Publié par Jean-Patrick Grumberg le 6 février 2018
Sénateurs Chuck Grassley et Lindsey Graham, auteurs du nouveau mémo

Voici un nouveau volet du scandale autour du dossier russe de Trump, qui devient de plus en plus le dossier russe de Clinton.

Préambule

J’ai eu l’audace d’affirmer que cette affaire d’espionnage de la campagne de Trump est plus grave que le Watergate, car Nixon a utilisé des barbouzes pour espionner son concurrent, tandis qu’Obama et Clinton ont utilisé le FBI et le département de la Justice à cette même fin. Il est impossible à l’honnête homme de défendre que le Watergate fût un scandale et que ce nouveau scandale est défendable.

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J’ai été très attaqué pour avoir osé dire cela.

Il n’est pas facile de se trouver un des seuls journalistes francophones à aimer rapporter des faits et dire sur cette affaire des vérités qui dérangent la gauche, et à considérer le président Trump comme un grand président. Et je comprends ceux de mes confrères qui pensent comme moi et ne peuvent pas l’écrire sans risquer de prendre la porte : les médias français n’ont pas la moindre considération pour la vérité et pour les faits. Ceux d’entre vous qui me lisent depuis longtemps savent cependant que plus les attaques dont je suis l’objet sont virulentes, plus elles me réjouissent, car c’est à leur intensité que je mesure si je vise au centre de la cible.

Cette semaine, Gilles-William Goldnadel s’étonne que les médias français aient gardé un silence de plomb pendant 15 jours sur cette affaire. Je l’ignorais. Goldnadel est en France, je suis à Los Angeles, et je confirme qu’ici, les médias ont également gardé le silence sur l’affaire — sauf ces derniers jours pour exiger que le mémo ne soit pas publié. Cela confirme que les médias français prennent exclusivement leurs sources auprès des médias américains de gauche. Ce qui se publie en France est dès lors… hautement fiable !

Puisque j’ai affirmé que le Watergate est du pipi de chat à côté de ce scandale, je dois à mes lecteurs — et à mes contradicteurs — un suivi. Le voici.

Le nouveau mémo

Hier lundi 5 février, un second mémo (ci-dessous), publié par les sénateurs Chuck Grassley et Lindsey Graham, membres de la commission d’enquête du Sénat sur l’implication du FBI dans l’écoute de la campagne Trump, montre cette fois la corruption du département d’État d’Obama, et la complicité des Russes avec Hillary Clinton. Le mémo réclame une enquête criminelle contre Christopher Steele, l’ex-agent britannique du Mi6 et auteur du dossier anti-Trump décrit par James Comey comme salace et sans preuve.

  • Le nouveau mémo annonce que Steele est également l’auteur d’un second dossier. Il montre qu’Obama et Clinton ont travaillé ensemble pour faire tomber Trump. Que Steele a reçu des informations des Russes et de la part de Clinton, et que ce dernier les a livrées au département d’État.
  • Le mémo Grassley-Graham suggère que Steele a induit le FBI en erreur sur les contacts qu’il avait avec des journalistes au sujet de son dossier. Le mémo de quatre pages que nous avons publié vendredi contient des éléments similaires sur les révélations de Steele concernant ses contacts avec la presse.
  • Le mémo indique que Steele n’a pas dit au FBI qu’il avait rencontré des journalistes en septembre 2016 pour discuter d’une enquête sur Donald Trump qu’il menait pour le compte de Fusion GPS, la société de recherche payée par la campagne de Clinton et le parti Démocrate.
  • Steele a rencontré Michael Isikoff, un journaliste de Yahoo! News, qui a écrit un premier article sur la base des informations de l’ancien espion britannique. Cet article a été utilisé par le FBI, en même temps que le dossier Steele, comme seconde source concordante dans la demande d’obtention d’un mandat pour espionner Carter Page, l’ancien conseiller de la campagne Trump.

Mais c’est Steele qui aurait « indûment dissimulé et menti au FBI » que c’est lui qui a fourni les informations qu’Isikoff a publiées.

Donc, disent Grassley et Graham, Steele a rédigé un autre dossier — daté du 19 octobre 2016 — qui ne fait pas partie du dossier que BuzzFeed a publié. Et Steele a reçu des informations contre Trump d’une personne au Département d’État d’Obama. L’identité de la personne est caviardée dans le mémo de Grassley-Graham.

  • Steele a également reçu des informations contre Trump provenant d’une « source étrangère », un ami de Bill et Hillary Clinton. Cet ami des Clinton, dont le nom a été expurgé, l’a ensuite transmis à d’autres personnes au département d’État [une vraie toile d’araignée]
  • Selon The Guardian, les amis de Clinton qui ont fait passer des informations à Steele sont d’une part Cody Shearer, qui a lui aussi compilé son propre dossier anti-Trump avant l’élection, et dont Steele a transmis une partie au FBI. Shearer est connu pour avoir a longtemps travaillé sur des « campagnes sales » pour les Démocrates et pour les Clinton (en 1991, il a fait circuler la fausse rumeur que le vice President Dan Quayle achetait de la drogue).
  • L’autre ami des Clinton impliqué serait Sidney Blumenthal très proche du couple machiavélique.
  • Et une troisième figure apparaît maintenant au département d’État de l’administration Obama : il s’agit de Jonathan Winer, récemment retraité, qui se trouve maintenant au centre du volet département d’État de ce scandale – pire que le Watergate.

Jonathan Winer, envoyé spécial du département d’État en Libye, a récemment révélé qu’il avait rencontré Steele durant l’été 2016, et qu’il a reçu des informations sur Trump. Winer a alors rédigé une note de service de deux pages à partir des renseignements de Steele et les a transmises à devinez qui ? Au secrétaire d’État John Kerry ! (je vous disais bien que la pression monte autour d’Obama)

  • Dans le nouveau mémo, les auteurs confirment que : « Mr Steele a obtenu la plupart de ses informations de sources gouvernementales russes depuis l’intérieur de la Russie.

« Il est déjà assez troublant de constater que la campagne Clinton a financé le travail de M. Steele. Mais que les associés de Clinton aient simultanément nourri les accusations de M. Steele, cela soulève d’autres préoccupations quant à sa crédibilité », ont écrit Grassley et Graham dans leur requête auprès du département d’État et du FBI du 5 janvier destinée à obtenir la publication des documents autour de la mise sur écoute d’un collaborateur de la campagne de Trump.

« Il y a des preuves substantielles suggérant que M. Steele a induit le FBI en erreur sur un aspect clé de son dossier, ce qui porte atteinte à sa crédibilité », précisaient Graham et Grassley dans leurs requêtes au directeur du FBI Christopher Wray et au sous directeur du département d’État Rod Rosenstein.

Réactions au nouveau mémo

  • Sara Carter, la journaliste à l’origine de toute l’affaire avec John Solomon et Sean hannity a expliqué :

 » le mémo de Chuck Grassley et Lindsey Graham qui concerne un dépôt de plainte criminelle contre Christopher Steele met exactement le doigt sur le nœud du scandale. Imaginez si 95% de ce mémo n’était pas noirci, ce que nous apprendrions !

Ce que nous avons maintenant appris est que Steele était en contact avec des amis de Clinton [Sidney Blumenthal] et des personnes du département d’État. Steele recevait des informations accusatoires contre Donald Trump par les alliés de Clinton, et il a, avec ces éléments, rédigé un second dossier. Il a non seulement inclus ces accusations dans son second dossier, mais aussi dans le premier dossier qui a été utilisé par le FBI pour obtenir une mise sur écoute de la campagne Trump au moyen de la loi FISA.

Donc, certaines des accusations utilisées par le FBI viennent de personnes proches d’Hillary Clinton et des informations venant des Russes et mentionnées dans le dossier [Steele]. » 

  • Devin Nunès, qui siège à la tête de la commission d’enquête du Congrès auteur du premier mémo publié vendredi (voir notre précédent article), a demandé lundi 5 février au juge de la Cour secrète tous les documents qui ont servi au FBI à obtenir leur mandat FISA pour espionner Trump, afin d’évaluer la profondeur de la corruption au sein de la direction du FBI d’Obama.

Nunès a déclaré au micro de Sean Hannity, sur Fox news :

 » Nous avons maintenant un lien direct entre la Russie [et Clinton]. Vous avez une campagne électorale [Clinton], qui a loué les services d’un cabinet d’avocats, qui a loué les services de Fusion GPS, qui a loué les services d’un agent étranger [Steele] qui est allé chercher des informations compromettantes en Russie du gouvernement russe contre la campagne opposée [Trump]. Quand ils ont eu le dossier [Steele] entre les mains, les services de contre-espionnage du FBI auraient dû déclencher une enquête contre la campagne d’Hillary Clinton ! »

Conclusion

Pour faire très simple, Hillary Clinton et le parti Démocrate ont payé et utilisé la propagande russe qui a servi à faire mettre Trump sur écoute et l’accuser de collusion avec la Russie.

  1. Les amis d’Hillary Clinton ont transmis à Steele leurs accusations contre Trump.
  2. Les contacts russes de Steele lui ont fourni des informations calomnieuses et non vérifiées, ainsi que des ragots contre Trump.
  3. Steele les a utilisées pour fabriquer son premier faux dossier que le FBI a déclaré invérifiable, et son second dossier qu’il a transmis aux amis de Clinton au sein département d’État d’Obama.
  4. Le premier faux dossier a été utilisé par le FBI pour mettre Trump sur écoute, sans dire au juge de la cour secrète que ce dossier a été financé par Clinton.
  5. Steele, alors qu’il était payé par le FBI et qu’il leur avait remis son dossier, a fait fuiter des informations issues de son dossier aux médias anti-Trump.
  6. Les Démocrates, les médias (qui servent de relais aux Démocrates), ainsi que le département de la Justice d’Obama, ont fait circuler la rumeur que Trump était en collusion avec la Russie.

Annexe : le mémo Démocrate

La publication d’un contre mémo, préparé par les Démocrates, est en cours. De ce qu’on en connaît, il confirme que le juge n’a effectivement pas été informé par le FBI que le dossier Steele était payé par Clinton. Et il attaque personnellement Devin Nunès et Trey Gowdy, qui ont participé à la rédaction du premier mémo dont le parti Démocrate a tenté d’empêcher la publication. Le mémo des Démocrates, contrairement à l’intox des médias, verra le jour, et il semble bien qu’il soit incapable de contredire le mémo de la commission d’enquête, puisqu’il se contente de parles des faits.

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Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

 

Sources :

https://www.politico.com/story/2018/02/05/christopher-steele-dossier-criminal-probe-request-390793

http://dailycaller.com/2018/02/05/senators-evidence-spy-misled-fbi-dossier/?utm_campaign=atdailycaller&utm_source=Twitter&utm_medium=Social

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