Publié par Rosaly le 24 octobre 2017

Un groupe d’érudits et d’intellectuels européens ont publié un manifeste dans lequel ils analysent la situation actuelle de l’Europe, qu’ils qualifient de ˮfausse Europeˮ et appellent, oh surprise, à prendre la défense de la ˮ vraie Europeˮ et de ses racines chrétiennes.

Le manifeste est intitulé : “La déclaration de Paris : une Europe en laquelle nous pouvons croire.ˮ

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Cette fausse Europe s’acharne à détruire le patrimoine authentique de la vraie Europe, ses cultures et ses nations. Elle est basée sur une culture de rejet de soi-même. Elle ignore et même répudie les racines chrétiennes de la vraie ’Europe. Simultanément, elle prend bien soin de ne pas froisser les musulmans, censés adopter joyeusement ses perspectives laïques et multiculturelles.

Le manifeste en 36 points , rédigé en mai, mais publié en octobre, n’a pas fait la une des médias et pour cause. Le texte est assez long, mais il vaut la peine d’être lu. Pour une fois, des intellectuels se rangent du côté des populistes. Serait-ce le début d’une prise de conscience générale ???

 

La Déclaration de Paris : une Europe en laquelle nous pouvons croire

 

Notre maison commune.

  1. L’Europe nous appartient et nous appartenons à l’Europe. Ces terres constituent notre maison, nous n’en avons aucune autre. Les raisons pour lesquelles nous chérissons l’Europe dépassent notre capacité à expliquer ou justifier cette fidélité. C’est une affaire d’histoires communes, d’espérances et d’amours. C’est une affaire de coutumes, de périodes de joie et de douleur. C’est une affaire d’expériences enthousiasmantes de réconciliation, et de promesses d’un avenir partagé. Les paysages et les évènements de l’Europe nous renvoient des significations propres, qui n’appartiennent pas aux autres. Notre maison est un lieu où les objets nous sont familiers et dans laquelle nous nous reconnaissons, quelle que soit la distance qui nous en éloigne. L’Europe est notre civilisation, pour nous précieuse et irremplaçable.

Une fausse Europe nous menace.

  1. L’Europe, dans sa richesse et grandeur, est menacée par une vision fausse qu’elle entretient d’elle-même. Cette fausse Europe se voit comme l’aboutissement de notre civilisation, mais, en réalité, elle s’apprête à confisquer les patries. Elle cautionne une lecture caricaturale de notre histoire, et porte préjudice au passé. Les porte-étendards de cette fausse Europe sont des orphelins volontaires, qui conçoivent leur situation d’apatrides comme une noble prouesse.La fausse Europe se targue d’être le précurseur d’une communauté universelle, qui n’est ni une communauté, ni universelle.

La fausse Europe est utopique et tyrannique.

  1. Les partisans de cette fausse Europe sont envoûtés par les superstitions d’un progrès inévitable. Ils croient que l’Histoire est de leur côté, et cette foi les rend hautains et dédaigneux, incapables de reconnaître les défauts du monde post-national et post-culturel qu’ils sont en train de construire. Dès lors, ils sont ignorants des vraies sources de la décence humaine. Ils ignorent et même répudient les racines chrétiennes de l’Europe. Simultanément, ils prennent bien soin de ne pas froisser les musulmans, censés adopter joyeusement leur perspective laïque et multiculturelle. Noyée dans ses superstitions et son ignorance, aveuglée par des visions utopiques et prétentieuses, cette fausse Europe étouffe toute dissidence – au nom, bien sûr, de la liberté et de la tolérance.

Nous devons protéger l’Europe véritable.

  1. Nous entrons dans une voie sans issue. La plus grande menace pour l’avenir de l’Europe n’est ni l’aventurisme de la Russie ni l’immigration musulmane. L’Europe véritable est menacée par l’étau suffocant dont cette fausse Europe nous écrase. Nos nations, et notre culture partagée, se laissent exténuer par des illusions et des aveuglements à propos de ce qu’est l’Europe et ce qu’elle devrait être. Nous prenons l’engagement de résister à cette menace pour notre avenir. Nous défendrons, soutiendrons et nous nous ferons les champions de cette Europe véritable, cette Europe à laquelle en vérité nous appartenons tous.

La solidarité et la loyauté civique encouragent la participation active.

  1. L’Europe véritable attend et encourage la participation active dans le projet commun de vie politique et culturelle. L’idéal européen est un idéal de solidarité fondé sur le consentement à un corps juridique appliqué à tous, mais limité dans ses exigences. Ce consentement n’a pas toujours pris la forme d’une démocratie représentative. Cependant, nos traditions de fidélité civique, quelles qu’en soient les formes, reflètent un assentiment fondamental à nos fondements culturels. Par le passé, les Européens se sont battus pour rendre nos systèmes politiques plus ouverts à la participation collective, et nous sommes humblement fiers de cette histoire. En dépit des modalités qu’ils ont utilisées, parfois à travers la rébellion générale, ils ont affirmé haut et fort qu’en dépit de leurs injustices et de leurs échecs, les traditions des peuples de ce continent sont les nôtres. Notre vocation réformatrice fait de l’Europe un séjour où l’on recherche toujours plus de justice. Notre esprit de progrès prend racine dans notre amour pour notre terre natale et notre fidélité à son égard.

Nous ne sommes pas des sujets passifs.

  1. Un esprit européen d’unité nous incite à nous faire confiance dans l’espace public, même quand nous ne nous connaissons pas. Les parcs publics, les places et les larges avenues des villes et métropoles européennes racontent l’esprit politique européen : nous partageons notre vie commune et la res publica. Nous partons du principe qu’il est de notre devoir d’être responsables pour l’avenir de nos sociétés. Nous ne sommes pas des sujets passifs, sous la domination de pouvoirs despotiques, qu’ils soient religieux ou laïques. Nous ne sommes pas non plus couchés devant d’implacables forces de l’Histoire. Etre européen signifie posséder un pouvoir politique et historique. Nous sommes les auteurs de notre destin partagé.

L’Etat-nation est la marque de fabrique de l’Europe.

  1. L’Europe véritable est une communauté de nations. Nous avons nos propres langues, traditions et frontières. Néanmoins, nous avons toujours reconnu une affinité des uns pour les autres, même quand nous étions en désaccord, voire même en guerre. Cette unité-dans-la-diversité nous parait naturelle. Cette affinité est remarquable et précieuse, car elle ne va pas de soi. La forme la plus commune d’unité-dans-la-diversité est l’empire, que les rois guerriers européens ont tenté de recréer après la chute de l’Empire romain. L’attrait d’une forme impériale a perduré, bien que le modèle de l’Etat-nation ait pris le dessus : cette forme politique lie le peuple à la souveraineté. L’Etat-nation dès lors est devenu la caractéristique principale de la civilisation européenne.

Nous ne soutenons pas une unité imposée et forcée.

  1. Une communauté nationale s’enorgueillit toujours d’elle-même, a tendance à se vanter de ses prouesses nationales dans tous les domaines, et entre en compétition avec les autres nations, parfois sur le champ de bataille. Les concurrences nationales ont blessé l’Europe, parfois gravement, mais n’ont jamais compromis notre unité culturelle. On peut même constater le contraire. A mesure que les Etats européens s’établissaient distinctement, une identité commune européenne se renforçait. De la terrible boucherie des deux guerres mondiales du XX° siècle, nous sommes sortis encore plus résolus à honorer notre héritage commun. C’est là le témoignage d’une civilisation profondément cosmopolite : nous ne cherchons une unité d’empire forcée ou imposée. Au contraire, le cosmopolitisme européen reconnaît que l’amour patriotique et la loyauté civique débouchent sur un horizon plus large.

Le Christianisme a encouragé l’unité culturelle.

  1. L’Europe véritable a été façonnée par le Christianisme. L’empire universel spirituel de l’Eglise a conféré une unité culturelle à l’Europe, sans passer par un empire politique. Cela a permis le déploiement de fidélités civiques au sein d’une culture européenne partagée. L’autonomie de ce que nous appelons la société civile est devenue une caractéristique fondamentale de la vie européenne. De plus, l’Evangile chrétien ne nous apporte pas un système de lois d’origine divine. Aussi la diversité des lois séculaires des nations peut-elle être proclamée et honorée sans remettre en cause l’unité européenne. Ce n’est pas un hasard si le déclin de la foi chrétienne en Europe a correspondu aux efforts renouvelés pour établir une unité politique, un empire de la finance et un empire de normes, argüant de sentiments pseudo-religieux universels, en passe d’être construit par l’Union Européenne.

Des racines chrétiennes nourrissent l’Europe.

  1. L’Europe véritable affirme l’égale dignité de chaque individu, quel que soit son sexe, son rang ou sa race. Ce principe se dégage également de nos racines chrétiennes. Nos vertus sont indéniablement liées à notre héritage chrétien : impartialité, compassion, miséricorde, réconciliation, lutte pour le maintien de la paix, charité. Le christianisme a révolutionné la relation entre l’homme et la femme, valorisant l’amour et la fidélité réciproques d’une manière jamais vue ni avant ni ailleurs. Le lien du mariage permet conjointement à l’homme et à la femme de s’épanouir en communion. Tous sont également des personnes : idée chrétienne, reprise par les Lumières.

Les racines classiques encouragent l’excellence.

11. L’Europe véritable s’inspire également de la tradition classique. Nous nous reconnaissons dans la littérature de l’ancienne Grèce et de l’ancienne Rome. En tant qu’Européens, nous luttons pour la grandeur des vertus classiques. Par moment, cela a débouché sur une compétition violente pour la suprématie. Cependant, dans le meilleur des cas, cette aspiration à l’excellence inspire les hommes et les femmes d’Europe à réaliser des chefs d’œuvre musicaux et artistiques d’une beauté incomparable et à faire des percées dans les domaines de la science et de la technique. Les graves vertus des Romains, maîtres d’eux-mêmes, la fierté dans la participation civique et l’esprit de questionnement philosophique des Grecs n’ont jamais été oubliés dans l’Europe véritable. Ces héritages, aussi, sont les nôtres.

L’Europe est un projet partagé.

  1. L’Europe véritable n’a jamais été parfaite. Les partisans de la fausse Europe n’ont pas tort de chercher des progrès et des réformes ; beaucoup a été accompli depuis 1945 et 1989 que nous devons chérir et honorer. Notre vie partagée est un projet continu, tout sauf un héritage fossilisé. Cependant l’avenir de l’Europe repose sur une fidélité renouvelée au meilleur de nos traditions, non sur un universalisme fallacieux qui exige l’oubli et la haine de soi. L’Europe n’a pas commencé avec les Lumières. Notre patrie bien-aimée ne sera pas accomplie avec l’Union Européenne. L’Europe véritable est, et sera toujours, une communauté de nations, chacune jalouse de sa singularité. Pourtant, nous demeurons tous unis autour d’un héritage spirituel, qu’ensemble nous débattons, développons, partageons et aimons.

Nous perdons notre maison.

  1. L’Europe véritable est en péril. La noblesse de la souveraineté populaire, la résistance à l’empire, un cosmopolitisme capable d’amour civique, la conception chrétienne d’une vie humaine et digne, un lien vivant avec notre leg classique, tout cela nous échappe de plus en plus. Pendant que les partisans de la fausse Europe construisent leur fausse Chrétienté des droits humains universels, nous perdons notre maison.

Une fausse liberté prédomine.

  1. La fausse Europe se vante d’être résolument engagée pour la liberté humaine. Cette liberté, cependant, est très partiale. Elle se prétend libération de toute contrainte : liberté sexuelle, liberté d’expression personnelle, liberté « d’être soi-même ». La génération de 1968 considère ces libertés comme des victoires précieuses sur un régime culturel tout puissant et oppressif. Ils se voient comme des libérateurs ; leurs transgressions sont acclamées comme de nobles prouesses morales, pour lesquelles le monde est tenu d’être reconnaissant.

L’individualisme, l’isolement et le désœuvrement se développent.

  1. Pour les plus jeunes générations européennes, néanmoins, la réalité est beaucoup moins belle. L’hédonisme libertin mène souvent à l’ennui et au sentiment d’inutilité. Le lien du mariage a été fragilisé. Dans le tourbillon de la liberté sexuelle, les désirs profonds de nos jeunes de se marier et de fonder des familles sont souvent frustrés. Une liberté qui aliène les plus profonds désirs du cœur, devient une malédiction. Nos sociétés sombrent dans l’individualisme, l’isolement et le désœuvrement. Au lieu d’être libres, nous sommes condamnés à la conformité vide du consommateur et de la culture des médias. Il est de notre devoir de dire la vérité : La génération de 1968 a détruit mais n’a rien construit. Elle a créé un vide aujourd’hui rempli par les réseaux-sociaux, un tourisme bon marché et la pornographie.

Nous sommes régulés et gérés.

  1. Alors même qu’on vante une liberté sans précédent, la vie européenne devient de plus en plus régulée. Ces règles, souvent conçues par des technocrates sans visage à la solde des puissants, gouvernent nos relations professionnelles, nos décisions d’affaires, nos qualifications éducatives et nos médias d’information et de divertissement. L’Europe cherche à limiter la liberté d’expression, cette spécificité européenne qui incarne la liberté de conscience. Les cibles de ces restrictions ne sont pas l’obscénité ni les assauts contre la décence publique. Au contraire, l’Europe cherche manifestement à restreindre la liberté d’expression politique. Les chefs politiques qui rappellent des vérités gênantes sur l’Islam ou l’immigration sont trainés devant les juges. Le politiquement correct impose des tabous qui empêchent toute remise en question du statu quo. Cette fausse Europe n’encourage pas vraiment une culture de liberté. Elle promeut une culture d’homogénéisation dictée par le marché et un conformisme imposé par la politique.

Le multiculturalisme ne fonctionne pas.

  1. Cette fausse Europe se vante d’être attachée à l’égalité comme jamais auparavant. Elle prétend lutter contre toutes les formes de discriminations liées aux appartenances raciales, religieuses ou identitaires en promouvant leur inclusion. Dans ce domaine, un progrès véritable a eu lieu, même si un esprit utopique a pris le dessus. Au cours de la génération précédente, l’Europe a poursuivi un grand projet multiculturaliste. Exiger ou même encourager l’assimilation des nouveaux venus musulmans à nos mœurs et coutumes, pour ne pas dire à notre religion, aurait été, nous dit-on, une grande injustice. Être attaché à l’égalité, nous dit-on, requiert une abjuration de notre préférence pour notre propre culture. Paradoxalement, l’entreprise multiculturaliste européenne, qui dénie les racines chrétiennes de l’Europe, exploite un idéal de charité universelle d’une manière exagérée et chimérique. Elle exige des Européens un déni de soi qui confine à la sainteté. Nous devrions alors reconnaître la colonisation de nos patries et la disparition de notre culture comme le plus grand accomplissement du XXIème siècle ; un acte collectif de sacrifice pour l’avènement d’une sorte de communauté globale, paisible et prospère.

La mauvaise foi se développe.

  1. Il y a beaucoup de mauvaise foi dans ce type de raisonnement. La plupart de ceux qui nous gouvernent, sans doute, reconnaissent la supériorité de la culture européenne mais refusent que cela soit affirmé publiquement d’une manière qui pourrait offenser les immigrés. De par la supériorité de la culture européenne, ils pensent que l’assimilation se fera de manière naturelle et rapide. Parodiant ironiquement la pensée impérialiste d’antan, les classes gouvernantes européennes présument que par une loi de la nature ou de l’histoire, « ils » deviendront nécessairement comme « nous » ; il serait inconcevable de penser que l’inverse soit vrai. En attendant, le multiculturalisme officiel a été déployé comme un outil thérapeutique pour gérer les malheureuses mais « temporaires » tensions culturelles.

La tyrannie technocratique devient de plus en plus grande.

  1. Il y a une mauvaise foi encore plus présente, et encore plus sombre, à l’œuvre. Au cours de la dernière génération, un nombre croissant des membres de notre classe dirigeante ont décidé que leurs intérêts se trouvaient favorisés par une accélération de la mondialisation. Ils espèrent construire des institutions supranationales qu’ils seraient capables de contrôler sans subir les inconvénients de la souveraineté populaire. Il devient de plus en plus clair que le « déficit démocratique » au sein des institutions européennes n’est pas simplement un problème technique qui doit être résolu par des moyens techniques. Ce déficit démocratique correspond plutôt à un engagement fondamental qui est défendu avec zèle. Qu’il soit défendu par les arguments d’une supposée « nécessité économique » ou par les exigences d’un droit international issu des droits de l’homme, qui échappe à tout contrôle, les mandarins supranationaux de l’Union Européenne confisquent la vie politique de l’Europe, répondant à toutes les remises en causes par une réponse technocratique : Il n’y a pas d’alternative. C’est la tyrannie, douce mais réelle, à laquelle nous sommes confrontés.

La fausse Europe est fragile et impuissante.

  1. L’hubris de cette fausse Europe devient de plus en plus évidente, en dépit des grands efforts déployés par ses partisans pour entretenir de confortables illusions. Par-dessus tout, cette fausse Europe est beaucoup plus faible que nous tous l’avions espéré. Le divertissement populaire et la consommation matérielle ne peuvent pas entretenir la vie civique. Privés d’idéaux supérieurs et découragés par l’idéologie multiculturaliste d’exprimer une fierté patriotique, nos sociétés rencontrent suscitent difficilement la volonté de se défendre. De plus, une rhétorique inclusive et un système économique impersonnel, dominé par des grandes firmes internationales, ne saurait renouveler la confiance civique et la cohésion sociale. Il faut le dire franchement : les sociétés européennes résistent mal. Il suffit d’ouvrir les yeux pour observer une utilisation inédite de la puissance étatique, d’ingénierie sociale et d’endoctrinement dans le système éducatif. Ce n’est pas uniquement la terreur islamique qui jette des soldats lourdement armés dans nos rues. La police anti-émeute est désormais nécessaire pour réprimer des groupes protestataires et même gérer des foules enivrées des supporteurs de football. Le fanatisme des supporters de nos équipes de football est un signe désespéré du besoin humain profond de solidarité, un besoin qui autrement demeure inassouvi dans cette fausse Europe.

Une culture du déni de soi s’est installée.

  1. Les classes intellectuelles européennes sont, hélas, parmi les premiers partisans de la vanité de cette fausse Europe. Les universités sont, sans aucun doute, une des gloires de la civilisation européenne. Là où jadis, ils cherchaient à transmettre à chaque nouvelle génération la sagesse des siècles passés, aujourd’hui, trop souvent les intellectuels associent la pensée critique à un rejet simpliste du passé. Un point de repère essentiel de la pensée européenne a été la rigoureuse discipline de l’honnêteté intellectuelle et la recherche de l’objectivité. Cependant, au cours de deux dernières générations, ce noble idéal a été transformé. L’ascétisme qui naguère visait à libérer l’esprit de la tyrannie de l’opinion dominante est devenu un conformisme irréfléchi suscitant de l’animosité envers tout ce qui est nôtre. Cette position de rejet culturel permet sans trop de risque et de difficulté d’être « critique ». Au cours de la dernière génération, elle a été répétée dans les amphithéâtres, au point de devenir une doctrine, un dogme. Professer ce nouveau credo représente un signe d’élévation spirituelle, et permet d’être accueilli au sein des esprits « éclairés ». Nos universités sont devenues des acteurs moteurs de destruction culturelle.

Les élites arrogantes font étalage de leur vertu.

  1. Nos classes dirigeantes élargissent les droits humains. Elles combattent le changement climatique. Elles conçoivent un marché économique global intégré et harmonisent les politiques fiscales. Elles surveillent les progrès en vue d’une meilleure égalité des genres. Elles font tant de choses pour nous ! Qu’importe-t-il les mécanismes par lesquels elles agissent ? Qu’importe-t-il si les peuples européens deviennent de plus en plus sceptiques devant leur administration ?

Une alternative est possible.

  1. Ce scepticisme grandissant est pleinement justifié. Aujourd’hui, l’Europe est dominée par un matérialisme sans but qui semble incapable de motiver les hommes et les femmes à fonder des familles. Une culture du rejet prive les prochaines générations du sentiment de leur identité. Certains de nos pays ont des régions dans lesquels les musulmans vivent dans une autonomie informelle vis-à-vis des lois locales, comme s’ils étaient des colons plutôt que des membres frères de nos nations. L’individualisme nous isole les uns des autres. La mondialisation transforme les perspectives d’avenir de millions de personnes. Quand ces perspectives sont remises en question, nos classes gouvernantes affirment qu’elles font leur possible pour s’adapter à l’inévitable, s’ajuster à des nécessités implacables. Il n’y a pas d’autres possibilités et résister serait irrationnel ! Ceux qui s’opposent à cette fatalité sont dénoncés pour crime de nostalgie, méritant l’anathème de racistes ou fascistes. Alors que les divisions sociales et le manque de confiance dans les institutions deviennent de plus en plus visibles, la vie politique européenne apparaît toujours plus marquée par la colère et la rancœur, et personne ne sait où cela mènera. Nous ne devons pas continuer sur cette route. Nous devons rejeter la tyrannie de la fausse Europe. Une alternative est possible.

Nous devons repousser une pseudo-religion.

  1. Travailler en vue du renouveau exige de partir d’une connaissance de soi théologique. L’universalisme et les prétentions universalistes de cette fausse Europe se révèlent être les ersatz d’une entreprise religieuse, dotée de son propre credo et de ses anathèmes. C’est un opium puissant qui paralyse l’Europe en tant que corps politique. Nous devons insister sur le fait que les aspirations religieuses sont proprement du domaine de la religion et pas de celui de la politique, encore moins celui de l’administration bureaucratique. Afin de retrouver notre capacité d’action politique et historique, il est impératif de re-laïciser la vie publique européenne.

Nous devons restaurer un libéralisme véritable.

  1. Cela exige de notre part un renoncement au langage mensonger qui évite la responsabilité et encourage la manipulation idéologique. Les discours à propos de la diversité, l’inclusion et le multiculturalisme sont vides. Souvent, un tel langage est déployé de manière à faire passer des échecs pour des réussites : l’effilochement de la solidarité sociale serait, « en fait », un signe d’accueil, de tolérance et d’inclusion. Cela relève du discours marketing, un langage qui vise à obscurcir plutôt qu’à éclairer la réalité. Nous devons retrouver un respect permanent de la réalité. Le langage est un instrument délicat, et avili dès lors qu’il est utilisé comme une matraque. Nous devrions être les partisans de la décence du langage. Le recours à la dénonciation est le signe de la décadence de la période contemporaine. Nous ne devons pas accepter d’être intimidés verbalement, encore moins par des menaces de mort. Nous devons protéger ceux qui parlent raisonnablement, même si nous pensons qu’ils se trompent. L’avenir de l’Europe devra être libéral dans sa meilleure signification : être attaché à un débat public solide, délivré de tous risques de violence et de coercition.

Nous avons besoin d’hommes d’Etat responsables.

  1. Briser le sort de la fausse Europe et de sa pseudo-religieuse croisade utopique pour un monde sans frontières, signifie encourager un nouveau sens politique et un nouveau type d’homme d’Etat. Un bon chef politique régit le bien public d’un peuple particulier. Un bon chef d’Etat considère notre héritage européen partagé et nos traditions nationales particulières comme magnifiques et vivifiantes, mais aussi comme des dons fragiles. Il ne rejette pas cet héritage et ne tente pas de le perdre en poursuivant des rêves utopiques. De tels chefs recherchent les honneurs décernés par leur peuple, ils ne recherchent pas l’approbation de la « communauté internationale », qui correspond en réalité à un instrument de relations publiques pour une oligarchie.

Nous devons renouveler l’unité nationale et la solidarité.

  1. Reconnaissant le caractère particulier des nations européennes, et leur marque chrétienne, nous ne devons pas être mis en difficulté par les fausses affirmations des multiculturalistes. Une immigration sans assimilation est une colonisation, et celle-ci doit être rejetée. Nous attendons justement de ceux qui migrent vers nos terres qu’ils s’incorporent à nos nations en adoptant nos mœurs. Cette attente doit être soutenue par des politiques consistantes. Le langage du multiculturalisme a été importé d’Amérique. Cependant, la grande période d’immigration vers les Etats-Unis s’arrêta au début du XXème siècle, en une période de croissance économique rapide et remarquable, dans un pays n’ayant virtuellement pas d’Etat-providence, doté d’un sens très prononcé de l’identité nationale à laquelle les immigrés étaient tenus de s’assimiler. Après avoir laissé entrer un nombre considérable d’immigrants, l’Amérique ferma presque complètement ses portes durant près de deux générations. L’Europe devrait apprendre de l’expérience américaine plutôt que d’adopter des idéologies étatsuniennes contemporaines. Cette expérience souligne le fait que le travail est un puissant moteur d’assimilation, qu’une politique sociale généreuse peut empêcher l’assimilation, et qu’une politique prudente peut obliger à réduire l’immigration, parfois drastiquement. Nous ne devons pas permettre à l’idéologie multiculturaliste de déformer nos jugements politiques sur la meilleure manière de servir le bien commun ; lequel exige pour commencer une communauté nationale assez unitaire et solidaire pour voir son bien comme commun !

Seuls les empires sont multiculturels.

  1. Après la deuxième guerre mondiale, l’Europe de l’ouest a cultivé des démocraties entreprenantes. Après l’effondrement de l’Union soviétique, les nations d’Europe centrale ont restauré la vitalité de leurs institutions civiques. Celles-ci font partie des plus précieuses prouesses de l’Europe. Elles seront perdues si nous ne traitons pas la question de l’immigration et du changement démographique de nos nations. Seuls les empires sont multiculturels, ce que deviendra l’Union européenne si nous échouons à faire du renouvellement de la solidarité et de l’unité civique les critères à partir desquels nous évaluerons les politiques d’immigration et les stratégies d’assimilation.

De saines hiérarchies contribuent au bien-être social.

  1. Beaucoup se trompent en pensant que l’Europe n’est agitée que par des controverses à propos de l’immigration. En vérité, ce débat n’est qu’une dimension d’un délitement social général. Nous devons reconnaître en général la dignité de rôles particuliers dans la société. Les parents, instituteurs et professeurs ont un devoir de former ceux qui se trouvent sous leur responsabilité. Nous devons résister au culte d’une expertise obtenu au détriment de la sagesse, du tact, de la quête d’une vie cultivée. Il ne peut y avoir de renouveau de l’Europe sans rejet déterminé d’un égalitarisme exagéré et d’une réduction de la sagesse au savoir technique. Nous approuvons les réussites politiques de l’ère moderne. Chaque homme et femme doit avoir un vote égal. Les droits fondamentaux doivent être protégés. Cependant une démocratie saine requiert des hiérarchies sociales et culturelles qui encouragent la quête de l’excellence et qui honorent ceux qui servent le bien commun. Nous devons restaurer un sentiment de grandeur spirituelle et l’honorer selon ce qui lui est dû, afin que notre civilisation réponde au pouvoir grandissant de la seule richesse d’un côté et du divertissement vulgaire de l’autre.

Nous devons restaurer notre culture morale.

  1. La dignité humaine est bien plus que le droit de ne pas être inquiété, et les doctrines internationales des droits de l’homme n’épuisent pas les revendications de justice, encore moins celles du bien. L’Europe doit retrouver un nouveau consensus à propos de la culture morale afin que les populations soient guidées vers une vie plus vertueuse. Nous ne devons pas permettre à une fausse conception de la liberté d’empêcher l’usage prudent de la loi pour prévenir le vice. Nous devons être indulgents devant la faiblesse humaine, mais l’Europe ne peut s’épanouir sans la restauration d’une aspiration commune vers une conduite élevée et vers l’excellence. Une culture qui promeut la dignité découle de la décence et de l’accomplissement des devoirs de chacun selon sa place. Nous devons renouveler le respect mutuel entre les classes sociales, caractéristique d’une société qui valorise les contributions de tous.

Les marchés doivent être ordonnés en vue de finalités sociales.

  1. Alors que nous reconnaissons les aspects positifs de l’économie de marché, nous devons résister aux idéologies qui cherchent à organiser toute la société à partir de la logique du marché. Nous ne pouvons pas permettre que tout soit à vendre. Des marchés prospères requièrent l’Etat de droit, celui-ci devant viser plus haut que la simple efficacité économique. Les marchés fonctionnent bien lorsqu’ils sont enracinés dans des institutions sociales robustes organisées selon leurs propres principes, qui ne relèvent pas de la logique de marché. La prospérité économique, bien qu’elle soit bénéfique, ne correspond pas au plus haut degré du bien. Les marchés doivent être orientés en vue de finalités sociales. Aujourd’hui, le gigantisme des entreprises menace même la souveraineté politique. Les nations ont besoin de coopérer et de maîtriser l’arrogance et l’indifférence des forces économiques globales. Nous soutenons l’usage prudent de la puissance gouvernementale pour poursuivre des biens sociaux non-économiques.

L’éducation doit être réformée.

  1. Nous croyons que l’Europe a une histoire et une culture dignes d’être entretenues. Nos universités, cependant, bien trop souvent trahissent notre héritage culturel. Nous devons réformer les programmes éducatifs pour encourager la transmission de notre culture commune plutôt que d’endoctriner les plus jeunes à une culture du rejet de soi. Les professeurs et les tuteurs à tous les niveaux ont un devoir de mémoire. Ils devraient être fiers de leur rôle de pont entre les générations du passé et les générations à venir. Nous devons renouveler la culture d’élite de l’Europe en définissant le sublime et le beau comme notre étalon commun, en rejetant la dégradation des arts dans une forme de propagande politique. Ceci va nécessiter une nouvelle génération de mécènes. Les entreprises et les bureaucraties se sont montrées de mauvais gestionnaires des arts.

Le mariage et les familles sont essentiels.

  1. Le mariage est le fondement de la société civile et constitue la base de l’harmonie entre les hommes et les femmes. C’est un lien intime organisé autour de l’entretien d’un foyer durable et l’éducation des enfants. Nous affirmons que nos rôles les plus fondamentaux en société en tant qu’êtres humains sont ceux de pères et mères. Le mariage et les enfants sont intrinsèquement liés à toute conception de l’épanouissement de l’être humain. Les enfants requièrent le sacrifice de ceux qui les font venir au monde. Ce sacrifice est noble et doit être honoré. Nous soutenons les prudentes politiques sociales qui encouragent et renforcent le mariage, les naissances et l’éducation des enfants. Une société qui échoue dans l’accueil de ses propres enfants n’a pas d’avenir.

Le populisme doit être interrogé.

  1. L’anxiété augmente en Europe aujourd’hui face à la montée de ce qui est appelé le « populisme ». Alors que ce terme n’est jamais vraiment défini, il est utilisé comme une invective. Nous avons nos doutes par rapport à ce phénomène. L’Europe doit faire appel à la sagesse de ses traditions plutôt que de compter sur des slogans ou des appels émotifs à la division. Cependant nous considérons que ce phénomène peut représenter une saine rébellion contre la tyrannie de la fausse Europe, qui étiquète comme « anti-démocratique » toute menace à son monopole de légitimité morale. Le dénommé « populisme » questionne la dictature du statu quo, le « fanatisme du centre », et le fait légitimement. C’est un signe que même au milieu de notre culture politique dégradée et appauvrie, la capacité d’action historique des peuples européens peut renaître.

Notre avenir est celui de l’Europe véritable.

  1. Nous rejetons comme simpliste l’affirmation selon laquelle il n’y a pas d’alternative responsable à la solidarité artificielle et sans âme d’un marché unifié, à une bureaucratie transnationale, à la société du divertissement. Le pain et les jeux ne suffisent pas. L’alternative responsable est l’Europe véritable.

Nous devons prendre nos responsabilités.

  1. Aujourd’hui, nous demandons à tous les Européens de nous rejoindre pour rejeter l’utopie fantaisiste d’un monde multiculturel sans frontières. Nous aimons dans une juste mesure nos patries et nous cherchons à transmettre à nos enfants toutes les nobles choses que nous avons reçues en patrimoine. Comme Européens, nous partageons aussi un héritage commun, un héritage exigeant la paix de l’Europe des nations. Renouvelons la souveraineté nationale, retrouvons la dignité d’une responsabilité politique commune pour le bien et l’avenir de l’Europe.

Philippe Bénéton (France)

Rémi Brague (France)

Chantal Delsol (France)

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