Publié par Dreuz Info le 13 février 2018

La première année de l’administration Trump a été aussi turbulente pour les médias d’information que pour la politique, de nombreux journalistes ayant abandonné toute prétention de professionnalisme pour devenir des opposants résolus du président. Comme un proxy pour les plus grands médias du système médiatique, le Centre de recherche sur les médias a analysé chaque instant des reportages sur le président Trump l’année dernière dans les journaux télévisés du soir diffusés par ABC, CBS et NBC, généralement vu par plus de 25 millions de personnes tous les soirs. En voici les principales conclusions:

La présidence de Trump a été la plus grande histoire de l’année, représentant une minutes sur trois de temps d’antenne des bulletins d’actualités du soir – ça fait près de 100 heures au total.

Le ton des reportages a été constamment hostile, en particulier concernant le nouveau président dans son année initiale au pouvoir : 90% négatif contre seulement 10% positif (ces taux n’incluent pas les avis neutres).

Plus des deux cinquièmes des reportages des journaux télévisés du soir sur le président (43%) portaient sur des controverses et pas sur la politique, l’enquête russe représentant à elle seule un cinquième des reportages sur Trump (1 234 minutes).

Malgré un grand nombre des reportages sur l’enquête russe, les chaînes n’avaient presque pas de temps d’antenne pour les questions sur la façon dont l’enquête a commencé, ou sur le fait de savoir si l’enquête actuelle de l’avocat spécial Robert Mueller était biaisée.

Voici maintenant les détails de notre étude effectuée au cours d’une année

La présidence de Trump a été de loin la plus grande histoire de 2017 : du jour de l’inauguration (le 20 janvier) à la fin de 2017 (le 31 décembre), les trois journaux télévisés du soir ont diffusé 3 430 reportages sur le président Trump ou son administration, ce qui a fait au total 99 heures et 3 minutes de temps d’antenne. Cela représente environ 34% de tous le temps d’antenne d’actualités du soir (hors publicités), ce qui signifie qu’une sur trois minutes des reportages des journaux télévisés du soir a été consacrée à l’histoire de Trump l’année dernière.

En revanche, les analyses du Centre de recherche sur les médias sur ces mêmes journaux télévisés en 2015 et 2016 ont révélé que le temps d’antenne consacré au président Obama et à son administration représentait environ dix pour cent de l’ensemble des journaux télévisés du soir, soit moins d’un tiers de celui des reportages sur Trump.

Les reportages sur Trump ont été constamment négatifs : en passant en revue tous ces reportages, nos analystes ont catalogué 5 883 déclarations évaluatives sur le président ou son administration faites par des reporters, des présentateurs ou des sources non partisanes telles que des experts ou des électeurs. Seulement environ 10% de ces commentaires (617) étaient positifs, contre 5 266 (90%) qui étaient négatifs – un niveau sans précédent d’hostilité médiatique pour un président lors de sa première année au pouvoir.

En 2017, seuls trois mois ont vu le nombre de reportages positifs sur Trump dépasser les 10% dans les journaux télévisés du soir : Janvier, quand la couverture télévisée de son inauguration a inclus quelques histoires présentant la réaction positive des électeurs de Trump ; Avril, lorsque la couverture du réseau a mentionné les réactions de soutien aux frappes de missiles de croisière contre la Syrie ; et en Décembre, lorsque le Congrès a finalement adopté un important paquet de réforme fiscale, un succès législatif de Trump. Cependant, même pendant ces mois, la plupart des reportages sur Trump à la télévision étaient encore extrêmement négatifs – 85% des reportages négatifs en Janvier, 82% en Avril et 85% en Décembre.

L’attitude négative des médias a été essentiellement constante, indépendamment des problèmes ou des controverses exposées dans la rubrique actualité. Par exemple, la couverture télévisuelle n’était pas plus hostile en août (91% de négatif), quand Trump fut vivement critiqué pour sa réaction aux violences à Charlottesville en Virginie, liées à une marche de la suprématie blanche, que pendant la plupart des autres mois.

Au contraire, certaines histoires ont été très médiatisées dans les journaux télévisés du soir (l’enquête russe, l’interdiction de voyage et de nombreuses controverses personnelles) où les journalistes pensent de toute évidence que des critiques vigoureuses sont justifiées, alors qu’ils mentionnent à peine d’autres sujets où l’administration a des réussites à présenter. (Demain, nous rapporterons six réussites de Trump qui ont été essentiellement ignorées par les réseaux.)

Un pourcentage élevé des reportages des médias porte essentiellement sur les controverses, pas la politique : plus de deux cinquièmes des reportages des journaux télévisés du soir sur l’administration Trump (43%, ou 42 heures et 37 minutes) ont été centrées sur de diverses controverses associées au président et ses principaux collaborateurs. L’enquête russe était le sujet préféré des médias, avec une couverture étonnante de 20 heures 34 minutes, ou plus d’un cinquième de la couverture média de Trump l’année dernière.

  • La discussion de toutes les questions des politiques gouvernementales combinées a totalisé 46 heures et 58 minutes de la couverture, ou environ 47 pour cent de toute la couverture médiatique de Trump. Les cinq questions politiques les plus fréquemment posées étaient :
  • l’effort pour abroger et remplacer ObamaCare (475 minutes)
  • les confrontations nucléaires avec la Corée du Nord (364 minutes)
  • la politique d’immigration, y compris les expulsions massives et un mur frontalier potentiel (258 minutes)
  • l’interdiction de voyager temporaire et la bataille judiciaire qui s’ensuit (251 minutes)
  • et des pressions finalement réussies en faveur d’une vaste réforme fiscale (222 minutes).

 

Outre l’enquête russe, les réseaux ont passé plus de 100 minutes sur deux autres controverses : la réaction du président aux violences de la suprématie blanche à Charlottesville et la fureur suscitée par son tweet selon lequel le président Obama avait mis sur écoute la tour Trump. Aucune autre controverse n’a obtenu autant de temps d’antenne. Nos analystes ont constaté que les chaînes étaient généralement obsédées par une controverse à la fois, puis l’abandonnaient quand une nouvelle devenait disponible.

Et, pour ceux qui pourraient se demander, le temps d’antenne non dépensé pour discuter des controverses ou des questions politiques (environ 9 heures, 17 minutes) consistait en d’autres nouvelles administratives (mises en candidature et nominations diverses, voyages présidentiels, activités cérémonielles, etc.).

Beaucoup de “collusion” et petite enquête de Mueller

Tout au long de l’année 2017 – avant même la nomination de Robert Mueller comme conseiller spécial – les médias étaient obsédés par l’enquête sur l’ingérence russe dans la campagne américaine (et notamment celle de Trump) de 2016. Comme indiqué ci-dessus, un cinquième de tous les reportages sur Trump lors des journaux télévisés du soir de l’année dernière concernait l’enquête russe, ce qui la rendait plus importante que l’effort pour abroger ObamaCare, la réforme fiscale, l’immigration ou toute autre controverse de Trump que la TV a jugé digne d’être sujet d’un reportage.

Pourtant, très peu du temps d’antenne consacré à l’enquête russe a été utilisé à expliquer comment l’enquête sur l’équipe de campagne de Trump a débuté, ou si l’enquête actuelle de Mueller était biaisée. Les suggestions selon lesquelles les responsables de l’administration Obama auraient «démasqué» de façon inappropriée des responsables de Trump impliqués dans la surveillance étrangère ont obtenu seulement 20 minutes dans les journaux télévisés du soir, soit moins de 2% du temps total consacré à l’enquête russe. La représentation du dossier anti-Trump non corroboré dans les journaux télévisés du soir qui, comme nous l’avons finalement appris, était financé par l’avocat de la campagne de Clinton, ne représentait que 15 minutes de temps d’antenne.

Alors que les médias ont soumis Ken Starr, un avocat indépendant de l’époque Clinton, à un examen minutieux, tous les doutes soulevés à propos de Mueller et de son équipe ont été peu traités. Les trois journaux télévisés du soir ont consacré 11 minutes en tout (moins que 1% de leur couverture de l’enquête russe) aux messages biaisés anti-Trump échangés entre un agent du FBI et un avocat du FBI, qui avaient tous deux travaillé sur l’enquête. Les critiques selon lesquelles l’équipe de Mueller aurait mal reçu des e-mails écrits par des responsables de Trump pendant la période de transition ont pris à peine cinq minutes de temps d’antenne (ou moins 0,5% de la couverture totale de l’enquête russe).

La réaction des médias à la première année de Trump a été si radicale que le public lui-même s’est polarisé au sujet de ces reportages. En septembre, Gallup a découvert qu’un nombre record de Démocrates déclaraient «faire confiance aux médias pour rapporter les nouvelles ”de manière complète, exacte et équitable”», avec 72% des démocrates affirmant avoir fait confiance à la presse en 2017, contre seulement 51% qui affirmaient cela il y a un an.

Un mois plus tard, un sondage mené par Politico/Morning Consult révélait que «plus des trois quarts des électeurs républicains, 76%, pensent que les médias d’information inventent des histoires sur Trump et son administration». Ce chiffre atteint 85% lorsque l’on demande la même chose aux supporteurs de Trump.

Ce qui semble se produire est que bien des gens des médias, y compris les réseaux de diffusion, ont choisi de se transformer en activistes opposés a Trump. En conséquence, ils accordent beaucoup d’attention aux histoires qui, selon eux, donne de lui une mauvaise image, donnent peu de temps d’antenne pour découvrir des aspects plus positifs de son administration, et le répriment avec des jugements largement préconçus.

Les sondages suggèrent que les démocrates anti-Trump aiment ce genre de nouvelles, les républicains pro-Trump les détestent – alors que les médias nationaux confirment leur réputation de partisans biaisés. Leur hostilité à l’égard de la Maison-Blanche est désormais tellement évidente que personne ne pourrait les prendre au sérieux s’ils prétendaient encore être des professionnels équitables et non partisans.

Par Rich Noyes et Mike Ciandella

Reproduction autorisée avec la mention suivante : traduction © Oksana Zvirynska pour Dreuz.info.

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