Publié par Magali Marc le 13 novembre 2017


Alors qu’on pouvait penser que les Démocrates seraient incapables de tirer les leçons des élections présidentielles de 2016, on découvre que l’ex-présidente du parti démocrate ne se gêne pas pour faire la promotion de son livre (Hacks*) dans lequel elle écorche passablement Hillary Clinton.

Certains Démocrates gênés disent que Brazile ment ou qu’elle exagère, et certains partisans de Bernie Sanders disent qu’ils savaient déjà tout ce qu’elle révèle. La plupart souhaiteraient tourner la page une fois pour toutes !

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit cet article de Michael Goodwin, chroniqueur au New York Post, paru le 11 novembre dernier.

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Comment l’ex-présidente du DNC a ruiné les chances d’Hillary Clinton pour 2020

Qui a peur des Clinton? Pas Donna Brazile.

Le livre explosif de l’ancienne présidente du Comité national démocrate secoue le monde politique grâce à ses récits concernant la corruption éhontée d’Hillary Clinton et les duperies sordides auxquelles elle s’est livrée.

Afin d’ajouter de la couleur à ce récit d’initiée, Brazile a dit aux intervieweurs que les membres de l’équipe de campagne d’Hillary étaient «stériles» et se comportaient comme une «secte». Elle s’en est moqués en les comparant à des époux frigides qui n’éprouvent aucun plaisir.

Elle est même allé jusqu’à écrire qu’elle a envisagé de remplacer la candidate, à cause de ses problèmes de santé après qu’Hillary se soit effondrée lors de la cérémonie commémorant le 11 septembre. Ce fait rend justice au mythe selon lequel les soupçons sur la condition de Clinton venait uniquement des partisans conservateurs.

Dire que le camp de Clinton est furieux de ce qu’ils considèrent comme une trahison ne rend pas justice à leur indignation. Ils attaquent personnellement Brazile, l’accusant de raconter n’importe quoi uniquement pour faire mousser la vente de son livre. Ce qui est ironique, si l’on tient compte de l’histoire des Clinton.

Pourtant, on ne saurait leur en vouloir d’être malheureux quand on considère à quel point les enjeux sont énormes.

Si Brazila persiste, son accusation sans appel concernant la personnalité, l’éthique et les compétences politiques d’Hillary pourrait s’avérer fatale à ses espoirs de retour en 2020.

En fait, je crois que c’est le but ultime du livre: débarrasser le plancher des Clinton et créer un nouveau leadership pour le Parti démocrate en mal de porteur de messages.

C’est plus facile à dire qu’à faire parce que le projet de retour de Clinton n’est pas aussi fou qu’il en a l’air.

Jusqu’à ce qu’un nouveau challenger se présente pour la précipiter en bas de son piédestal, elle demeure le leader démocrate par défaut.

Elle tente de cimenter sa position en jouant le rôle de la victime attitrée qui a gagné le vote populaire aux présidentielles de 2016.

Dans son propre livre et lors de ses interviews, elle fait part d’une vaste conspiration contre elle, allant de Vladimir Poutine et Donald Trump à James Comey en passant par les misogynes, les racistes et les minables d’un peu partout (les «deplorables» ayant voté pour Trump).

Même Barack Obama, dont le ministère de la Justice ne voyait pas de mal quand il était question de ses actes répréhensibles, notamment les rémunérations pour des discours prononcés par Bill Clinton et les dons envoyés à la Fondation Clinton, n’est pour autant pas épargné par la colère d’Hillary.

Néanmoins, elle s’est aussi occupé de son avenir en lançant une nouvelle caisse noire qui pourra servir à financer un super comité d’action politique pour sa campagne présidentielle. Ça s’appelle Onward Together (En Avant Ensemble), et elle en a parlé dans une volée de tweets où elle a revendiqué le mérite des victoires des Démocrates dans les courses des gouverneurs du New Jersey et de la Virginie.

«La nuit dernière a été un grand rappel de ce qui est possible lorsque nous nous mettons ensemble pour défendre nos convictions», a-t-elle tweeté mercredi. « Je voulais donc prendre quelques minutes pour célébrer les succès extraordinaires de quelques groupes aux côtés desquels moi – et Onward Together – combattons avec fierté».

Qu’on apprécie ou non, c’est sa version des faits et elle y restera attachée jusqu’à ce qu’un concurrent apparaisse et soit porteur d’une meilleure version.

C’est la raison pour laquelle le récit que fait Donna Brazile est si accablant. En plus de dévoiler comment Hillary Clinton a secrètement pris le contrôle du DNC (Democratic National Committee) pour se débarrasser de la candidature de Bernie Sanders et d’autres entourloupes, le livre de Brazile est surtout un appel pour quelqu’un de différent en 2020.
En tant que tel, Brazile, une vétérane du parti bien-aimé, ose s’opposer à la machine Clinton et dire à Bill et à Hillary que leur heure a sonné.

En théorie, cela ne devrait pas être si difficile. Obama est plus jeune et plus populaire que les deux Clinton, et il ne cache pas son projet de rester impliqué dans l’organisation démocrate pour les prochaines élections.

Mais la position d’Obama n’est pas sans inconvénient. Les défaites subies par le parti à l’échelle nationale pendant son mandat étaient directement dues à son embardée à gauche, au fait qu’il a surtout misé sur les très riches et les très pauvres. Il a parlé des classes moyennes et des classes laborieuses, mais ses politiques ont surtout fonctionné contre eux.
Cette erreur a ouvert la porte à Trump, dont l’appel à des électeurs cols-bleus longtemps ignorés et aux familles en difficulté a été l’ingrédient clé de son triomphe au Collège électoral.

Pour l’instant, et surtout grâce aux résultats de la semaine dernière, les leaders démocrates pensent qu’ils ont une approche gagnante. Ils espèrent motiver leur base en dénigrant Trump sans arrêt et supposent que le président les y aidera en continuant à diviser le GOP, ce qui rend presque impossible pour le Congrès d’adopter une législation majeure. Ils continueront également à jouer la carte de la Russie, Russie, Russie.

À court terme, cela pourrait marcher. Mais 2020 est encore loin et il est peu probable que le parti reprenne possession de la Maison Blanche sans un leader charismatique et un message portant sur la croissance économique à long terme.

C’est pourquoi Donna Brazile a raison de souhaiter que quelqu’un de nouveau se présente. En termes de message et de messager, Hillary a prouvé qu’elle est une perdante.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction © Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

* Hacks: The Inside Story of the Break-ins and Breakdowns That Put Donald Trump in the White House (English Edition), publié le 7 novembre par les éditions Hachette Books.

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