Publié par Gaia - Dreuz le 13 février 2018

Mis en examen pour viol, l’islamologue a fait appel de son incarcération. Son recours sera examiné jeudi par la cour d’appel de Paris.

« Les déclarations de Christelle* (NDLR : la première plaignante) sont particulièrement circonstanciées, réitérées, et constantes […] Quant à Henda Ayari (NDLR : la seconde plaignante), les faits qu’elle dénonce sont assez similaires. » C’est ainsi que le juge des libertés et de la détention (JLD) justifie, le 6 février dernier, dans son ordonnance que nous avons pu consulter, le placement en détention de Tariq Ramadan.

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Depuis, le théologien de 55 ans, mis en examen pour « viols », a fait appel par l’intermédiaire de ses avocats, Me Yassine Bouzrou et Julie Granier. L’audience est prévue jeudi à Paris. À contrario du JLD, la défense de l’islamologue a selon nos informations transmis au JLD une note dans laquelle elle pointe des contradictions dans les auditions des deux plaignantes.

Tariq Ramadan prétend notamment avoir un alibi pour le 9 octobre 2009, date de l’agression dont dit avoir été victime Christelle. Le prédicateur a livré aux enquêteurs une réservation de billet d’avion entre Londres et Lyon selon laquelle il aurait atterri ce jour-là dans la capitale des Gaules à 18h35, avant de participer à une conférence prévue à 20h30.

Or, selon la victime, le prédicateur l’aurait violée « dans l’après-midi […] peut-être deux à trois heures avant la conférence ». Selon Tariq Ramadan, sa rencontre avec la jeune femme aurait eu lieu dans le même hôtel, mais le lendemain, et se serait limitée à une simple conversation dans le hall.

Contradictions sur l’horaire

Selon nos informations, dans la même note, la défense du théologien s’interroge également sur les explications de Christelle qui, après le viol qu’elle dit avoir subi, n’a pas quitté la chambre d’hôtel avant le retour de son agresseur présumé. « J’étais groggy et je suis tombée dans les pommes un moment », a-t-elle confié lors de la confrontation, ajoutant que l’islamologue avait quitté la pièce en emportant toutes ses affaires -robe, chaussures, téléphone- « dans un grand sac blanc ».

Dans sa plainte, cette femme qui souffre d’un handicap aux jambes avait initialement expliqué que Tariq Ramadan avait mis sa robe « sur une étagère en hauteur » de manière à ce qu’elle ne puisse pas l’atteindre.

Dans son ordonnance, le JLD atteste qu’il « subsiste des contradictions quant à l’horaire de commission des faits » dans le récit de Christelle, mais met en avant un détail qui a, semble-t-il, emporté sa conviction : la connaissance par Christelle « des détails anatomiques intimes du mis en cause (NDLR : une cicatrice à l’aine) ».

La défense parle de liens antérieurs

Le viol présumé d’Henda Ayari est, selon la note de la défense, encore plus difficile à dater. La quadragénaire fixe son agression en mars-avril 2012. Tariq Ramadan l’avait, dit-elle, contactée quelques semaines plus tôt, après qu’elle a retiré son voile sur son profil Facebook. Or, le théologien a transmis à la justice un mail du 23 avril 2012, dans lequel l’ancienne salafiste fait référence à cet épisode. « Ce qui est certain, c’est que j’ai envoyé ce message avant d’avoir été agressée, admet Henda Ayari. Donc je ne peux pas vous dire si je me suis trompée sur la date des faits ou s’il y a un problème concernant la date de ce message. »

Dans la note, la dénonciation par les deux plaignantes de faits similaires « décrivant des pratiques sexuelles identiques, la même violence et l’emprise qu’exerçait sur elles Tariq Ramadan », tel que le rapporte l’ordonnance du JLD, s’explique par les liens entretenus antérieurement par les deux quadragénaires. Après avoir soutenu ne pas connaître Henda Ayari, Christelle s’est souvenue que les deux femmes s’étaient parlé en 2012. Un contact qui s’était fait par l’entremise de l’idéologue d’extrême droite Alain Soral qu’Henda Ayari avait contacté pour lui faire part de ses mésaventures. « Il m’a dit qu’il connaissait certaines de ses maîtresses et qu’il allait me mettre en lien avec elles », détaille-t-elle.

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Les avocats de Tariq Ramadan ont porté plainte pour « subornation de témoin », soupçonnant de potentielles collusions. Dans son ordonnance, le JLD va néanmoins au-delà du récit des deux plaignantes pour justifier le placement en détention provisoire. Il invoque le risque « non théorique » de pression que Tariq Ramadan pourrait faire peser sur elles. Il pointe également des garanties de représentation « aléatoires ».

*Le prénom a été modifié

Source : Leparisien.fr

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