Publié par Gaia - Dreuz le 20 février 2018

Le projet de loi Asile et Immigration, qui a fait gronder certains Marcheurs et les associations, sera présenté mercredi. Lundi, le Premier ministre a préparé le terrain.

À 48 heures de la présentation en Conseil des ministres du très controversé projet de loi Asile et Immigration, Edouard Philippe, le Premier ministre, et Gérard Collomb (Intérieur) ont tenté une opération de déminage. Lundi, les deux hommes se sont rendus dans la très « collombienne » ville de Lyon, dont le ministre de l’Intérieur fut le maire pendant plus de seize ans, pour dévoiler le rapport sur l’intégration des réfugiés, rédigé par le jeune député de la République en marche, Aurélien Taché.

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« Humaniser » le projet de loi

Un texte destiné à renforcer les dispositifs d’accueil et d’insertion sur le marché du travail et à « humaniser » le projet de loi porté par Collomb, jugé trop répressif. Tant par les associations et les partis de gauche qu’au sein même de la majorité présidentielle.

« La France a une longue et belle tradition d’accueil. Mais notre pays n’est pas toujours à la hauteur de cette tradition », a indiqué le Premier ministre en précisant qu’un comité interministériel sur l’intégration serait réuni « dans les prochaines semaines » pour « étudier les suites à donner au rapport ». Positives si l’on en croit Edouard Philippe lui-même : son gouvernement en « reprendra les grands axes ».

Parmi les 72 propositions du document, Taché propose notamment de doubler le volume de cours sur l’apprentissage de la langue française « à 400 heures minimum », voire « 600 pour les publics les plus éloignés du français ».

Dans la même logique, il propose d’autoriser les demandeurs d’asile « à travailler six mois après le dépôt » de leur dossier (au lieu de neuf), voire « plus tôt dans le cas d’un examen au cas par cas ».

Gronde… mais pas fronde

Ces mesures suffiront-elles à calmer la colère des associations ? Seront-elles de nature à rassurer ces députés LREM qui, depuis la fin de l’année dernière, se cabrent contre des textes qui, selon eux, seraient plus liberticides qu’humanistes ? Notamment la circulaire Collomb de décembre dernier, qui reviendrait à exclure les migrants déboutés du droit d’asile des centres d’hébergement d’urgence, et jusqu’au projet de loi qui sera présenté mercredi.

« Il y aura des expressions fortes dans l’hémicycle, confie un député LREM, ex-socialiste, remonté contre le texte. Mais nous ne nous transformerons certainement pas en frondeurs. Et les mesures Taché nous conviennent bien. »

Sauf surprise, le projet de loi Collomb, qui sera discuté à l’Assemblée à partir du 10 avril, devrait être voté par les députés.

« Les parlementaires pourront enrichir le texte lors des auditions en commission des Lois, souligne la députée Elise Fajgeles (LREM). Elles dureront tout le mois de mars. Une durée nécessaire pour un texte politique mais aussi technique et complexe. »

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Deux députés en première ligne

Élise Fajgeles la pragmatique

« L’objectif de Gérard Collomb est de rendre plus efficace notre politique d’asile et d’immigration. » La députée Elise Fajgeles (LREM), rapporteur du projet de loi, l’assume donc entièrement. « Pas question pour autant de lâcher sur l’aspect humaniste du projet », souligne la suppléante du secrétaire d’Etat Benjamin Griveaux.

Cette ancienne avocate qui, pendant quelques années, a été à la tête d’une troupe de théâtre, n’hésite pas à jouer avec des « mots allumettes » comme celui d’identité. « Oui, on a une identité en France, martèle celle qui fut pendant vingt-sept ans membre du PS. Et notre identité, c’est l’accueil et l’ouverture », se dépêche-t-elle de préciser.

Elise Fajgeles, qui avait soutenu Manuel Valls à la primaire en janvier 2017, procédera aux auditions en commission des Lois pendant le mois de mars. « Il faut sortir des postures idéologiques. C’est normal que des doutes s’élèvent. Même au sein de la majorité. Mais il est essentiel que les parlementaires connaissent avec précision le sujet. Le travail législatif doit prendre toute sa place. »

Aurélien Taché le démineur

Ne dites surtout pas à Aurélien Taché qu’il est « l’anti-Collomb » ! Le rapport du jeune député (33 ans) LREM du Val-d’Oise sur l’intégration des immigrés, remis lundi au Premier ministre, est pourtant la « jambe » gauche, voire la caution sociale du gouvernement.

Aurélien Taché n’a pas le profil de startupeur libéral de nombre de ses collègues marcheurs. Après avoir démarré en fin de collège un apprentissage en plomberie, ce natif de Niort entame des études de droit et se construit politiquement au sein de l’Unef (Union nationale des étudiants de France), syndicat de gauche. Tôt engagé pour la défense des droits de l’homme, il se rend plusieurs fois en Tunisie, où il soutient la révolution de Jasmin de 2011. Socialiste, il devient, de 2014 à 2016, conseiller auprès des ministres du Logement, chargé de l’hébergement des sans-abri ou de l’accueil des réfugiés.

Il démissionne du PS à la création d’En Marche ! Un mouvement auquel il reste très attaché, même s’il n’est pas question qu’il taise sa « petite musique » sociale et humaniste.

Source : Leparisien.fr

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