Publié par Ftouh Souhail le 28 février 2018

Un leader islamiste du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abderrazak Makri, a usé d’un langage très violent voire vulgaire contre tous ceux qui ont critiqué la venue du dictateur turc Recep Tayyip Erdogan cette semaine à Alger. « Ce sont des traîtres et des collaborateurs qui renient leur culture », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

Connu pour être un des adorateurs du président turc Recep Tayyip Erdogan, l’ex-patron de ce mouvement qui se réclame des Frères musulmans n’a pas pu se retenir d’attaquer ceux qui sont contre la visite en Algérie du chef d’état turc –à l’instar de Kamel Daoud, écrivain et journaliste- en les accusant de traîtres et de nostalgique de la colonisation française.

« Je ne voulais pas intervenir, mais je l’ai fait n’en déplaise aux traîtres, aux collaborateurs et à ceux qui renient leur civilisation et leur culture. Ceux-là expriment leur rancœur de tout ce qui a trait à l’islam et aux musulmans. Je souhaite la bienvenue à Erdogan. Ils ont accueilli Macron et s’attaquent à Erdogan. Un parfait exemple de reniement ».

Cet islamiste qui incarne la caution conservatrice du pouvoir algérien fait semblant d’oublier que la période s’étalant de 1515 à 1830, appelée à tort “présence ottomane en Algérie”, était une période durant laquelle son pays était colonisée par les pires esclavagistes de l’histoire.

La régence de Tunis comme la régence d’Alger pratiquaient l’esclavage des blancs. L’esclavage islamique fut progressivement interdit au sein de l’Algérie française.

Cet islamiste qui dirige un centre d’études et de recherches dénommé “législation islamique et éthique”  occulte le fait que tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, l’esclavage sexuel ne fut pas seulement au cœur de la pratique ottomane, mais une composante essentielle de la gouvernance impériale et la reproduction de l’élite sociale musulmane.

En effet, chez les ancêtres de Erdogan, la demande en femmes fut importante pour accomplir les travaux domestiques chez les maîtres mais aussi pour remplir les harems des califes, sultans et hauts dignitaires dont la religion aphrodisiaque engendrait une polygamie au sens large du terme puisqu’elle permet, outre les quatre épouses légitimes autorisées par le Coran, d’user d’un nombre illimité de concubines le plus souvent esclaves.

Abderrazak Makri, qui est aussi responsable de l’Académie Jiltarjih pour la formation de jeunes leaders politiques en Algérie, est nostalgique de cette époque des Turcs ottomans où les concubines du sultan ottoman étaient  des esclaves généralement d’origine chrétienne, achetées par les acquéreurs musulmans.

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Les Circassiennes, les Syriennes et les Nubiennes étaient les trois ethnies principales de femmes vendues comme esclaves sexuelles dans l’Empire ottoman. Décrites comme belles et à la peau claire, les Circassiennes étaient fréquemment envoyées par les chefs circassiens comme cadeaux aux Ottomans. Elles étaient les plus chères et les plus populaires parmi les Turcs.

La deuxième  en popularité étaient les jeunes femmes Syriennes aux yeux noirs, aux cheveux noirs et à la peau brun clair, qui venaient en grande partie des régions côtières de l’Anatolie. Décrites comme « jolies lorsqu’elles étaient jeunes », leur prix pouvait atteindre 20 $ en 1886. Les Nubiennes étaient les moins chères et les moins populaires.

Il faut dire que ce leader islamiste algérien est fier de cette étape historique où les garçons dhimmis pris dans le devchirmé – littéralement « le ramassage » ou « la récolte » – travaillaient dans des lieux des colons turcs comme les hammams ou les cafés, mais ils pouvaient également servir d’esclaves sexuels, devenant masseurs, Köçek ou Saqi, tant qu’ils étaient jeunes et imberbes. La réduction en servitude de milliers d’Algériens Kabyles, qui s’accompagnait de castration, était la règle de cette belle époque musulmane !

La castration des esclaves, mortelle dans plus de la moitié des cas en ces époques de médecine rudimentaire, répondait à la stratégie millénaire de l’islam qui a toujours utilisé la démographie comme une arme de guerre. La stérilisation des immigrés esclaves évitait la submersion démographique des fidèles d’Allah par des étrangers infidèles.

En effet, les janissaires (en turc : Yeniçeri,« nouvelle milice ») formaient un ordre militaire très puissant composé d’esclaves d’origine européenne et de confession chrétienne, ils constituaient l’élite de l’infanterie de l’armée turque à l’apogée de l’Empire ottoman. Dès la prise d’Alger par les pirates Ottomans, en 1530, jusqu’à leur départ forcé en 1830, tous les deys- commandants militaires – qui s’étaient succédés à la régence étaient tous sans exception des janissaires d’importation venus d’Albanie, de Venise, de Bosnie, de Crête et du Caucase.

Dans sa démentielle hégémonie, Erdogan veut renouveler cette expérience turco-musulmane esclavagiste par excellence

Le président turc, qui nourrit l’ambition de restaurer le Califat Ottoman, a entamé le 26 février 2018 une visite officielle en Algérie pour mettre en avant les relations étroites existant entre l’Algérie et la Turquie liées selon lui par une « histoire et un patrimoine culturel communs qui remonte à des siècles ».

Erdogan est amnésique puisque jusqu’en 1972, la Turquie refusa de reconnaître l’indépendance de l’Algérie qu’elle considérait encore comme sa province lointaine qu’elle avait vendue à la France en 1830 et pensait encore la récupérer.

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Celui qui a “pénétré” la Tunisie a aussi formé le vœu de voir «ces relations se consolider» à l’occasion de cette visite. Il a indiqué dans ce sens que l’Algérie «se réjouit toujours d’abriter les festivités culturelles que nous prévoyons d’organiser sur son territoire».

Pourtant les historiens sont unanimes à soutenir que la présence des Turcs en Afrique du Nord n’a pas fait de l’Algérie une Andalousie. Les Turcs n’ont pas construit le château de Séville ou de l’Alhambra. Ils ont seulement ramené les esclaves, les bains maure, les chicha et les cubes de baklava.

Aujourd’hui, le populisme conjugué à l’islamisme cuisiné dans une sauce de nostalgie ottomane passéiste est la recette idéale des islamistes, à leur tête les Frères Musulmans, qui petit à petit tirent la société algérienne vers des pratiques de la période ottomane, l’époque de Harem sultan !

Depuis l’Hégire en 622, l’islam s’est répandu essentiellement par la guerre sainte ou djihad, aussi les États musulmans exigeaient-ils toujours plus d’esclaves – la religion mahométane justifiant la réduction des infidèles en servitude – pour mettre en valeur, administrer et policer des territoires qui s’accroissaient au fur et à mesure de leurs conquêtes, sans compter les besoins en soldatesque et en galériens pour mener la guerre sur terre et sur mer. La demande en femmes ne fut pas moins exigeante. C’est ainsi qu’Abd Ar Rahmane III, qui régna de 912 à 961 sur Cordoue, disposait d’un harem comptant 6300 femmes.

L’arrivée de ce dictateur turc islamiste en Algérie a rappelé aux élites laïques algériennes et aux  défenseurs  des droits des femmes la période sombre de l’ancien empire Ottoman.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

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