Initialement publié le 8 février 2018 @ 08:09
Cent ans à Jérusalem…
En 1923, un père franciscain présente Jérusalem et la Terre Sainte aux pèlerins et aux érudits. Son guide fut un best-seller. Il permet de mener une comparaison passionnante avec l’état actuel des lieux.
Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.
Au Moyen-Orient, les anniversaires n’en finissent pas de succéder.
- 2017 était le centenaire de la déclaration Balfour, par laquelle la Grande-Bretagne accordait officiellement son appui à un « Foyer national juif » en Palestine, mais aussi de la conquête (ou de la libération) de Jérusalem par le général Allenby.
- 2018 sera celui de l’effondrement de l’Empire ottoman et donc de la naissance des pays arabes indépendants.
Derrière ces célébrations, on oublie le vrai visage du Moyen-Orient au début du XXe siècle. Pour le redécouvrir, rien de mieux que de feuilleter un guide de voyage de l’époque.
Par exemple le Guide de Terre Sainte* du franciscain Barnabé Meistermann : relié en toile rouge, imprimé en petits caractères, assez compact pour être glissé dans une poche de manteau mais débordant de contenu (750 pages, 26 cartes en quadrichromie, 14 plans de ville, 110 plans de monuments). La première édition, en 1907, avait été un succès de librairie dans tous les milieux : l’exemplaire que je possède porte l’ex-libris de Julien Weill, grand rabbin de Paris. Juste rétribution d’un style élégant et précis, d’une érudition confondante, nourrie de toutes les traditions (Meistermann, qui connaît l’Ancien et le Nouveau Testaments par cœur, cite, sans esprit polémique, le Talmud, le Coran, les hadiths et mainte légende populaire) et enfin d’une attention aux détails concrets d’un déplacement qui durait plusieurs semaines, sinon plusieurs mois. Publiée en 1923, la seconde édition avait rencontré le même écho.
La relecture de ce Guide de Terre Sainte donne en effet, au-delà d’un charme vintage, la mesure des bouleversements que la région a connu. Meistermann attribue 700 000 habitants en 1923 à une Palestine qu’il définit, géographiquement, comme la partie méridionale, sur les deux rives du Jourdain, d’une Syrie qui engloberait également le Liban. Aujourd’hui, l’ensemble de la Terre Sainte compte 23 millions d’habitants et le seul Etat d’Israël 9 millions. Si le père franciscain ne peut imaginer une telle transformation, il note cependant déjà que ce pays se développe très rapidement : « Le port de Jaffa, qui ne comptait que 10 000 habitants à peine en 1880, en compte aujourd’hui 50 000 ».
Cet essor lui paraît lié avant tout à l’influence européenne. Mais il mentionne également, avec une certaine sympathie, le sionisme : « Le mouvement qui porte les Juifs en Palestine s’est accentué au milieu du siècle dernier. La misère et la politique les forcèrent de chercher meilleure fortune hors de leur pays natal ».
En 1923, les Européens abordent principalement la Terre Sainte par la mer : « La rade de Jaffa est ouverte à tous les vents, et le petit port obstrué par une ligne de brisants… Aussi mouille-t-on au large, à un kilomètre, et même plus, du rivage… » Cent ans plus tard, Jaffa a été absorbée par la métropole de Tel-Aviv, fondée en 1909 et passée de 15 000 habitants en 1922 à 3,7 millions en 2017. L’arrivée en Terre Sainte se fait désormais par l’aéroport Ben-Gourion de Lod : vingt millions de passagers en 2017.
En 1923, on peut se rendre en chemin de fer de Jaffa à Jérusalem : deux trains par jour dans les deux sens, « 3 heures 50 minutes » de trajet, 104 piastres en première classe pour un aller simple (soit approximativement 2500 euros actuels), 70 piastres en seconde, 44 piastres en troisième. On peut aussi voyager en automobile par la « route carrossable » (« 7 à 8 heures » de trajet), ou à cheval (« 11 à 12 heures »). Aujourd’hui, un voyage en train de Lod à Jérusalem, en classe unique, dure une heure et coute de 5 à 8 euros. Il faut compter une grosse heure pour un trajet en autobus, au prix de 6 euros, et de trente à quarante-cinq minutes pour un taxi, à des tarifs variant entre 5 à 40 euros. Un TGV devrait bientôt mettre la Ville sainte à vingt minutes de l’aéroport.
Jérusalem, pour Meistermann, c’est avant tout la Vieille Ville, juchée sur « un terrain très accidenté », dont « les remparts sont munis de huit portes », ses quatre quartiers, ses lieux saints, ses rues « étroites, mal pavées et souvent entrecoupées de marches en raison de leur pente ». Il ne dissimule pas les sentiments mitigés que peut inspirer le Saint-Sépulcre, point focal d’un pèlerinage chrétien :
« En 1808, un incendie détruisit la rotonde… L’architecte grec qui obtint du sultan le droit de la rebâtir ne se contenta pas de remplacer les belles colonnes par de lourds piliers… La coupole que cet architecte avait édifié au-dessus de la rotonde menaçait ruine au bout de quarante ans… La France et la Russie la remplacèrent en 1869 par une coupole nouvelle armée de fer… Malheureusement, cette œuvre n’est ni belle ni durable ».
Des travaux de restauration ont en effet dû être entrepris à plusieurs reprises depuis les années 1920. Mais en 2009 encore, un journaliste du Figaro déplorait une « atmosphère sombre, moite, étouffante, peu propice au recueillement ou à une expérience mystique ».
Meistermann reconnaît en revanche que « tout visiteur reste émerveillé de l’effet mystérieux, féérique, produit par le jeu des lumières au sein de la Mosquée d’Omar », le principal lieu saint musulman de Jérusalem, « où le luxe des décorations est loin d’affaiblir l’harmonie des lignes ». L’édifice menace pourtant ruine lui aussi à cet époque, mais son plan d’origine a été respecté. Il bénéficiera d’importantes restaurations à partir des années 1930, tout comme la mosquée El-Aqsa et l’ensemble du Haram ash-Sharif, la « Noble Enceinte » islamique édifiée sur le mont du Temple.
Le principal lieu saint juif, le Mur des Lamentations que Meistermann appelle alors, plus poétiquement, « Mur des Pleurs », et que l’on qualifie en hébreu de « Mur Occidental », est alors presque dissimulé par des constructions adventices qui le séparent du quartier juif de la Vieille Ville. Meistermann ne fait que mentionner les deux grandes synagogues, « munies chacune d’une grande coupole » , qui dominent ce dernier. En 1948, le quartier juif, y compris ses lieux de culte, fut dynamité par les Jordaniens. Sa reconstruction, à partir de 1967, a permis à la fois de dégager le Mur et d’opérer de nombreuses fouilles archéologiques.
Mais le Guide de Terre Sainte de 1923 fait voler en éclats d’autres idées reçues
Première surprise : il n’y a pas, pour le bon père franciscain, de Palestine au sens actuel du mot
- Première surprise : il n’y a pas, pour le bon père franciscain, de Palestine au sens actuel du mot. Termes interchangeables, « Palestine » et « Terre Sainte » ne désignent, sous sa plume, que l’ancien pays d’Israël et de l’Eglise primitive. Derrière la topographie arabe, Meistermann déchiffre, comme autant d’évidences, les anciens noms hébraïques. Ainsi, lorsqu’il décrit les alentours de la mer Morte, il note : « Ain-Djidi, la Source du Chevreau… correspond à Engaddi, dont le Cantique des Cantiques célèbre les vignes… Le Djebel Ousdom, qui borde la mer Morte au sud-est, tire son nom de celui de Sodome… »
Plus frappant encore : les données démographiques fournies sur Jérusalem.
Jérusalem est déjà, à une majorité écrasante, une ville juive (40 000 habitants sur 58 900 habitants
- Meistermann précise que « de grands faubourgs » se sont formés en dehors des murs, « spécialement au nord et à l’ouest » et qu’ils renferment « beaucoup plus de la moitié de la population de Jérusalem ». Et de quelle population s’agit-il ? Dès l’édition de 1907, nous découvrons que Jérusalem est déjà, à une majorité écrasante, une ville juive (40 000 habitants sur 58 900 habitants, soit 67 %), qu’elle est ensuite une ville chrétienne (10 900 habitants, soit 18,5 %), et en troisième lieu seulement une ville musulmane (8000 habitants, soit 13,5 %).
- L’édition de 1923, qui mentionnait les dernières statistiques fiables établies avant la Grande Guerre, confirmait ces données. La population globale s’était fortement accrue, mais les proportions restaient les mêmes : 62 000 juifs sur 92 000 habitants (67 %), 17 000 chrétiens (18,4 %) et 13 000 musulmans (14,1 %).
- Cent ans plus tard, les Juifs sont toujours majoritaires à Jérusalem (64 % des 882 000 habitants). La principale différence, c’est l’inversion numérique des communautés non-juives : 1,4 % seulement de chrétiens aujourd’hui, contre 34,5 % de musulmans. Ce déclin a eu de nombreuses causes : mais il s’est accéléré à Jérusalem-Est sous le régime jordanien, de 1949 à 1967, quand la population chrétienne a chuté de 30 000 à 12 000 âmes.
- De même, Bethléem, que Meistermann décrit en 1923 comme une bourgade presque exclusivement chrétienne (« 8 628 chrétiens, 420 musulmans, 2 juifs ») et qui était encore chrétienne à 85 % en 1994, quand elle a été rattachée à l’Autorité palestinienne, ne l’est plus aujourd’hui qu’à 20 %, contre 80 % de musulmans.
Sans appel.
Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.
© Michel Gurfinkiel & Valeurs Actuelles, 2018.
* En achetant le livre avec ce lien, vous soutenez Dreuz qui reçoit une commission de 5%. Cette information est fournie pour assurer une parfaite transparence des conséquences de votre action, conformément à la recommandation 16 CFR § 255.5 de la Federal Trade Commission.
une chance pour lui qu’il est déjà mort car les muzz auraient pour mission de l’assassiné par ce que ses écrits contre dit tout les arguments des BDS , des imams radicaux , des gauchistes bref de tout les bienpensant anti-Israel ….. imaginer si ce livre serait enseigner dans les cours d’histoire dans tout les écoles …. savoir oups excuser-moi enseigner aux jeunes qu’il y avait plus de Juif …. même plus de Chrétiens a Jérusalem que de muzz donc tout les beaux discours de tarik ramadan , du moufti , du hamas , du hezbollah , des frères muzz , de arafat ….bref il y a rien qui tient … aucun argument
Le lien du livre que vous donnez, c’est la version 1907 ou celle 1923 ?
Parlait-on de “Jérusalem-Est” à l’époque ?
Il faudrait envoyer cet article à tous les média .
Le jour où Jérusalem ne sera plus juive, la Terre deviendra bien plate!
Dommage que tout le monde ne comprenne pas qu’il faut ÉRADIQUER l’islam partout où il est, à commencer par chez-nous, pied à pied, rue par rue, ville par ville, sans état d’âme… Retourner dans leurs enfers les démons qui en sont sortis pour nous empester vertement comme les rats de la peste noire au Moyen-Âge.
La civilisation ne peut côtoyer la barbarie, l’obscurantisme et la haine institutionnalisée sans risquer d’y sombrer À COUP SÛR : tenter d’éradiquer plutôt nos résistances naturelles et instinctives, c’est faire le lit des guerres civiles à venir. J’espère que quand cela arrivera, on se souviendra des instigateurs, des profiteurs et des collaborateurs mieux encore qu’à Nuremberg.
Puisque nous vivons une époque “orwellienne”, nous renommeront alors la “Peine de mort” la “Peine de Vie” avec pour principe le retour à l’Envoyeur pour reformatage et applicable aux coupables de crime contre l’humanité et aux persécuteurs du genre humain, dans lesquels figureraient en bonne place les dépeceurs incurables de petites filles… Ce n’est pas humain de laisser vivre pareils MONSTRES.
C’est beaucoup plus humain de soulager le corps social de toutes ces métastases.
Le retour de la peine de mort, voilà où nous entraîne la barbarie! Beurk!
Merde! Pourra-t-on échapper à cette chimiothérapie? Survivre ou disparaître?
SURVIVRE, est un devoir de croyant. Quel dilemme!
Rappelez-moi donc qui sont les colonisateurs sur cette terre ……
israel juive? jérusalem juive? hébreu juif? fakeniouzes!
Et pourtant les experts sonnent l’alarme , que Jérusalem se musulmanise assez vite actuellement et ils craignent même leur majorité d’ici quelques décennies …..Ils ont averti récemment le gouvernement ! alors qu’est-ce qui est vrai et faux ??
Pour info, Bing de Microsoft indique: Je n’ai pas trouvé de données sur la valeur actuelle de 104 piastres de 1923. Cependant, je peux vous fournir des informations sur la valeur de 100 piastres de 1923. Les pièces de 100 piastres égyptiennes de 1923 ont été frappées en or 875‰, pesaient 8,5 g et avaient un diamètre de 25 mm. Elles ont une valeur numismatique qui dépend de leur état de conservation et de leur rareté. Selon le site Numista (www,fr.numista.com), une pièce de 100 piastres en or de 1923 en bon état peut valoir environ 340 $ (de 2023).
Merci à Mr Michel Gurfinkiel pour son excellent article. Ce qui prouve encore et encore, que les juifs ont toujours aimé Israël, même si les commandements reçus par les prophètes n’ont pas toujours été suivis. Comme Jésus-Christ l’a demandé, ne jugeons pas et prions pour la paix de Jérusalem (Psaume 122: 6, http://www.viralbeliever.com/fr/priez-pour-la-paix-de-j%C3%A9rusalem-ko523/).
@ Jean-Paul
Comme Jésus-Christ l’a demandé, “Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la justice”, Jean 7 : 24.
“A l’égard du jugement, soyez des hommes faits !” (1 Corinthiens 14:20).
“Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal”. Hébreux 5 : 13
“L’homme spirituel juge de tout”. 1 Corinthiens 2:15
“Ne prenez pas part aux œuvres infructueuses des ténèbres mais plutôt condamnez-les”, Ephésiens. 5 : 11.
Il faudrait scanner ce livre et le mettre en ligne.
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb35647402d
https://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt/DB=2.1/SET=1/TTL=1/PRS=HOL/SHW?FRST=2
Je viens de voir sur YouTube le film “Good Morning, Miss Dove” qui est sorti en 1955, inspiré par un roman paru en 1947. Le personnage principal est Miss Dove, une enseignante de géographie au primaire. Ô surprise, elle décrit la Palestine comme “the country of the Jews” et non comme “the country of the Palestinians”.