Valentin était un évêque romain. Il fut décapité sur ordre de l’empereur Claude en 268. Il avait osé transgresser les décisions impériales en célébrant un mariage chrétien entre Serapia et Sabin.
A l’époque se déroulait chaque printemps la fête des Lupercales, donnant l’occasion à de jeunes hommes et à de jeunes femmes de déposer leurs noms dans des urnes pour pouvoir ensuite tirer au sort les partenaires d’un jour. Ces festivités orgiaques étaient organisées sous le patronage de la déesse Junon et du dieu Pan, et les prêtres de Lupercus organisaient des fêtes délirantes. Face à ces solennités païennes et leurs débordements, des chrétiens voulurent mettre en valeur un amour véritable entre un homme et une femme. Ils étaient à l’évidence à contre-courant de l’opinion majoritaire ! Ce n’étaient pas des rabat-joie, mais des êtres convaincus que l’amour vraiment respectueux des personnes serait fondé sur un engagement mutuel, selon les valeurs éthiques de la parole de Dieu.
Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.
D’après la chronique, Serapia et Sabin ont fait appel à Valentin pour qu’il bénisse leur union basée sur un amour sincère et définitif. Comme pour d’autres mariages semblables célébrés par l’évêque Valentin en infraction des décrets de l’empereur, ces démarches furent réprimées par le martyre. Il faut préciser qu’une des raisons d’interdiction du mariage – outre la licence des mœurs – était qu’un soldat marié avait beaucoup moins de motivation pour partir faire la guerre.
Mais comment en est-on arrivé à confondre le témoignage courageux de Valentin avec un Cupidon capricieux décochant ses flèches pour des partenariats sans lendemains ?
On entend souvent l’argument selon lequel l’Eglise aurait été assez habile, dans les premiers siècles, pour évangéliser des rites païens. Or, si l’on observe bien le cours des choses, c’est exactement l’inverse qui s’est produit : la Saint Valentin, initialement dédiée à une union loyale et durable, est devenue la fête des amoureux pour partenaires provisoires. Au contraire des idées reçues, la société a donc paganisé et popularisé une fête aux motivations spirituelles en occultant les dimensions éthiques qui l’accompagnaient.
C’est au XIV° siècle que la Grande Bretagne a popularisé la St Valentin pour les amoureux. Mais le promoteur de la célébration était un Vaudois établi outre-Manche, le capitaine Othon de Grandson, qui dans ses poèmes mettait en valeur les serments d’avenir que se font les véritables âmes sœurs (« Le souhait de Saint Valentin »). William Shakespeare fait mention de la St Valentin dans Hamlet : il compare poétiquement les amoureux qui échangent de doux messages avec les oiseaux qui commencent leurs approches nuptiales.
C’est cette mise en valeur de l’amour d’un couple qui aurait préparé ce qui a donné naissance au rituel médiatique d’aujourd’hui.
Mais il est tout de même étonnant de voir St Valentin – qui a donné sa vie pour avoir consacré des mariages – devenir à notre époque un logo publicitaire de rencontres frivoles sous l’égide de Cupidon.
Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, pour Dreuz.info.
Merci Mr l’ Abbé pour m’avoir éclairé sur cette différence entre Valentin et Cupidon, que je ne connaissais pas. Ma préférence reste donc toujours pour Valentin. <3 Prénom d'un de mes petits fils.
Tant que ça fait marcher le commerce des incultes … :
“Y’a des jours où cupides on s’en fout…” (Brassens).
Merci pour cette page d’histoire.
Si au moins, ils étaient heureux avec leurs amours mutliples et leur manque de culture…
Monsieur l’Abbé,
ça ne fait que 41 ans que je fête la Saint Valentin… avec la même femme, qui est en l’occurrence la mienne!!!!!
N’en déplaise à l’église mais le rite que je préfère lors de cette occasion est un repas dans un bon restaurant.
Je ne sacrifierai donc pas à Cupidon mais plutôt à Hébé (Juventas pour les romains) protectrice des jeunes mariés mais également celle qui sert l’ambroisie aux dieux de l’Olympe… pour leur conserver l’éternelle jeunesse de l’immortalité.
Monsieur l’Abbé est bien trop pudique pour citer in extenso les vers shakespeariens quelque peu coquins qu’il mentionne !
Les voici:
“Tomorrow is Saint Valentine’s day,
All in the morning betime,
And I a maid at your window,
To be your Valentine.
Then up he rose, and donned his clothes,
And dupped the chamber door.
Let in the maid that out a maid
Never departed more.”
Et si on remplaçait dans l’islam le Ramadan par les Luperk’Allah Days ? Les rapports (obligatoirement protégés pour éviter de fabriquer des petits soldats égorgeurs) entre mahométans et mécréants en seraient grandement améliorés par une meilleure canalisation des énergies vitales…
mais l’amour véritable pour lequel Valentin a donné sa vie n’est pas qu’une question de féromones et d’exutoire.
Une traduction aurait été la bienvenue………..
Soit je n’ai pas bien compris votre article, Monsieur l’Abbé, soit j’ai été un grand naïf durant les 64 ans que notre Seigneur m’a accordé jusqu’à ce jour.
La Saint Valentin, fête des amoureux donc, me semblait être, pour ce qu’elle en est aujourd’hui et non par le passé, une fête où des amoureux qui le sont déjà, se fêtent entre eux leur amour par un petit geste. Et non une aventure passagère d’un jour. Peur d’être dans l’erreur, j’ai demandé à ma femme (40 ans de mariage le 28/7/2018) ce que représentait la Saint Valentin pour elle. Même chose que moi, et je n’en est pas été étonné.
Alors, deux phrases de votre texte m’ont très étonné.
1) “Mais comment en est-on arrivé à confondre le témoignage courageux de Valentin avec un Cupidon capricieux décochant ses flèches pour des partenariats sans lendemains ?”
Après renseignements, j’ai trouvé ceci :
“Selon la mythologie, quiconque était touché par les flèches de Cupidon tombait amoureux de la première personne qu’elle voyait à ce moment-là.”*
La mythologie ne semble pas préciser que cet amour naissant devait disparaître le soir même. Avez-vous d’autres sources ?
2) “Mais il est tout de même étonnant de voir St Valentin – qui a donné sa vie pour avoir consacré des mariages – devenir à notre époque un logo publicitaire de rencontres frivoles sous l’égide de Cupidon.”
Comme dit ci-dessus, je voyais la Saint Valentin comme étant, justement, une occasion (certes mièvre et commerciale…) d’un moment d’intimité pour un couple déjà “installé”.
“Pour autant, les Français ne sont pas tous vaccinés contre la Saint-Valentin. 60 % des moins de 35 ans affirment célébrer la fête des amoureux et ils sont quand même 46 % des plus de 35 ans, selon l’enquête Ipsos réalisée en 2013. “Le noyau dur, ce sont ceux qui viennent de former un couple. Ils s’installent dans la relation à petits pas, la première Saint-Valentin, c’est le symbole de l’engagement”, note Jean-Claude Kaufmann”**
“Pour Christine Castelain-Meunier, sociologue au CNRS, auteur du livre Le ménage : la fée, la sorcière et l’homme nouveau, (Ed. Stock), cette célébration est même nécessaire : “On a besoin de rituels, de romantisme dans un contexte d’amour volatile”, explique-t-elle. “Avec l’augmentation de l’espérance de vie et la pluralité des situations, les gens qui se mettent ensemble, qui se séparent, on a besoin de manifester son engagement. Et tout le monde est concerné, les jeunes comme les moins jeunes”, ajoute-t-elle.**
D’après cette sociologue que je n’ai pas le plaisir de connaître, il semblerait que son point de vue se rapproche du mien, à savoir, peut-être ne pas, “rapprocher” les couples (“…on a besoin de manifester son engagement…”) mais d’être un geste dans un amour existant et qui devrait être, en principe, durable.
Votre vision de la Saint Valentin comme étant celle des “amours” d’un instant me surprend beaucoup. Tout du moins, je ne l’ai jamais ressenti ni compris comme tel.
Merci de tous vos articles que je lis avec une très grande attention et très grand intérêt.
————————
* Référence
** Référence
De plus en plus de couples vivent l’instant et sont réticents à un engagement tel que vous le vivez.
Beaucoup donc fêtent la st valentin comme un clin d’œil momentané entre deux personnes sans perspectives d’avenir, ce qui est aux antipodes du sacrifice de l’évêque Valentin et ressemble plus aux pratiques de type Cupidon.
C’est de mauvaise augure pour le futur d’une société qui se déstabilise et vit sur des émotions versatiles.
“De plus en plus de couples vivent l’instant et sont réticents à un engagement tel que vous le vivez.” Oui, bien sûr ! C’est incontestable. Mais la Saint Valentin n’est pas leurs fêtes, et les gens ne le pensent pas ainsi.
Je suis persuadé que les gens pensent que la Saint Valentin est la fêtes des amoureux….qui le sont déjà…….et qui veulent le rester en s’engageant ou non (ce qui ne veut pas dire qu’ils le feront).
Sur ce coup là, si vous me le permettez, à mon humble avis, vous n’êtes pas dans le vrai.
Ce n’est que l’exception qui ne fait que confirmer la règle…
non, je vois beaucoup de couples provisoires (style jetable) qui fêtent la St Valentin, avec un zeste de romantisme passager, et pas seulement les couples stables et engagés comme vous le croyez.
Qu’est-ce qu’être “dans le vrai” selon vous?
“Je vois beaucoup de couples provisoires (style jetable) qui fêtent la St Valentin”. C’est tout à fait exact. Mais si la Saint Valentin n’existait pas, vous continueriez de dire : “Je vois beaucoup de couples provisoires, style jetable”, car de tels couples existent, et ils sont nombreux, Saint Valentin ou pas Saint Valentin.
Sans vouloir me répéter, si ces couples provisoires fêtent la Saint-Valentin, cela ne veut pas dire qu’ils se sont créés pour une telle fête, comme vous l’expliquez dans votre article si j’ai bien compris. Ils étaient provisoires avant, ils le sont pendant, et le seront après la Saint-Valentin pour le temps qu’ils resteront ensemble.
———-
Qu’est-ce que le “vrai” ? C’est une question trop compliquée pour moi.
J’aurais tendance à dire que le vrai c’est l’Évangile, mais lui-même est interprété de tellement de façons différentes et dont chacune est considérée par ses partisans comme étant la “vraie”, je ne peux pas répondre à votre question.
Finalement, le vrai n’est-il pas suivre sa conscience ? Et encore ! Si votre conscience vous demande de faire des choses inadmissibles (je pense aux génocides de l’histoire, par exemple), elles seront jugées comme inadmissibles par une autre conscience, mais comme justifiées par la vôtre.
Et vous Monsieur l’Abbé ARBEZ, je serais tellement intéressé de savoir ce que le “vrai” représente pour vous……..
Merci Monsieur l’Abbé pour ce bel article.
Il faut juste espérer qu’au cours des rencontres, si elles se multiplient avec les mêmes partenaires, que certaines frivolités s’assagissent , et que les partenaires d’un jour finissent par se multiplier.
C’est toujours de l’ordre du possible…optimiste.
Toutes mes excuses, Soliloque, mais je n’ai pas compris grand chose à ton post.
– “…si elles se multiplient avec les mêmes partenaires…” : elles ne peuvent pas se multiplier avec les mêmes partenaires. Si les partenaires sont les mêmes, c’est qu’elles ne se multiplient pas et son durables.
– “…et que les partenaires d’un jour finissent par se multiplier.” C’est tout l’inverse de la fidélité !
– “C’est toujours de l’ordre du possible…optimiste”. Je crois que tu veux dire que tu es optimiste dans la fidélité et la durabilité, mais ton post dit tout l’inverse.
Ou alors, quelque chose m’a échappé……
Très intéressant