Publié par Gilles William Goldnadel le 20 février 2018

Dieu que la gauche morale, ce camp autoproclamé du Bien, fait du mal à tes créatures terrestres.

Par l’imposture ou la sottise.

L’imposture, sans aucun doute, lorsque l’on voit des membres de l’association humanitaire Oxfam – qui proteste contre la fermeture des frontières aux migrants – négocier leur aide aux femmes réfugiées contre des faveurs sexuelles parfois mineures. On apprend maintenant que ni l’ONU, ni l’Unicef, ni Médecin Sans Frontières n’ont été épargnés ou plutôt n’ont épargné les femmes sans défense.

Le camp du Bien hollywoodien, si prompt aux sermons enflammés, avait déjà donné toute sa véritable mesure morale en couvrant longtemps les turpitudes d’Harvey Weinstein. Mais on m’autorisera davantage de compassion pour une malheureuse réfugiée haïtienne ou soudanaise en détresse qu’à l’égard d’une actrice aguerrie qui a davantage le pouvoir de dire non.

Puissent les déboires d’Oxfam rendre l’opinion médiatique moins révérencieuse à l’égard de ces Organisations Non Gouvernementales forcément sans reproches face aux gouvernements étatiques forcément coupables. Grâce, sur ce point, à notre actuel président d’avoir dénoncé, dans l’affaire de Calais, ces associations théoriquement chargées de venir en aide aux migrants mais qui en réalité ne sont que des officines chargées d’empêcher l’État de droit de faire respecter les lois républicaines en matière de flux migratoires.

Il y aurait beaucoup à dire aussi sur la dérive extrêmement gauchisante d’Amnesty International ayant abandonné depuis longtemps son louable objet de faire libérer les prisonniers politiques pour combattre désormais ces pouvoirs occidentaux qui lui déplaisent idéologiquement.

Mais écrire ces quelques mots relève encore – pour combien de temps? – largement du blasphème.

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Toujours est-il que ces impostures morales ne me trompent plus depuis longtemps, tant le discours généreux – qui vaut souvent quittance – provoque ma méfiance. Quand quelqu’un me chante qu’il a gardé son âme d’enfant, j’ai la prudente tendance de cacher ma fille et de serrer mon portefeuille dans un tiroir à clef.

Reste la sottise de gauche qui fait bien des ravages. Dans ce cadre, le nouveau féminisme s’illustre emblématiquement depuis ces déferlements électroniques venus des Amériques.

Caroline de Haas aura été sur ce point particulièrement bien inspirée.

D’abord, s’agissant des mésaventures de Nicolas Hulot. Au micro généreusement tendu par France Info, elle s’est laissé à dire pour accabler l’homme accusé «qu’elle en a entendu parler» et que des informations «lui remontent»… Ce qui m’a conduit à médire au micro de RMC que la dame devait être d’Orléans, qui est à la rumeur ce que la bêtise est à Cambrai.

Mais cette semaine, notre dame de Haas se sera surpassée intellectuellement. Dans l’Obs, qui n’a pas vu problèmes à reproduire ses déclarations, notre nouvelle féministe considère «qu’un homme sur deux ou trois est un agresseur». Aucune association des droits de l’homme n’y a vu la marque du sexisme proscrit. J’affirme quant à moi, scientifiquement, que les deux déclarations sur deux de Caroline de Haas sont des agressions contre l’intelligence.

Mais c’est sans doute dans ses comparaisons oiseuses avec le nazisme que la gauche morale aura fait montre de sa bêtise la plus ignominieuse. La semaine, sur ce point, aura été fructueuse.

Zeev Sternhell, tout d’abord, dans le Monde des idées du 18 février. Pour lui, en Israël «pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts» compte tenu de l’attitude de l’État juif à l’égard tant des Palestiniens que des migrants illégaux africains. Il faut dire que l’homme et le journal sont coutumiers du fait. Avec les mêmes ingrédients : le recours au juif de l’extrême-gauche morale.

Il y a quelques années, Edgar Morin fut mobilisé pour écrire dans le Monde (du 4 juin 2002) que les Juifs prenaient plaisir à humilier les Palestiniens, et pour inventer un massacre imaginaire à Jénine dont il reconnut par la suite la fausseté. Celui-ci s’est depuis reconverti à l’écriture à quatre mains de livres harmonieux avec Tariq Ramadan.

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Quant à Zeev Sternhell, c’est sa marque de fabrique obsessionnelle de voir le fascisme partout. Citons notamment Raymond Aron à propos de son livre Ni droite ni gauche. L’idéologie fasciste en France dans lequel Sternhell considérait que la quasi-totalité des idées du fascisme étaient nées dans notre pays : «Son livre est le plus totalement a-historique qui se puisse concevoir. L’auteur ne remet jamais les choses en contexte. Il donne du fascisme une définition tellement vague que l’on peut l’y rattacher à n’importe quoi.» .

On pourrait évidemment rire de ces nouvelles fadaises islamo-gauchistes qu’on aurait pu croire remisées après les massacres de 2015 en France, mais je gagerais que les milieux antisionistes radicaux feront de cet article leur miel avant que d’en tirer plus tard, qui sait, un fiel criminel.

Je laisse dans ce cas les hommes du Monde à leur conscience morale de gauche.

Yann Moix ensuite. Et encore. Et toujours chez Ruquier, toujours sur le service public le 17 février. Alors que Médecins Sans Frontières a ouvert un centre d’accueil de migrants en banlieue parisienne, l’écrivain – imprécateur que l’on aurait pu croire refroidi après son voyage en Calaisis a récidivé.

Le sort des enfants aura été la cause de ses comparaisons obsessionnelles avec l’horreur suprême par un parallélisme psychologique dont on ne sait s’il a seulement conscience : «les bénévoles décident qui est mineur, qui ne l’est pas, s’est emporté le chroniqueur sur le plateau de l’émission de Laurent Ruquier. Je vous décris la scène pour y avoir assisté. Un qui parle de nulle part et dit : tu viens d’où toi ? Érythrée ? OK, tu as 14 ans, dehors. Personne ne sait comment on mesure chez un Érythréen le degré de minorité. Est-ce que c’est le squelette, on ne sait pas.»

Puis vient la chute dans le troisième Reich : «Je rappelle que ce sont les nazis qui ont inventé l’évaluation de minorité. On vit dans un pays qui évalue les mineurs comme le faisaient les nazis. Voilà comment sont pris en France les mineurs et majeurs».

On sait que le nombre des migrants mineurs isolés explose. On sait aussi que de nombreux migrants adultes se font passer pour des mineurs isolés. Pendant ce temps, Moix compare la France à l’Allemagne nazie.

Le camp du Bien fait encore mal. Bêtise ou imposture ? Est-on forcé de choisir ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

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