Publié par Abbé Alain René Arbez le 11 décembre 2017

« Johnny notre Dieu » était écrit en lettres majuscules sur une des nombreuses pancartes brandies au milieu des « fans » massés par centaines de milliers aux abords de l’église de la Madeleine.

Et visiblement, beaucoup de « fidèles » étaient en état de sidération devant le fait que leur idole puisse mourir malgré une aura quasiment divine. Bien sûr, la tristesse est respectable et là n’est pas le problème.

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Il n’est pas question de critiquer ici le fait de dire adieu à Jean Philippe Smet, qui méritait comme tout baptisé les honneurs d’une sépulture chrétienne.

Après cette manifestation profane à l’intérieur d’une église, les commentateurs n’ont pas hésité à parler de « communion » entre les centaines de milliers de participants

Mais la manifestation laïco-cléricale qui s’est déroulée à l’intérieur de l’église et répercutée à l’extérieur – si elle avait l’avantage de rassembler des admirateurs par-delà les clivages de croyance, de statut social et d’appartenance politique – posait tout de même une question : est-ce qu’une liturgie chrétienne d’adieu peut se laisser dominer par une manifestation musicale sans aucun lien avec le sacré et par des discours d’éloge prenant le pas sur les lectures bibliques. La valse hésitation des goupillons sur le cercueil au moment des honneurs en traduisait le décalage.

Traditionnellement, une cérémonie d’adieu pour un défunt, quel qu’il soit, quels qu’aient été les aspects exemplaires de sa vie publique ou privée, doit être conçue comme une prière s’adressant à Dieu pour reconnaître les bienfaits de sa présence dans une vie humaine. Ici, à l’inverse, tout ou presque s’adressait à Johnny, substitut quasi divin et auréolé à la manière d’un héros grec pouvant régir les pensées et les actes des humains. Une ambiance de sensibilité idolâtrique pour une idole du show-biz. Un culte de la personne pour une icône rock and roll.

N’aurait-il pas été plus judicieux de célébrer la mémoire de Johnny en tant qu’artiste dans un lieu neutre ouvert à toutes les opinions, laïques ou religieuses, avec orchestres, prises de paroles multiples et variées, et de réunir ensuite dans un sanctuaire ceux qui partagent la foi chrétienne pour un office vraiment liturgique, avec un accompagnement musical approprié et élevant les esprits au niveau spirituel ? Après cette manifestation profane à l’intérieur d’une église, les commentateurs n’ont pas hésité à parler de « communion » entre les centaines de milliers de participants…

Ainsi va la dérive des repères de la foi, mondanisée et adaptée pour plaire au grand nombre.

D’ailleurs, les journalistes qui commentaient la cérémonie (systématiquement appelée à tort « messe ») n’ont pas relevé la profondeur de l’épître de St Paul sur les qualités de l’amour véritable, non, ils ont retenu le poème des « deux escargots », lu admirablement il est vrai, par un acteur de talent. Ce poème à l’aspect enfantin étant de Jacques Prévert, auteur du fameux : « Notre Père qui êtes aux cieux, restez-y ! ».

Cela dit, qu’il repose en paix !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, pour Dreuz.info.

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