Publié par Dreuz Info le 11 janvier 2018

Pendant près de sept décennies, l’État d’Israël a subi une insolite humiliation : à lui seul parmi les nations du monde, il a été refusé le droit souverain de déterminer sa propre capitale. 

Jérusalem est officiellement la capitale d’Israël depuis sa guerre d’indépendance en 1948. Là était et est encore le siège du Président israélien et du Premier ministre, de la Knesset (le parlement) et de la Cour suprême, enfin de la plupart des ministères. Mais, pendant plus d’un demi siècle, les États-Unis ont conduit ce qui fut effectivement un boycott international de Jérusalem comme capitale d’Israël. Ils maintenaient leur ambassade à Tel-Aviv dans le cadre d’une fiction qui voulait que le statut de Jérusalem reste indéterminé.

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L’origine de cette politique remonte à la première moitié du 20e siècle, quand des diplomates européens voulurent faire de Jérusalem une « ville internationale », une sorte de deuxième Vatican contrôlé par des responsables européens plutôt que par des Juifs ou des Arabes [NDLR la ville devait être contrôlée par une force internationale qui n’a jamais été mise en place par les Européens]. Lorsque les forces juives prirent la moitié ouest de la ville en 1948 et, surtout, après que Jérusalem fut réunifiée sous domination israélienne en 1967, ce rêve d’une Euro-Jérusalem s’évanouit pour toujours. Or, plutôt que de reconnaître la souveraineté israélienne, la communauté internationale décida de suspendre le statut de Jérusalem à de « futures négociations ».

Un demi-siècle a passé ainsi et l’on ne voit toujours que la souveraineté juive sur Jérusalem. Il n’y a rien d’autre en vue. Mais le 6 décembre 2017, lors d’un discours spectaculaire, le Président Trump a mis fin à l’illusion que quelque chose d’autre pourrait advenir.

« Aujourd’hui nous avons finalement reconnu l’évidence », a-t-il dit. « Jérusalem est la capitale d’Israël. Ce n’est ni plus ni moins qu’une reconnaissance de la réalité. C’est également la meilleure chose à faire ».

En cela M. Trump a raison.

Mais il faut aussi comprendre qu’il y a plus que cela. Le rêve d’une reconstruction de Jérusalem, détruite à l’époque romaine, est un élément central, le ciment même de l’identité nationale et de la foi juive. Trois fois par jour, les Juifs bénissent Dieu comme le Boneh Yerushalaim, “le bâtisseur de Jérusalem”. Et lorsque à chaque mariage nous lisons « Si je t’oublie Jérusalem, que ma main droite perde sa force » (Psaume 137:5), nous transmettons une vérité essentielle : nous les Juifs, nous ne pouvons pas renoncer à restaurer notre ancienne capitale sans renoncer à la source de notre force.

N’aurions-nous pas renoncé à rétablir Jérusalem si Israël avait négocié un “deal” afin de partager la souveraineté de la ville ?

Examinez les possibilités.

Israël ne saurait accepter une division de Jérusalem comme dans Berlin, avec des forces de police mutuellement hostiles de chaque côté d’une barrière de sécurité. Jérusalem a été divisée de cette façon de 1948 à 1967, et tous ceux qui ont vécu cette époque de tireurs d’élite postés sur les murs de la ville, savent qu’un tel régime conduit à la destruction de Jérusalem et non à sa reconstruction. — L’autre option était le gouvernement de la ville par le Comité prévu par les Nations Unis : elle impliquait que chaque projet de construction, d’excavation, de restauration ou d’initiative économique voulu par Israël, aurait été soumis au droit de véto arabe (et probablement aussi au véto européen). Cette formule condamnait Jérusalem à la désolation.

Ainsi, pour les Israéliens, tout “deal” concevable sur Jérusalem, en fait, entraînait renoncement à l’espoir du rétablissement de la seule capitale que nous n’ayons jamais eu pour la sainteté et la splendeur.

Qu’elles le veuillent ou non, les puissances étrangères doivent choisir. Ou bien s’en tenir au projet de création d’un État juif pleinement souverain avec droit de faire de Jérusalem sa capitale. Ou bien limiter la souveraineté israélienne de façon permanence afin d’internationaliser Jérusalem sous couvert de pourparlers de paix avec les États arabes et l’Organisation de Libération de la Palestine.

Pendant 70 ans, les États-Unis et la plupart des autres nations ont refusé de se tenir au côté du peuple juif sur ce sujet, croyant que si l’on humiliait ainsi Israël, la paix viendrait d’une façon ou d’une autre. Mais cette approche n’a pas apporté la paix. Elle n’a fait qu’encourager les ennemis d’Israël. Cette semaine M. Trump a annoncé que, par conséquent, l’Amérique se tient aux côté de l’État juif. Partout dans le monde, les Juifs disent shehehianu, la bénédiction traditionnelle remerciant Dieu de nous avoir laissé vivre pour voir ce jour.

Des ennemis et des amis nous ont prévenus que ce moment historique sera accueilli par des violences. Cela est bien possible. Depuis la Déclaration Balfour, chaque étape décisive du retour des Juifs en Israël et à Jérusalem a été accueillie par des actes de vengeance. Mais s’il y avait une leçon à tirer de ce fait tragique, ce serait celle-ci : si le gouvernement américain tient ferme, alors cette tempête passera.

Beaucoup de choses désobligeantes ont été dites sur l’aptitude du Président Trump à diriger. Mais cette semaine, sur la question de Jérusalem, M. Trump a résisté à la consternation hurlante des nations du monde, afin d’accomplir l’un des très rares actes assez puissants pour vraiment changer l’Histoire et pour le mieux.

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Texte de Yoram Hazony paru dans le Wall Street Journal le 7 décembre 2017.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction © Patrick Valois pour Dreuz.info.

Source : https://www.wsj.com/articles/trump-recognizes-that-humiliating-israel-didnt-bring-peace-1512691993

 

Yoram Hazony est notamment l’auteur de L’Etat juif : Sionisme, postsionisme et destins d’Israël*(aperçu sur Google Book)

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