Publié par Sidney Touati le 22 janvier 2018



Pourquoi l’accueil des “migrants” est-il devenu à ce point central ? Pourquoi l’attitude hostile envers Israël, Trump ?… Pourquoi le malaise des Juifs de France ? Je tente de trouver une causalité rationnelle à ces phénomènes en apparence séparés.

Tocqueville termine son magnifique ouvrage «De la démocratie en Amérique*», par une réflexion sur les dangers qui menacent les régimes démocratiques fondés sur le principe d’égalité :

«Le despotisme me parait particulièrement à redouter dans les âges démocratiques… on dirait que chaque pas qu’elles (les démocraties) font vers l’égalité les rapproche du despotisme.»

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Le risque majeur est l’instauration d’une tyrannie d’une forme nouvelle. Comme le constate Tocqueville, le mot exact pour désigner ce type de dictature n’existe pas. De même que le patriotisme peut dégénérer en nationalisme agressif, de même la démocratie égalitaire peut évoluer vers un despotisme bureaucratique qui dans sa forme extrême est un pouvoir totalitaire s’exerçant sur une masse de citoyens atomisés, isolés, affaiblis.

En France notamment, mais cela est globalement vrai pour la plupart des pays européens, toutes les décisions prises depuis une cinquantaine d’années, vont dans le sens d’un renforcement constant du pouvoir des bureaucraties souveraines, privées ou publiques, et symétriquement d’un affaiblissement de celui des individus.

Les plus grandes réformes «sociétales» vont dans ce sens. Ainsi en est-il de l’abolition de la peine de mort ou du mariage pour tous.

Le droit de donner la mort est l’expression d’une sorte de guerre opposant l’Etat, la société civile à la criminalité et au criminel.

Rousseau l’expose très clairement dans le Contrat social* où le criminel est décrit comme un ennemi à combattre et à éliminer.

Le pacifisme, déjà dominant avant la Deuxième Guerre mondiale, est devenu dans l’Europe d’après guerre, un dogme intangible.

Inclure l’autre, quel qu’il soit devient une idée fixe de la bureaucratie dominante

L’Europe nouvelle se veut sans ennemi. Ni extérieur, ni intérieur.

Elle refuse toute idée de guerre. Elle est dogmatiquement pacifiste.

Dans cette logique, elle ne pouvait qu’abolir la peine de mort y compris en temps de guerre (ce qui semble parfaitement contradictoire) tout comme elle a aboli l’idée de faire la guerre ou le concept de «race».

L’émergence du terrorisme islamiste de masse met en cause cette vision idyllique. L’Europe réagit en ignorant la spécificité de ce terrorisme (son caractère politico-religieux) et le traite comme s’il s’agissait d’une criminalité de droit commun ou d’actes imputables à des fous.

Le criminel n’étant plus l’ennemi à abattre, est appréhendé comme un “délinquant” ordinaire, un être humain comme les autres ; une victime dont il faut prendre soin.

Aucun crime ne peut exclure son auteur de la sphère de l’humanité :

«Pour nous, il n’est point d’être humain, si coupable soit-il, qui ne puisse s’amender, devenir autre et, à travers la peine et au-delà d’elle, retrouver la communauté des hommes.» (R. Badinter, Contre la peine de mort,* p. 282).

Selon cette logique, le bourreau nazi Eichmann peut s’amender et vivre avec la communauté des Juifs…

Les victimes sont passées par pertes et profits… seul compte le criminel «réparé» et «réparable».

Inclure l’autre quel qu’il soit devient une idée fixe de la bureaucratie dominante.

Ce processus de massification des hommes implique un processus de destruction systématique des différences.

Le Juif qui s’accroche à son identité qu’il estime non-interchangeable, irréductible, fait scandale. Le Juif est incompatible avec la machinerie bureaucratique, qu’elle soit de «droite» ou de «gauche». D’où l’antisémitisme de l’extrême gauche

“Tous doivent être égaux devant la loi” devient : “toutes les conditions sont semblables, interchangeables”, et peuvent être alternativement l’une ou l’autre des termes de l’équation. Le criminel = l’honnête homme ; la victime = le bourreau ; l’homme = la femme ; le citoyen = le migrant…

Le citoyen qui se construit en revendiquant sa qualité d’homme ou de femme, d’honnête homme… est stigmatisé. C’est un macho attardé ou un réactionnaire facho… Pour les «progressistes» adeptes de la massification bureaucratique, le Juif qui s’accroche à son identité qu’il estime non-interchangeable, irréductible, fait scandale. Sa simple existence fait que la machine «coince». Le Juif est incompatible avec la machinerie bureaucratique, qu’elle soit de «droite» ou de «gauche». D’où l’antisémitisme de l’extrême gauche actuelle et celui plus feutré de la bien-pensance et du politiquement correct.

Progressivement, la fonction de la «Justice» change. On passe d’une justice qui punit en fonction de la gravité du délit, qui vise à rétablir l’ordre auquel le crime a porté atteinte, à une justice «restaurative» (France) dont le but principal est la réinsertion du coupable.

Le must en matière de réforme pénale repose sur l’idée qu’il faut aider le criminel à se “réparer”. Dans cette problématique, l’homme est une sorte de «vieux meuble» que l’on «restaure», une machine plus ou moins endommagée par l’action criminelle qui lui est extérieure, étrangère et qui est de l’ordre de l’accident.

L’action de la justice consiste principalement à «réparer» l’organe endommagé pour le remettre dans le circuit. Que deviennent dans un tel contexte, les notions de responsabilité, de culpabilité, les dommages parfois irréparables, irréversibles causés aux victimes ? A la société ? De simples conséquences accidentelles d’une défaillance humaine, c’est-à-dire «mécanique».

Un attentat terroriste provoque non la production d’une analyse politique, mais la mise en place d’une «cellule de crise». Comprenez : des mécaniciens-psychologues viennent réparer les dégâts causés par des humains défaillants…

L’Europe a décrété qu’elle n’avait pas d’ennemi.

Les millions de fugitifs qui frappent à sa porte ne sont que des migrants demandeurs d’asile. De pauvres diables fuyant leur pays dévastés par la guerre.

Le pouvoir du Souverain Europe est immense, sans limites. Il régente tous les instants de la vie des habitants par le moyen des règlements et des normes mises en pratique par ses millions de fonctionnaires dociles, disciplinés, exécutant sans état d’âme les directives reçues ; ce pouvoir administre, surveille, sanctionne tous les citoyens des différents pays de manière absolument identique ; il dispose d’un appareil judiciaire sans précédent, en voie par le biais du numérique, d’être totalement bureaucratisé.

L’immense machine bureaucratique européenne sait gérer les masses dont elle contrôle le moindre fait et geste par le “social” et la réglementation proliférante, uniformisante, écrasante. Les citoyens sont de plus en plus faibles, face à une machine de plus en plus puissante.

En France, la situation est particulièrement dramatique où les derniers remparts pouvant contrer cette bureaucratie se sont effondrés : plus de grands partis politiques, plus de syndicats, plus de liberté d’opinion, de presse ; plus de justice indépendante…

Demeure, seul, affaibli, isolé, le citoyen face au monstrueux tyran bureaucratique qui cumule tous les pouvoirs.

Les plus pauvres, les plus démunis, les “migrants”, sont ceux qui ont le plus besoin de la machine bureaucratique d’Etat et de ses auxiliaires qu’elle subventionne et contrôle (associations, ONG…)

Ceux qui semblent être le plus sous sa coupe, les millions de fugitifs, sont perçus par les tout-puissants bureaucrates européens, comme un troupeau composé d’hommes sans identité particulière. C’est pour cela qu’ont été désignés par le terme de “migrants” ces hommes, ces femmes, ces enfants. Des non-lieux indéfinis.

Pour les bureaucrates, ils ne sont rien d’autre que des humains sans distinction particulière.

Interdiction est faite de leur donner une identité, ils n’ont ni religion, ni patrie, ni croyance, ni culture…

Les distinguer, leur donner une identité, c’est les discriminer, et cet acte est passible de poursuites judiciaires.

La bureaucratie les perçoit comme une “masse”, un chiffre, un nombre, une statistique. Merkel en veut deux “millions”… adjugé ! qui dit mieux !

L’Europe bureaucratique aime réduire les citoyens à l’état de particules fonctionnant dans une masse indifférenciée dont on peut disposer à sa guise. L’aspect monstrueux de cette gestion d’Etat des hommes réduits à l’état de troupeau, est qu’on peut les disperser en fonction des besoins et capacités de chaque État, région, commune. On prend des hommes comme on prend des «choses» ; on les disperse, on les ventile… c’est une masse que l’on peut fractionner à sa guise. Combien en voulez-vous ? Moi, j’en prends dix et vous ? Mettez-m’en une douzaine…

L’administration des “migrants” représente le modèle indépassable de la dictature bureaucratique.

Dans ce laboratoire à ciel ouvert, la bureaucratie met en application, perfectionne, modélise les mécanismes de domination des citoyens devenus troupeau.

Habituellement, le choix de sa résidence est le résultat de la libre décision de chacun, y compris des immigrés. La bureaucratie a décidé de supprimer ce dernier espace de liberté. C’est elle qui décide arbitrairement, en fonction de critères purement quantitatifs, budgétaires… qui doit habiter ici ou là.

La bureaucratie triomphante qui ne rencontre dans la réalisation de ses projets les plus fous aucun contre-pouvoir constitué se substitue à la société civile.

Elle décide d’installer qui elle veut, où elle veut. Les citoyens n’ont pas leur mot à dire. Ils doivent subir ses diktats un point c’est tout. Toute résistance est assimilée à de la xénophobie, à du racisme, à un délit.

Le rêve du 3e Reich ainsi que celui des staliniens, enfin réalisé… en douceur…

Administrer selon l’unique critère de la quantité devient le principe de base de la bureaucratie européenne. Le “quota” de migrants s’inscrit dans une longue série rendue possible par la théorie de la «discrimination positive»… le quota de femmes, le quota de logements sociaux, de médecins, d’avocats ; d’enfants issus de la diversité dans les écoles…

Si Tocqueville revenait, il constaterait que ses pires craintes se sont largement réalisées.

À la République démocratique succède la république bureaucratique des “quotas”.

Les ex-pays du bloc soviétique, Pologne, Hongrie… vivent de nouveau le cauchemar du pouvoir de la bureaucratie sans âme qu’ils avaient connu sous l’ère soviétique.

Mais avec l’Europe «démocratique-bureaucratique», l’horreur absolue est atteinte, car c’est au nom des droits de l’homme qu’on déshumanise la société et détruit méthodiquement l’humanité de l’homme.

Détruire les identités est l’objectif de tous les pouvoirs totalitaires.

La bureaucratie européenne utilise les “migrants” pour parachever ce rêve monstrueux. Elle prend les «migrants» sous sa coupe et stigmatise l’opposition de la société civile à sa politique, qu’elle diabolise en la désignant par le vocable infamant de «populiste». Elle commet ce faisant un double crime : d’une part contre les «migrants» qu’elle prétend aider mais dont elle occulte les identités et qu’elle met en opposition frontale avec les autochtones ; de l’autre, contre les citoyens qu’elle prive de tout pouvoir.

Elle détruit la vieille règle d’or de l’hospitalité autour de laquelle se nouaient les rapports humains avec «l’étranger» et qui était à la source du processus d’intégration voire d’assimilation.

Le despotisme bureaucratique européen utilise ainsi les «migrants» comme un outil destiné à détruire les dernières formes de résistance qu’opposent les différentes sociétés civiles à ses projets dictatoriaux.

La France présente la forme la plus parfaite de cette sorte de pouvoir. Après avoir laminé l’autorité politique, syndicale ; inféodé médias et justice, paupérisé les classes moyennes, détruit la classe ouvrière ; rompu avec les grandes traditions culturelles… le despotisme bureaucratique achève la destruction de la société civile elle-même, dont les membres doivent être réduits à n’être qu’une masse informe d’individus, faibles, isolés, sans culture, sans identité, bref sans réelle défense face au «monstre» tentaculaire qui se nourrit d’eux et les asservit.

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