Publié par Gilles William Goldnadel le 23 octobre 2017

Avec le hashtag Balance ton porc!, l’hystérie électronique aura encore frappé. L’avantage avec l’hystérie, c’est que ses crises passent vite, et que l’on peut ensuite la questionner calmement.

Bien que cette dernière crise ne se soit pas tout à fait estompée, il est déjà venu le temps de la décrire.

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Son origine tout d’abord: une nouvelle fois, les États-Unis. La société française ne s’est toujours pas aperçue à quel point elle vivait désormais sous l’empire et même sous l’emprise américaine.

Le plus tristement cocasse, c’est que ceux qui en sont les victimes les plus consentantes sont ceux qui historiquement auront le plus vitupéré l’impérialisme politique et culturel américain. En deux mois historiques, deux crises hystériques, largement cornaquées par des histrions, auront importé sur les rives européennes des crises américaines.

  • En septembre, les mauvais vents venus de Charlottesville auront conduit jusqu’à Paris de nouveaux talibans antiracistes pour détruire les statues de Colbert et Dugommier,
  • en octobre les turpitudes de Monsieur Weinstein auront conduit les féministes les plus agressives à encourager la dénonciation massivement anonyme.

On peut décrire aussi les causes de la crise hystérique. Toujours noble, toujours honorable, toujours soutenable.

De la même manière que la guerre raciale américaine est devenue une réalité condamnable, le harcèlement, les violences faites aux femmes le sont tout autant. C’est d’ailleurs leur instrumentalisation par des combattants autoproclamés déchaînés, quand ils ne sont pas pervers, qui autorisent tous ses excès à la crise sans maîtrise.

On peut décrire aussi idéologiquement les acteurs de la poussée hystérique: largement la gauche féministe.

Avec ses contradictions qui font son improbable charme: c’est ainsi que pendant des années, tout esprit civique de coopération avec les autorités de police et de justice pour lutter contre le terrorisme était strictement proscrit au nom de la lutte contre la délation. L’interdiction puisait sa force d’intimidation dans la référence obligatoire à la sombre période de collaboration.

Aujourd’hui encore, la même famille politique qui encourage la délation électronique de masse combat tout projet de loi antiterroriste qui aurait comme effet prétendument barbare de conserver sur des fichiers le nom d’islamistes susceptibles de passer à l’acte homicide.

Décidément les grands prêtres les plus fanatiques de la religion des droits de l’homme auront commis, à l’abri de leur soutane, bien des turpitudes et des tartufferies. Méfait commis, aussitôt oublié.

La gauche féministe a aussi le jugement sélectif. Mesdames Autain et Schiappa adorent regarder les porcins balancés. Mais les deux dames ont leurs porcs saints.

C’est ainsi que la féministe Insoumise tient à défendre l’honneur des bars unisexes de Trappes et que la Secrétaire d’État qui traque volontiers le cochon en cravate n’a pas vu d’exactions sexistes à la Chapelle. Il est vrai que la strabique n’a pas vu non plus d’antisémites dans les quartiers islamiques.

Cette famille politique portée à l’hystérie se veut toujours vertueuse. Mais l’hystérique politique est souvent amnésique. Dans ma chronique de la semaine passée je rappelais que ce monsieur Weinstein était issu du camp du Bien autoproclamé.

Longtemps protégé par les très féministes Hillary Clinton et Jane Fonda.

Longtemps protégé par le très libéral New York Times ou le très intransigeant Quentin Tarantino.

En France, l’hyperactif Denis Baupin est issu du parti gauchisant des Verts qui aura fermé les yeux sur son activisme sexuel pendant des années tout en promouvant le féminisme le plus agressif.

Décidément les grands prêtres les plus fanatiques de la religion des droits de l’homme auront commis, à l’abri de leur soutane, bien des turpitudes et des tartufferies.

Méfaits commis, aussitôt oubliés, voici leurs amis hystériques qui poussent des cris d’orfraie.

La même famille politique qui chante les louanges de la dénonciation électronique célèbre théoriquement la liberté d’expression.

Malheur pourtant à ceux qui comme moi s’interrogent à voix haute sur les vertus dénonciatrices, tantôt ce sont des harceleurs en puissance qui s’ignorent, tantôt des collaboratrices des violents, comme l’ineffable Caroline de Haas, qui gazouille sur Twitter: «Eugénie Bastié, alliée indéfectible des agresseurs…».

Rappelons en passant que la gazouilleuse intraitable proposait pour régler la question du harcèlement de rue à la Chapelle d’élargir les trottoirs, seuls responsables des agressions. Cochons de trottoirs.

On peut, on doit aussi et surtout décrire les ravages de la crise hystérique électronique.

Il n’y a pas que la laideur de la délation. Après tout que les femmes, massivement, décrivent leurs souffrances peut avoir un effet apaisant et obliger, qui sait, certains salauds à prendre conscience.

Mais il y a aussi la calomnie. Avec son cortège de couples brisés, de carrières gâchées et de vies piétinées. Car des patronymes ou des individus reconnaissables ont été donnés en pâture par des personnes anonymes ou sous pseudonymes. Et ici habite l’essentialisme abject, maître de tous les racismes.

Il y a des femmes menteuses. Il y a des femmes mythomanes. Il y a des maîtresses vengeresses. Il y a des maîtresses chanteuses. Il y a même des harceleuses que j’ai fait condamner

De la même manière que tous les hommes ne sont pas des harceleurs, toutes les femmes ne sont pas des victimes innocentes. Il y a des femmes menteuses. Il y a des femmes mythomanes. Il y a des maîtresses vengeresses. Il y a des maîtresses chanteuses. Il y a même des harceleuses que j’ai fait condamner.

Dans le Monde, une sociologue se réjouissait samedi de ce que la peur avait changé de camp. Il est des expressions qui vous glacent le sang. Il n’est pas bon que les innocents puissent éprouver la peur ou la honte de se voir reprocher des fautes qu’ils n’ont pas commises.

L’être humain est complexe et pluriel. Les rapports entre les hommes et les femmes peuvent être très laids, très douloureux, très injustes, ou encore magnifiques, sublimes ou très mystérieux.

Le monde de l’hystérie électronique, le monde du lynchage, le monde de la suspicion généralisée et organisée entre les hommes et les femmes, le monde du simplisme et des rôles distribués et stéréotypés, n’est pas un monde très humain.

C’est même un monde très bête.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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