dit long sur leur bassesse…

Et je conclurai en disant que, bien évidemment, je félicite chaleureusement Audrey Azoulay de son élection et que, fidèle à mes engagements de toujours, je serai toujours heureuse de l’aider sur tous les dossiers pouvant conduire à une meilleure compréhension mutuelle, au progrès et à la Paix, à l’UNESCO comme ailleurs.”

Mon verdict : non coupable !

Ceux qui se seront contentés de lire l’extrait tronqué de la sénatrice seront tentés de conclure à l’antisémitisme. Mais d’après les mots prononcés dans leur intégralité– et encore une fois, mon rôle de journaliste n’est pas de spéculer mais de rapporter les faits disponibles avec honnêteté– il n’y a rien d’antisémite dans ce qu’a déclaré Mme Garriaud-Maylam.

Audrey Azoulay, juive marocaine, française, issue d’une famille très à gauche

La victoire de la candidate française a quelque chose à voir avec sa judéité, quelque chose à voir avec son passé, et quelque chose à voir avec la nationalité de son concurrent dans le contexte des événements.

  1. A moins que vous arriviez de la planète Mars, ou que vous soyez journaliste-activiste à Mediapart, vous savez que l’UNESCO vote depuis des années des résolutions antisémites avec la régularité d’une horloge et la complicité active de la France (c’est Sarkozy l’ami d’Israël qui a fait entrer les Palestiniens à l’UNESCO en tant qu’Etat qui n’en est pas un, offrant ainsi aux ennemis d’Israël un fabuleux cadeau pour leur guerre diplomatique contre l’Etat juif).
  2. Vous savez que l’UNESCO ne protège pas la culture, sa mission, mais la détruit en réécrivant l’histoire.
  3. Vous savez que l’UNESCO a voté que Jérusalem, le mur des Lamentations, la vieille ville, Hevron, le Mont du Temple, les tombeaux des Patriarches, rien de tout cela n’est juif mais palestinien– alors que Google nous montre que le “peuple palestinien” existe depuis seulement 50 ans :

    Si vous tapez Palestinian people, Palestinian state dans Google Ngram (qui recense tous les livres, magazines et revues publiées par l’homme), vous obtenez le graphique suivant, qui vous indique depuis quand le peuple palestinien est mentionné dans les livres : il n’existe rien avant 1960 :

    Si vous comparez avec le peuple français, la différence saute aux yeux :

    En français la recherche “peuple palestinien” faite sur les livres, magazines et journaux imprimés en langue française, renvoie exactement le même résultat : il n’existe aucune trace d’un “peuple palestinien” dans l’histoire– avant 1960.

    Là encore, une recherche sur “peuple français” se passe de commentaire :

    Mais après tout, et je le dis avec force et en toute sincérité, un peuple a le droit de se constituer, il faut bien un début à tout, et je ne reproche pas aux Palestiniens de vouloir former maintenant un peuple– je dénonce en revanche le mensonge que ce peuple aurait existé de tout temps. Conséquence de cela, il n’a pas d’histoire, et certainement pas d’héritage culturel en Palestine ou ailleurs.

    Concernant le peuple palestinien, deux auteurs, Guy Millière et David Horowitz, dans leur livre Comment le peuple palestinien fut inventé*, en complément de Google, démontrent que le peuple palestinien est une invention récente, confirmant la recherche Google.

  4. La semaine dernière, le Président Trump a jeté l’éponge et dit basta. Il a déclaré que les Etats-Unis quittent l’UNESCO en raison de son biais anti-israélien– et c’est poliment dit. Dans la foulée, Israël a également quitté l’organisme culturel.
  5. Le candidat en compétition contre la Française est un ressortissant du Qatar (Hamad bin Abdulaziz Al-Kawari)– pays qui finance le terrorisme– et dans le contexte du retrait des Etats-Unis pour motif anti-israélien, la nomination d’Al-Kawari aurait été ressentie comme une provocation– sauf par la France évidemment puisqu’elle vote toutes les résolutions qui dépouillent les juifs de leur passé.
  6. Audrey Azoulay est la fille d’André Azoulay, qui a été conseiller du roi du Maroc. A ce titre, son expérience avec le monde arabe, et le prestige dont jouit sa famille (le roi du Maroc est considéré dans le monde sunnite comme un des descendants du prophète Mohammed), ne seront pas inutiles pour tenter de régler la crise que traverse l’organisation à la réputation ravagée. Française, elle bénéficiera de la confiance des pays arabes qui voient à juste raison dans la France leur meilleur allié en Europe contre Israël.

Conclusion

J’ai été sollicité par des amis juifs afin de dénoncer l’antisémitisme de la sénatrice Garriaud-Maylam, mais je soutiens que ses propos n’ont rien de répréhensible ni d’antisémite, et je pense que dans mon état de fier juif pro-israélien, qui n’a jamais froid aux yeux pour dénoncer un antisémite, je fais humblement mais certainement autorité.

Et je vous livre une information en exclusivité : selon mes sources, la sénatrice Nathalie Goulet –qui elle attaque Israël avec constance– fait partie de ceux qui ont relayé la polémique pour démolir Joëlle Garriaud-Maylam. Vous en tirerez les conclusions que vous voulez. Là encore, je pourrais spéculer, je pourrais par exemple supposer que Goulet n’apprécie pas que ses collègues aient pour Israël de la sympathie, quelle pourrait vouloir ternir aux yeux des juifs ceux qui ont d’Israël une image positive, mais ce n’est pas le rôle d’un journaliste que de faire de telles hypothèses, et je m’en garderai bien.

La partie n’est pas gagnée pour la Française Audrey Azoulay, et l’hyper hypocrisie régnant dans ce milieu diplomatique corrompu ne sera pas d’une grande aide en raison de la personnalité du Président Trump, qui est l’antithèse du politiquement correct et dont le courage politique n’est pour l’instant pas démenti.

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