Publié par Jean-Patrick Grumberg le 6 décembre 2017

En décembre 2016, Barack Obama, alors président sortant, ne met pas le veto habituel des Etats-Unis à la résolution 2334 de l’ONU qui déclare qu’Israël n’a aucun droit sur la vieille ville de Jérusalem, le quartier juif, le mur des lamentations, et de nombreux bâtiments officiels juifs.

Personne ne déclare que cette résolution, qui tente de dépouiller Israël de ses droits sur sa capitale éternelle, est un obstacle à la paix.

Pourtant, l’article cinq de cette résolution est sans appel (1):

[Il] invite tous les États, compte tenu du paragraphe 1 de la présente résolution, à distinguer, dans leurs relations respectives, entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967 [c’est à dire la vieille ville de Jérusalem y compris le Mont du Temple et le mur des Lamentations].

Décembre 2017, Donald Trump déclare qu’il n’a que faire de la résolution de l’ONU car l’organisation internationale a un biais anti-israélien assumé, dénoncé par ses deux derniers Secrétaires généraux, qui discrédite ses décisions. Donald Trump décide de déclarer que Jérusalem est la capitale d’Israël et que l’ambassade doit y être déplacée.

Le monde occidental s’émeut, et prévient que cette décision est un sérieux obstacle à la paix.

Je fais une pause.

  • Lorsqu’on annonce aux Juifs qu’ils n’ont aucun droit sur leur capitale Jérusalem, la communauté internationale considère que cela n’est en rien un obstacle à la paix.
  • Si en revanche, l’on dit aux Arabes que Jérusalem, qui n’est pas et n’a jamais été leur capitale, mais dont ils veulent soudainement faire leur capitale depuis qu’Israël l’a reconquise de l’occupant jordanien en 1967, est la capitale juive, patatras il ne peut plus y avoir de négociations de paix ?

(D’autant qu’en 2000, lorsqu’Arafat a rejeté les propositions de paix de Clinton à Camp David, le président américain, dépité, a songé, puisque rien n’aboutissait et que les Arabes rejetaient tout compromis, à déclarer Jérusalem capitale d’Israël).

Croient-ils, en Europe, les Arabes trop attardés mentaux pour pouvoir négocier la paix s’ils sont privés de leurs droits sur Jérusalem, mais pas les juifs ?

Pense-t-on, sur le continent qui a exterminé 6 millions de juifs, que ces derniers ne méritent de négocier que lorsque leurs moyens de le faire leur ont été retirés ?

Posons-nous la question : l’Europe a-t-elle à ce point la haine ancestrale des juifs vissée au fond de la pensée collective qu’elle ne peut se résoudre à accorder à Israël sa demande de faire de Jérusalem sa capitale, demande formulée depuis 1948, mais n’a aucune hésitation à accéder à la première demande, la souveraineté aux Arabes sur la ville sainte ?

L’Europe n’hésite pas à voter à l’UNESCO et à l’ONU que les Juifs n’ont aucun lien, aucun droit, aucune histoire, aucun héritage à Jérusalem, que tout fait partie du patrimoine palestinien, et elle fait une syncope lorsque le Président américain tape du poing et rappelle la réalité historique ?

Chuck Schumer, le leader du parti Démocrate, opposant politique le plus virulent du Président Trump, a poussé ce dernier à reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Soudainement les journalistes ne se rangent plus du côté des Démocrates ?

Les Arabes menacent de déchaîner un enfer de violence, un “jour de rage” si Trump met à exécution sa promesse. Aucun média ne frémit. Les journalistes ne réagissent pas. Sont-ils à ce point dans l’amalgame, trouvent-ils banales ces menaces, considèrent-ils que musulman = forcément terrorisme ?

Paris, qui figure deux fois sur la liste honteuse de l’ONU des pays coloniaux (2), (Israël n’en fait pas partie parce qu’Israël n’a pas de colonies) prétend dire à Israël qu’il ne peut pas faire de Jérusalem sa capitale. Est-ce que je vous dis d’installer votre capitale à Orléans ou à Lyon ? Comme les antiracistes qui applaudissent les camps d’été interdits aux blancs, les anticolonialistes approuvent le ton néo-colonial du président Macron à l’endroit d’Israël.

La reconnaissance par Trump de Jérusalem est “une rupture avec des années de tradition politique des Etats-Unis” pleurnichent les médias de gauche. Le non-véto d’Obama à la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU en décembre 2016– son dernier coup bas à l’Etat juif qu’il n’a pas réussi à faire plier, et qui ouvre la porte à la légalisation du boycott, était aussi “une rupture avec des années de tradition politique”. Mais là, les médias ont applaudi. Est-ce parce qu’ils n’ont aucun standard qu’ils appliquent à tout un double standard ?

Ce doit être bien pénible, pour les anti-colonialistes de papier (journal), d’observer impuissants le président que l’on hait le plus, apporter au pays sur lequel on ment le plus, le soutien sioniste qu’on abhorre le plus, à la barbe de ceux qu’on couve le plus.

On vit une époque formidable.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

(1) http://www.un.org/webcast/pdfs/SRES2334-2016.pdf
(2) http://www.un.org/en/decolonization/nonselfgovterritories.shtml

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