On peut lire en Jean 20, 22-23 : « Après ces paroles, Jésus envoya son souffle sur eux et il leur dit : recevez l’Esprit Saint ! Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ! »
Dans l’époque de relativisme sceptique qui est la nôtre aujourd’hui, beaucoup de chrétiens croient que le sacrement de réconciliation est une invention tardive dans l’Eglise catholique et que, par manque de fondements bibliques de cette pratique, il est préférable de confesser directement ses fautes à Dieu.
Or une recherche dans le 1er testament et une simple analyse historique de l’Eglise primitive apportent un tout autre éclairage. Isaïe, 1,18 :
« venez et dialoguons dit le Seigneur, si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront blancs comme neige ! ».
Dans la tradition hébraïque, Dieu est considéré comme « lent à la colère et plein d’amour » (Psaume 144). Avant l’époque de Jésus, un croyant commettant une faute ne peut pas se contenter de l’avouer seul devant Dieu. En effet, la sincérité individuelle n’est pas une garantie de vérité. Etre « juste », c’est ajuster son comportement aux vues de Dieu et en harmonie avec sa Parole. Un pécheur doit de ce fait passer par le ministère des prêtres.
Lévitique 5,1-10 :
« Lorsque quelqu’un se rendra coupable d’une faute, il devra confesser son péché. Il offrira à l’Eternel une réparation du péché commis : une brebis ou une chèvre comme victime expiatoire. Il les apportera au prêtre qui fera le sacrifice. C’est ainsi que le prêtre fera pour cet homme une expiation du péché commis et ainsi le pardon lui sera accordé ».
Il y a d’autres passages qui soulignent la médiation par le prêtre :
Lévitique 19,21-22 « L’homme amènera un bélier à l’entrée de la tente de la rencontre, en sacrifice pour reconnaître sa faute. Le prêtre fera pour lui l’expiation devant l’Eternel, et le péché qui avait été commis sera pardonné ».
Certains péchés étaient considérés comme rendant l’homme impur selon la loi de Dieu. On faisait appel au prêtre pour redevenir pur. C’est aussi le cas dans l’évangile dans Luc 5,13-14 :
« Jésus tendit la main, le toucha et dit : je le veux, sois pur ! Aussitôt, la lèpre le quitta. Il dit : Va te montrer au prêtre et offre pour ta purification ce qui est prescrit par Moïse ».
La lèpre n’est pas seulement une terrible maladie, elle est aussi le symbole du mal qui défigure l’être humain. Jésus guérit par sa parole et son attitude de compassion pour les souffrants.
Aaron, frère de Moïse, est le premier des prêtres au service du peuple. « Nombres 3,10 :
« C’est Aaron et ses fils que tu établiras responsables de leur ministère de prêtres ». Nombres 3.3 précise que les mains des prêtres sont consacrées. Au livre du Deutéronome 17,9 et 24,8, il est recommandé au peuple de suivre les instructions des prêtres.
Reconnaître sa faute est une nécessité pour se rapprocher de Dieu. Nombres 5,6-7 :
« Lorsqu’un homme ou une femme péchera contre son prochain en commettant une infidélité envers l’Eternel, il devra confesser son péché ».
Le ministère du prêtre intervient pour rétablir le lien entre le peuple et Dieu :
Nombres 15, 22 : « Lorsque vous pécherez en ne respectant pas tous les commandements que l’Eternel a fait connaître à Moïse, toute l’assemblée offrira un sacrifice. Le prêtre fera l’expiation pour toute l’assemblée des fils d’Israël et le pardon leur sera accordé ».
Dans les actes liturgiques, il est précisé que les prêtres portent des ornements particuliers. Exode 28, 1-3 :
« Fais approcher ton frère Aaron et ses fils, afin qu’ils me servent en tant que prêtres. Tu feras à ton frère Aaron des vêtements sacrés. Il les portera lorsqu’il sera consacré et qu’il remplira la fonction de prêtre pour moi »
La tradition biblique indique que Dieu a voulu réconcilier les hommes avec lui, et il les purifie par le ministère des prêtres. On comprend mieux pourquoi Jésus, juif pratiquant tient à préciser :
« Ne croyez pas que je sois venu abolir la loi et les prophètes. Je suis venu non pour abolir mais pour accomplir » Matthieu 5, 17.
Dans le livre du Deutéronome 34,9, on voit que l’autorité spirituelle est transmise par l’imposition des mains. Moïse impose les mains à Josué qui va continuer sa mission. Les prêtres chrétiens comme les rabbins reçoivent également leur consécration à un ministère par la semikha, imposition des mains correspondant à un envoi au nom de l’Esprit. On le retrouve dans le nouveau Testament, par exemple 2 Timothée 1,6.
La continuité des gestes et des actes liturgiques est évidente. Jésus a voulu transmettre à ses apôtres le pouvoir de purifier et de réconcilier. Matthieu 9,6-8 :
« Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés, lève-toi ! dit-il au paralysé. Quand la foule vit cela, elle fut émerveillée et célébra la gloire de Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes ». Ceux qui se reconnaissent en état de péché et veulent en sortir sont les bienvenus auprès de Jésus. Ses adversaires en font la remarque : « Il fait bon accueil aux pécheurs ! » (Luc 15,1).
L’apôtre Paul parle en ces termes de la réconciliation indispensable dans la vie de la communauté. 2 Corinthiens 5,18 :
« Tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par Jésus le Christ, et qui nous donne le ministère de la réconciliation… Nous sommes ainsi des ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu adressait son appel à travers nous ! Nous supplions au nom de Christ : soyez réconciliés avec Dieu ! ».
De manière plus précise, les Actes des Apôtres (19,17) présentent des membres de communautés venant confesser leur péché :
« Cela fut connu de tous les habitants d’Ephèse, juifs et non-juifs. La crainte s’empara de tous et on célébrait la grandeur du nom de Jésus. Beaucoup de croyants venaient reconnaître publiquement ce qu’ils avaient fait ».
Matthieu 18, 18 rappelle que Jésus a donné à ses collaborateurs institués le pouvoir de lier et délier :
« Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre aura été lié au ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre aura été délié au ciel ! ».
Du point de vue catholique, les apôtres ont transmis la mission apostolique à des anciens (presbytres) qui deviendront pour l’Eglise ce qu’on appelle évêques et prêtres. Nous lisons dans la première épître de Jean 1,9 :
« A condition que nous reconnaissions nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner et nous purifier de tout mal ».
Devenez “lecteur premium”, pour avoir accès à une navigation sans publicité, et nous soutenir financièrement pour continuer de défendre vos idées !
En tant que lecteur premium, vous pouvez également participer à la discussion et publier des commentaires.
Dès les premiers temps de l’Eglise, la confession des péchés s’est réalisée sous trois formes : publiquement en assemblée, dans une petite communauté, ou en privé. Origène, du temps de l’Eglise indivise, déclare dans son commentaire sur saint Luc :
« Si nous faisons connaître nos péchés, non seulement au Seigneur mais aussi à ceux qui peuvent guérir nos fautes et nos blessures, nos péchés seront par lui effacés ! »
Cyprien de Carthage (De Lapsis) ajoute :
« Combien plus grandes doivent être la foi et la crainte salutaire de ceux qui confessent leurs péchés aux prêtres de Dieu d’une manière directe et douloureuse, ouvrant clairement leur conscience…La satisfaction et la rémission accordées à travers les prêtres sont toujours agréables au Seigneur. »
Basile le Grand (Règles brèves) :
« Il est nécessaire de confesser nos péchés à ceux à qui fut confiée la communication des mystères de Dieu ».
St Jérôme (Commentaires sur Qohelet) :
« Si le serpent, le diable, mord quelqu’un secrètement, il infecte cette personne avec le venin du pécheur. Si la personne mordue garde le silence et ne fait pas conversion en ne voulant pas confesser sa blessure, alors son frère qui détient la parole de guérison ne parviendra pas à lui porter secours ».
La bénédiction d’Aaron, premier grand prêtre, garde toute son actualité
Nb6,22 :
« Que l’Eternel vous bénisse et vous garde !
Que l’Eternel fasse briller sur vous son visage et qu’il vous accorde sa grâce !
Que l’Eternel se tourne vers vous et vous donne la paix ! »
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
Abonnez-vous sans tarder à notre chaîne Telegram, pour le cas où Dreuz soit censuré, ou son accès coupé. Cliquez ici : Dreuz.Info.Telegram.
Cher Abbé Arbez, Malgré un long parcours en milieu protestant (50 ans …), je dois admettre que vous avez raison sur ce point précis. Aujourd’hui, dans notre monde séculier, les psy ont remplacé les prêtres et poussent les gens à déculpabiliser (c’est-à-dire évacuer la responsabilité personnelle d’un mal dont on souffre), au lieu d’aider à confesser un péché. A mon avis, l’être humain est tridimensionnel, à la fois physique, psychique et spirituel. Dans ce sens, la prêtrise traite en particulier des maux qui affectent notre âme, notre dimension spirituelle. Pour confirmer votre réflexion, voici encore une référence biblique intéressante et très pratique: Hébreux 3: 12-13: https://www.biblestudytools.com/ost/hebreux/passage/?q=hebreux+3:12-13,
Bien cordialement,
Cher gigobleu,
Ma conviction (entre autres) est que Christ est Roi de son royaume dont l’avènement est bien décrit en Matthieu 24 pour la génération qui verrait la destruction du temple en l’an 70 mettant ainsi fin au judaïsme, de la loi etc. et encore tout aussi important au fait d’avoir encore besoin de prêtres ou autres pour nous adresser à Dieu puisque il y a un seul intermédiaire entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, comme il l’est écrit.
J’aurais encore bien à partager, mais je ne veux pas déborder du sujet, à mes yeux tout est accompli, le Christ règne et a pardonné nos péchés à la croix, faisant de nos de par ce sacrifice indiscible des enfants de Dieu purifiés aux “yeux” de Celui qui est le seul habilité à nous guider dans notre vie spirituelle, faisant ainsi de nous non plus des êtres ayant besoin de lait, mais bien de la nourriture solide que seul Dieu peut nous donner dans aucun intermédiaire.
Bien à vous.
Merci .oui tout est accompli à la croix,et nous sommes pardonné par la grâce en la foi .devenant ainsi justice de Dieu..
croyez-vous que Jésus a voulu une Eglise ectoplasmique, sans colonne vertébrale, parce que chacun serait connecté en direct avec l’Esprit saint. C’est une vue idéaliste qui ne tient pas face à la réalité des attitudes humaines. L’évangile précise que Jésus sait ce qu’il y a en l’homme, c’est pourquoi il a clairement institué des pasteurs de son troupeau dans lequel il est, lui, le seul Berger.
Les êtres humains ne sont pas “en direct avec Dieu” si facilement, et des dérives se sont souvent manifestées. Il faut de la régulation.
C’est pourquoi on peut résumer la fonction sacerdotale ainsi:
Un seul est prêtre (Jésus) Tous sont prêtres (baptisés) et Quelques-uns sont prêtres (ministres au service des assemblées)
La possibilité de la confession auriculaires demeure chez les protestants mais elle n’est PAS obligatoire au salut, non plus chez les orthodoxes. Ce qui révolte les protestants, c’est d’avoir rendu obligatoire la pratique utile, quoique facultative, du rite pénitentiel. SEULE la confession à Dieu, par Jésus-Christ, en vertu de l’Évangile, notamment: Jn.3/16, est indispensable au salut!
D’accord avec vous mais la confession est utile quand l’âme est malade de la même façon que consulter un médecin est nécessaire lorsque le corps est malade.
Qu’est-ce que “le sacrement de réconciliation” ? J’ai été jusqu’à 18 ans à la messe, mais cette terminologie ne me dit rien.
Par contre, j’allais à confesse? S’agit-il de cela ? Si oui, j’ai arrêté de me confesser vers 10-11 ans, le curé (de passage) m’ayant harcelé pour me faire avouer que j’avais des attouchements avec mes petits camarades. Je ne voyais pas de quoi il parlait mais je me suis trouvé libéré de cette retenue qui durait une fois que j’ai avoué ce qu’il voulait que j’avoue.
Une fois dehors, sur la place de l’Eglise (je me souviens encore très exactement l’endroit) j’ai compris ce qu’il m’avait fait injustement avouer, de ne plus retourner à confesse.
Donc dans cette article de AAA, on fait l’éloge de la soumission aux prêtres en mesure de lier ou de délier… Et bien bonjour ! On a là l’impression d’être face à une secte (en dehors d’elle pas de salut), laquelle a été officiellement établie mais a depuis perdu de sa superbe… Est-ce que cet article est fait pour gommer au plus vite (passer en second plan) le précédent article de AAA dans lequel un commentaire fait dégommage ?
@ josick. Ce n’est pas parce que l’on consulte un mauvais médecin que tous les médecins sont mauvais … Ou pire, qu’il ne faudrait plus faire confiance à la médecine parce que l’on a fait une mauvaise expérience.
@gigobleu : La comparaison là ne tient pas car il y a ici un déséquilibre patent : un enfant de 10 ans face à un adulte…
@AbbeARBEZ
Merci, mon Père, pour ce très beau billet et ce merveilleux éclaircissement entre l’ancien et le nouveau testament. C’est, certes, une étude de longue haleine mais combien primordiale ; vous me faites revivre une époque heureuse de ma jeunesse et vous m’apportez du baume au coeur.
@ARA
Faut-il que le principe de la confession auriculaire soit de grande importance pour le catholicisme romain ! Car, après votre exposé daté d’hier, vous exhumez un autre exposé, sur le même sujet, daté du 14/01/2018 dans le but, je le comprends bien, de faire diversion.
Cette stratégie est l’une des formes de manipulation et de contrôle sur les personnes religieuses les plus simples et vous ne vous en privez pas.
Visiblement, vous connaissez les différentes techniques de diversion : pseudo enseignement tiré de la « tradition », saturation du cerveau du fidèle catholique qui pourrait soulever des questions embarrassantes et être tenté d’acquérir des connaissances bibliques, etc. Bref, le but est d’altérer profondément l’intelligence des « fidèles » de toute pensée critique et les prévenir d’une lecture attentive des Écritures ; des vérités bibliques subversives pour Rome.
En peu de mots, Jésus invite celui/celle qui est faible et pécheur, sans espérance, incertain et sans paix : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. »
L’apôtre Pierre, voyant le peuple, dit : « Repentez-vous et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés. » Aucun intermédiaire, aucun prêtre n’est nécessaire, sinon cela serait dit et écrit.
Chacun comprendra qu’un prêtre ne peut donner « la paix » qu’il ne possède pas. Oui, la confession auriculaire est un grand mensonge, un rite sans aucune assurance, qui ne peut satisfaire le profond désir de trouver le pardon des péchés.
En remarque conclusive, je vous partagerai la parabole de Jésus qui évoque la prière d’un publicain, qui n’osait même pas lever les yeux au ciel, et qui se frappait la poitrine, en disant : O Dieu ! sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. Jésus déclara qu’il rentra chez lui, justifié.
Selon l’instruction de Jésus-Christ, voici donc comment nous devons prier : « Notre Père qui es aux cieux ! … pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés… »
Cette prière, brève et simple, offre toute sécurité. Oh ! la paix que Jésus donne !
Monsieur Marc Elie G:
Vos propos sont diffamatoires, et vous confondez discussion courtoise avec attaques personnelles. Pas de chance! je suis chroniqueur, et non pas responsable de la rédaction pour la mise en page. Je n’ai donc pas personnellement “publié” l’article de 2018 avec les arrière-pensées malsaines que vous me prêtez.
Je pense que vous devez vous abstenir de déverser votre fiel sur tout ce qui est catholique et de vous en prendre à ma personne.
@ Mr Arbez, je ne pouvais pas savoir que vous n’étiez que chroniqueur et que vous n’aviez pas la maîtrise des publications de vos articles. Je prends acte de votre information et rectification.
Soyez assuré que je ne m’en prends à votre personne. Pourquoi le ferai-je? Je m’efforce simplement de reprendre, d’exhorter, parfois avec âpreté et pas toujours avec toute la douceur nécessaire je le concède, mais toujours avec la volonté d’instruire droitement des vérités bibliques.
Bien cordialement.