Publié par Dreuz Info le 24 novembre 2023

Initialement publié le 19 novembre 2017 @ 10:29

Monsieur Jean-Patrick Grumberg,

Votre article du 02 novembre 2017, intitulé « Faut-il aimer la France » ne m’a pas laissé de marbre, comme aucun de vos articles, d’ailleurs, tous emprunts d’une grande pertinence et d’une grande intelligence.

Merci de poser la question ; nous nous la posons presque chaque jour, ici en France. À soixante ans passés, je me la suis posée dix mille fois, mais aujourd’hui la réponse m’effraie.

Je suis d’accord avec vous quand vous dites que la situation s’est dégradée depuis Giscard d’Estaing ; ce bellâtre se rêvait président de l’Europe et la France était devenue trop petite pour sa grosse tête d’œuf et de polytechnicien. Lui et les présidents qui ont suivi n’ont fait que descendre les escaliers de l’Élysée. Pas un seul n’a été digne, depuis, de ce qui était jadis la légitimité et la grandeur d’un Roi de France. Nous avons vénéré des grands rois, des petits, des empereurs et des présidents du conseil. Notre histoire est un roman que le monde entier nous envie et les philosophes allemands du XIXe ne concevaient même pas la Science autrement écrite qu’en français. Las, on crache dessus aujourd’hui, on se demande pourquoi.

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À la télévision, récemment, un Français (breton, originaire de Lorient) résidant depuis plusieurs années à Singapour avec sa famille, disait à un journaliste que pour lui le sentiment d’être Français se résumait à une formule simple mais profonde : quand il lui arrivait d’entendre le son d’un biniou ou d’une cornemuse sur des ondes radio ou télé, il comprenait qu’il y avait « le pays que l’on habite et le pays qui vous habite » ; son pays était sa Bretagne natale et il mourrait avec elle au fond du cœur.

Vos questions, Monsieur Grumberg, et les réponses que vous vous faites, nous nous les faisons également, avec un chagrin grandissant. Il y a beaucoup d’indifférence, de renoncements, de spéculations, de je-m’en-foutisme et d’égoïsme autour de nous. Pour ma part, je comprends mieux aujourd’hui ce qu’a été la collaboration avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale ; nous ne vivons pas autre chose qu’une collaboration, sinon une « Soumission » comme l’a très bien ressenti Michel Houellebecq. J’ai relu récemment « Le premier cercle » de Soljenitsyne ; non plus de façon dégagée, comme en 1970, mais avec une sorte d’angoisse prospective (Freud dirait une « angoisse d’attente »).

Les mécanismes de l’amour de son pays participent de la construction de la psyché humaine et celle de la civilisation. Je suis atterré par le nombre de Français qui s’en contre-foutent. Ceux qui sont incapables de cet amour ne mériteraient pas qu’on leur prête attention ; mais ils sont devenus puissants et méchants. Non bien sûr que ce n’est plus réciproque ! Trop belle, la France, comme la Joconde, est en déshérence.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Georges Balcon pour Dreuz.info.

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