Publié par Ftouh Souhail le 9 mars 2018

Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 8 mars, Mevlüt Çavusoglu, ministre turc des Affaires étrangères, a indiqué qu’une fois terminée l’opération Rameau d’Olivier à Afrin et après les élections générales irakiennes, il mènerait, en mai 2018, conjointement avec l’armée irakienne, des opérations contre les Kurdes dans ce pays. L’armée turque a lancé depuis le 20 janvier 2018 une agression militaire dans la région d’Afrin en Syrie.

Les responsables irakiens ont été choqués par cette déclaration. L’un des commandants des Unités de mobilisation populaire irakiennes (Hachd al-Chaabi) a exclu toute opération conjointe entre le gouvernement de son pays et la Turquie contre les Kurdes.

« Nous n’oublierons aucune des agressions turques contre les frontières irakiennes », a averti Karim al-Nouri, un commandant des Hachd al-Chaabi, en considérant les propos du ministre turc comme une violation de l’intégrité territoriale irakienne.

« Il est exclu que Bagdad accepte ce qu’a dit Mevlüt Çavusoglu et le gouvernement irakien doit apporter une réponse claire à ce propos », a déclaré al-Nouri.

Les Turcs prétendent vouloir lutter contre les Unités de protection du peuple (YPG), branche armée du Parti d’union démocratique (PYD). La Turquie considère les YPG comme un groupe terroriste et a critiqué plusieurs fois les États-Unis pour le soutien qu’ils lui apportent.

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La réalité est que la Turquie a un œil sur le pétrole du Kurdistan irakien

Contrairement aux allégations des Turcs affirmant que leurs opérations en cours, au nord de la Syrie et celles programmés en mai prochain en Irak, sont motivées par des considérations sécuritaires contre les YPG et PYD, la réalité est qu’Ankara est très intéressée par les ressources en hydrocarbures dans les zones kurdes. Autonome depuis deux décennies, la province du Kurdistan irakien est l’une des zones pétrolières les plus actives du monde.

D’ailleurs, cette province autonome du nord de l’Irak qui est reconnue par la constitution irakienne de 2005 par un référendum populaire, vient de trouver un accord sur le pétrole qui sera historique pour les tous les Irakiens.

En effet, la menace du ministre turc tombe au moment où Erbil et Bagdad sont sur le point de conclure un accord pour exporter le pétrole du Kirkouk via l’Iran et non par le territoire de Turquie. Ce jeudi 8 mars un représentant kurde au sein du Parlement irakien a confirmé la nouvelle.

Le gouvernement central irakien et le gouvernement régional du Kurdistan ont trouvé un accord sur les modalités d’exportation du pétrole du Kurdistan irakien. Le gouvernement régional du Kurdistan a donné son aval pour que le pétrole destiné aux marchés internationaux soit acheminé via ses pipelines plutôt que par des camions-citernes et transite par l’Iran, annonce Nozad Rassoul, député irakien de la fraction de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK).

L’Irak prévoit de commencer à exporter 60 000 barils / jour de pétrole brut de Kirkouk vers une raffinerie iranienne dans le cadre d’un accord d’échange. Au début du mois, les forces de sécurité irakiennes ont commencé à déminer la route pétrolière vers l’Iran.

Les turcs sont donc furieux que le pétrole Kurde leur échappe et passe par le voisin iranien. Mais il est toujours bon pour Ankara de tromper la communauté internationale et utiliser les prétextes de la lutte contre les YPG et PYD pour punir les Kurdes.

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Les turcs sont inquiets pour la levée imminente du blocus aérien contre les kurdes irakiens 

Il est également prévu dans cet accord irako-irakien entre Bagdad et Erbil que rouvrent très prochainement les aéroports d’Erbil et de Souleimaniya, ce qui permettrait ainsi la reprise des vols internationaux pour les kurdes irakiens. Une mesure qui n’est naturellement pas au goût d’Ankara, qui veut que l’Irak assiège la région du Kurdistan.

Les tensions entre le gouvernement central de Bagdad et la région autonome du Kurdistan irakien étaient montées d’un cran lorsque Massoud Barzani, le président du gouvernement régional kurde, avait annoncé unilatéralement l’organisation d’un référendum d’indépendance du Kurdistan irakien, sans faire cas des avertissements de Bagdad.

Le 29 septembre dernier, le gouvernement central  irakien avait annoncé la reprise en mains des aéroports et des points de passage frontaliers du Kurdistan irakien.

L’interdiction des vols internationaux à partir et vers les aéroports du Kurdistan irakien par Bagdad était une décision en représailles au référendum sur l’indépendance de cette région autonome. Ankara avait appuyé cette mesure de rétorsion de Bagdad après le “oui” massif au référendum d’indépendance du Kurdistan irakien.

Au cours des trois derniers mois, les administrations  locales du Kurdistan irakien ont rencontré maintes difficultés à rémunérer leur personnel. Ce problème a été à l’origine de nombreux rassemblements de protestation cours des derniers mois. De son côté, Bagdad, faisant valoir que les recettes pétrolières d’Erbil ne lui avaient pas été versées, a refusé de payer les employés kurdes.

Ankara va continuer ses efforts pour désinformer l’opinion publique par une propagande mensongère pour faire croire que son objectif est de lutter contre les YPG et PYD. Les 8 et 9 mars courants  se réunissent des comités techniques établis entre la Turquie et les Etats-Unis. Ankara veut que le PYD/YPG dépose ses armes.

Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Hami Aksoy, a critiqué ce mardi les propos du porte-parole du Pentagone, Rob Manning, qui avait qualifié de «général» Ferhad Abdi Sahin, un commandant du PKK.

Entre-temps la Turquie persiste dans ses crimes de guerre par une série d’agressions  militaires et le siège du régime sur l’enclave d’Afrin qui entraîne la population kurde en Syrie dans la faim et le bombardement des civils.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Ftouh Souhail pour Dreuz.info.

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