Publié par Mireille Vallette le 22 janvier 2018

De la viande au tourisme en passant par les produits ménagers et les vêtements «modestes», un immense business se développe, inspiré par une profonde bigoterie.

De nombreux casuistes nous décrivent le futur radieux de l’islam-en-réforme. Un phénomène parmi d’autres devrait doucher cet optimisme: l’extension du marché halal, signe que bon nombre de musulmans d’ici refusent notre culture, nos valeurs, nos traditions. C’est que les musulmans ont les leurs, qu’ils regroupent volontiers sous le mot «éthique» et qui leur confirme qu’ils sont la crème de l’humanité.

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L’univers halal regroupe des comportements licites –autorisés- qui deviennent de plus en plus obligatoires. A l’interminable liste d’interdits et d’obligations que comprend cette religion, les conservateurs d’aujourd’hui en ajoutent de nouveaux. Ils concernent tous les aspects de la vie quotidienne: nourriture, hôtels, tourisme, finance, cosmétiques, vêtements, médicaments, produits ménagers, services multiples. L’expansion semble infinie.

«On pourrait aussi imaginer de l’immobilier halal, avec par exemple un espace de prière orienté vers la Mecque, des alarmes pour les heures de prière, des espaces d’ablution séparés hommes-femmes», s’enthousiasme Mai Lam Nguyen-Conan, consultante en marketing. La société «Muzzbnb» réalise en partie ce but en louant des appartements garantis sans alcool ni viande de porc, équipés de tapis de prière et proches d’une mosquée à des «bons musulmans du monde entier». En Suisse une centaine de propriétés sont visées dans un premier temps.

On n’en aurait rien à cirer si ce phénomène ne faisait pas partie de la sécession individuelle ou collective (celle des zones islamisées) d’une partie croissante de ces vaniteux dévots, jeunes en tête. Nous serions indifférents si cette manie ne menaçait pas notre mode de vie. La conviction que ces croyances divines sont supérieures à toutes les autres exige de leur faire place.

Et si le marché halal de la viande est selon Florence Bergeaud Blackler une «tradition inventée» apparue au début des années 1980, celui qui s’étend aux biens et services l’est encore davantage. Cette «nouvelle tradition» s’inscrit dans la dynamique actuelle du monde musulman: bigoterie, pudibonderie et dogmatisme, qui représentent une régression civilisationnelle.

De la gélatine de porc à la musique

Tout doit être «halal» et les juristes prennent beaucoup de temps à passer en revue les sujets de controverses. «La question de la gélatine de porc, qui habite de nombreuses pâtisseries a été traitée par les savants», indique le cheikh Moncef Zenati. Youssef Al Qaradawi, lui, a fatwaté sur la question du chant et de la musique. Il décrète que le chant est halal «tant qu’il ne contient pas de propos grossiers, obscènes ou incitants à la débauche». Mais il ne l’est plus si le chanteur interprète les paroles «de manière lascive et déliquescente, cherchant à éveiller les instincts et à séduire l’auditeur en excitant ses désirs concupiscents» et si la musique qui l’accompagne «n’excite pas les nerfs».

Les «juristes» ne dédaignent pas prendre part au débat de société, livre saint en mains: «Ainsi, à la lumière du Coran et de notre sagesse temporalisée qui utilise notre raison, il est temps que les musulmans poussent à ce que les OGM soient déclarés non-halal…» Mais bien sûr, «manifester pour la Palestine est halal»!

Tout a commencé par la viande: introduction d’une ritualisation certifiée (la bataille des certifications est planétaire), de la mise à mort à la mise en vente. L’alcool a rejoint le porc dans l’interdit obsessionnel. A Aceh en Indonésie, où la régression est totale, un chrétien qui vendait de l’alcool a été récemment torturé à coups de bâton. C’est que l’espace de l’interdit se développe: après avoir simplement refusé du porc, puis mangé du halal, ces musulmans ne veulent plus côtoyer des gens qui mangent du porc ou boivent de l’alcool, ni en vendre.

Une viande halal côtoie-t-elle du cochon dans un supermarché? Une nuée de bigots hurlent et le propriétaire ne tarde pas à capituler. Un jour viendra où l’on devra respecter une distance précise entre la viande divine et le saucisson. Les populations musulmanes d’Europe sont particulièrement actives dans le domaine.

Ils veulent rester purs et comme le remarque Marie-Thérèse Urvoy : «L’obsession de pureté et la crainte de toute souillure qui pourrait venir de l’extérieur est le fond de l’idée d’Oumma.»

La France championne du halal

L’espace alimentaire du pratiquant se restreint. Il s’interdit de plus en plus de choses. En France, selon un sondage de l’IFOP de 2010, 59 % des musulmans interrogés affirmaient consommer systématiquement de la viande halal, et 28 % occasionnellement. Les pratiquants sont 91 % à consommer halal, mais même les non-pratiquants le font à 44 %. De nouvelles habitudes sont promues par la pub, comme celle de l’abattoir de Bondy qui invite à «sacrifier un agneau» lors d’une naissance.

Économiquement, le marché halal commence à représenter un immense business. Des entreprises, dont de nombreuses start up sont créées qui offrent un créneau d’emplois inédit. Une «économie islamique» est née et chaque année, la liste de ses 500 plus importants acteurs est publiée. Il est de plus en plus possible de gagner sa vie en vendant et en vivant à l’islamique. Le rêve!

Le marché du halal pèse selon le cabinet de marketing identitaire Solis près de 600 milliards de dollars dans le monde. En France, il atteignait 5,5 milliards d’euros en 2010, dont 4,5 milliards pour les produits alimentaires.

Pour Allah qui n’en demande pas tant, l’avenir est lumineux. Sur la planète, environ un habitant sur trois sera musulman en 2025 nous annonce-t-on, et la moitié d’entre eux sera âgée de moins de 23 ans.

Le tourisme «éthique» en plein boom

Le tourisme des pieux musulmans, qu’ils appellent volontiers «tourisme éthique» est en plein essor et les pays touristiques s’intéressent sérieusement à ce qui n’est plus «une niche», mais se compte là aussi en dizaines, voire en centaines de milliards.

La Thaïlande, pays bouddhiste, est confrontée à une minorité musulmane sécessionniste qui commet attentat sur attentat. Cela ne l’empêche pas de se lancer dans l’aventure. Un hôtel cinq étoiles 100% halal a ouvert à Bangkok. L’établissement ne sert pas d’alcool, la piscine et la salle de sport ont des créneaux réservés aux hommes à certaines heures, aux femmes à d’autres. Les articles de toilette ne contiennent pas d’alcool ou de graisse animale.

Une province située dans la région rebelle a été désignée «Halal Industrial Estate in Pattani». La junte au pouvoir veut faire de la Thaïlande l’un des cinq plus grands exportateurs de produits halal en gagnant des parts des marchés en Indonésie, en Malaisie et dans les Etats du Golfe.

La Malaisie et la Turquie sont de grands pourvoyeurs à la fois de voyageurs et d’investissements du pieux tourisme. La Turquie a lancé sa première «croisière halal» en 2015. Au programme: repas et piscines non mixtes, spectacles de derviches tourneurs, ni alcool, ni salles de jeu. Un concept qui «ne dérogera pas à ses principes éthiques et favorisera l’accomplissement du devoir religieux».

L’Occident veut sa part

Le marché des vêtements islamiques, la «mode modeste» comme ses apologistes l’appellent, connaît aussi une forte croissance. Les hidjab, niqab, robes longues de toutes catégories se multiplient dans le monde musulman, et l’Europe s’initie aux vêtements pour hommes. Les qamis –vêtement long que les mécréants appellent couramment djellabas- se répandent. Même le Japon promeut le vestiaire islamique par des défilés un rien audacieux et colorés.

La pudibonderie reste un creuset d’innovations. Un short de bain «islamique» est récemment apparu. Les créateurs de la start up Rajoul (qui ne montre pas la tête de ses mannequins) ont constaté que la zone comprise entre les genoux et le nombril ne respectait pas suffisamment la pudeur islamique. Ils ont créé un vêtement comprenant un sous-short en élasthane et un short léger par-dessus, avec parmi ses sophistications un espace permettant de placer ses clés sans qu’elles gênent lors de la prière. Il «permet d’avoir des activités nautiques sans se soucier d’être dénudé»… Très conseillé «pour vos vacances halal, car disons-le (…) un short respectant la pudeur du corps demande aussi qu’on aille dans des lieux respectant la pudeur de nos yeux!»

On nous annonce que la Chine va devenir leader en halal. Quant aux Occidentaux, ils ne sont pas les derniers à caresser cette poule aux œufs d’or. Le match entre fondamentalistes et profanes bat encore son plein pour le contrôle du marché de la viande. Question nourriture, Nestlé joue déjà dans la cour des grands, c’est un géant de la spécialité. Plusieurs entreprises suisses se sont  lancées dans d’autres créneaux, dont Nespresso et Firmenich qui produit des arômes certifiés halal. Et L’Oréal Paris a choisi une femme en foulard pour les soins des cheveux invisibles. Double manque de discernement: Amena Khan est une blogueuse antisémite.

La pression au «tout musulman» est vive. Témoin cette escarmouche qui s’est produite en France. Une norme estampillée «halal française» élaborée à la demande d’industriels de l’agroalimentaire a été présentée le 16 septembre par l’Association française de normalisation (Afnor). Pas du goût des musulmans, car symbole que des enseignes et sociétés occidentales prétendent augmenter leur part du marché halal. La Grande Mosquée de Paris et le Conseil du culte musulman sont montés au créneau. Celui-ci s’élève contre une «ingérence insupportable dans la définition du Halal qui est et doit rester du ressort exclusif des Instances religieuses musulmanes!»

«L’islamic fashion» doit aussi rester en mains religieuses. «…sans un sursaut rapide et effectif, nombre de ces boutiques spécialisées dans la mode islamique peineront à résister face à l’arrivée de grandes marques. Gageons qu’après Uniqlo, H&M et Dolce & Gabanna suivront les Zara, Cacharel et autres Primark.» Et d’appeler à des «cercles vertueux» pour soutenir les très petites entreprises (TPE) qui s’appuient sur des «engagements éthiques: bonnes pratiques, entrepreneuriat social, lutte contre le chômage et l’islamophobie, versement de la zakat, soutien de l’enseignement musulman».

Le marché halal: une preuve supplémentaire que le «vivre ensemble» des pieux musulman consiste à vivre séparément. Et à faire affaire entre soi.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

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