Publié par Gilles William Goldnadel le 12 mars 2018

Les Oscars, les Césars, le 8 mars – journée internationale des droits des femmes – ont donné radicalement la mesure de la victoire médiatique du nouveau féminisme.

Un Huron débarquant en Europe ou un Martien en Amérique aurait la certitude que la femme est aujourd’hui la victime impuissante de l’homme occidental.

Les artistes arboraient courageusement un ruban de couleur blanche, sans doute inconsciemment, pour expier la faute du mâle pâle. Dominique Besnehard était rappelé sévèrement à l’ordre pour avoir voulu virtuellement s’empêcher de gifler une féministe sexiste. Libération pour la journée consacrée pratiquait la discrimination tarifaire en faveur du sexe dont on ne sait s’il est désormais proscrit ou obligatoire de dire qu’il est faible.

Bref, un cyclone électronique nommé Harvey a déclenché une secousse sismique qui, de répliques politiques en répliques artistiques, fait encore trembler la couche tectonique de la planète médiatique.

Je veux dire ici que c’est désormais la question féminine qui a remplacé la question raciale pour accueillir et illustrer toute l’intolérance idéologique du prêt-à-penser névrotique.

Je pointe donc le féminisme radical – que certains appellent aussi nouveau féminisme – comme outil de tyrannie idéologique.

Encore ne faut-il pas oublier que le féminisme traditionnel n’était pas pour autant synonyme de tolérance. À côté et au rebours des lumineuses Simone de Beauvoir et plus tard Élisabeth Badinter et Sylvia Agacinski, d’autres féministes d’antan se sont tristement illustrées. Je renvoie, pour l’illustration, à l’excellent article publié par ma chère Annette Lévy Villard dans le Libération du 22 février 2014 et consacré à Antoinette Fouque. Cet article a été publié à nouveau le 8 mars à la faveur ou à la défaveur de la décision de dédier une rue dans le 20e arrondissement à la militante féministe.

Dreuz a besoin de votre soutien financier. Cliquez sur : Paypal.Dreuz, et indiquez le montant de votre contribution.

Je sélectionne ce passage assez démystifiant: «Antoinette Fouque, enseignante devenue psychanalyste, entreprend sa marche vers le pouvoir en créant son propre groupe «psychanalyse et politique». Moderne, elle comprend la force du transfert freudien et n’hésite pas à prendre en analyse les jeunes militantes qui la rejoignent. Parmi elles, Sylvina Boissonnas, héritière d’une grosse fortune. Antoinette Foulque vivra dorénavant comme une milliardaire, de l’hôtel particulier du septième arrondissement aux magnifiques demeures en France et aux États-Unis, elle pourra financer sa maison d’édition des femmes et ses librairies. De drames en psychodrames, le MLF devenue propriété commerciale, se réduira à une petite secte mais le sigle et les éditions serviront à l’ascension sociale et politique de la cheftaine dont nous racontions déjà le culte hystérique dans un article de Libération («visite au mausolée du MLF», 9 mars 1983): «En sortant de cette exposition sur l’histoire du MLF on a l’impression d’avoir fait un court voyage dans la Corée du Nord de Kim Il-sung».Antoinette fera une carrière politique en se faisant élire députée européenne sur la liste de Bernard Tapie sans qu’on voie très bien le lien entre cet homme d’affaires et l’émancipation des femmes.»

La journaliste rappelle qu’Antoinette Fouque, la prosaïque, encensée de son temps et aujourd’hui célébrée par Najat Valaud- Belkacem et Paris avait déposé légalement et dans le secret la marque privée «MLF» «pour un usage politique et commercial».

Il semblerait que la conceptrice française du hashtag «balance ton porc» se situe strictement dans la lignée philosophique matérialiste d’Antoinette Fouque.

Je rappelle que Sandra Muller est la première femme à avoir nominativement dénoncé publiquement son porcin. Celui-ci est désormais promis à la gloire électronique éternelle. Aucun rapport hiérarchique ne liait les deux personnes de sexes opposés. Après une soirée cannoise bien arrosée, le masculin adressa au féminin le texto suivant: «tu as de beaux seins, j’ai envie de te baiser et de te faire jouir toute la nuit.» Compte tenu de l’accueil outragé, l’homme qui n’était ni poète ni buté, n’insista pas. Quant à la femme, pourtant majeure et vaccinée, elle se dit durablement traumatisée…

Quoi qu’il en soit de cette affaire privée qui n’aurait pas dû nous regarder, devenue depuis publique et judiciaire, on apprenait que Sandra Muller cherchait querelle à une plus véloce qui avait eu l’idée futée de déposer l’appellation porcine au registre des marques. L’esprit entreprenant d’Antoinette Fouque souffle décidément encore très fort.

En dépit de notre mansuétude bien connue, nous ne saurions non plus passer sous silence l’étrange contribution de la féministe progressiste Caroline de Haas à la cause des femmes. On sait que la dame, autrefois conseillère politique et électorale de Madame Duflot, exploite une entreprise commerciale en lien avec ses idées. Ceci qui n’a rien d’illégal, mais ce caractère décidément intéressé du combat féminin est décidément intéressant. On sait aussi que son évaluation statistique de ces «deux hommes sur trois qui sont des agresseurs» fera date dans l’histoire du sexisme chez les anti-sexistes patentées. Mais sait-on que la même dame, dont le combat emblématique est de réprouver la passivité ou l’indifférence devant le harcèlement et le viol était précisément Secrétaire Générale de l’Unef au moment même où harcèlements et viols étaient monnaie courante? On voudrait illustrer caricaturalement la distance intersidérale entre le dire et le fait chez les donneurs de leçons progressistes, qu’on ne trouverait exemple plus sidérant.

Reste l’institutionnelle Marlène Schiappa. Sa dernière foucade est de fulminer un texte légal pour réprimer les attitudes et propos sexistes. Un esprit chagrin pourrait y voir une énième loi d’affichage. Une disposition de circonstances. Un moyen commode de donner une vitrine sociétale progressiste à un gouvernement taxé de libéral.

Je crains d’être chagrin. Le texte de loi semble se faire attendre. Madame Schiappa, de son aveu même vise «la zone grise». Mais depuis quand réprime-t-on le gris? Les magistrats sérieux ont raison d’être inquiets. La loi, c’est noir ou blanc. Noir c’est un délit. Tout le reste est permis, du blanc transparent au gris foncé. Déjà dame Schiappa a fait discrètement retraite sur les regards appuyés.

Je parierais sur d’autres retraites anticipées.

La Garde des Sceaux, dans le même inquiétant esprit de démagogie, incitait il y a peu les femmes qui s’estimaient harcelées à saisir la justice et initiait même «la plainte numérique».

L’avocat qui signe cet article n’est malheureusement pas le plus mal placé pour affirmer que la paralysie judiciaire est aujourd’hui chronique. Et que l’institution n’est même plus capable de traiter dans des délais humains les plaintes des femmes violées.

Et l’on voudrait créer des incriminations aussi imprécises que fumeuses pour transformer sans doute la paralysie en thrombose…

Qui ne voit pas ici encore l’idéologie grandement dangereuse au service des ambitions narcissiques et petites.

Ne ratez aucun des articles de Dreuz, inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter.

J’écrivais en préambule que le néo-féminisme radical avait remplacé le pseudo antiracisme pour incarner l’idéologie médiatique névrotique. Voire.

Il n’est, en fait, qu’une de ses nouvelles versions relookées pour la mode, avec mise en place d’une nouvelle figure victimaire.

Le 8 mars dernier, Ali Khamenei, Guide Suprême de la République Islamique iranienne a célébré à sa manière la journée internationale des droits des femmes en opposant la «chasteté» des musulmanes à la «nudité» des Occidentales.

Aucune féministe institutionnelle n’a été émue par une telle déclaration, et notamment notre Secrétaire d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes, ordinairement très réactive. Il est vrai qu’elle n’avait pas vu de sexisme à la Chapelle-Pujol. Madame Clémentine Autain était allée boire un verre dans le fameux bar PMU de Trappes pour démentir ainsi scientifiquement qu’il était interdit aux femmes. Quant à l’ineffable Caroline de Haas, plutôt que d’admonester le sexisme des migrants aux mains baladeuses, elle avait proposé ingénieusement d’élargir les trottoirs parisiens à l’esprit trop étroit .

Ainsi agit le néo-féminisme radical: les femmes d’Orient peuvent bien être voilées, violées, battues, séquestrées, excisées, lapidés, vitriolées. Aucune importance. Ces dames ont leurs porcins.

Le seul porc impur à saigner impitoyablement, c’est le mâle blanc d’Occident.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro Vox.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading