Publié par Ftouh Souhail le 24 février 2018

Alors que le nord de la Syrie est depuis le 20 janvier dernier la cible d’une offensive armée pilotée par le dirigeant islamo-fasciste de Turquie, visant à l’extermination des populations kurdes, Recep Teyyeb Erdogan effectuera une visite de deux jours en Algérie, les 27 et 28 février, où il devrait être reçu par le président Abdelaziz Bouteflika.

Selon le quotidien panarabe Al-Araby, citant une source diplomatique, Erdogan participera avec son homologue algérien à l’inauguration de la Mosquée Ketchoaua à Alger, qui a été restaurée grâce à des dons turcs.

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Erigée au XVIIe siècle durant le règne ottoman en Algérie, cette mosquée a été fermée depuis 2008 mais les travaux de restauration n’ont réellement commencé qu’en 2014. Ce projet a bénéficié d’un don turc de quelque 7 millions d’euros, et les travaux ont été conduits par une entreprise turque, l’Agence turque de coopération et de coordination (Tika).

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, depuis Ankara, a dit lors d’une conférence qu’Erdogan prendra part à l’inauguration de la Mosquée Ketchaoua, qu’il qualifie de «monument témoin de l’héritage historique commun entre les deux pays.»

Cette mosquée a été utilisée comme dépôt de munitions, puis comme logement aux dignitaires évêques pendant l’époque française jusqu’à sa destruction en 1844. Par la suite, une cathédrale a été érigée à sa place et est restée ouverte jusqu’à l’indépendance de l’Algérie en 1962. Après l’Indépendance, les Algériens l’ont remise dans sa vocation initiale, c’est-à-dire une mosquée, et partant elle est devenue un des symboles de l’indépendance du pays. Mais à la suite du séisme qui a frappé la région, la mosquée a été fermée aux pratiquants.

L’homme fort d’Ankara a une nostalgie pour les jours de gloire de l’Empire ottoman, dont l’influence s’étendait dans toute l’Asie, l’Europe et l’Afrique. Il cherche à les ressusciter en restaurant et bâtissant des mosquées dans le monde entier.

Le tyran turc et la diplomatie des mosquées

Ankara continue de financer la construction de mosquées tout autour du monde dans le but de répandre l’Islam. Ainsi, l’année dernière, le gouvernement turc avait affecté 2 milliards de dollars à ce budget.

Le président islamo-conservateur a déjà inauguré une méga-mosquée dans l’État du Maryland, en 2016, près de Washington DC. La mosquée du centre islamique Diyanet, construite dans la localité de Lanhan, 10 000 habitants, a coûté quelque 110 millions de dollars, entièrement financée par la Turquie. Ce centre, qui s’étend sur plusieurs milliers de mètres carrés, est le lieu de rassemblement pour les musulmans de l’Est américain. Il comporte des terrains de basket, une bibliothèque islamique, et des bains turcs.

  • Le pays a ainsi financé une mosquée dans la capitale cubaine de La Havane, qui a une architecture similaire à celle de la mosquée d’Ortakoy d’Istanbul. La construction de cette mosquée, qui est l’unique de Cuba, fait partie d’un large projet lancé par le régime islamiste d’Ankara (notamment en Amérique latine et aux Caraïbes) pour subvenir soi-disant aux besoins des musulmans en matière de lieux de culte.
  • D’autres mosquées ont été financées par de l’argent turc, à Haïti et dans des pays d’Amérique du Sud. Après tout, Erdogan avait affirmé que l’Amérique avait été découverte en premier par les musulmans, 3 siècles avant Christophe Colomb. Il avait ajouté que Christophe Colomb mentionne même l’existence «d’une mosquée sur une colline de la côte cubaine».

«Les contacts entre l’Amérique latine et l’islam remontent au 12e siècle. Ce sont les musulmans qui ont découvert l’Amérique en 1178, et non pas Christophe Colomb», avait-il déclaré à l’occasion d’une rencontre de responsables musulmans d’Amérique Latine, en novembre 2014, à Istanbul, et qui a été diffusé à la télévision turque.

  • En Afrique, Erdogan a sponsorisé une dizaine de mosquées. La plus récente est celle de la capitale guinéenne Conakry. Le nouveau complexe compte une Madrasa (école coranique), une cantine et une mosquée. Le complexe porte le nom de Mahmut Ustaosmanoglu, personnalité religieuse de Turquie, alors que la mosquée porte le nom du Sultan ottoman Abdulhamid II. Le président turc avait aussi inauguré une mosquée à Mogadiscio, en Somalie. Pour renforcer l’influence culturelle islamique en Afrique, la Turquie est aussi active sur le front de la formation des imams africains.
  • En Russie, la Turquie a cofinancé la Grande Mosquée de Moscou. L’édifice de six étages peut accueillir 10 000 fidèles. Le projet n’aurait pas pu se réaliser, en 2015, sans l’engagement turc. Erdogan était entouré par le président Vladimir Poutine pour son inauguration et aussi le Palestinien Mahmoud Abbas.
  • La Turquie a également financé des mosquées dans les pays des Balkans, en Albanie– où il a fait édifier la plus grande mosquée des Balkans– mais aussi dans des pays où l’islam est peu répandu comme en Roumanie. Dans ce pays, le projet avait fait polémique au sein de la population roumaine, et particulièrement chez les intellectuels, car ils s’inquiètent de l’influence croissante qu’y exerce Ankara par le vecteur de la religion.
  • A Bucarest, les autorités roumaines avaient cédé un terrain de 11 000 mètres carrés, valant 3,9 millions d’euros, pour y faire construire le plus grand édifice musulman sur le sol européen.

Si la Roumanie avait initialement demandé, en contrepartie, la construction d’une église orthodoxe à Istanbul, cette dernière ne verra finalement pas le jour puisque la législation turque ne l’autorise pas.

Mais la Roumanie n’est pas le seul pays d’Europe à recevoir les offres de Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier multiplie les propositions de financer la création de lieux de culte islamique.

  • Il a notamment proposé de financer l’érection d’une mosquée à Athènes, la seule capitale européenne qui ne compte aucune mosquée. L’offre a été cordialement déclinée par les autorités grecques. Erdogan a alors menacé de prendre des mesures punitives contre le Patriarche œcuménique d’Istanbul.
  • En Autriche, où l’influence d’Ankara n’est pas non plus vue d’un bon œil, une loi interdisant qu’une puissance étrangère finance la construction de mosquées ou rétribue les imams a vu le jour. Le pays craint en effet que le président turc ne tente de tirer profit de l’importante communauté turque vivant en Autriche en jouant la carte de la religion. Ce sont d’ailleurs des organisations liées à la Turquie qui gèrent la majorité des mosquées du pays.

Et le dictateur Erdogan s’est opposé, l’an dernier, à l’ouverture à Berlin d’une mosquée libérale où hommes et femmes prient ensemble. Le gouvernement allemand avait vivement critiqué les autorités turques sur cette ingérence.

Mais le Diyanet, l’autorité religieuse en Turquie, a estimé que la mosquée en question est “incompatible” avec les principes de l’islam. “Les principes fondamentaux de notre grande religion ont été balayés“, juge le Diyanet, qui gère 900 mosquées et associations en Allemagne.

Depuis l’ouverture de la mosquée Ibn Rushd-Goethe, ses fondateurs ont fait l’objet de menaces de mort et d’insultes.

L’avocate et fondatrice de la mosquée, Seyran Ates, est sous la protection permanente de la police.

Les mosquées sont nos casernes, les dômes nos casques, les minarets nos baïonnettes et les fidèles nos soldats

Erdogan a enfin inauguré une vaste mosquée dans l’enceinte de son nouveau palais présidentiel, sur une colline surplombant Ankara.

La mosquée, qui peut accueillir jusqu’à 3 000 fidèles, est l’une des plus grandes de la capitale. D’inspiration ottomane, ce palais présidentiel dispose d’un millier de pièces et s’étale sur 200 000 m2, un peu moins de la moitié de la superficie de l’État du Vatican… Ce palais remplace le siège historique des chefs d’État de la République de Turquie inaugurée par son fondateur, Mustafa Kemal Atatürk. Son coût, près de 693 millions de dollars.

Une autre grande Mosquée est en construction, elle sera la plus grande du pays et elle s’appellera : «Recep Tayyip Erdogan». Elle sera inaugurée, selon les médias turcs, durant ramadan 2018, donc en juin prochain.

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