Publié par Hélios d'Alexandrie le 21 janvier 2018

Lundi 18 décembre 2017, le président Donald Trump dévoilait les grandes lignes de son plan stratégique concernant la sécurité nationale des États-Unis.

Comme on pouvait s’y attendre, les médias en majorité l’ont jugé négativement. Leur réaction ne relevait pas uniquement du réflexe pavlovien, elle exprimait leur opposition au changement radical de trajectoire que Trump est en train d’opérer sur les scènes nationales et internationales.

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Je me propose dans ce long article de dégager les idées maîtresses qui servent de base à sa pensée stratégique, ainsi que les orientations qu’il a prises pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixés

 

Pour comprendre la vision stratégique de Trump, il est important de jeter un coup d’œil sur le rétroviseur, les huit années de la présidence Obama ont gravement miné les États-Unis et aggravé l’insécurité sur la scène internationale.

 

Obama ou le nivellement par le bas

Dès son premier périple à l’étranger en 2009, Obama s’est fait un point d’honneur de ravaler l’Amérique à la place que les antiaméricains de tous poils lui souhaitaient de prendre. En ce qui concerne l’exceptionnalisme américain, Obama n’a éprouvé aucune gêne à déclarer que l’Amérique n’était pas plus exceptionnelle que n’importe quel autre pays! Entendre par là que ce n’est pas à elle de définir le rôle qu’elle doit jouer sur la scène mondiale, mais que la définition de ce rôle doit être le fruit d’un consensus le plus large possible.

 

Mais pour Obama nier l’exceptionnalisme américain n’avait pas pour unique cause l’antipathie viscérale qu’il nourrissait envers l’Amérique, sa volonté de changer radicalement le pays y était pour beaucoup. Cependant cet exceptionnalisme n’était pas une vue de l’esprit, ses fondements historiques sont avérés : en moins de deux cents ans d’existence, les États-Unis ont accédé au leadership mondial et ils s’y maintiennent depuis plus de soixante-dix ans. L’effondrement de l’empire soviétique a eu comme conséquence l’avènement d’un monde unipolaire, avec l’Amérique comme unique superpuissance. D’aucuns, y compris dans les démocraties occidentales et particulièrement en France, y ont vu un déséquilibre inacceptable des forces en présence, d’autant plus que les nouvelles démocraties de l’Europe de l’Est se dépêchaient d’établir des accords de coopération avec l’Amérique, seule puissance en mesure d’assurer leur sécurité face à un éventuel retour de l’hégémonisme russe.

 

Il était important pour Obama et la gauche de détourner les ressources consacrées à la défense pour mener à bien les projets de transformation de la société américaine. La crise économique en cours et la réduction des recettes fiscales ont incité l’administration Obama à accroître constamment le déficit budgétaire du gouvernement fédéral, jusqu’à multiplier par deux la dette du gouvernement fédéral, et à couper dans les programmes de la défense et de la sécurité intérieure. Parallèlement le poids du gouvernement et son impact sur l’économie ne cessaient de grandir : multiplication des règlements et des contrôles dans tous les domaines : politique hostile à la production et au transport d’énergies fossiles, règles environnementales étouffantes pour le développement de projets, intrusion sans précédent de l’État dans le champ de la santé, etc. Tout a été fait pour aligner l’Amérique sur l’Europe occidentale en ce qui a trait à la place qu’occupe l’État tentaculaire dans la vie des citoyens et dans le remodelage de la société.

 

Obama et le mondialisme

Dans son projet de transformation radicale de la société américaine, Obama a reconnu dans le mondialisme un allié naturel. L’idéologie mondialiste s’inspire étonnamment de la gauche extrême, elle est hostile aux nations et à la préservation de leur identité. Cette hostilité se traduit dans les faits par la multiplication des identités à l’intérieur de la société ; l’immigration de masse y joue un rôle important, mais également l’émergence récente de divers groupes identitaires qui s’activent à défendre leurs intérêts respectifs. Le mondialisme s’oppose à l’existence de frontières et à l’idée même de les défendre ; il ne reconnaît pas aux peuples le droit de décider du type de société qu’ils veulent léguer aux prochaines générations. Mais son projet en apparence globalisant ne vise que les pays occidentaux de tradition judéo-chrétienne, il épargne le monde islamique la Chine, l’Inde et la majorité des pays sous-développés.

 

L’idéologie mondialiste est essentiellement élitiste et “nomade” on pourrait même dire apatride, elle rejette l’enracinement dans une culture, dans une société, dans un pays. Elle s’évertue à homogénéiser les mentalités à travers un catalogue régulièrement mis à jour de prêts-à penser et une longue liste de licites et d’illicites. Elle exerce un pouvoir intellectuel proprement despotique qui impose la rectitude politique et se substitue au jugement des individus. Ceux qui osent s’émanciper ou ceux qui rejettent son pouvoir sont aussitôt stigmatisés et sévèrement punis. En cela elle ressemble étrangement à l’islam et ce n’est donc pas un hasard si elle fait preuve d’autant de sollicitude à son endroit, alors qu’elle cherche par tous les moyens à détruire le christianisme.

 

Le mondialisme favorise les grands ensembles comme l’Union Européenne, il applaudit aux accords multilatéraux qui limitent l’indépendance des États dans tous les domaines : droit, économie, environnement, immigration, culture, etc. Il crée des instances décisionnelles supranationales qui échappent au contrôle des élus et des électeurs, bref il s’avère foncièrement antidémocratique.

 

Le mondialisme est de toute évidence incompatible avec l’exceptionnalisme américain. Le premier cherche à se substituer aux États-nations, le second à conserver à l’Amérique son statut de leader des pays démocratiques. Mais tout en œuvrant à l’affaiblissement de la nation américaine, Obama, de par les responsabilités qui lui incombaient comme président, n’avait d’autres choix que de marcher sur les traces de ses prédécesseurs. Il lui était plus facile de nier le caractère exceptionnel de l’Amérique que d’apporter des preuves concrètes de la justesse de sa thèse. Dénoncer l’interventionnisme de son prédécesseur était plus aisé que de limiter ses propres interventions. Cette incohérence fondamentale couplée à son antiaméricanisme sont en partie responsables de ses échecs en politique étrangère.

 

Obama et l’islam

Dès le début de son premier mandat, Obama s’est engagé dans une politique d’ouverture à l’islam. Cette politique reposait sur une doctrine qui soutient que tout peuple musulman aspire à vivre sous un régime islamique ; par conséquent seul l’islam politique détient une légitimité suffisante pour prétendre au pouvoir. D’après cette doctrine l’acceptation de cette “réalité” par les États-Unis mettra fin à l’hostilité des islamistes et fera place à la paix, à la bonne entente et à la coopération, notamment dans le domaine de la sécurité ; par conséquent le terrorisme qui carbure au ressentiment, finira par s’éteindre de lui-même.

 

S’appuyant sur cette doctrine la nouvelle politique étrangère des États-Unis envers l’axe chiite à fait la part belle à l’Iran, en lui faisant cadeau de l’Irak et en fermant les yeux sur ses intrusions en Syrie et au Liban. Du coup l’Iran s’est vu accorder un accès direct à la méditerranée et aux frontières d’Israël. Il était prévu que ce geste de bonne volonté devait convaincre les mollahs d’Iran de se montrer plus coopératifs et de renoncer à l’arme nucléaire, en échange de quoi les sanctions économiques visant leur régime seraient levées, leur permettant ainsi d’accroître leur effort de guerre et de maintenir leur emprise sur le peuple iranien.

 

Pour ce qui est de l’axe sunnite, Obama a développé des liens étroits avec les frères musulmans, grâce à des ententes leur garantissant des relations privilégiées avec son administration et un accès facile au pouvoir. C’est ce qui s’est produit avec la chute des dictatures dites “laïques” en Tunisie, en Égypte et en Libye. En ce qui concerne Assad dont il n’a pu provoquer la chute, Obama a encouragé et armé l’insurrection islamiste contre son régime. Parallèlement il a pris ses distances avec la monarchie saoudienne du fait qu’elle est réfractaire aux Frères Musulmans, et non parce qu’elle applique rigoureusement le wahhabisme et la charia en Arabie. Dans la même veine, il a établi la Turquie et le Qatar comme agents facilitateurs de sa politique proislamiste, en particulier pour ce qui est de l’accès des Frères Musulmans au pouvoir partout où ils bénéficient d’une base populaire.

 

Le scénario écrit par Obama a tourné court, pire il a eu des conséquences tragiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Bien qu’il ne soit que partiellement responsable des malheurs qui frappent la Syrie, l’Irak, le Yémen et la Libye, son refus de prendre acte de la nature violente de l’islam l’a empêché de reconnaître et de corriger ses erreurs. Obama est parti de prémisses erronées, il s’est convaincu que l’islamisme est un mouvement politique comme les autres, alors qu’il s’agit d’un fascisme dangereux. Mais il s’est également trompé quant à la possibilité de coexistence pacifique entre islamistes sunnites et islamistes chiites, il n’a pas prévu le déferlement de haine et de mort résultant de la confrontation des deux principales branches de l’islam.

 

L’héritage d’Obama et du mondialisme

Donald Trump a hérité d’un monde dangereux dû en grande partie au déclin de l’Occident et en particulier de l’Amérique. Bien avant son élection il avait pris acte des pronostics que les experts répétaient à l’envi, au sujet de la montée en puissance de la Chine dans tous les domaines, et de la transformation irréversible de l’Europe, due au déclin démographique et à l’immigration de masse. Pour ce qui est des États-Unis l’horizon sur le long terme n’était pas moins sombre : les perspectives de croissance étaient faibles, l’administration précédente avait même jugé cette faiblesse comme structurelle et non temporaire. Le mouvement de délocalisation des industries manufacturières ne pouvait être stoppé et encore moins inversé. Même la supériorité technologique des États-Unis ne semblait pas devoir durer longtemps, à cause, entre autres, du piratage des secrets industriels exercé par la Chine.

 

Le taux élevé d’imposition des entreprises favorisait la délocalisation des usines à l’étranger, provoquant la perte d’emplois industriels rémunérateurs par centaines de milliers et leur remplacement en partie par des emplois à temps partiel et au salaire minimum. Il en a résulté une diminution marquée du pouvoir d’achat des particuliers, une réduction des recettes fiscales, un accroissement des dépenses en assistance sociale et une explosion des déficits publics et de la dette. L’immigration illégale à provenance d’Amérique Latine a aggravé le phénomène en contribuant à la baisse généralisée des salaires et à l’augmentation des dépenses gouvernementales pour l’aide sociale, les soins de santé et l’éducation.

 

Cette nouvelle réalité a eu comme conséquence un déséquilibre sérieux au sein de la fédération américaine. Des États naguère riches comme le Michigan et le Wisconsin ont vu leur poids économique diminuer au profit des États côtiers comme New York, et la Californie. Ce déséquilibre économique s’est doublé d’un déséquilibre politique, qui a fait passer les intérêts et les priorités des États côtiers avant ceux des États du Centre. On s’est retrouvé ainsi en présence de deux Amériques : celle des deux côtes, atlantique et pacifique d’un bord et de l’autre celle qu’il a été convenu d’appeler le “fly over country”, le pays qu’on survole pour aller d’une côte à l’autre ; cette Amérique meurtrie et oubliée allait peser lourd lors des élections présidentielles de novembre 2016.

 

Parallèlement à ce déséquilibre les tensions s’accentuaient entre ceux qui profitaient de la conjoncture et ceux qui en souffraient, la mondialisation favorisait les États côtiers mais elle était néfaste pour les États du Centre. Le mondialisme dont Obama était un fervent partisan a été source de divisions, l’unité nationale s’en est trouvée sérieusement compromise.

 

Mais malgré le travail de sape exercé par Obama et le mondialisme, les États-Unis sont parvenus à tirer leur épingle du jeu sur un point d’une importance stratégique majeure : la production d’énergie. Le développement de l’industrie du gaz et du pétrole de schiste a permis au pays de devenir pratiquement autosuffisant, et ce en dépit des efforts d’Obama pour bloquer la prospection, l’exploitation et le transport de pétrole et de gaz. Sa réglementation a presque tué l’industrie du charbon ; sous son mandat tous les territoires et zones économiques sous juridiction fédérale ont été mis hors de portée de l’industrie pétrolière, et il a interdit deux projets majeurs de pipelines. En signant l’accord de Paris sur le climat il s’est engagé entre autres à réduire la production et la consommation d’énergie fossile. Mais cela n’a pas empêché les compagnies pétrolières et gazières d’exploiter les terres appartenant aux États et aux particuliers, il s’ensuivit un boom spectaculaire de la production de pétrole au pays et une réduction majeure du déficit commercial et de la dépendance au pétrole importé. Il en a résulté une abondance sur le marché mondial du brut qui a provoqué une chute des prix, et qui a eu pour effet de stimuler les dépenses de consommation, contribuant aussi à la croissance économique et à la baisse du chômage.

 

Sur le plan militaire, les restrictions budgétaires ont amené le Pentagone à réduire les effectifs et le matériel, en particulier dans la marine et l’aviation. Le remplacement des navires et des avions a pris du retard et leur nombre a été réduit. L’introduction de nouveaux systèmes d’armes avancées s’est faite au compte-gouttes. Face à la montée en puissance de la chine et à sa politique agressive, l’Amérique semblait faire piètre figure, d’autant plus qu’Obama donnait l’impression d’y trouver son compte. Cette perte évidente de prestige devait se refléter dans le traitement humiliant réservé par les Chinois au “leader du monde libre” lors de sa visite à Pékin.

 

Trump et la renaissance sur le plan stratégique

La stratégie de Trump se confond avec son slogan électoral : Make America Great Again (abréviation : MAGA). On peut résumer sa doctrine stratégique en quelques mots : tout ce qui contribue à la grandeur de l’Amérique est stratégiquement utile et tout ce qui peut l’affaiblir est stratégiquement néfaste. Trump a pris acte des effets délétères de l’idéologie mondialiste, non seulement sur l’économie des États-Unis mais sur l’unité nationale et la psyché collective des Américains. Ces effets sont encore plus désastreux en Europe où des peuples naguère puissants et fiers ne sont plus maîtres chez eux et n’ont aucun contrôle sur leur avenir. Trump est aussi conscient de la communauté de destin des pays de religion et de culture judéo-chrétiennes, il sait que l’Occident ne peut être sauvé à moitié et que la stratégie qu’il adoptera ne doit pas faire abstraction de l’Europe. Cependant pour sauver l’Occident il convient en premier lieu de redonner à l’Amérique toute sa grandeur.

 

L’élection de Trump a provoqué un séisme de forte magnitude dans les hautes sphères politiques et intellectuelles à travers le monde. Jusque là le mondialisme avait le vent en poupe, le Brexit n’avait pas entamé sa confiance, son avancée inexorable semblait irrésistible et son triomphe final assuré. Avec le recul on réalise que les mondialistes aux États-Unis et ailleurs s’étaient bercés d’illusions et avaient cru à leur propre propagande qui ne donnait à Trump que deux ou au maximum cinq pour cent de chance de gagner. Le nombre de voix qu’il a obtenu au collège électoral s’est avéré un choc, en fait un traumatisme dont ils ne se sont pas encore remis. Si Trump ne représentait pas un danger existentiel pour le

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