Publié par Magali Marc le 19 février 2018

Le chroniqueur du New York Post, dans un article paru le 17 février, fait le point sur la sécurité aux États-Unis.

Il y a huit ans, j’ai eu une conversation avec un homme que je ne connaissais pas et que je n’ai pas revu depuis. Pourtant, dans des moments comme ceux-là, je me souviens de ce qu’il disait comme si c’était hier.
L’homme s’appelait Avi Dichter, un Israélien membre de la Knesset et ancien chef du Shin Bet, la version israélienne du FBI.
Nous étions assis l’un à côté de l’autre lors d’un dîner à Tel Aviv, et la conversation s’est engagée sur la sécurité, en particulier dans les aéroports.
« Vous les Américains, votre problème c’est que vous vous inquiétez de ce que les gens portent dans leurs bagages. En Israël, nous nous inquiétons de savoir qui ils sont. »

Et voilà! « Qui sont les gens » est à la base même de la sécurité israélienne – et c’est ce qui manque en Amérique.
Le massacre dans une école du sud de la Floride la semaine dernière est le dernier exemple de l’échec de notre approche qui a mené à cette mort insensée.
Je connaissais la sécurité de l’aéroport très poussée de l’État juif, où les passagers sont parfois pris à part pour être interrogés. Il y a 20 ans, mon fils Scott, alors adolescent, a été questionné au sujet de la religion de ses parents et à savoir si les deux étaient d’accord pour qu’il parte en voyage.
La plupart des Américains appellent de telles questions des invasions de la vie privée. Ils pointent vers nos aéroports, qui traitent et filtrent tous les dépliants, et rejettent ce que fait Israël comme étant du profilage.

Tout cela est vrai – et aide à expliquer pourquoi nous semblons être impuissants à arrêter la violence de masse. Il est grand temps que les États-Unis suivent un cours similaire à celui d’Israël et se concentrent sur «qui sont les gens» afin que nous soyons en mesure de cibler les individus dangereux.
Avant même que les corps ne soient retirés de l’école secondaire de Parkland, en Floride, des reportages révélaient que le tireur, Nikolas Cruz, âgé de 19 ans, était considéré comme extrêmement dangereux.
Nous apprenons maintenant que la police avait été appelée chez lui des dizaines de fois, que l’école lui avait interdit de porter un sac à dos après avoir trouvé des balles dans son sac et l’avait ensuite expulsé.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Plus effrayant encore, le FBI n’a pas enquêté sur une alerte crédible le mois dernier. Un appel les a averti de « la possession d’armes à feu de Cruz, son désir de tuer des gens, son comportement erratique et ses commentaires inquiétants dans les médias sociaux, ainsi que son potentiel de mener un attentat », a déclaré le FBI dans un communiqué.
Le directeur du FBI, Christopher Wray, s’est excusé auprès des familles des victimes et a promis de découvrir ce qui n’a pas fonctionné.

S’il est sérieux, Wray ne limitera pas son enquête à cette affaire et ne limitera pas son examen aux seuls initiés. Trop souvent, sur trop de questions, le Bureau n’a pas voulu admettre honnêtement ses erreurs et même sa mauvaise conduite.
Rappelons que les agents (du FBI) avaient été alertés par la Russie à propos des terroristes du Marathon de Boston, avaient fait une vérification rapide, mais n’avaient pas informé la police de Boston, ni ne les avaient enjoint de surveiller les frères Tsarnaev. Résultat : Boum !
Après avoir enquêté sur ses actes, le FBI a déclaré qu’il n’avait rien fait de mal. Comment cela pourrait-il être ?

Le père du kamikaze de Chelsea, Ahmad Khan Rahimi, a affirmé avoir averti le FBI à son sujet bien avant les attentats de 2016 qui ont blessé 31 personnes, mais les agents l’ont blanchi. Résultat : Boum !
Qualifiant son fils de «terroriste», le père a dit à un journaliste : « À vous de demander au gouvernement pourquoi ils n’ont pas arrêté mon fils ».

Le Wall Street Journal rapporte qu’une attaque dans une école au Nouveau-Mexique en décembre dernier, qui a causé la mort de deux étudiants, s’est produite après que le FBI ait enquêté – et blanchi – le tireur malgré ses commentaires violents faits en ligne.

En toute justice, il faut admettre qu’il y a des zones grises dans certains cas pour savoir ce qui constitue un danger public, et il y a des lois sur la vie privée et la santé mentale, sans parler des premier et deuxième amendements.

Pourtant, ceux qui veulent pousser Washington à grand cri, à «faire quelque chose» au sujet du contrôle des armes à feu sont à côté de la plaque dans ce cas, comme ils l’étaient dans les cas cités plus haut.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

Tant que l’Amérique ne sera pas prête à se concentrer sur «qui sont les gens» et à prendre des mesures préventives contre une poignée de personnes connues pour être dangereuses, rien ne changera et le carnage ira en augmentant.

Ainsi, le président Trump devrait rétablir un décret que le président Barack Obama avait signé tardivement lors de son mandat. Le décret ajoutait 75 000 personnes qui reçoivent des prestations d’invalidité en raison de handicaps mentaux à la base de données de vérification des antécédents fédéraux, ce qui signifiait qu’ils ne pouvaient probablement pas légalement acheter une arme à feu.
Les préoccupations liées à la régularité des procédures sont légitimes mais elles devraient être réglées au moyen d’un système d’arbitrage au cas par cas, et non pas en négligeant la sécurité publique.
De même, les entreprises de technologie doivent cesser de se concentrer sur le discours politique et accorder plus d’attention aux menaces de violence faites par les utilisateurs.
Aussi, les responsables de la santé mentale doivent cesser de se cacher derrière les exigences de confidentialité lorsque leurs patients représentent un danger évident.

Adam Lanza, qui a assassiné 26 étudiants et professeurs à l’école primaire Sandy Hook au Connecticut, avait des problèmes de santé mentale et était obsédé par la violence, mais personne n’a essayé de lui retirer les armes que sa mère gardait à la maison et qu’elle lui a appris à utiliser. Lanza l’a tuée avant d’aller à l’école, où il s’est suicidé alors que la police l’encerclait.

Cela ne veut pas dire que des restrictions progressives et judicieuses ne seraient pas utiles dans certains cas. Mais les demandes de restrictions radicales sont condamnées à échouer autant au plan politique que légal.

Grattez le vernis de certaines demandes et vous découvrirez que, dans leur conclusion logique, elles impliquent la confiscation de millions d’armes existantes conservées par des personnes respectueuses de la loi.
Cela reviendrait à confisquer toutes les voitures pour mettre fin à la conduite avec facultés affaiblies.
Ce sont les individus qui effectuent ces actes odieux et ce sont les individus qui doivent être arrêtés. C’est la raison pour laquelle on doit se concentrer sur « qui sont les gens ».
Le shérif du comté de Broward, Scott Israel, a fait le meilleur choix. Tout en admettant qu’on a échoué à arrêter Nikolas Cruz, il a également rejeté les tentatives visant à rejeter la faute sur la société en général.
« Ne vous méprenez pas à ce sujet, », a t-il dit. « Le seul responsable de cet incident est le tueur lui-même.»

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous