Publié par Gilles William Goldnadel le 20 novembre 2017

Gilles-William Goldnadel revient sur le dérapage antisémite de Gérard Filoche. Il dénonce les tartuffes d’extrême gauche, qui se sont permis les pires extrémités pendant des années, en toute impunité.

Gérard Filoche, membre du Parti socialiste et ancien inspecteur du travail particulièrement zélé, a eu conscience d’avoir un peu exagéré.

 

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Emporté par sa fougue anticapitaliste, l’homme, de son index gauche, a retweeté une caricature antisémite de la meilleure facture, sur laquelle il est loisible d’admirer l’actuel locataire de l’Élysée portant un brassard à la mode SS mais à l’effigie du dollar U.S et entouré de Messieurs Rothschild, Attali et Drahi.

Cerné de toutes parts et à bout d’arguments, Filoche a voulu sortir sa dernière ficelle: «Vous voudriez que je sois antisémite, alors que j’ai combattu toute ma vie à gauche?»

Bien sûr que cette objection pathétique tenait de l’ineptie. Car la caricature antisémite de Filoche, loin d’être un dérapage, est à classer soigneusement dans l’album de famille de l’extrême gauche prolétarienne dont l’anticapitalisme forcené s’est toujours nourri de la détestation fantasmatique du juif argenté.

M. Filoche est donc l’héritier attardé des Fourrier et Proudhon sans oublier Jules Guesdes qui n’aurait jamais désespéré le prolétariat pour la peau d’un Dreyfus, coupable d’être bourgeois. Et Marx ne serait pas le premier juif, ni surtout le dernier, à sacrifier son peuple sur l’autel d’une nouvelle et jalouse religion.

Mais l’argument utilisé, pour être scandaleusement stupide, n’en aura pas moins servi pendant des années, de viatique, de médaillon, d’amulette magique, et, littéralement, de passe-droit à toute l’extrême gauche, pour s’autoriser les pires extrémités.

le leurre utile d’un fascisme imaginaire fantasmé aura jusqu’à présent servi d’écran de fumée, jusqu’à intoxiquer une bonne partie de la communauté juive organisée

Pendant des lustres, les défenseurs autoproclamés du pauvre se seront permis les pires pauvretés, jusqu’à peu en toute impunité.

Il faut dire que la complaisance politique et médiatique, en ce compris à droite, les aura beaucoup encouragés, aucun procès du communisme n’ayant jamais été diligenté. Bien au contraire, le leurre utile d’un fascisme imaginaire fantasmé aura jusqu’à présent servi d’écran de fumée, jusqu’à intoxiquer une bonne partie de la communauté juive organisée.

Mais la mauvaise plaisanterie touche à sa fin. La grande saignée terroriste a ouvert les yeux les plus fermés et la grosse ficelle des Filoche s’effiloche.

Ainsi, une joyeuse équipe d’élus communistes et insoumis, principalement du 93, avait fulminé le projet de se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens. Sans grand complexe et probablement sûrs de leur fait en tant que porteurs du médaillon rouge magique, ils pensaient que l’État d’Israël allait les accueillir toutes portes ouvertes, nonobstant le détail que tous sont partisans de son boycott, pourtant illégal des deux côtés de la Méditerranée.

L’État juif, cependant, ayant remarqué qu’il était le seul à être boycotté par les intéressés, à l’exception curieuse de l’Iran, du Venezuela, de la Corée du Nord, du Qatar et de tous les autres pays de la planète, a donc décidé de boycotter les boycotteurs, nonobstant leur port de l’amulette écarlate autrefois sacrée.

Il faut dire qu’ils y étaient allés un peu fort, les boycotteurs: mus par un clientélisme plus commercial que prolétarien, ils avaient même formé l’étrange projet, sans doute pour commémorer le 13 novembre, de rencontrer dans sa prison à vie Marwan Barghouti.

Pour ceux qui l’ignorent, ce chef des «brigades des martyrs Al Aksa», est aussi à la tête de plusieurs peines perpétuelles pour cause de terrorisme mortel ayant notamment provoqué la mort de quatre juifs et d’un prêtre chrétien.

Faut-il que nos communistes et associés ce soient sentis encore en situation d’impunité pour s’autoriser des projets aussi audacieux, à un moment où le terrorisme islamique massacre juifs et chrétiens, Français et Israéliens des deux côtés de l’eau? À ce compte sordide, il était plus économique d’aller rencontrer Abdelkader Merah dans sa cellule française.

«Mohamed Merah, c’est moi»

Il faut dire qu’ils n’en étaient pas si loin, puisque parmi ses membres ont remarquait la députée Insoumise Danielle Obono qui, on s’en souvient peut-être (ma dernière chronique), avait gratifié Mme Bouteldja, porte-parole du Parti des Indigènes de la République du titre d’«antiraciste respectable» elle-même ayant honoré Mohamed Merah d’un article empathique qui commençait par «Mohamed Merah, c’est moi».

Mais la triste fête s’achève et les lampions révolutionnaires de carnaval s’éteignent un à un.

Jamais plus Edwy Plenel ne pourra écrire aussi impunément «Pour les musulmans» et présenter ceux-ci comme les nouveaux juifs souffrants, contre l’évidence la plus horrible.

Et Edgar Morin ne pourra plus présenter sans rire ni faire rire Stéphane Hessel pour le prix Nobel de la paix ou le Panthéon tout en écrivant un livre à quatre mains harmonieusement consensuel avec Tariq Ramadan.

Ce n’est pas un hasard, si les tartuffes sexuels se recrutent en grand nombre chez les gaucho-féministes

Il faut bien comprendre que ce positionnement sinistre, ce mésusage abusif du grigri rubicond, ne conférait pas seulement l’impunité: la posture encourageait les impostures les plus extravagantes.

Et pas seulement dans le domaine de l’islamo-gauchisme le plus sanglant, mais dans tous les autres aussi.

Ce n’est pas un hasard, si les tartuffes sexuels se recrutent en grand nombre chez les gaucho-féministes de la meilleure farine.

Voyez Denis Baupin: il n’hésitait pas à se grimer en femme et à se peindre les lèvres en rouge lendemain- qui- chante pour dire sa solidarité avec les femmes outragées. Voyez Thierry Marchal- Beck, ancien responsable du Mouvement des jeunes socialistes, accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles par huit femmes: Jamais plus belles incantations contre les violences faites aux femmes n’avaient été prononcées avec une telle flamme, de mémoire de congressistes socialistes. Appartenir de droit divin au camp du Bien donnait des ailes aux anges mâles irréprochables. Les tartuffes et les fayots se débandent à présent.

À trop tirer sur la corde du théâtre, la trame est mise à nu. Les vieilles ficelles de la comédie de la générosité ne font plus guère recette.

Il en aura fallu du sang d’homme et des drames de femme.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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