Publié par Mireille Vallette le 18 février 2018
Hansjörg Schmid, co-directeur du Centre Suisse Islam et Société (CSIS)

Un projet-pilote d’aumônerie musulmane dans un centre de requérants d’asile  été présenté avec joie et fierté à Berne. Vues de près, les couleurs de l’expérience ternissent.

Le Temps lance un cri de détresse : «Qui va payer les aumôniers musulmans ?». Le message de la conférence presse de vendredi 16 février à Berne a été reçu 5 sur 5 !

Un projet-pilote d’aumônerie musulmane initié par le Secrétariat aux migrations (SEM), en collaboration avec les Églises chrétiennes et israélites (dont les aumôniers sont déjà présents), est en cours dans le Centre pour requérants d’asile de Zurich qui accueille 300 personnes. Deux hommes et une femme musulmans font leurs armes auprès des nouveaux venus.

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Un aumônier compromis

Le trio a été trié sur le volet, mais l’un d’eux est compromis avec le régime d’Erdogan et sa chasse aux partisans de Gülen en Suisse. Il va selon le Secrétariat d’Etat à l’économie démissionner, révèle Michael Meier, du Tages Anzeiger.

Mais selon ses initiateurs qui ne disent mot de ce léger problème, le bilan de l’expérience, réalisé par le Centre suisse islam et société (CSIS), sis à l’université de Fribourg, est très positif. Les aumôniers se muent en «bâtisseurs de pont» entre notre culture et celle des nouveaux arrivants. Ils les initient à «une compréhension de l’islam à la fois ouverte et humaniste»… A priori, ce n’est donc pas celle de nos nouveaux hôtes ?

 

Un président fondamentaliste

La réalisation du projet a été confiée à l’Association des organisations islamiques de Zurich (VIOZ).

Les acteurs de la conférence de presse ont bêtement oublié de rappeler comment son président, Mahmoud El Guindi a été pris la main dans le pot de confiture… moisie.

En novembre 2015, le même Tages Anzeiger révélait qu’un aumônier, imam d’origine albanaise, distribuait dans une prison zurichoise des brochures qui faisaient l’apologie de la charia et de ses châtiments. Son auteur, Abdul Rahman al-Sheha, d’origine saoudienne, est un pionnier du mouvement «Lis !» connu pour son extrémisme. Des livres prônent le meurtre d’ex-musulmans, la lapidation des adultères, l’amputation des voleurs.

Un autre petit livre publié par la Ligue islamique mondiale était aussi distribué par l’imam : «Manuel de prière pour les filles musulmanes avec illustrations». C’est le président du Vioz Mahmoud El Guindi qui l’a traduit de l’arabe à l’allemand. On y trouve l’habituelle incontinence des directeurs de conscience : l’obsession de la pureté de ces dames, la couverture du corps des fillettes, la prière à laquelle les femmes peuvent assister, bien qu’il soit préférable qu’elles restent à la maison. «Pendant les règles, une femme peut aller à la mosquée, mais sans entrer ou prier dans le sanctuaire, juste pour assister à la fête.»

Le livret se trouve toujours à la Mosquée Rötelstrasse de Zurich. Pour aider les jeunes, explique El Guindi qui a conservé sa fonction de président du VIOZ.

 

Une aumônière moyennement intégrée

Belkis Osman

L’aumônière du projet-pilote Belkis Osman, qui a œuvré comme professeure de religion islamique, est la vice-présidente du Vioz et n’en veut pas le moins du monde à El Guindi de sa misogynie. Elle a aussi regretté il y a quelques années l’échec du projet de création d’un jardin d’enfants islamique par le très salafiste président du Conseil central islamique Nicolas Blancho. Le canton de Zrurich estimait ses préceptes trop radicaux. «Bien sûr, vous devez vous conformer à la réglementation, commentait Beskis Osman, et nous acceptons la décision, mais il est dommage pour les musulmans d’ici qu’une fois de plus leur souhait soit rejeté.»

Elle porte le foulard, une manière d’affermir les mœurs des nouveaux venus plutôt que leur faire comprendre qu’ils ont changé de civilisation. Pour elle comme pour tant d’autres, peu importe que la dissimulation de la chevelure et du corps des femmes soit toujours le premier signe de radicalisation dans l’ensemble du monde musulman, Europe comprise.

Mais pour David Keller, une des responsables du Secrétariat pour les migrations, les trois aumôniers du projet sont blancs comme neige, un label décerné par les services de renseignements et de police. Ce qui me rappelle cette péripétie qui date de novembre 2015. On apprenait qu’une musulmane qui venait de recevoir un diplôme d’aumônière «en situation d’urgence» était une activiste du mouvement de Blancho. La Loterie romande avait fait don de 500’000 francs au Vioz pour ce projet. Et la police avait vérifié la moralité des participants aux cours.

A gauche, Albana Azemi, activiste du mouvement de Blancho

Tiens ! On a oublié le cours existant

Mais ce n’est pas tout: l’université de Berne dispense un cours de formation d’aumôniers qui répond à toutes les conditions posées par le Secrétariat aux migrations. Et Belkis Osman le suivait : elle devait terminer cette formation en mai. Dans les présentations de vendredi, l’initiative bernoise était absente. Le rapport d’évaluation du Centre suisse islam et société (CSIS) n’en dit mot. Mais il y présente son propre projet.

Isabelle Noth, professeure de pastorale et de psychologie de la religion, a mis en place le cours de Berne. Elle affirme qu’il offre exactement ce que Berne exige. Hélas, «… le centre de Fribourg a préparé un rapport en envisageant un cours que seul lui-même peut offrir», observe-t-elle. Pour elle, l’évaluation de l’expérience zurichoise ne répond ni aux exigences académiques, ni à l’état de la recherche. Et des sources de l’administration fédérale confirment au Tages Anzeiger que le centre de Fribourg considère l’université de Berne comme un concurrent.

Rappelons que le CSIS truste la plupart des lieux et activités liées à l’intégration des musulmans. Il n’est donc pas question que ce cours lui échappe. C’est hélas un champion de la défense des compromissions, démissions et concessions religieuses.

Dernier étonnement: il n’y a pas de fonds pour que l’expérience se poursuive. Paradoxe : les juifs et les chrétiens qui perdent chaque année des fidèles financent leurs aumôniers, mais les pauvres musulmans qui s’offrent des mosquées à coup de millions (qui viennent, juré-craché, exclusivement des cotisations et dons de leurs membres) n’en ont pas les moyens.

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Gageons que les fonds seront trouvés: le SEM s’y emploie, qui a «déposé le dossier» auprès du département de la Justice. Pourquoi le département de la Justice ? Probablement parce qu’aucun département n’est insensible à ces séduisantes expériences d’intégration.

C’est donc le CSIS et plus précisément son directeur, Hans-Jörg Schmid qui était chargé d’analyser les points forts et faibles du projet-pilote. C’est un grand ami du Service des migrations qui finance en partie les innombrables ateliers qu’il organise et pour lesquels il réclame aussi la gratuité au profit des disciples d’Allah.

Dans le rapport d’activités 2016 de ce centre, le projet-pilote, en cours, est décrit. Il est déjà précisé que le centre examinera la possibilité d’introduire cette aumônerie «à grande échelle», dans les autres centres de requérants. Le CSIS avait eu cette révélation prémonitoire : l’expérience bernoise serait positive. Le Temps confirme: «Le bilan présenté vendredi à Berne recommande d’étendre ces nouvelles aumôneries à grande échelle dans les centres fédéraux pour requérants.»

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Mireille Vallette pour Dreuz.info.

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